Mur des Justes, Mémorial de la Shoah à Paris (Dr)
Un début de réponse avait déjà été donné en Octobre 2010, l’association « Hommage aux villages de France », regroupant des enfants et des familles de Juifs ayant été sauvés pendant la guerre, a rendu hommage au village de Canari, dans la Cap Corse, pour avoir sauvé des familles de Juifs pendant la guerre. Une association juive de Bastia a voulu aller encore plus loin en demandant la reconnaissance de la Corse comme « île des Justes » auprès du mémorial de Yad Vashem en Israël, seule instance à décerner le titre de « Juste parmi les Nations ».
Polémique
Une polémique s’est engagée depuis quelques années entre les « pour » et les « contre », entre témoins et historiens. Les réalisateurs ont mené l’enquête.
Loin des polémiques, on découvre l’attitude surprenante d’un préfet et de son administration, qui a détourné les ordres de Vichy concernant la politique anti-juive.
A travers un « road-movie corse », de village en village, de ville en ville, on découvre des Corses pétris d’émotions, qui ont accueilli et protégé des Juifs pendant la guerre « parce que c’était normal », et qui donnent une grande leçon d’humilité : « Les Corses, dans leur ensemble, ont considéré que l’on touchait à une part d’eux-mêmes ».
On découvre également un pan de l’histoire, Corse, encore inconnu : Pascal Paoli et Napoléon, qui avaient déjà transformé l’île des bergers et de montagnards en une république moderne et démocratique dès le siècle des lumières, sont les premiers à donner aux Juifs un statut à part entière, sans compter l’assimilation réussie des juifs « Marranes » du 16ème siècle, parmi lesquels on trouve des noms célèbres en Corse : Les Zuccarelli, les Giacobbi, les Siméoni et bien d’autres.
Serge klarsfeld : " Je dis oui "
Alors, la Corse, île des justes ? Depuis deux ans, la polémique fait rage. Dès le début du film, le décor est planté…
Pour l’historien Sylvain Grégori, la réponse est négative : « Un territoire ne peut pas recevoir le titre de juste et par ailleurs, il est peu probable que les corses dans leur ensemble aient protégé les juifs pendant la guerre ».
Noëlle Vincensini, ancienne déportée, présidente de l’association anti-raciste « Ava basta », n’est pas d’accord : « île des Justes, c’est un peu exagéré parce que la Corse a connu nombre de collaborateurs, mais, ajoute-t-elle, ce qui a dominé chez les Corses, c’est le sentiment de protection de la population par rapport aux juifs ».
Serge klarsfeld, avocat, historien, président de l’association des fils et filles de déportés, lui est très net : « île des justes ? Je dis oui. Car la Corse est le seul département français qui n’ait pas connu de déporté, sauf un, mais c’est accidentel ».
"Juste parmi les nations" pour le préfet
Et le Vice-président du mémorial de la Shoah va plus loin. Il se propose de demander le titre de « Juste parmi les nations », auprès de Yad Vashem, pour le préfet de Corse, à l’époque, Paul Louis Emmanuel Baley : « Parmi les Pétinistes, il y avait de braves gens » déclare Serge Klarsfeld, et il ajoute : « Moi, j’ai pris l’habitude de regarder les actions des gens ».
Le film raconte en effet, dans le détail, la manière dont le préfet et son administration ont détourné les ordres de Vichy…concernant les juifs.
C’est un jeune professeur d’histoire, corse, Louis Luciani, qui dès 2008, ayant décidé de préparer le Concours National de la Résistance avec ses élèves de 4ème, a mis au jour, par un travail minutieux dans les archives départementales, nationales et italiennes, les principaux éléments de ce dossier.
Louis Luciani démontre d’abord que le préfet a fait un recensement relativement favorable à la communauté juive : « Il y a seulement 146 noms. Pas d’enfants. Et surtout aucun juif étranger », c’est-à-dire les juifs qui seront sur le coup de la déportation au moment des grandes rafles de 1942.
Et Louis Luciani ajoute que, dans cette action de protection : « C’est tout un système qui a fonctionné, avec les sous-préfets, Ravail à Sartène, Rix, à Bastia, et les responsables de la police. Et cela n’aurait pas été possible sans une interaction de la population ».
Des Juifs étrangers
L’une des questions essentielles est celle de la présence de juifs étrangers en Corse à partir de 1940 et jusqu’en 1942 (avant la grande rafle d’août 1942).
« Il y avait au moins, affirme Louis Luciani, une famille de Juifs étrangers par village en Corse ». Et il cite un rapport des services secrets italiens qui évoque l’arrivée « massive de touristes en Corse ». Ce rapport évoque notamment le cas d’un groupe de juifs étrangers, qu’on appelait « les boches », qui étaient installés dans la commune de Porto, en Corse-du-sud, et qui n’ont pas été livrés par l’administration pétainiste de l’époque.
« Ils ont été très bien accueillis par la population ». Le paradoxe est que ce groupe de personnes avait été assigné à résidence par le même gouvernement de Vichy en 1940 !
A Bastia, Madame Ninio, figure emblématique de la communauté juive et témoin essentiel de ces événements, raconte l’arrivée des Italiens, puis l’arrestation de son mari par ces derniers, « avec les menottes ». Elle évoque « la protection qu’on organisé tous les villages corses à l’égard des juifs. Ils nous ont protégé, ils nous ont aidés ».
Rapports excellents avec la population d'Asco
Asco, petit village de montagne, ont été interné 80 juifs. Là aussi, les rapports avec la population furent excellents.
Madame Halewa de la communauté juive de Porto-Vecchio, explique : « Le maire d’Asco était très bien avec eux, il leur avait dit : « je sais que les allemands ont le projet de vous arrêter. Avant que ça se produise, je serai averti et on vous fera prendre le maquis. Ils ne vous trouveront jamais ! ».
A Chera, Mme Casanova, révèle la correspondance retrouvée de son père avec une famille juive, protégée dans leur village de Pietrabugno. Six personnes ont été cachées pendant plusieurs années et accueillies par cette phrase que cite Me Zaoui, avocat aujourd’hui décédé : « Quand vous nous avez reçu, vous avez prononcé cette phrase ô combien réconfortante : « ici, vous ne mourrez de faim, sans doute qu’après nous ! » ».
"Elle cachait le persécuté"
Le « road-movie corse » à travers les villages continue alors. On sillonne les routes et l’on découvre, de commune en commune, de ville en ville, des Corses pétris d’émotions, qui ont accueilli et protégé des juifs pendant la guerre « parce que c’était normal ». Parmi les témoignages, celui de Charles Grimaldi, ancien maire de la Porta : « il y avait quatre familles de juifs à la Porta. Ils étaient intégrés au village. L’antisémitisme ne nous venait même pas à l’esprit ».
Henri Parsi, Président des antiquaires de Marseille, raconte l’histoire de sa grand-mère, celle qu’on appelait « Zia Maria ». Elle avait caché un prisonnier juif qui s’était échappé d’Asco, devenu depuis le célèbre Félix Nhamani. « Je ne crois pas que ma grand-mère cachait le Juif, elle cachait le persécuté, comme nous faisons toujours en Corse, même aujourd’hui, que cela plaise ou non ! »
Le témoignage de Jean-Hugues Colonna
Le documentaire rapporte aussi le témoignage ému, de Jean-Hugues Colonna, dont le père, Jean Colonna, a caché Jean-Pierre Ergas et sa famille, pendant plus d’une année à Cargèse. La lettre que celui-ci a écrite au président des Assises au moment du procès d’Yvan Colonna : « au nom de ma famille qui a été sauvée, au nom de la Corse qui a aidé les juifs pendant la guerre, je tiens à apporter ce témoignage moral ».
« Mon père n’a jamais voulu en parler, explique Jean-Hugues Colonna, et moi non plus - Pourquoi en parler aujourd’hui ? C’est Jean-Pierre Ergas qui a pris l’initiative. Je ne lui ai rien demandé en ce qui concerne mon fils. S’il faut écrire quelque chose, m’a t-il dit, je l’écrirai. Il a écrit cette lettre ».
Pascal Paoli et Napoléon
Remarquable, également, le témoignage du grand rabbin Korsia : « les Corses dans leur ensemble - pas tous les corses, car il y a eu beaucoup de Corses collaborationnistes insupportables - mais, dans leur ensemble, les Corses, ont considéré que c’était une partie d’eux-mêmes que l’on touchait ».
Et il ajoute : « c’est une tradition en Corse que l’on accueille les Juifs et ce qui s’est passé pendant la guerre, n’est que la conséquence d’une relation ancestrale ».
Apparaît alors un pan de l’histoire de la Corse peu connu des français. Il commence au 16ème siècle, avec les persécutions anti-juives, qui obligent les « marranes », juifs contraints à se convertir, à émigrer en Europe, au Maghreb, et en Corse.
« A cette époque déjà, explique Alexandre Adler, se produit déjà en Corse une assimilation de grandes familles juives, parmi lesquelles, par exemple, les Zucarelli, les Jacobbi, les Siméoni…mais il y en a d’autres ».
L’historien Michel Vergé-Franceschi s’attache à mettre en lumière l’intérêt pour la communauté juive, porté par deux hommes d’Etat d’origine corse : Pascal Paoli et Napoléon, qui sont les premiers à proposer aux juifs un statut de citoyen à part égale.
"Une terre qui a aidé les Juifs, les a protégés et mieux, les a intégrés"
C’est l’époque, le 18ème siècle, où la Corse, île de bergers et de montagnards, se transforme, sous l’influence des lumières et de la Franc-maçonnerie, en une république moderne et démocratique et devient une terre d’accueil en Europe.
Est raconté également l’installation en 1915 d’une communauté de 800 Juifs français, expulsés de Palestine par les turcs, et qui sont débarqués à Bastia, puis à Ajaccio.
Les descendants des familles juives ont encore en mémoire les propos émus de leurs parents et leurs grands-parents, racontant l’accueil exceptionnel fait par les Corses et la République française, à cette communauté qui donnera naissance aux communautés juives d’Ajaccio, et de Bastia, où sera ouverte une synagogue.
« La Corse, île des Justes ? Il faut garder la mesure, estime Edmond Siméoni, et ne pas rapprocher des événements qui ont eu une ampleur dramatique dans le monde, avec ce qui s’est passé en Corse, mais on est bien obligé de reconnaître que la Corse, qui est une terre qui fabrique des Corses, est une terre qui a aidé les Juifs, les a protégés et mieux, les a intégrés ».
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*** Le documentaire sera présenté le 10 Avril à 19 heures au cinéma Le Studio à Bastia et le lendemain à U locu teatrale à Ajaccio.
Polémique
Une polémique s’est engagée depuis quelques années entre les « pour » et les « contre », entre témoins et historiens. Les réalisateurs ont mené l’enquête.
Loin des polémiques, on découvre l’attitude surprenante d’un préfet et de son administration, qui a détourné les ordres de Vichy concernant la politique anti-juive.
A travers un « road-movie corse », de village en village, de ville en ville, on découvre des Corses pétris d’émotions, qui ont accueilli et protégé des Juifs pendant la guerre « parce que c’était normal », et qui donnent une grande leçon d’humilité : « Les Corses, dans leur ensemble, ont considéré que l’on touchait à une part d’eux-mêmes ».
On découvre également un pan de l’histoire, Corse, encore inconnu : Pascal Paoli et Napoléon, qui avaient déjà transformé l’île des bergers et de montagnards en une république moderne et démocratique dès le siècle des lumières, sont les premiers à donner aux Juifs un statut à part entière, sans compter l’assimilation réussie des juifs « Marranes » du 16ème siècle, parmi lesquels on trouve des noms célèbres en Corse : Les Zuccarelli, les Giacobbi, les Siméoni et bien d’autres.
Serge klarsfeld : " Je dis oui "
Alors, la Corse, île des justes ? Depuis deux ans, la polémique fait rage. Dès le début du film, le décor est planté…
Pour l’historien Sylvain Grégori, la réponse est négative : « Un territoire ne peut pas recevoir le titre de juste et par ailleurs, il est peu probable que les corses dans leur ensemble aient protégé les juifs pendant la guerre ».
Noëlle Vincensini, ancienne déportée, présidente de l’association anti-raciste « Ava basta », n’est pas d’accord : « île des Justes, c’est un peu exagéré parce que la Corse a connu nombre de collaborateurs, mais, ajoute-t-elle, ce qui a dominé chez les Corses, c’est le sentiment de protection de la population par rapport aux juifs ».
Serge klarsfeld, avocat, historien, président de l’association des fils et filles de déportés, lui est très net : « île des justes ? Je dis oui. Car la Corse est le seul département français qui n’ait pas connu de déporté, sauf un, mais c’est accidentel ».
"Juste parmi les nations" pour le préfet
Et le Vice-président du mémorial de la Shoah va plus loin. Il se propose de demander le titre de « Juste parmi les nations », auprès de Yad Vashem, pour le préfet de Corse, à l’époque, Paul Louis Emmanuel Baley : « Parmi les Pétinistes, il y avait de braves gens » déclare Serge Klarsfeld, et il ajoute : « Moi, j’ai pris l’habitude de regarder les actions des gens ».
Le film raconte en effet, dans le détail, la manière dont le préfet et son administration ont détourné les ordres de Vichy…concernant les juifs.
C’est un jeune professeur d’histoire, corse, Louis Luciani, qui dès 2008, ayant décidé de préparer le Concours National de la Résistance avec ses élèves de 4ème, a mis au jour, par un travail minutieux dans les archives départementales, nationales et italiennes, les principaux éléments de ce dossier.
Louis Luciani démontre d’abord que le préfet a fait un recensement relativement favorable à la communauté juive : « Il y a seulement 146 noms. Pas d’enfants. Et surtout aucun juif étranger », c’est-à-dire les juifs qui seront sur le coup de la déportation au moment des grandes rafles de 1942.
Et Louis Luciani ajoute que, dans cette action de protection : « C’est tout un système qui a fonctionné, avec les sous-préfets, Ravail à Sartène, Rix, à Bastia, et les responsables de la police. Et cela n’aurait pas été possible sans une interaction de la population ».
Des Juifs étrangers
L’une des questions essentielles est celle de la présence de juifs étrangers en Corse à partir de 1940 et jusqu’en 1942 (avant la grande rafle d’août 1942).
« Il y avait au moins, affirme Louis Luciani, une famille de Juifs étrangers par village en Corse ». Et il cite un rapport des services secrets italiens qui évoque l’arrivée « massive de touristes en Corse ». Ce rapport évoque notamment le cas d’un groupe de juifs étrangers, qu’on appelait « les boches », qui étaient installés dans la commune de Porto, en Corse-du-sud, et qui n’ont pas été livrés par l’administration pétainiste de l’époque.
« Ils ont été très bien accueillis par la population ». Le paradoxe est que ce groupe de personnes avait été assigné à résidence par le même gouvernement de Vichy en 1940 !
A Bastia, Madame Ninio, figure emblématique de la communauté juive et témoin essentiel de ces événements, raconte l’arrivée des Italiens, puis l’arrestation de son mari par ces derniers, « avec les menottes ». Elle évoque « la protection qu’on organisé tous les villages corses à l’égard des juifs. Ils nous ont protégé, ils nous ont aidés ».
Rapports excellents avec la population d'Asco
Asco, petit village de montagne, ont été interné 80 juifs. Là aussi, les rapports avec la population furent excellents.
Madame Halewa de la communauté juive de Porto-Vecchio, explique : « Le maire d’Asco était très bien avec eux, il leur avait dit : « je sais que les allemands ont le projet de vous arrêter. Avant que ça se produise, je serai averti et on vous fera prendre le maquis. Ils ne vous trouveront jamais ! ».
A Chera, Mme Casanova, révèle la correspondance retrouvée de son père avec une famille juive, protégée dans leur village de Pietrabugno. Six personnes ont été cachées pendant plusieurs années et accueillies par cette phrase que cite Me Zaoui, avocat aujourd’hui décédé : « Quand vous nous avez reçu, vous avez prononcé cette phrase ô combien réconfortante : « ici, vous ne mourrez de faim, sans doute qu’après nous ! » ».
"Elle cachait le persécuté"
Le « road-movie corse » à travers les villages continue alors. On sillonne les routes et l’on découvre, de commune en commune, de ville en ville, des Corses pétris d’émotions, qui ont accueilli et protégé des juifs pendant la guerre « parce que c’était normal ». Parmi les témoignages, celui de Charles Grimaldi, ancien maire de la Porta : « il y avait quatre familles de juifs à la Porta. Ils étaient intégrés au village. L’antisémitisme ne nous venait même pas à l’esprit ».
Henri Parsi, Président des antiquaires de Marseille, raconte l’histoire de sa grand-mère, celle qu’on appelait « Zia Maria ». Elle avait caché un prisonnier juif qui s’était échappé d’Asco, devenu depuis le célèbre Félix Nhamani. « Je ne crois pas que ma grand-mère cachait le Juif, elle cachait le persécuté, comme nous faisons toujours en Corse, même aujourd’hui, que cela plaise ou non ! »
Le témoignage de Jean-Hugues Colonna
Le documentaire rapporte aussi le témoignage ému, de Jean-Hugues Colonna, dont le père, Jean Colonna, a caché Jean-Pierre Ergas et sa famille, pendant plus d’une année à Cargèse. La lettre que celui-ci a écrite au président des Assises au moment du procès d’Yvan Colonna : « au nom de ma famille qui a été sauvée, au nom de la Corse qui a aidé les juifs pendant la guerre, je tiens à apporter ce témoignage moral ».
« Mon père n’a jamais voulu en parler, explique Jean-Hugues Colonna, et moi non plus - Pourquoi en parler aujourd’hui ? C’est Jean-Pierre Ergas qui a pris l’initiative. Je ne lui ai rien demandé en ce qui concerne mon fils. S’il faut écrire quelque chose, m’a t-il dit, je l’écrirai. Il a écrit cette lettre ».
Pascal Paoli et Napoléon
Remarquable, également, le témoignage du grand rabbin Korsia : « les Corses dans leur ensemble - pas tous les corses, car il y a eu beaucoup de Corses collaborationnistes insupportables - mais, dans leur ensemble, les Corses, ont considéré que c’était une partie d’eux-mêmes que l’on touchait ».
Et il ajoute : « c’est une tradition en Corse que l’on accueille les Juifs et ce qui s’est passé pendant la guerre, n’est que la conséquence d’une relation ancestrale ».
Apparaît alors un pan de l’histoire de la Corse peu connu des français. Il commence au 16ème siècle, avec les persécutions anti-juives, qui obligent les « marranes », juifs contraints à se convertir, à émigrer en Europe, au Maghreb, et en Corse.
« A cette époque déjà, explique Alexandre Adler, se produit déjà en Corse une assimilation de grandes familles juives, parmi lesquelles, par exemple, les Zucarelli, les Jacobbi, les Siméoni…mais il y en a d’autres ».
L’historien Michel Vergé-Franceschi s’attache à mettre en lumière l’intérêt pour la communauté juive, porté par deux hommes d’Etat d’origine corse : Pascal Paoli et Napoléon, qui sont les premiers à proposer aux juifs un statut de citoyen à part égale.
"Une terre qui a aidé les Juifs, les a protégés et mieux, les a intégrés"
C’est l’époque, le 18ème siècle, où la Corse, île de bergers et de montagnards, se transforme, sous l’influence des lumières et de la Franc-maçonnerie, en une république moderne et démocratique et devient une terre d’accueil en Europe.
Est raconté également l’installation en 1915 d’une communauté de 800 Juifs français, expulsés de Palestine par les turcs, et qui sont débarqués à Bastia, puis à Ajaccio.
Les descendants des familles juives ont encore en mémoire les propos émus de leurs parents et leurs grands-parents, racontant l’accueil exceptionnel fait par les Corses et la République française, à cette communauté qui donnera naissance aux communautés juives d’Ajaccio, et de Bastia, où sera ouverte une synagogue.
« La Corse, île des Justes ? Il faut garder la mesure, estime Edmond Siméoni, et ne pas rapprocher des événements qui ont eu une ampleur dramatique dans le monde, avec ce qui s’est passé en Corse, mais on est bien obligé de reconnaître que la Corse, qui est une terre qui fabrique des Corses, est une terre qui a aidé les Juifs, les a protégés et mieux, les a intégrés ».
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*** Le documentaire sera présenté le 10 Avril à 19 heures au cinéma Le Studio à Bastia et le lendemain à U locu teatrale à Ajaccio.