Difficile d’oublier cette période du début de saison estivale de l’an dernier. La grève de la SNCM a en effet privé l’île des liaisons plus de deux semaines durant. Liaisons assurées par cette même compagnie en temps normal alors même que la saison démarrait. Mesurer les effets c’est constater les retombées négatives à long terme, c’est établir un bilan lourd de conséquences directes. Comment évaluer ces effets ricochets ?
Marc Simeoni, de MS Consulting, et Guillaume Guidoni, de Gecodia, se sont efforcés d’estimer ces impacts en utilisant deux démarches de méthodologie différentes. Les deux experts ont travaillé sur ce dossier de la manière la plus fiable, la plus précise possible, avec un regard macro économique d’un côté, celui apporté par la société Gecodia et un regard micro économique de l’autre, par la société MS Consulting. Il s’avère que ces deux approches convergent au final, quoique utilisant des données radicalement différentes.
4 000 emplois détruits…
Marc Simeoni explique : « Ces études permettent d’affirmer que les impacts économiques, au-delà de la perte de chiffre d’affaires mais d’impacts mesurables sur le produit intérieur brut de la Corse, sont compris entre 60 et 75 millions d’euros, ce qui représente un choc considérable. En analysant plus finement la propagation dans l’ensemble de l’économie et les effets d’entrainement liés à ce choc, on en arrive à un chiffre proche de 135 millions d’euros. Cela représente entre 1,5 et 2% de notre PIB. C’est donc un choc considérable, et l’on peut craindre également qu’il ait des conséquences importantes et durable, dans la mesure où au-delà de l’été 2014 lui-même, on observe un préjudice d’image qui pourrait encore se renforcer s’il devait survenir une autre crise de ce type. De fait, on constate une véritable morosité des acteurs de l’ensemble de la chaîne économique liée à cet événement ou plutôt à la récurrence de ce type d’événement. Donc, on sait que si les conséquences de court terme équivalent à près de 4000 emplois détruits, ou non recrutés ou encore non créés, on sait que des conséquences de moyen et long terme pourraient être encore plus préjudiciables parce que ce type de crise constitue un frein pour l’investissement des entreprises et un frein pour l’attractivité touristique du territoire. »
- Autrement dit, le service public doit continuer, en tout cas il serait souhaitable de le voir reprendre sa marche ?
- Le but de notre étude ne consistait pas à étudier toutes les options souhaitables en matière de politique publique des transports et des transports maritimes en particulier. Cela dit, il est certain que le maintien de ce service public est l’une des toutes premières attentes exprimées par les acteurs privés que nous avons pu rencontrer. Nous avons effectué une large enquête auprès des acteurs de tous secteurs touchés par l’économie touristique. Cette continuité est l’une des premières attentes.
Marc Simeoni, de MS Consulting, et Guillaume Guidoni, de Gecodia, se sont efforcés d’estimer ces impacts en utilisant deux démarches de méthodologie différentes. Les deux experts ont travaillé sur ce dossier de la manière la plus fiable, la plus précise possible, avec un regard macro économique d’un côté, celui apporté par la société Gecodia et un regard micro économique de l’autre, par la société MS Consulting. Il s’avère que ces deux approches convergent au final, quoique utilisant des données radicalement différentes.
4 000 emplois détruits…
Marc Simeoni explique : « Ces études permettent d’affirmer que les impacts économiques, au-delà de la perte de chiffre d’affaires mais d’impacts mesurables sur le produit intérieur brut de la Corse, sont compris entre 60 et 75 millions d’euros, ce qui représente un choc considérable. En analysant plus finement la propagation dans l’ensemble de l’économie et les effets d’entrainement liés à ce choc, on en arrive à un chiffre proche de 135 millions d’euros. Cela représente entre 1,5 et 2% de notre PIB. C’est donc un choc considérable, et l’on peut craindre également qu’il ait des conséquences importantes et durable, dans la mesure où au-delà de l’été 2014 lui-même, on observe un préjudice d’image qui pourrait encore se renforcer s’il devait survenir une autre crise de ce type. De fait, on constate une véritable morosité des acteurs de l’ensemble de la chaîne économique liée à cet événement ou plutôt à la récurrence de ce type d’événement. Donc, on sait que si les conséquences de court terme équivalent à près de 4000 emplois détruits, ou non recrutés ou encore non créés, on sait que des conséquences de moyen et long terme pourraient être encore plus préjudiciables parce que ce type de crise constitue un frein pour l’investissement des entreprises et un frein pour l’attractivité touristique du territoire. »
- Autrement dit, le service public doit continuer, en tout cas il serait souhaitable de le voir reprendre sa marche ?
- Le but de notre étude ne consistait pas à étudier toutes les options souhaitables en matière de politique publique des transports et des transports maritimes en particulier. Cela dit, il est certain que le maintien de ce service public est l’une des toutes premières attentes exprimées par les acteurs privés que nous avons pu rencontrer. Nous avons effectué une large enquête auprès des acteurs de tous secteurs touchés par l’économie touristique. Cette continuité est l’une des premières attentes.
1 000 jours de grève en trente ans !
Pour Jean-André Miniconi, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Corse du Sud, ce qui est important dans un premier temps, c’est d’établir un état des lieux de l’étendue des dégâts. Il explique :
« On se doutait que les dégâts allaient être considérables. Nous en avons la preuve, dans la mesure où l’on perd 60 millions d’euros de valeur ajoutée. Les mesures mises en place par le gouvernement qui consistaient essentiellement à obtenir l’exonération des charges patronales du troisième trimestre, qui se sont élevées à 12 millions d’euros. Soit seulement 20% du préjudice subit. Le compte n’y est pas mais en plus, ce dont on aura du mal à calculer, ce sont les effets induits de l’année dernière sur la saison future. Aujourd’hui on s’aperçoit que finalement la saison sera très moyenne, en tout cas c’est ce que l’on peut dire pour l’instant. Il faut souligner que les professionnels du tourisme ont fait beaucoup d’efforts en consentant des baisses de prix qui peuvent aller jusqu’à moins 20 et 25% pour attirer plus de clientèle et pour être plus compétitifs. »
- Que faut-il faire ?
- On se pose plusieurs questions à propos de ce choc, énorme, qu’on aurait jamais dû connaître. Lorsqu’on a une compagnie sous DSP, on devrait être à l’abri de ce genre de chose. On se rend compte que l’actualité fait que la SNCM va être reprise…Ou pas, ou simplement liquidée. On se dit simplement, plus jamais ça ! On ne pourra pas, chaque année, se remettre d’un choc pareil, ce n’est plus possible. Aujourd’hui, on a laissé partir encore une opportunité de créer de l’emploi. 4000 emplois, nous l’avons dit, ont été perdus l’an dernier. Je vous rappelle qu’en trente années, nous avons eu droit à plus de 1000 journées de grève. Si on devait faire un ratio, ce n’est pas en millions d’euros que l’on devrait évaluer les pertes, mais en milliards d’euros. Ce que nous voulons ? Une véritable DSP pour la Corse, des liaisons véritablement fiabilisées avec la Corse. Ce qui serait bien, c’est d’avoir une année enfin tranquille, une année au cours de laquelle on peut essayer de limiter les dégâts. Si on recommence sur des conflits sociaux, sur des anomalies de transport, on ne s’en sortira jamais. En Corse, sur 70 000 salariés, un tiers est impacté par du transport. Il faut savoir ce que l’on veut. Le développement économique passe par la fiabilité des transports.
S’asseoir autour d’une table…
Dernier point, avec Daniel Felici, du collectif « Dumane da Fa » qui estime pour sa part que la perte de 60 millions d’euros de PIB perdus constitue une catastrophe dont on se relève difficilement :
« Nous vivons une crise chronique, on s’en sort difficilement ou pas du tout et la perte de l’an dernier ne se rattrapera jamais. Cela a été compensé par 12 millions d’euros d’abattement. C’est plutôt faible. La question que l’on se pose est de savoir que si cette année on fait le constat, certes, mais depuis une trentaine d’années, combien de jours de grève avons-nous connu ? Combien cela a coûté à la Corse tant financièrement qu’en termes d’image ? On voit cette année que la saison ne sera que très moyenne. Je suis restaurateur dans l’hôtellerie, je vous assure que c’est très compliqué. Il faudra s’attendre entre 10 et 20 % de moins que l’année dernière, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Sur l’ensemble des deux premiers mois de la saison, nous sommes entre 10 et 20% de baisse, c’est très mauvais surtout par rapport à l’année dernière qui était mauvaise. Il faut arrêter de faire du replâtrage, il faut dépoussiérer les choses et passer directement au problème de fond. Le problème des transports est un problème majeur. Si l’on veut véritablement avancer en matière de tourisme, il faut régler définitivement le problème des transports, le problème d’image, le problème de coût. Nous ne sommes pas concurrentiels par rapport à d’autres destinations et cela constitue un énorme handicap pour la Corse. Il faut s’asseoir autour d’une table et discuter, trouver la bonne solution. Il faut que la Corse ne soit plus au service de la SNCM mais le contraire ! »
Propos recueillis par J.F.
« On se doutait que les dégâts allaient être considérables. Nous en avons la preuve, dans la mesure où l’on perd 60 millions d’euros de valeur ajoutée. Les mesures mises en place par le gouvernement qui consistaient essentiellement à obtenir l’exonération des charges patronales du troisième trimestre, qui se sont élevées à 12 millions d’euros. Soit seulement 20% du préjudice subit. Le compte n’y est pas mais en plus, ce dont on aura du mal à calculer, ce sont les effets induits de l’année dernière sur la saison future. Aujourd’hui on s’aperçoit que finalement la saison sera très moyenne, en tout cas c’est ce que l’on peut dire pour l’instant. Il faut souligner que les professionnels du tourisme ont fait beaucoup d’efforts en consentant des baisses de prix qui peuvent aller jusqu’à moins 20 et 25% pour attirer plus de clientèle et pour être plus compétitifs. »
- Que faut-il faire ?
- On se pose plusieurs questions à propos de ce choc, énorme, qu’on aurait jamais dû connaître. Lorsqu’on a une compagnie sous DSP, on devrait être à l’abri de ce genre de chose. On se rend compte que l’actualité fait que la SNCM va être reprise…Ou pas, ou simplement liquidée. On se dit simplement, plus jamais ça ! On ne pourra pas, chaque année, se remettre d’un choc pareil, ce n’est plus possible. Aujourd’hui, on a laissé partir encore une opportunité de créer de l’emploi. 4000 emplois, nous l’avons dit, ont été perdus l’an dernier. Je vous rappelle qu’en trente années, nous avons eu droit à plus de 1000 journées de grève. Si on devait faire un ratio, ce n’est pas en millions d’euros que l’on devrait évaluer les pertes, mais en milliards d’euros. Ce que nous voulons ? Une véritable DSP pour la Corse, des liaisons véritablement fiabilisées avec la Corse. Ce qui serait bien, c’est d’avoir une année enfin tranquille, une année au cours de laquelle on peut essayer de limiter les dégâts. Si on recommence sur des conflits sociaux, sur des anomalies de transport, on ne s’en sortira jamais. En Corse, sur 70 000 salariés, un tiers est impacté par du transport. Il faut savoir ce que l’on veut. Le développement économique passe par la fiabilité des transports.
S’asseoir autour d’une table…
Dernier point, avec Daniel Felici, du collectif « Dumane da Fa » qui estime pour sa part que la perte de 60 millions d’euros de PIB perdus constitue une catastrophe dont on se relève difficilement :
« Nous vivons une crise chronique, on s’en sort difficilement ou pas du tout et la perte de l’an dernier ne se rattrapera jamais. Cela a été compensé par 12 millions d’euros d’abattement. C’est plutôt faible. La question que l’on se pose est de savoir que si cette année on fait le constat, certes, mais depuis une trentaine d’années, combien de jours de grève avons-nous connu ? Combien cela a coûté à la Corse tant financièrement qu’en termes d’image ? On voit cette année que la saison ne sera que très moyenne. Je suis restaurateur dans l’hôtellerie, je vous assure que c’est très compliqué. Il faudra s’attendre entre 10 et 20 % de moins que l’année dernière, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Sur l’ensemble des deux premiers mois de la saison, nous sommes entre 10 et 20% de baisse, c’est très mauvais surtout par rapport à l’année dernière qui était mauvaise. Il faut arrêter de faire du replâtrage, il faut dépoussiérer les choses et passer directement au problème de fond. Le problème des transports est un problème majeur. Si l’on veut véritablement avancer en matière de tourisme, il faut régler définitivement le problème des transports, le problème d’image, le problème de coût. Nous ne sommes pas concurrentiels par rapport à d’autres destinations et cela constitue un énorme handicap pour la Corse. Il faut s’asseoir autour d’une table et discuter, trouver la bonne solution. Il faut que la Corse ne soit plus au service de la SNCM mais le contraire ! »
Propos recueillis par J.F.