Une 190e édition qui comme nous l'avons relaté a été confiée cette année à l'Association des Commerçants et Artisans de l'Ile-Rousse-Balagne.
Au premier rang de la foule qui se pressait, on notait la présence du maire de la commune Jean-Jo Allegrini-Simonetti, du sous-préfet de Calvi, Jérôme Seguy, du député de la 2e circonscription de Haute-Corse Jean-Félix Acquaviva, de nombreux maires et élus de Balagne ainsi que des conseillers territoriaux, du chef d'escadron Paulo de Carvalho, commandant la Compagnie de Gendarmerie Calvi-Balagne, de l'Adjudant-chef Jérôme Pasquier, adjoint au commandant de la Brigade de Gendarmerie de L'Ile-Rousse, de L'abbé Marcin Monka. curé de la paroisse....
Avant l'inauguration, alors que les forains, au nombre d'une centaine, étaient en place, Franco Farsetti rappelait au micro du présentateur et animateur de service les grandes lignes de cette foire qui se veut être celle de tous, dans un climat convivial. Il rendait aussi hommage à ses prédécesseurs sans oublier le regretté Ange Taddei ou encore Francine Guidicelli dont on se souvient encore de tout ce qu'elle a fait pour que cette foire perdure.
A fiera di Lisula créée en 1828 par Massimo Olivi Malaspina
Jean-Jo Allegrini-Simonetti prenait ensuite la parole pour souhaiter à tous la bienvenue, avant de poursuivre:
" 190 ans !, cette foire a été créée par un de mes prédécesseurs Massimo Olivi Malaspina.C'était en 1828 et de cette date au début du 20e siècle, c'était une foire qui se déroulait du 1er au 3 septembre. Elle marquait la fin de l'estive, donc les bergers qui revenaient de la montagne avec leurs troupeaux. C'était surtout une foire commerciale et agricole. Elle a changé disons au tout début du 20e siècle et elle est devenue aussi une fête foraine et depuis, bien entendu, c'est toujours le cas.
Précédemment cette fiera durait 3 jours, ensuite 5 et ce jusqu'en 2013, du 1er au 5 septembre. C'était une date immuable.
Le temps faisant, avec le tourisme et la saison qui se prolongeait c'était difficile pour nous d'organiser cette manifestation, d'autant qu'il fallait fermer la place Paoli et les principaux parkings dès le 29 août. Clairement ça devenait impossible. Nous avons donc décidé de la repousser à la fin septembre pour clôturer la saison.
De plus, comme c'est le cas aujourd'hui, on a la chance d'avoir depuis quelques années un très très beau temps".
Et de conclure:
" Je vais donc couper officiellement le ruban tricolore et déclarer cette 190e fiera di Lisula ouverte, mais avant, je voudrais remercier surtout les anciens qui ont organisé cette foire, comme l'a fait tout à l'heure Franco Farsetti, et plus particulièrement le Comité des fêtes, dernier en date qui a passé la main à l'ACAIR. C'est du reste une première que de voir les commerçants organiser cette foire. Je remercie les services techniques de la mairie qui ont oeuvré pour organiser et aider l'association des commerçants,, Franco Farsetti et toute son équipe, les médias, le sous-préfet et le député".
"Aller dans le sens d'une Corse qui bouge et qui avance"
Jean-Félix Acquaviva, député de la 2e circonscription prenait à son tour la parole pour rappeler que cette fiera di Lisula était avec celle du Niolu l'une des plus anciennes de Corse. Et de poursuivre:
" Ce que je peux constater c'est qu'il y a un dynamisme qui se voit concrètement sur l'espace, avec une organisation nouvelle. Je pense qu'il est très important que des évènements de cette nature existent notamment au-delà de la saison telle que l'on entend. C'est la preuve d'un dynamisme économique et commercial que l'on reconnaît à l'Ile-Rousse, à la Communauté de communes en général et qui se voit chaque jour. Il faut aller dans ce sens d'une Corse qui bouge et qui avance.. C'est en tout cas ce que l'on ressent lorsqu'on traverse le champ de foire en regardant les producteurs, les élus et acteurs mobilisés. Je crois qu'il faut avoir confiance et que le chemin est ouvert".
Jérôme Seguy, sous- préfet de Calvi prononçait à son tour quelques mots avant que l'abbé Marcin Monk. curé de la paroisse ne procède à la bénédiction du champs de foire.
" Vous l'avez dit M le maire 1828, c'est l'année de naissance de cette foire. L'Ile-Rousse s'appelait l'Isula Rossa et on y parlait italien. On découvrait cette année là une invention formidable: la photographie mais aussi le braille qui aide un certain nombre de concitoyens que l'on n' oublie pas.
La presse à l'époque, c'était le Journal de la Corse. N'oubliez pas de les citer. Vos prédécesseurs ont du beaucoup parler de cette foire qui était une vraie nouveauté. C'était aussi l'occasion des échanges, de l'artisanat qui était dans la tradition, la musique, la fête, bref, une foire c'est un lieu de rencontre, un lieu d'échange et je vous remercie Monsieur le président de l'ACAIR de son organisation, parce que le maintien de celle-ci c'est le maintien de l'avenir social extraordinaire, de cette flânerie qui nous libère un peu d'internet sur les achats, quelques heures, quelques jours.
Je vous souhaite une merveilleuse foire. Et puis, si il faut déroger à une chose à la tradition: qu'il ne pleuve pas".
Sur le site de la ville, dans une chronique de Stéphane Pergola, on peut lire à propos de la foire:" La foire de L’Île-Rousse est créée sous la municipalité de Maxime Olivi-Malaspina par ordonnance royale du 5 octobre 1828, deux ans après l’Accord des Confins signé entre les trois communes de Monticello, Santa Reparata et Corbara qui a permis à la cité paoline de multiplier sa superficie par quatre. À l’époque, l’évènement se déroulait au lieu-dit e Padule où on commença à aménager une promenade. Celle-ci sera embellie avec 150 platanes environ plantés vers 1860. Ainsi la promenade du Padule devenait le cours Napoléon. Après la seconde guerre, cet endroit sera rebaptisé les Allées Charles de Gaulle en l’honneur du général.
La foire avait lieu tous les ans du 1er au 3 septembre et correspondait à la fin de l’impiaghjera (l’estive), quand les bergers redescendaient leurs troupeaux en plaines après avoir passé l’été en montagne. Ainsi cette foire, véritable moment de rencontre et de partage, était l’occasion pour les bergers d’échanger et d’acheter du bétail. On y trouvait aussi des maraîchers et autres tragulini (marchands ambulants). Par la suite on a étendu l’évènement sur cinq jours.
Avant 1828, la foire se déroulait sur la place de l’église à Corbara quand celle-ci était le chef-lieu du canton de Sant’Angelo, anciennement pieve d’Aregno. Puis quand L’Île-Rousse s’est développé après l’Accord des Confins de 1826, il fut décidé d’organiser cette grande manifestation dans la cité paoline.
C’est la plus ancienne foire de la Corse avec la Santa du Niolu, foire de Casamaccioli organisée autour du 8 septembre et qui succédait autrefois à celle de L’Île-Rousse.
Si la date de création en 1828 n'est pas contestée, en revanche, pour certains historiens, dont le regretté Pierre Colombani, c'est sur le nombre d'éditions que le débat reste entier.