Jean-François Bernardini avec les lycéens
Entre chaque chanson présentée au public, la pré-écoute de l’album fut animée par les lycéens, certains posant des questions aux membres d’I Muvrini, d’autres lisant les paroles des chansons. « Nous sommes heureux de voir tous ces lycéens qui se sont investis dans l’organisation, pour ce rendez-vous qu’on voulait original. » a commenté l’artiste en introduction. Le lycée professionnel de Bastia a en effet profité de cet événement pour mettre en place un projet pédagogique pour les étudiants du service logistique, et ceux du service accueil. Comme l’a souligné la directrice de l’établissement Corinne Casimiri, le lieu pour la présentation d’Invicta ne fut pas un hasard. Jean-François Bernardini, à travers son association Umani, a en effet plusieurs fois donné des conférences sur le thème de la non-violence dans ce lycée, qu’il a lui-même fréquenté durant sa jeunesse. « Je me rappelle, on n’avait pas le droit d’avoir de guitare à l’internat. Le soir, je partais chez ma sœur pour jouer dix minutes de la guitare, c’est comme ça que j’ai appris la musique. »
« Invicta », porteur de bonnes nouvelles
Invicta est la déclinaison féminine d’Invictus, poème qui a permis à Nelson Mandela de supporter, durant 27 ans de prison, l’injustice des hommes. « Je suis le maitre de mon destin, je suis le capitaine de mon âme », le leader d’I Muvrini a puisé son inspiration dans le fameux texte de William Ernest Henley pour enregistrer son nouvel album, riche de 15 titres inédits. « Ça a été trois années d’écriture, et plus de 150 jours en studio. » précisa t-il au public. On retrouve dans cet album les sonorités classiques qui caractérisent le groupe, avec des cornemuses, une basse puissante, des guitares acoustiques qui s’entremêlent et des chœurs féminins émouvants. Reconnaissable dès les premières notes, la musique d’I Muvrini tient encore toutes ses promesses. Mêlant le son des guitares corses à une atmosphère World-Music, force est de constater que le groupe souhaite faire plaisir à son fidèle public. Mettant en valeur des textes poétiques chantés ou parlés en langue Corse, le groupe insulaire connaît donc la recette magique pour enflammer les salles de concerts. Rappelons qu’I Muvrini se produiront à l’Olympia le 3 avril prochain.
La pochette du nouvel album
L’île de Lampedusa, le conflit israélo-palestinien, l’emprisonnement de Nelson Mandela… autant de thèmes abordés par Jean François Bernardini avec les élèves durant ce rendez-vous. Des sujets lourds, tristes, où l’artiste a néanmoins essayé d’y puiser de l'espérance pour composer une note musicale d’espoir tout au long de l’album. C’est le cas du titre «O Isma », qui traite du conflit israélo-palestinien, mais qui raconte, sous un refrain entrainant que reprendra surement en chœur le public durant les concerts, l’incroyable histoire d’Ahmed Al-Khatib. « O Isma ! O Isma ! » parle de cet enfant palestinien de 12 ans, tué par l’armée Israélienne, dont les parents avaient décidé de donner ses organes pour sauver trois enfants israéliens…
La langue corse en question
À travers diverses questions, les élèves du lycée Jean-Nicoli ont aussi abordé le problème de la langue Corse. L’occasion pour le leader d’I Muvrini de livrer son opinion : « Je me rends compte que pour se faire comprendre il faut parler français, on prend conscience aujourd’hui qu’en Corse il y a un linguicide qui est programmé depuis des années. Ce qui me fait peur, c’est qu’on transfère le problème de la langue Corse à Paris, si on attend que la solution vienne de Paris, on peut attendre très longtemps. On ne va pas faire aimer cette langue par des lois ou par une obligation, mais par amour et par conviction, cette langue… c’est notre couleur de peau. La voix de la Corse est attendue et précieuse, soyons conscient des richesses que nous avons, et combien le modèle paysan et rural qu’est le notre nous donne des forces incroyables pour partager avec le monde. La culture construit des ponts d’intelligence entre la Corse et le monde.»