Le Préfet de Haute-Corse, Gérard Gavory, aux Marines de San Pellegrino avec le maire de Folelli, Yannick Castelli.
- Vous venez, comme vos prédécesseurs, constater les dégâts aux mêmes endroits. Que faut-il faire pour y remédier ?
- L’inondation est beaucoup moins importante que celle de 2015. La première étape du dispositif légal prévu est de gérer la situation et de mettre les gens hors de danger. Depuis fin 2015, nous avons mis en œuvre une procédure qui s’appelle le fonds Barnier et traite l’urgence. Ce fonds indemnise les propriétaires qui doivent abandonner leurs maisons ou doivent faire des zones refuges pour se mettre à l’abri. Nous avons défini, par rapport aux inondations constatées, une zone de retrait par rapport à la rivière et sur laquelle il ne peut plus y avoir aucune maison. Les maisons, qui s’y trouvent, sont rachetées par l’Etat pour être démolies. Nous avons engagé une procédure à l’amiable pour déterminer le prix de rachat.
- Certains propriétaires s’y refusent, d’autres estiment le prix pas assez élevé. Où en êtes-vous exactement ?
- Les négociations sont parfois un peu compliquées, mais on y arrive. Cinq cessions amiables ont déjà été réalisées, trois sont en cours. Il reste 16 maisons pour lesquelles il faudra recourir à des expropriations. Ces procédures sont longues, mais c’est la solution pour mettre à l’abri les personnes susceptibles d’être les plus directement touchées par une inondation. Les propriétaires des maisons situées en dehors de cette zone de retrait ont la possibilité de rester dans leur habitation à condition de créer une zone refuge modeste en étage où se réfugier en cas d’inondation. Cette zone doit comporter un dispositif de fenêtre type Velux permettant de sortir les gens par le toit et les hélitreuiller. Là aussi, l’Etat finance les travaux. Le maire a accordé des permis de construire modificatifs pour créer ces zones refuge. Une douzaine de propriétaires, qui ne voulaient pas quitter leur maison, ont fait ce choix-là.
- Qu’en est-il de la prévention ?
- Nous y travaillons. Nous sommes en train de revoir le Plan de prévention du risque inondation (PPRI) à l’échelle du bassin versant qui date de 2001. Les études sont en voie d’aboutissement. La révision sera engagée début 2019, la procédure durera un an et demi à deux ans. Le but est de déterminer de nouvelles zones inondables et de prévoir les infrastructures nécessaires pour éviter en amont de telles inondations. Par exemple, créer des retenues, élargir le lit des rivières… L’Etat intervient en accompagnement financier, mais les projets seront portés par la Communauté de communes. Le PPRI s’impose aux maires dans l’élaboration du Plan local d’urbanisme et la définition des zones à urbaniser. C’est une action de plus long terme.
- Le Fium’Alto a débordé très rapidement pour les mêmes raisons qu’en 2015 : troncs d’arbres, manque d’entretien. Pourquoi rien n’est-il fait à ce niveau ?
- La compétence GEMAPI, Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations, relève, maintenant, des communautés de communes qui, dans le département, sont toutes engagées dans la gestion du risque inondation. Elles sont chargées d’avoir une réflexion sur l’ensemble des bassins versants et de prévenir le plus en amont possible l’arrivée d’une inondation en aval. Elles sont maîtres d’ouvrage des travaux à réaliser. L’Etat accompagne cette réflexion et finance les études à travers le Plan d’aménagement et de prévention des inondations. Le maire de Penta-di-Casinca a, également, élaboré un plan communal de sauvegarde tout à fait opérationnel et un système d’alerte performant.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- L’inondation est beaucoup moins importante que celle de 2015. La première étape du dispositif légal prévu est de gérer la situation et de mettre les gens hors de danger. Depuis fin 2015, nous avons mis en œuvre une procédure qui s’appelle le fonds Barnier et traite l’urgence. Ce fonds indemnise les propriétaires qui doivent abandonner leurs maisons ou doivent faire des zones refuges pour se mettre à l’abri. Nous avons défini, par rapport aux inondations constatées, une zone de retrait par rapport à la rivière et sur laquelle il ne peut plus y avoir aucune maison. Les maisons, qui s’y trouvent, sont rachetées par l’Etat pour être démolies. Nous avons engagé une procédure à l’amiable pour déterminer le prix de rachat.
- Certains propriétaires s’y refusent, d’autres estiment le prix pas assez élevé. Où en êtes-vous exactement ?
- Les négociations sont parfois un peu compliquées, mais on y arrive. Cinq cessions amiables ont déjà été réalisées, trois sont en cours. Il reste 16 maisons pour lesquelles il faudra recourir à des expropriations. Ces procédures sont longues, mais c’est la solution pour mettre à l’abri les personnes susceptibles d’être les plus directement touchées par une inondation. Les propriétaires des maisons situées en dehors de cette zone de retrait ont la possibilité de rester dans leur habitation à condition de créer une zone refuge modeste en étage où se réfugier en cas d’inondation. Cette zone doit comporter un dispositif de fenêtre type Velux permettant de sortir les gens par le toit et les hélitreuiller. Là aussi, l’Etat finance les travaux. Le maire a accordé des permis de construire modificatifs pour créer ces zones refuge. Une douzaine de propriétaires, qui ne voulaient pas quitter leur maison, ont fait ce choix-là.
- Qu’en est-il de la prévention ?
- Nous y travaillons. Nous sommes en train de revoir le Plan de prévention du risque inondation (PPRI) à l’échelle du bassin versant qui date de 2001. Les études sont en voie d’aboutissement. La révision sera engagée début 2019, la procédure durera un an et demi à deux ans. Le but est de déterminer de nouvelles zones inondables et de prévoir les infrastructures nécessaires pour éviter en amont de telles inondations. Par exemple, créer des retenues, élargir le lit des rivières… L’Etat intervient en accompagnement financier, mais les projets seront portés par la Communauté de communes. Le PPRI s’impose aux maires dans l’élaboration du Plan local d’urbanisme et la définition des zones à urbaniser. C’est une action de plus long terme.
- Le Fium’Alto a débordé très rapidement pour les mêmes raisons qu’en 2015 : troncs d’arbres, manque d’entretien. Pourquoi rien n’est-il fait à ce niveau ?
- La compétence GEMAPI, Gestion des milieux aquatiques et de prévention des inondations, relève, maintenant, des communautés de communes qui, dans le département, sont toutes engagées dans la gestion du risque inondation. Elles sont chargées d’avoir une réflexion sur l’ensemble des bassins versants et de prévenir le plus en amont possible l’arrivée d’une inondation en aval. Elles sont maîtres d’ouvrage des travaux à réaliser. L’Etat accompagne cette réflexion et finance les études à travers le Plan d’aménagement et de prévention des inondations. Le maire de Penta-di-Casinca a, également, élaboré un plan communal de sauvegarde tout à fait opérationnel et un système d’alerte performant.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Des démolitions inévitables par mesure de sécurité
Opération de nettoyage des maisons par les pompiers.
Au total, 30 à 35 habitations des Marines du Fiumalto et de San Pellegrino sont concernées par une mesure du fonds Barnier. La moitié des cas sont déjà traités, l’autre moitié comprend des gens qui ne sont pas d’accord pour une procédure amiable ou pour la création d’une zone refuge. « Cela fait déjà trois ans que nous travaillons sur ces sujets parce qu’il faut prendre en compte des situations humaines particulières. Nous n’avons rien traité dans la brutalité ou l’urgence. Nous avons aussi discuté au niveau national le cas des maisons des Marines du Fiumalto situées directement en bordure du cours d’eau dont la berge s’érode par le Sud. En 2015, une maison a été totalement détruite et deux l’ont été partiellement. Fort de ce constat, nous avons obtenu du ministère de l’Ecologie une bande de retrait stratégique de 20 mètres dans laquelle toutes les maisons – une douzaine - font l’objet de démolition parce qu’elles sont manifestement en danger et que nous pouvons rien proposer techniquement pour les protéger. Nous ne pouvons pas faire courir un risque aux gens. Pour les autres maisons plus éloignées, l’évaluation se fait au cas par cas en fonction de la hauteur d’eau observée en 2015 et des vitesses d’eau estimées. Lorsque les vitesses d’eau sont trop importantes, les gens peuvent être emportés. Quand le courant passe à travers une maison, d’une porte-fenêtre à l’autre, si les huisseries lâchent, la vitesse de l’eau peut dépasser 1 m/seconde. Les gens ne peuvent pas résister à un tel courant. C’est le deuxième critère qui a prévalu à la sélection des maisons et a conduit aux procédures. D’autres maisons restent inondables, mais avec des hauteurs d’eau et des expositions à un courant plus faibles. Ces gens devront vivre avec le risque, écouter les messages d’alerte et accepter le fait d’être évacués et ces biens resteront soumis à des entrées d’eau sale qui font beaucoup de dégâts. Ces cas ne rentrent pas dans le fonds Barnier qui ne s’applique qu’aux maisons particulièrement exposées avec menace sur la vie des gens », explique Pascal Vardon, directeur départemental des territoires de la mer de Haute-Corse.
Le risque de submersion marine
Un risque, selon Pascal Vardon, qui n’est pas à exclure. « Le littoral se situe à 1 mètre, voire 1,50 m NGF, c’est-à-dire du niveau moyen de la mer. Le couvercle d’une grosse pression atmosphérique fait automatiquement remonter l’eau, ce qui consomme une partie du dénivelé. Le fait aggravant est la présence de vent Plein Est ou de houle qui contrarient l’écoulement de la crue dans les embouchures. Aujourd’hui, comme en 2015, nous n’avons pas eu le scénario le plus catastrophique en termes de vent et de houle qui aurait poussé la mer vers la terre et créer un risque de submersion marine. On est en train d’essayer de mieux caractériser scientifiquement ce risque pour pouvoir l’intégrer dans les plans de prévention du risque inondation. Nous disposons d’un atlas des zones, mais il est difficile de préciser quelle hauteur d’eau supplémentaire sera générée. Il faut impérativement étayer l’argumentaire juridique pour obtenir l’interdiction ou le réglementation de la construction dans ces zones. C’est vraiment un chantier en cours important en Corse, surtout en Haute-Corse notamment par rapport à la Plaine Orientale ».