"Confessions d'un patriote corse, des services secrets français au FLNC" : c'est le titre du livre signé Jo Peraldi et Frédéric Ploquin, dans lequel le premier nommé livre au second quelques-uns des épisodes de l'histoire méconnue d'un homme qui, après avoir été espion en Algérie est devenu un chef militaire du FLNC dont il a été un des principaux acteurs.
Depuis quelques jours les radios et télévisions nationales se l'arrachent. Match sous le titre "Jo Peraldi, l'homme qui a caché Yvan Colonna" lui a accordé une double page.
C'est cette partie de sa vie qui, bien sûr, suscite le plus vif intérêt de la plupart de nos confrères et si Jo Peraldi, qui connaît mieux le métier que personne l'entend bien, il ne manque pas de rappeler que ses confessions ne se limitent pas à cela.
"Il y a eu avant l'Algérie où je faisais partie des services spéciaux français", un parcours de 26 mois qui lui a valu de recevoir pas moins de 5 médailles et pas n'importe lesquelles*.
"Je ne me suis pas déguisé en soldat. Je me suis battu sans hésiter pour défendre le drapeau". Oui Jo Peraldi a travaillé pour la Nation, mais ne comptez pas sur lui pour vous en dire davantage. "Quand on entre dans ce genre de service, on s'engage sur l'honneur à garder le silence". Dès lors.
La suite ?
Juin 1963 et la Corse. Un poste à l'essai comme photographe, métier qui s'est révélé à lui alors qu'il était en Algérie et un essai transformé au "Provençal Corse" avec, à la clef, un contrat et une carte de journaliste professionnel.
Jo Peraldi parcourt alors la Corse de long en large. "Ce que je découvre va s'avérer déterminant dans mon parcours politique. La Corse suinte la misère. Les écoles, les routes, le réseau électrique, tout est dans un état de délabrement qui me révolte. Pourquoi la France a-t-elle été capable d'offrir à l'Algérie des infrastructures modernes et performantes alors qu'elle a négligé l'île de Beauté?"
Va commencer alors une vie de 27 années de clandestinité "sans jamais se mettre en porte-à-faux avec son métier de reporter-photographe" comme le rappelle Frédéric Ploquin qui a recueilli ses confessions.
Jo Peraldi pour nombre de Corses et d'Ajacciens c'était avant tout un photographe de presse de talent. Les personnes de sa génération se souviennent d'un homme toujours impeccablement coiffé, d'une extrême élégance et n'exerçant jamais son métier, avec un professionnalisme dont il ne s'est jamais défait, sans son indispensable cravate. Un garçon BCBG que toute belle-mère aurait voulu avoir pour gendre.
Depuis quelques jours les radios et télévisions nationales se l'arrachent. Match sous le titre "Jo Peraldi, l'homme qui a caché Yvan Colonna" lui a accordé une double page.
C'est cette partie de sa vie qui, bien sûr, suscite le plus vif intérêt de la plupart de nos confrères et si Jo Peraldi, qui connaît mieux le métier que personne l'entend bien, il ne manque pas de rappeler que ses confessions ne se limitent pas à cela.
"Il y a eu avant l'Algérie où je faisais partie des services spéciaux français", un parcours de 26 mois qui lui a valu de recevoir pas moins de 5 médailles et pas n'importe lesquelles*.
"Je ne me suis pas déguisé en soldat. Je me suis battu sans hésiter pour défendre le drapeau". Oui Jo Peraldi a travaillé pour la Nation, mais ne comptez pas sur lui pour vous en dire davantage. "Quand on entre dans ce genre de service, on s'engage sur l'honneur à garder le silence". Dès lors.
La suite ?
Juin 1963 et la Corse. Un poste à l'essai comme photographe, métier qui s'est révélé à lui alors qu'il était en Algérie et un essai transformé au "Provençal Corse" avec, à la clef, un contrat et une carte de journaliste professionnel.
Jo Peraldi parcourt alors la Corse de long en large. "Ce que je découvre va s'avérer déterminant dans mon parcours politique. La Corse suinte la misère. Les écoles, les routes, le réseau électrique, tout est dans un état de délabrement qui me révolte. Pourquoi la France a-t-elle été capable d'offrir à l'Algérie des infrastructures modernes et performantes alors qu'elle a négligé l'île de Beauté?"
Va commencer alors une vie de 27 années de clandestinité "sans jamais se mettre en porte-à-faux avec son métier de reporter-photographe" comme le rappelle Frédéric Ploquin qui a recueilli ses confessions.
Jo Peraldi pour nombre de Corses et d'Ajacciens c'était avant tout un photographe de presse de talent. Les personnes de sa génération se souviennent d'un homme toujours impeccablement coiffé, d'une extrême élégance et n'exerçant jamais son métier, avec un professionnalisme dont il ne s'est jamais défait, sans son indispensable cravate. Un garçon BCBG que toute belle-mère aurait voulu avoir pour gendre.
"Le jour où j'ai organisé la cavale d'Yvan Colonna"
Jo Peraldi (à gauche) en novembre 1988 avec au centre Alain Orsoni : "à l'époque les responsables du FLNC portaient la cagoule blanche" indique t-il dans ses confessions
Dans ce livre et ses quatre parties, Jo Peraldi évoque toutes les étapes de sa vie depuis l'entrée dans les services spéciaux jusqu'au jour d'après quand il a retrouvé la Corse après avoir été jugé et condamné. Mais sans jamais rien occulter de son parcours dans la clandestinité de ses premiers pas, à la montée en puissance en passant par le temps des brouilles et des embrouilles jusqu'à celui du temps de la cagoule et du cachot.
Et avec Frédéric Ploquin, il a mis un point d'honneur à rappeler "qu'il n'a jamais combattu la France, mais un système géré par des clans qui maintenaient la Corse dans un état de non-droit, avec des intouchables de père en fils".
Certes, bras armé du FLNC, il fut incarcéré après les attentats contre l'Urssaf et la DDE de novembre 1999, mais son action, parfois violente comme lors de ces attaques menées à Ajaccio, fut avant tout politique.
C'est sa fidélité aux hommes et aux idéaux qui l'ont conduit à exploiter son réseau dans le maquis pour permettre à Yvan Colonna d'échapper à sa traque alors que toutes les polices de France étaient à ses trousses.
Il raconte ce début de matinée du 23 mai 1999 de la sorte. " Le RAID, le GIGN, la police judiciaire, la gendarmerie et même la DGSE, tous les services d'élite du pays quadrillent le secteur de Cargèse, berceau de la famille d'Yvan Colonna. J'ai un plan pour déjouer ces surveillances et exfiltrer le militant nationaliste, recherché dans le cadre de l'assassinat du préfet Claude Érignac, perpetré à Ajaccio le 6 février 1998. Un vieux couple part tous les matins faire ses courses à bord d'une Renault 4L. Lui, bedonnant, porte toujours le même bleu de chauffe sur le dos et une casquette; sa femme, elle, ne sort jamais sans un foulard sur les cheveux. Nous avons recruté un proche d'Yvan, militant de notre mouvement, dont la morphologie ressemble terriblement à celle de ce vieux. L'idée est de prendre l'apparence de ce couple pour quitter le périmètre quadrillé sans attirer l'attention.
A l'heure convenue, ayant emprunté son bleu de chauffe au vieil homme, sans le mettre dans la confidence, nous mettons le plan à exécution.. Yvan se déguise en femme, mettant sur sa tête un foulard similaire à celui que porte la femme. Avec son mètre soixante-dix, cet accoutrement devait lui permettre de franchir les barrages érigés sur la route sans éveiller la curiosité des forces de ordre. Le militant s'installe au volant, habillé d'un bleu de chauffe et équipé d'une oreillette reliée à un talkie-walkie. Un troisième homme ouvre la voie en moto, lui aussi équipé d'un talkie-walkie. Plutôt grand - un mètre quatre-vingt-cinq -, il ne risque pas d'être pris pour Yvan. Le convoi quitte Sagone vers 9 heures en direction d'Ajaccio, et échappe effectivement à toutes les surveillances. Je les attends à une quarantaine de kilomètres de là, près de Pisciatello, sur l'ancienne route de Sartène, à bord d'une voiture garée à l'abri des regards. Je suis grimé comme il se doit - une habitude prise il y a longtemps, à l'époque de mon service militaire en Algérie. Je revois encore Yvan me tomber dans les bras, au point de jonction. « Quel coup ! » lâche-t-il alors que cette véritable exfiltration semble couronnée de succès."
La suite du récit et des mille et un actes de Jo Peraldi dans "Confessions d'un patriote Corse, des services secrets français au FLNC" aux éditions Fayard à partir de ce 30 octobre*. En conclusion Jo Peraldi n'omet pas de souligner qu'il n'a pas fait cela " pour que cela se sache. J'ai fait ce qu'il convenait de faire et n'ai souhaité en tirer quelque profit que ce soit, sinon de réussir le combat pour l'évolution institutionnelle de la Corse et la maîtrise de notre destin".
Rectification
À la page 215 évoquant la mort tragique de Noël Sargentini, Jo Peraldi et Frédéric Ploquin attribuent celle-ci au "Canal historique". Ils tiennent à préciser qu'il s'agit d'une erreur. Les auteurs des faits étaient, disent-ils, des militants du"Canal habituel" jugés et condamnés par la suite.
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* Médaille de la valeur militaire avec étoile d'argent, croix du combattant, médaille commémorative, médaille de la reconnaissance de la nation, médaille pour service militaire intégralement accompli en Algérie
* Éditions Fayard, 328 pages, 21,90€
Et avec Frédéric Ploquin, il a mis un point d'honneur à rappeler "qu'il n'a jamais combattu la France, mais un système géré par des clans qui maintenaient la Corse dans un état de non-droit, avec des intouchables de père en fils".
Certes, bras armé du FLNC, il fut incarcéré après les attentats contre l'Urssaf et la DDE de novembre 1999, mais son action, parfois violente comme lors de ces attaques menées à Ajaccio, fut avant tout politique.
C'est sa fidélité aux hommes et aux idéaux qui l'ont conduit à exploiter son réseau dans le maquis pour permettre à Yvan Colonna d'échapper à sa traque alors que toutes les polices de France étaient à ses trousses.
Il raconte ce début de matinée du 23 mai 1999 de la sorte. " Le RAID, le GIGN, la police judiciaire, la gendarmerie et même la DGSE, tous les services d'élite du pays quadrillent le secteur de Cargèse, berceau de la famille d'Yvan Colonna. J'ai un plan pour déjouer ces surveillances et exfiltrer le militant nationaliste, recherché dans le cadre de l'assassinat du préfet Claude Érignac, perpetré à Ajaccio le 6 février 1998. Un vieux couple part tous les matins faire ses courses à bord d'une Renault 4L. Lui, bedonnant, porte toujours le même bleu de chauffe sur le dos et une casquette; sa femme, elle, ne sort jamais sans un foulard sur les cheveux. Nous avons recruté un proche d'Yvan, militant de notre mouvement, dont la morphologie ressemble terriblement à celle de ce vieux. L'idée est de prendre l'apparence de ce couple pour quitter le périmètre quadrillé sans attirer l'attention.
A l'heure convenue, ayant emprunté son bleu de chauffe au vieil homme, sans le mettre dans la confidence, nous mettons le plan à exécution.. Yvan se déguise en femme, mettant sur sa tête un foulard similaire à celui que porte la femme. Avec son mètre soixante-dix, cet accoutrement devait lui permettre de franchir les barrages érigés sur la route sans éveiller la curiosité des forces de ordre. Le militant s'installe au volant, habillé d'un bleu de chauffe et équipé d'une oreillette reliée à un talkie-walkie. Un troisième homme ouvre la voie en moto, lui aussi équipé d'un talkie-walkie. Plutôt grand - un mètre quatre-vingt-cinq -, il ne risque pas d'être pris pour Yvan. Le convoi quitte Sagone vers 9 heures en direction d'Ajaccio, et échappe effectivement à toutes les surveillances. Je les attends à une quarantaine de kilomètres de là, près de Pisciatello, sur l'ancienne route de Sartène, à bord d'une voiture garée à l'abri des regards. Je suis grimé comme il se doit - une habitude prise il y a longtemps, à l'époque de mon service militaire en Algérie. Je revois encore Yvan me tomber dans les bras, au point de jonction. « Quel coup ! » lâche-t-il alors que cette véritable exfiltration semble couronnée de succès."
La suite du récit et des mille et un actes de Jo Peraldi dans "Confessions d'un patriote Corse, des services secrets français au FLNC" aux éditions Fayard à partir de ce 30 octobre*. En conclusion Jo Peraldi n'omet pas de souligner qu'il n'a pas fait cela " pour que cela se sache. J'ai fait ce qu'il convenait de faire et n'ai souhaité en tirer quelque profit que ce soit, sinon de réussir le combat pour l'évolution institutionnelle de la Corse et la maîtrise de notre destin".
Rectification
À la page 215 évoquant la mort tragique de Noël Sargentini, Jo Peraldi et Frédéric Ploquin attribuent celle-ci au "Canal historique". Ils tiennent à préciser qu'il s'agit d'une erreur. Les auteurs des faits étaient, disent-ils, des militants du"Canal habituel" jugés et condamnés par la suite.
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* Médaille de la valeur militaire avec étoile d'argent, croix du combattant, médaille commémorative, médaille de la reconnaissance de la nation, médaille pour service militaire intégralement accompli en Algérie
* Éditions Fayard, 328 pages, 21,90€