Camille de Rocca Serra, en qualité de membre de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, a été chargé de rédiger un rapport sur la gestion fiscale et financière de l’Etat au sein de la DGDDI. C’est à ce titre qu’il participera à ce déplacement de la directrice nationale à Ajaccio.
Ce sera l’occasion pour le député de rappeler ses plus vives inquiétudes quant à la mise à mal du maillage douanier de la Corse suite aux restructurations envisagées par le Gouvernement.
Dans le projet dit « stratégique » redéfinissant les modalités d’action et l’organisation interne de la douane, le sud de la Corse se trouve totalement dégarni en moyens matériels et humains. A ce jour, la Corse dispose de trois unités basées à Ajaccio, Bastia et Porto-Vecchio. Chaque unité compte une vedette de 21 mètres et 14 marins douaniers. Soit au total, trois navires et 42 agents.
La réforme élaborée propose une restructuration fondée sur la suppression de l’unité de Porto Vecchio en considérant que celle d’Ajaccio couvrira la partie occidentale de l’île, et celle de Bastia la côte orientale. L’unité d’Ajaccio se verrait renforcée en effectifs et la vedette actuelle serait remplacée par une embarcation de 28 mètres. De 42 agents actuellement, on passerait à 38 avec la réforme.
“Pour gagner 4 postes d’agents, le Gouvernement est prêt à démanteler le maillage douanier de la Corse qui, bien qu’équilibré et adapté à notre île, reste minimal quand on sait la fréquentation de nos côtes. Concrètement, avec ce qui est prévu pour la Corse dans le projet stratégique, il est impossible que les unités d’Ajaccio et Bastia couvrent correctement le territoire de l’extrême sud lorsque l’on sait que les délais d’arrivée sur zone sont d’environ quatre heures. Je peux comprendre le principe de la restrucration des services. Je ne me suis d’ailleurs pas opposé à la suppression du bureau des recettes de Porto-Vecchio puisqu’il ne s’agissait pas là d’une mission indispensable. Elle peut très bien s’exercer ailleurs sans porter atteinte au travail de contrôle. Aujourd’hui c’est différent, puisqu’il s’agit de la surveillance côtière du sud de l’île.”
Depuis la suppression de l’unité de Propriano, le golfe du Valinco est en proie à plusieurs trafics. Avec la suppression de Porto-Vecchio, c’est tout le sud de l’île qui se trouvera livré à lui-même alors qu’il constitue une frontière nationale, européenne et méditerranéenne, et par-là même une porte d’entrée. Sur 300 kilomètres de linéaire côtier, les marins-douaniers de Porto-Vecchio sont les seuls moyens prépositionnés de l’Etat en mer alors qu’il s’agit d’un espace soumis à une forte affluence estivale, à un risque de pollution marine important dans des zones protégées et à un trafic international, qui nécessite une vigilance accrue.
Les quelques rotations du futur patrouilleur basé à Toulon, qui a davantage vocation à procéder à des opérations de contrôle hauturières et internationales, ne suffiront jamais à compenser le travail indispensable effectué par l’unité douanière de Porto-Vecchio.
Soucieux de maintenir une présence minimale des agents de l’Etat en mer le long du littoral insulaire, Camille de Rocca Serra avait demandé au ministre de l’économie d’alors, Pierre Moscovici, “de revoir le projet stratégique pour maintenir le maillage actuel des unités douanières basées en Corse, et pérenniser par là-même celle de Porto-Vecchio . C’est une impérieuse nécessité.”
La réponse de Bercy, parvenue 3 mois plus tard, a confirmé la suppression de l’unité douanière de Porto-Vecchio pour 2015. Dénonçant cette décision qui “néglige les enjeux de l’action de l’Etat en mer sur le littoral insulaire”, Camille de Rocca Serra exprimera à l’occasion du déplacement du 12 septembre son désaccord auprès de la directrice des douanes et lui renouvèlera l’intérêt de maintenir l’unité du sud de l’île.