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La LDH et le statut de résident : Aller dans le sens du progrès, sans la discrimination !


José Fanchi le Mercredi 28 Mai 2014 à 18:24

On ne parle de ça ! Le statut de résident. Qui est pour ? Qui est contre ? Chi lo sa ? Y –a-t-i autant de partisans que d’opposants ? Probablement, mais une chose est sûre, cela divise. Bien qu’il ait été adopté en avril dernier par l’Assemblée de Corse, il continue de faire couler encre et salive, ce qui en fait un dossier sensible. Un argument semble pourtant rassembler beaucoup de monte autour de ce statut : la lutte contre la spéculation.



La LDH et le statut de résident : Aller dans le sens du progrès, sans la discrimination !

Devenir propriétaire en Corse est devenu plutôt difficile, notamment pour les jeunes insulaires qui s’y installent. Seuls quelques privilégiés peuvent s’offrir ce luxe. Sans parler d’éventuelles conséquences lorsqu’il s’agit de certaines pratiques favorables à la spéculation. Les exemples ne font pas défaut. Mais Paul Giacobbi, président du Conseil Exécutif de Corse, a bien insisté sur un fait : « Il s’agit de faire face à l’appropriation massive de foncier pour construire des résidences secondaires. Cela crée des dommages économiques, sociaux voire politiques. L’adoption de ce statut n’est en rien discriminatoire… »

Les nationalistes se sont réjouis de cette mesure (ils avaient demandé un délai de dix années) alors qu’une partie des élus de droite a voté contre (certains se sont abstenus), et les autres, semblent d’accord pour agir. Mais comment ? Avec quels arguments ?


La L.D.H. invite au débat du 7 juin à Bastia
La Ligue des Droits de l’Homme est tout à fait d’accord pour lutter contre la spéculation : « En mettant en œuvre une alternative en matière de développement, tel le PADDUC en voie d’achèvement, de nouveaux instruments, tel le statut de résident » a rappelé André Paccou du Comité Central des Droits de l’Homme, mercredi, au cours d’une conférence de presse en présence de Mme Renucci, présidente de la section corse, Elsa Renaut, secrétaire, A. Bretel, trésorier, Michelle Zevaco et Julia Sanguinetti.

Pour la LDH corse, il s’agit de prendre la résidence comme fondement, partir des résidents, à savoir des personnes durablement installées en Corse afin de définir un projet de société :
- C’est partir des besoins et des attentes des personnes qui vivent et travaillent en Corse
- C’est se donner les moyens d’un développement maîtrisé
- C’est redonner sens à la démocratie
- C’est définir une société politique responsable de son destin

Et André Paccou d’ajouter: « depuis plusieurs années, la LDH revendique une citoyenneté de résidence aux élections municipales, c'est-à-dire le droit de vote et d’éligibilité de toutes celles et ceux qui sont installés durablement dans les communes, quelle que soient leurs origines. » La Ligue regrette que le débat sur le statut soit réduit au droit de propriété, négligeant ainsi les droits politiques et sociaux et pose la question : « Qui est résident ? Nous refusons les arguments de ceux qui dénoncent une discrimination à propos de la durée de cinq années pour l’accès à la propriété. Dès lors que cette durée s’impose sans référence à une origine, il n’y a pas discrimination, mais la discussion mérite d’être approfondie pour mieux définir le contenu donné à ce critère : Une personne peut-elle être considérée comme résidente si elle justifie d’au moins six mois en Corse au cours de l’année ?

La diaspora aussi…
André Paccou poursuit avec ceux qui craignent un risque économique : « Vouloir poursuivre dans la construction inflationniste de résidences secondaires, avec un nombre croissant de logements vides une grande partie de l’année, sans oublier les invendus, c’est prendre le risque d’un effondrement du marché, d’une urbanisation destructrice et donc, d’une dévalorisation de la Corse sur les plans touristiques et économiques avec les troubles que cela peut provoquer. »

 Le texte adopté en avril dernier par l’Assemblée de Corse interpelle la LDH sur un point essentiel : « Dans cette délibération, à la durée de cinq ans de résidence, vient s’ajouter une autre question : celle de la définition d’intérêts moraux et matériels qui permettraient d’accéder également au statut de résident. On comprend ici qu’il s’agit de trouver une place à la diaspora. La discussion sur la notion d’intérêts moraux et matériels n’est pas close. La commission Chaubon est chargée d’en préciser le contenu. La LDH considère que le débat sur le statut de résident et cet autre débat sur la diaspora concernent tous les citoyens. Il faut pour cela en débattre en dehors de l’Assemblée de Corse. »


Débat samedi 7 juin à Bastia

A ce propos, rappelons que la LDH organise une réunion-débat le 7 juin prochain à Bastia, à 17 heures, à la salle polyvalente de Lupino. Le débat est co-organisé avec le maire de Bastia, Gilles Simeoni, Jean-Pierre Dubois, président d’honneur de la Ligue, François Viangalli, maître de conférence à l’université de Grenoble-Alpes et André Paccou.

J. F.