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Jean-Louis Emmanuelli: " C'est ce sentiment d'injustice qui m'a fait le plus mal"


Jean-Paul-Lottier le Jeudi 21 Avril 2016 à 13:48

De retour chez lui, dans sa famille à Monticello après plus de 30 jours d'incarcération à la maison d'arrêt de Borgo, Jean-Louis Emmanuelli a accepté aujourd'hui de revenir sur cette affaire, non sans avoir au préalable adressé un immense remerciement à tous les membres de son comité de soutien mais aussi à toutes les personnes qui des quatre coins de l'île ont tenu à lui témoigner leur soutien




Accusé de "violences volontaires sur dépositaire de l'autorité publique" lors d'une opération de police qui ne le concernait pas, condamné en comparution immédiate à cinq ans d'emprisonnement dont deux avec sursis,  confiscation de son véhicule et retrait de son permis de conduire pour 5 ans, Jean-Louis Emmanuelli, 52 ans, chef d'entreprise au casier judiciaire vierge a, ainsi que nous l'avons relaté retrouvé hier soir, la liberté, après que le juge des libertés ait statué favorablement, en attendant son procès en appel fixé au 1er juin.
Les premiers mots de Jean-Louis après les retrouvailles avec sa famille, ont été pour tous ceux qui tout au long de ce cauchemar l'on soutenu:
" Bien évidemment mes premiers mots vont vers mes proches, l'ensemble des membres du comité de soutien, toutes les personnes de Balagne mais aussi des quatre coins de la Corse qui se sont manifestées. A tous un immense merci. Quand vous vous retrouvez en prison sans comprendre réellement ce qui vous arrive c'est ni plus ni moins qu'un sentiment d'injustice qui vous anime et, c'est ce qui fait le plus mal. En prison vous êtes vulnérable et vous avez l'impression de ne servir à rien. Aussi quand vous savez que dehors il y a des gens qui se battent pour vous, ça fait chaud au cœur. Je n'ai pas assez de mot pour les remercier du fond du cœur. Cette affaire m'a fait beaucoup de mal, en prison j'ai perdu 5 kgs. Aujourd'hui encore je ne comprends toujours pas ce qu'il m'arrive".


Concernant les faits proprement dits de cette affaire, Jean-Louis Emmanuelli tente de comprendre comment il a pu passer de statut de victime à celui de coupable.
" Je ne vais pas vous détailler une nouvelle fois cette affaire. En revanche, comme je l'ai toujours dit, sans jamais varier à aucun moment, je n'ai pu identifier les personnes en face de moi. Ce n'est qu'après avoir essuyé 17 coups de feu sur mon véhicule, dont certains à hauteur d'homme que j'ai entendu le mot "Police".
Très sincèrement je pensais être tombé dans un guet-apens
J'avais en face de moi 4 hommes cagoulés et d'autres en civil. Comme l'atteste la vidéo surveillance de mon domicile, ils n'avaient pas de brassards Police.
Je voudrais juste préciser que je suis parti de chez moi  en camionnette pour aller faire du vélo avec un proche et 3 km plus loin, craignant que le temps ne se couvre j'ai fait demi tour pour aller chercher un coupe -ent. Et, c'est à ce moment que j'ai été pris pour cible. Cela veut dire que les gendarmes et policiers auraient pu m'interpeller avant, le plus normalement du monde.
Mais, mon sentiment c'est qu'à ce moment là ils n'étaient pas prêts.
Mon retour a du déclencher un mouvement de panique. Vidéo surveillance et photos consignées chez un huissier de justice apporteront la preuve irréfutable de ce que j'avance.
Le pire dans cette histoire c'est qu'un voisin qui se trouvait sur son balcon a assisté à la scène et à aussitôt appelé les gendarmes de la brigade de l'Ile-Rousse qu'il y avait une tentative d'homicide sur ma personnes. En arrivant sur place, les gendarmes qui n'étaient pas au courant de cette opération ont failli se faire tirer dessus.
Lorsque j'ai tenté de fuir, les forces de l'ordre ont continué à tirer sur mon véhicule, crevant au passage les pneus.
J'ai réussi à prendre un chemin de terre pour me mettre à l'abri. Sur ma téléphonie qui avait été placée sur écoute, on entend très distinctement l'appel  passé à mon cousin pour lui dire que l'on me tirait dessus et celui de mon épouse me précisant que c'était la Police, avant de me passer le chef des opérations qui me demandait de me rendre, ce que j'ai fait sans la moindre résistance  en lui  demandant bien de prévenir ses hommes que je revenais vers mon domicile. Tous ces faits sont actés ".



Visiblement affecté en évoquant ces faits, Jean-Louis ajoute : "Je veux bien tout accepter, mais en plus de me faire tirer dessus, de subir l'incarcération et les versions des gendarmes, il faudrait que je me taise. Non je ne suis pas un voyou, non je n'ai jamais eu à faire à la justice. Je peux comprendre qu'un gendarme ait pu avoir peur lorsque je suis parti en marche arrière dans le seul but d'échapper à ce que je croyais être un guet-apens. En revanche, si je comprends bien  cet homme a le droit d'avoir peur, moi  non.
Oui, aujourd'hui je l'affirme haut et fort: c'est un miracle que je sois toujours en vie. On m'a tiré dessus comme un sanglier".



Et de poursuivre.
"Lors de ma comparution immédiate, j'étais optimiste. Jamais je ne pensais craindre le pire. Ma conviction était telle que je n'ai pas demandé à être assisté par un avocat lors de ma garde à vue et que ce n'est qu'une heure avant de comparaître que j'ai fait appel à mon  conseil. Le juge a statué que sur les faits à partir de la déposition des policiers et la mienne. Ce que je veux aujourd'hui, c'est bien préparer mon procès en appel fixé au 1er juin et apporter les preuves de tout ce que je dis".
Et de conclure :  " Je ne souhaite à personne de vivre ce que je vis depuis le début de cette affaire. Une fois que tout sera terminé, je me réserve le droit de poursuivre en justice car je ne peux oublier que j'ai failli y laisser ma vie."

 Jean-Louis Emmanuelli: " C'est ce sentiment d'injustice qui m'a fait le plus mal"