C'est un ado comme les autres, ou presque. A 16 ans et demi, Marc'Andria Maurizzi aime le foot, ses copains, la Corse et jouer aux échecs. Cette passion des pions, des roques et de l'échiquier, le Bastiais ne se contente pas de l'aimer. Il y excelle. Dimanche soir à Mexico, Marc'Andria a remporté le titre de champion du monde juniors. Sur les onze parties qu'il a disputées, il en a remporté six, pour cinq matchs nuls. Il a pris la tête lors du 4e round, pour ne plus la lâcher. Ses cinq premiers matchs se sont conclus par quatre victoires et un nul, précise François Gilles, le président de son club, basé à Chartres. Et aux échecs, quand on est en tête, ça veut dire que l'on va rencontrer tous les plus forts. Or, c'est très dur ensuite de conserver son niveau et de ne pas craquer. Mais il a joué tous les bons coups jusqu'à la fin, salue, épaté, son président.
Au final, le Bastiais n'avait besoin que d'un match nul pour être sacré, face au Serbe Luka Budisavljevic, qui devait lui l'emporter. Il a mis le bus, sourit son papa, Dumè Maurizzi, qui l'accompagnait au Mexique. Je ne sais pas comment il fait, sincèrement. Il fait partie de ces gens qui adorent la pression, "ma dice nunda !". Malgré tout, avant la finale, je l'ai vu stressé. Et face à son adversaire très offensif, Marc-Andria a passé les trois heures de la finale à défendre, avant de parvenir à décrocher cette égalité synonyme de titre mondial : Il m'a dit que ça avait été dur.
Précocité
S'il n'était pas le grand favori, Marc'Andria Maurizzi n'est pas, pour autant, sorti de nulle part. Quatrième au ranking, il était déjà redouté, mais sa précocité face à des joueurs engagés dans le même tournoi, mais âgés de trois ou quatre ans de plus que lui, laisse songeur. Il a remporté le titre des moins de vingt ans et il en a seize..., rappelle Matthieu Bissières, qui fut son premier entraîneur en équipe de France. Dans l'histoire, seuls deux joueurs d'échecs français avaient été sacrés champions du monde : Joël Lautier, qui a eu pendant longtemps un score positif contre la légende Garry Kasparov, et Maxime Vachier-Lagrave, pensionnaire du top 15 mondial depuis une décennie. Marc'Andria Maurizzi est le troisième.
Ce surdoué des échecs est né et a grandi à Bastia. Au lycée, il est en première générale au Fangu. On l'imagine premier de la classe, mais pas du tout ! confie Lucie Bertrand, sa maman. Il travaille bien, mais c'est un ado de son âge, qui peut faire l'idiot. U figliolu ? Quelqu'un de taiseux, humble et discret. Mais c'est un compétiteur, alors il a envie d'être dans les meilleurs. Matthieu Bissières a été frappé par un trait de sa personnalité : Les joueurs d'élite ont tendance à ne pas jouer avec les plus faibles. Lui, non. Il prend toujours du plaisir à jouer et il voit cela comme une façon d'aider ses camarades à progresser. Son ami d'enfance, Jacques-Alexandre Bernard, en rigole : Oui, j'ai joué contre lui. Si on peut dire "jouer", car c'est un monstre. Je lui enlevais quelques pièces sur le plateau avant chaque partie... Le talent et la notoriété n'ont rien altéré chez son ami : C'est quelqu'un de simple. Il l'est toujours. Il n'a pas changé.
Tout a commencé à l'école de Toga
Malgré ses deux titres de champion d'Europe, obtenus à 10 et 12 ans. Malgré son statut de grand maître international en 2021, qu'il est devenu à 14 ans et 5 jours, soit le record de précocité pour un joueur représentant la France. C'est un immense bonheur, savoure aujourd'hui Boris Brunel, l'homme qui a détecté le potentiel de Marc'Andria Maurizzi. Il était au CP, j'intervenais à l'école de Toga, explique le membre du Corsica Chess club de Bastia. En général, les enfants ont une concentration de vingt minutes maximum. Lui, au bout de 45 minutes, il n'avait pas bougé d'un centimètre de l'échiquier. C'est là que j'ai vu qu'il avait quelque chose. Et dès le troisième cours, il se mettait à faire des coups compliqués, alors qu'en général ça prend deux mois pour apprendre tous les coups aux enfants. Au bout d'un an et demi, l'élève dépasse le professeur et Boris Brunel en tire les conséquences qui s'imposent : alerter la fédération.
Matthieu Bissières se souvient des débuts fédéraux de Marc'Andria : On connaissait les meilleurs joueurs de sa catégorie d'âge et il est arrivé, un peu sur le tard. Marc'Andria avait une capacité à retenir les choses avant même qu'on ait eu le temps de lui expliquer. C'était déconcertant. Il avait une sensibilité d'attaquant quand il était petit, mais aujourd'hui, il est assez complet.
Le Bastiais poursuit sa progression en s'engageant au C'Chartres échecs, club qui lui permet de côtoyer de grands maîtres, comme Gata Kamsky, finaliste du championnat du monde seniors en 1996. Ces entraînements sont pris en charge par le club de Chartres, mais pour progresser toujours plus, Marc'Andria doit se mesurer à d'autres grands maîtres qui monnaient leur science du jeu. Ça peut atteindre 100 euros de l'heure, révèle Dumè Maurizzi. Ça les vaut, mais ça reste une somme. Voilà pourquoi Marc'Andria et son entourage sont en recherche constante de sponsors.
Après son titre de champion du monde, le jeune Bastiais a décompressé en faisant des blitz (des parties d'échecs rapides, NDLR) avec d'autres joueurs. Il est sept heures du matin ici au Mexique, et il vient de se coucher, précise son père Dumè, que nous avons joint par téléphone. Sinon il a macagné tout le monde. Il a mis l'ambiance, comme il aime faire. Mais sans jamais parler de lui. Les premiers mots du père pour un fils champion du monde ? Je ne lui ai rien dit, répond Dumè. On ne se parle pas, lui et moi. Mais on sait."
Au final, le Bastiais n'avait besoin que d'un match nul pour être sacré, face au Serbe Luka Budisavljevic, qui devait lui l'emporter. Il a mis le bus, sourit son papa, Dumè Maurizzi, qui l'accompagnait au Mexique. Je ne sais pas comment il fait, sincèrement. Il fait partie de ces gens qui adorent la pression, "ma dice nunda !". Malgré tout, avant la finale, je l'ai vu stressé. Et face à son adversaire très offensif, Marc-Andria a passé les trois heures de la finale à défendre, avant de parvenir à décrocher cette égalité synonyme de titre mondial : Il m'a dit que ça avait été dur.
Précocité
S'il n'était pas le grand favori, Marc'Andria Maurizzi n'est pas, pour autant, sorti de nulle part. Quatrième au ranking, il était déjà redouté, mais sa précocité face à des joueurs engagés dans le même tournoi, mais âgés de trois ou quatre ans de plus que lui, laisse songeur. Il a remporté le titre des moins de vingt ans et il en a seize..., rappelle Matthieu Bissières, qui fut son premier entraîneur en équipe de France. Dans l'histoire, seuls deux joueurs d'échecs français avaient été sacrés champions du monde : Joël Lautier, qui a eu pendant longtemps un score positif contre la légende Garry Kasparov, et Maxime Vachier-Lagrave, pensionnaire du top 15 mondial depuis une décennie. Marc'Andria Maurizzi est le troisième.
Ce surdoué des échecs est né et a grandi à Bastia. Au lycée, il est en première générale au Fangu. On l'imagine premier de la classe, mais pas du tout ! confie Lucie Bertrand, sa maman. Il travaille bien, mais c'est un ado de son âge, qui peut faire l'idiot. U figliolu ? Quelqu'un de taiseux, humble et discret. Mais c'est un compétiteur, alors il a envie d'être dans les meilleurs. Matthieu Bissières a été frappé par un trait de sa personnalité : Les joueurs d'élite ont tendance à ne pas jouer avec les plus faibles. Lui, non. Il prend toujours du plaisir à jouer et il voit cela comme une façon d'aider ses camarades à progresser. Son ami d'enfance, Jacques-Alexandre Bernard, en rigole : Oui, j'ai joué contre lui. Si on peut dire "jouer", car c'est un monstre. Je lui enlevais quelques pièces sur le plateau avant chaque partie... Le talent et la notoriété n'ont rien altéré chez son ami : C'est quelqu'un de simple. Il l'est toujours. Il n'a pas changé.
Tout a commencé à l'école de Toga
Malgré ses deux titres de champion d'Europe, obtenus à 10 et 12 ans. Malgré son statut de grand maître international en 2021, qu'il est devenu à 14 ans et 5 jours, soit le record de précocité pour un joueur représentant la France. C'est un immense bonheur, savoure aujourd'hui Boris Brunel, l'homme qui a détecté le potentiel de Marc'Andria Maurizzi. Il était au CP, j'intervenais à l'école de Toga, explique le membre du Corsica Chess club de Bastia. En général, les enfants ont une concentration de vingt minutes maximum. Lui, au bout de 45 minutes, il n'avait pas bougé d'un centimètre de l'échiquier. C'est là que j'ai vu qu'il avait quelque chose. Et dès le troisième cours, il se mettait à faire des coups compliqués, alors qu'en général ça prend deux mois pour apprendre tous les coups aux enfants. Au bout d'un an et demi, l'élève dépasse le professeur et Boris Brunel en tire les conséquences qui s'imposent : alerter la fédération.
Matthieu Bissières se souvient des débuts fédéraux de Marc'Andria : On connaissait les meilleurs joueurs de sa catégorie d'âge et il est arrivé, un peu sur le tard. Marc'Andria avait une capacité à retenir les choses avant même qu'on ait eu le temps de lui expliquer. C'était déconcertant. Il avait une sensibilité d'attaquant quand il était petit, mais aujourd'hui, il est assez complet.
Le Bastiais poursuit sa progression en s'engageant au C'Chartres échecs, club qui lui permet de côtoyer de grands maîtres, comme Gata Kamsky, finaliste du championnat du monde seniors en 1996. Ces entraînements sont pris en charge par le club de Chartres, mais pour progresser toujours plus, Marc'Andria doit se mesurer à d'autres grands maîtres qui monnaient leur science du jeu. Ça peut atteindre 100 euros de l'heure, révèle Dumè Maurizzi. Ça les vaut, mais ça reste une somme. Voilà pourquoi Marc'Andria et son entourage sont en recherche constante de sponsors.
Après son titre de champion du monde, le jeune Bastiais a décompressé en faisant des blitz (des parties d'échecs rapides, NDLR) avec d'autres joueurs. Il est sept heures du matin ici au Mexique, et il vient de se coucher, précise son père Dumè, que nous avons joint par téléphone. Sinon il a macagné tout le monde. Il a mis l'ambiance, comme il aime faire. Mais sans jamais parler de lui. Les premiers mots du père pour un fils champion du monde ? Je ne lui ai rien dit, répond Dumè. On ne se parle pas, lui et moi. Mais on sait."