Tout avait pourtant commencé dans le calme place Paoli où le cortège s'est ébranlé après que l'objet du rassemblement ait été signifié par haut parleur à l'ensemble des manifestants.
"Vi ringriazemu d'esse venuti numerosi a sta manifestazione. Avemu cumminca a marchja versu à sottu prefettura. Nous voudrions vous rappeler qu'aujourd'hui on ne manifeste pas pour un quelconque intérêt corporatiste ou individuel. Oghje si trata di marchja per a salvezza di u nostru populu par chi semu di stu paese é ci vulemù campà!"
Applaudissements, sifflets et chants et le cortège s'ébranle vers la sous-préfecture. Il est 15 heures.
Mais on ne se déplace pas dans Corte comme l'on veut. La circulation est bloquée des deux côtés de la sous-préfecture. En accédant par la bretelle depuis Bastia. Défense de se déplacer en voiture. Et à pied.
Scénario identique tout en haut du cours Paoli après la mairie. C'est un véritable non man's land qui a été institué avec dans ce périmètre placé sous haute protection près de 250 hommes, CRS et gendarmes mobiles.
"Plus de maisons, plus d'emplois, plus de langue, une culture bafouée, un peuple nié…"
Le but de la manifestation, on le connait. Petru Vesperini, porte-parole l'a rappelé au terme du défilé qui, ponctué de nombreux slogans, s'est déroulé sans le moindre incident jusqu'à se positionner à moins d'une dizaine de mètres du barrage policier.
"Ce n'est jamais avec plaisir que l'on fait le choix de descendre dans la rue. Ce n'est que lorsque l'on est contraint que l'on entreprend cette démarche. Et aujourd'hui le peuple corse est au pied du mur. On voudrait du côté des forces rétrogrades faire croire que notre mobilisation est née d'étudiants et de lycéens écervelés qui se complaisent dans une école buissonnière. C'est faux et le fait de retrouver tous ces Corses de tout âge et de toutes classes si réunis aujourd'hui en est la preuve. Si nous avons choisi de descendre dans la rue par cette manifestation, qui n'est que le point de départ d'une mobilisation générale, c'est parce que la situation est grave.
Sur la forme culturelle et linguistique nous avons affaire à un Etat français, replié dans son mutisme et dans sa marginalité refusant non seulement la coofficialité de la langue corse mais également la signature de la charte des langues régionales. C'est signer l'arrêt de mort de nogtre langue à court terme.
Sur un plan économique la spéculation immobilière, qui est plus que jamais vivace, nous prive de pouvoir vivre décemment sur notre terre pendant que des millionnaires de tous horizons font grimper les prix et s'approprie notre île en la défigurant. Et pendant ce temps l'Etat fait la sourde oreille face aux demandes de statut de résident émanant de la majorité des hommes politiques insulaires.
Sur le plan fiscal, la nouvelle censure des Arrêtés Miot nous condamne à payer des fortunes pour hériter des maisons surcôtés de nos ancêtres, nous condamnant à nous confiner dans des lotissements, des réserves pour Corses, nous expropriant de nos demeures. Pendant ce temps-là, les emplois sur l'Île deviennent inaccessibles au peuple corse au profit de continentaux venant s'accaparer le peu de travail qui nous reste. (…)
Alors, plus de maisons, plus d'emplois, plus de langue, une culture bafouée, un peuple nié : que reste t-il aujourd'hui si ce n'est la liberté fondamentale de manifester notre immense colère vis à vis d'un Etat qui nous méprise chaque jour un peu plus fort.
Il est l'heure de crier notre révolte.
Nous comptons bien aujourd'hui installer un rapport de force démocratique mais déterminé avec l'Etat français pour défendre nos droits les plus fondamentaux depuis 250 ans".
Puis Petru Vesperini s'est tourné vers le barrage policier : "Je vous le dit. Simu di stu paese é ci vulèmu campà!"
L'odre de dislocation suivait aussitôt.
Puis les incidents
Commença alors un premier face à face avec les forces de l'ordre. Des slogans d'un côté. Une impassibilité totale de l'autre. Puis les pétards ont pris le relais. Les bombes agricoles. Et des pierres. De plus en plus grosses.
La riposte ne tarda pas. Les gaz lacrymogènes ont vide rendu irrespirable l'atmosphère dans le centre de Corte où, l'ensemble des manifestants, mis à part les individus, qui le visage cachés par des cagoules, avaient ouvert les hostilités avec les forces de l'ordre.
Puis la tension monta d'un cran. Avec d'un côté des barrages composés de pallettes en bois et de pneus qui s'embrasaient devant gendarmes mobiles et CRS. Puis le jet de quelques cocktail Molotov. Et de l'autre des tirs de grenades lacrymogènes.
Avec la tombée de la nuit les forces de l'ordre décidaient alors de charger rapidement sur le cours Paoli pour repousser
et disperser les manifestants qui disparaissaient chaque fois dans des rues transversales...
En fin de soirée on apprenait que les heurts avaient fait 6 blessés et que les forces de l'ordre avaient procédé à plusieurs interpellations.
Un peu plus tard on faisait état d'une vingtaine de blessés…
"Vi ringriazemu d'esse venuti numerosi a sta manifestazione. Avemu cumminca a marchja versu à sottu prefettura. Nous voudrions vous rappeler qu'aujourd'hui on ne manifeste pas pour un quelconque intérêt corporatiste ou individuel. Oghje si trata di marchja per a salvezza di u nostru populu par chi semu di stu paese é ci vulemù campà!"
Applaudissements, sifflets et chants et le cortège s'ébranle vers la sous-préfecture. Il est 15 heures.
Mais on ne se déplace pas dans Corte comme l'on veut. La circulation est bloquée des deux côtés de la sous-préfecture. En accédant par la bretelle depuis Bastia. Défense de se déplacer en voiture. Et à pied.
Scénario identique tout en haut du cours Paoli après la mairie. C'est un véritable non man's land qui a été institué avec dans ce périmètre placé sous haute protection près de 250 hommes, CRS et gendarmes mobiles.
"Plus de maisons, plus d'emplois, plus de langue, une culture bafouée, un peuple nié…"
Le but de la manifestation, on le connait. Petru Vesperini, porte-parole l'a rappelé au terme du défilé qui, ponctué de nombreux slogans, s'est déroulé sans le moindre incident jusqu'à se positionner à moins d'une dizaine de mètres du barrage policier.
"Ce n'est jamais avec plaisir que l'on fait le choix de descendre dans la rue. Ce n'est que lorsque l'on est contraint que l'on entreprend cette démarche. Et aujourd'hui le peuple corse est au pied du mur. On voudrait du côté des forces rétrogrades faire croire que notre mobilisation est née d'étudiants et de lycéens écervelés qui se complaisent dans une école buissonnière. C'est faux et le fait de retrouver tous ces Corses de tout âge et de toutes classes si réunis aujourd'hui en est la preuve. Si nous avons choisi de descendre dans la rue par cette manifestation, qui n'est que le point de départ d'une mobilisation générale, c'est parce que la situation est grave.
Sur la forme culturelle et linguistique nous avons affaire à un Etat français, replié dans son mutisme et dans sa marginalité refusant non seulement la coofficialité de la langue corse mais également la signature de la charte des langues régionales. C'est signer l'arrêt de mort de nogtre langue à court terme.
Sur un plan économique la spéculation immobilière, qui est plus que jamais vivace, nous prive de pouvoir vivre décemment sur notre terre pendant que des millionnaires de tous horizons font grimper les prix et s'approprie notre île en la défigurant. Et pendant ce temps l'Etat fait la sourde oreille face aux demandes de statut de résident émanant de la majorité des hommes politiques insulaires.
Sur le plan fiscal, la nouvelle censure des Arrêtés Miot nous condamne à payer des fortunes pour hériter des maisons surcôtés de nos ancêtres, nous condamnant à nous confiner dans des lotissements, des réserves pour Corses, nous expropriant de nos demeures. Pendant ce temps-là, les emplois sur l'Île deviennent inaccessibles au peuple corse au profit de continentaux venant s'accaparer le peu de travail qui nous reste. (…)
Alors, plus de maisons, plus d'emplois, plus de langue, une culture bafouée, un peuple nié : que reste t-il aujourd'hui si ce n'est la liberté fondamentale de manifester notre immense colère vis à vis d'un Etat qui nous méprise chaque jour un peu plus fort.
Il est l'heure de crier notre révolte.
Nous comptons bien aujourd'hui installer un rapport de force démocratique mais déterminé avec l'Etat français pour défendre nos droits les plus fondamentaux depuis 250 ans".
Puis Petru Vesperini s'est tourné vers le barrage policier : "Je vous le dit. Simu di stu paese é ci vulèmu campà!"
L'odre de dislocation suivait aussitôt.
Puis les incidents
Commença alors un premier face à face avec les forces de l'ordre. Des slogans d'un côté. Une impassibilité totale de l'autre. Puis les pétards ont pris le relais. Les bombes agricoles. Et des pierres. De plus en plus grosses.
La riposte ne tarda pas. Les gaz lacrymogènes ont vide rendu irrespirable l'atmosphère dans le centre de Corte où, l'ensemble des manifestants, mis à part les individus, qui le visage cachés par des cagoules, avaient ouvert les hostilités avec les forces de l'ordre.
Puis la tension monta d'un cran. Avec d'un côté des barrages composés de pallettes en bois et de pneus qui s'embrasaient devant gendarmes mobiles et CRS. Puis le jet de quelques cocktail Molotov. Et de l'autre des tirs de grenades lacrymogènes.
Avec la tombée de la nuit les forces de l'ordre décidaient alors de charger rapidement sur le cours Paoli pour repousser
et disperser les manifestants qui disparaissaient chaque fois dans des rues transversales...
En fin de soirée on apprenait que les heurts avaient fait 6 blessés et que les forces de l'ordre avaient procédé à plusieurs interpellations.
Un peu plus tard on faisait état d'une vingtaine de blessés…
Questions à… Petru Vesperini, porte-parole de a Ghjuventu Independentista
- Pourquoi ce nouveau rassemblement ?
- Nous organisons aujourd'hui ce nouveau rassemblement pour faire la preuve de la mobilisation générale du peuple corse ainsi que de sa jeunesse pour essayer de rentrer dans un rapport de force qui est démocratique avec l'Etat français sur les thématiques qui sont à l'ordre du jour depuis maintenant trop longtemps sur les plans linguistique, culturel et fiscal notamment.
- Qu'en attendez-vous ?
- Nous espérons être entendus. Depuis le début Janvier de nous manifestons pour essayer de nous mobiliser en masse, de rassembler le maximum de jeunes Corses et pour que notre voix, unanime, porte jusqu'à Paris.
- Avez-vous l'espoir d'être entendus ?
- Oui nous pensons que nous le serons. Sinon nous ne serions pas ici… En nous ferons tout pour y parvenir à partir du moment où nous restons dans la légalité et dans ce rapport de force démocratique.
- Le mouvement des lycéens ?
- Ils ont eu une réaction spontanée. Ils se sont servis de l'outil de la Ghjuventù Independentista qui est au service de l'émancipation de la jeunesse corse. Mais le recteur d'académie n'a pas à s'inquiéter, bien au contraire. Il devrait être satisfait de voir qu'il y aujourd'hui des jeunes en Europe soucieux de leur avenir et ici déterminés à dire non à ce que l'Etat français leur propose.
- Nous organisons aujourd'hui ce nouveau rassemblement pour faire la preuve de la mobilisation générale du peuple corse ainsi que de sa jeunesse pour essayer de rentrer dans un rapport de force qui est démocratique avec l'Etat français sur les thématiques qui sont à l'ordre du jour depuis maintenant trop longtemps sur les plans linguistique, culturel et fiscal notamment.
- Qu'en attendez-vous ?
- Nous espérons être entendus. Depuis le début Janvier de nous manifestons pour essayer de nous mobiliser en masse, de rassembler le maximum de jeunes Corses et pour que notre voix, unanime, porte jusqu'à Paris.
- Avez-vous l'espoir d'être entendus ?
- Oui nous pensons que nous le serons. Sinon nous ne serions pas ici… En nous ferons tout pour y parvenir à partir du moment où nous restons dans la légalité et dans ce rapport de force démocratique.
- Le mouvement des lycéens ?
- Ils ont eu une réaction spontanée. Ils se sont servis de l'outil de la Ghjuventù Independentista qui est au service de l'émancipation de la jeunesse corse. Mais le recteur d'académie n'a pas à s'inquiéter, bien au contraire. Il devrait être satisfait de voir qu'il y aujourd'hui des jeunes en Europe soucieux de leur avenir et ici déterminés à dire non à ce que l'Etat français leur propose.
Le préfet de Haute-Corse condamne
Dans un communiqué le préfet de la Haute-Corse "condamne fermement les actes de violence qui ont marqué la manifestation du 29 janvier à Corté. En effet, à l’issue du défilé, une quarantaine d’individus s’est attaquée aux forces de l’ordre chargées de protéger la sous-préfecture. Durant près de trois heures, CRS et gendarmes ont été la cible de
tirs multiples (pierres, engins pyrotechniques, cocktails Molotov, tirs d’armes à feu).
Au cours de ces affrontements, 17 CRS et 2 gendarmes ont été blessés.
Le préfet de la Haute-Corse salue par ailleurs le sang froid et la réactivité des forces de l’ordre et des sapeurs-pompiers qui, grâce à leur professionnalisme, ont permis d’éviter un bilan humain et matériel qui aurait pu être beaucoup plus lourd."