" C’est en avril 1951 que Geneviève Moracchini‐Mazel est venue à Mariana pour la première fois. En examinant rapidement les vestiges encore visibles de ce site, et en pressentant son importance pour la connaissance du passé de la Corse, elle décida de l’étudier. Mais ce n’est qu’en 1958, une fois titulaire d’une Licence d’Histoire de l’art et d’archéologie en Sorbonne, que le futur inventeur du site paléochrétien de Mariana, qu’elle a fouillé de 1958 à 1990, a pu réellement initier ses recherches en Marana et dans l’ensemble de l’île. En accord avec ses professeurs, elle a commencé ses thèses de Doctorat d’Etat ; la principale traitant des églises romanes de Corse et la complémentaire étant consacrée aux monuments paléochrétiens insulaires.
Ces travaux édités en 1967 – et qui font suite à l’ouvrage Trésors oubliés des églises de Corse publié dès 1959 – demeurent des références incontournables pour les spécialistes de ces questions comme pour les étudiants qui débutent leur parcours de jeunes chercheurs.
Suivra, en 1972, le désormais introuvable Corse romane, 37e volume de la fameuse collection « Zodiaque », qui replace les monuments romans insulaires au coeur des provinces européennes possédant un tel patrimoine architectural.
Devenue membre titulaire du CNRS à partir de 1967, Geneviève Moracchini‐Mazel a poursuivi et approfondi ses recherches relatives aux édifices paléochrétiens et romans de Corse tout en militant pour la création de lieux de mémoire harmonieusement répartis allant de pair avec l’étude, la valorisation et l’animation des sites historiques et archéologiques majeurs de l’île perçus comme autant de vitrines du rayonnement culturel insulaire mais surtout comme de véritables outils d’aménagement du territoire générateurs d’un tourisme culturel de qualité à forte valeur ajoutée.
La vie associative pour le bon déroulement de ses travaux
Du fait de l’inexistence de structures de recherches régionales, et l’université de Corse n’ayant pas encore été rouverte, Geneviève Moracchini‐Mazel a privilégié la vie associative, choix qui finalement s’est avéré très efficace pour assurer le bon déroulement de ses travaux. Membre de nombreuses associations culturelles dont elle a souvent encouragé la création, Geneviève Moracchini‐Mazel est notamment la co‐fondatrice de l’association des Amis de Mariana et de la FAGEC (Fédération d’ Associations et Groupements pour les Etudes Corses), respectivement créées en 1966 et en 1970, au sein desquelles elle exerca jusqu’à son décès, ce vendredi 14 février 2014, les fonctions de présidente et de vice‐présidente.
Ayant établi de solides contacts toujours actifs avec de nombreux chercheurs européens – en particulier des membres éminents de l’Istituto Internazionale di Studi Liguri comme Nino Lamboglia ou Augusto Ambrosi – on lui doit de nombreuses contributions relatives à la Corse dans des revues internationales dédiées à l’archéologie antique, paléochrétienne et médiévale.
Elle est également directrice de la publication des Cahiers CORSICA de la FAGEC, revue scientifique dans laquelle elle a rédigé ou cosigné un grand nombre d’articles consacrés aux fouilles de Mariana, aux églises piévanes, aux monarchie primitives, aux possessions corses des grandes abbayes bénédictines de Toscane ou de Ligurie, ou encore aux châteaux de la première féodalité insulaire.
Sur le terrain, c’est en tant que vice‐présidente de la FAGEC que Geneviève Moracchini‐Mazel encadre encore l’équipe technique de la fédération qui assure dans l’ensemble de l’île les consolidations d’urgence sur de nombreux édifices anciens, notamment des églises ou des chapelles préromanes et romanes mais aussi des ensembles fortifiés et même des ponts médiévaux.
Nous formulons ici le voeu que cette très belle entreprise débutée il y a tant d'années des publications des Cahiers Corsica par la FAGEC se poursuive et honore ainsi le formidable travail initié par Geneviève Moracchini-Mazel : ce serait le plus bel hommage à lui rendre !"