- Vous connaissez déjà le Festival du Cinema Italien de Bastia, vous étiez là en 2002 pour présenter « I Cento passi », encore en 2004 avec « La Meglio Gioventù » et en 2008 avec « Sangue Pazzo ». Cette année le Festival a choisi de vous rendre Hommage…
- C’est avec une grande joie que j’ai accepté cette invitation. J’aime la Corse que j’ai visité pour la première fois à il y a 20 ans en y arrivant en voilier. C’est une ile merveilleuse que j’aime beaucoup et dans laquelle je suis retourné plusieurs fois en vacance. J’ai en effet participé plusieurs fois à ce Festival où j’ai présenté trois de mes films.
Et aujourd’hui, parce que le temps passe, la saison des hommages commence !
- Dans vos films vous avez parlé de fascisme, de massacres, d'immigration, de terrorisme, mais aussi de Ndrangheta en "Lea" et de mafia dans « I cento passi". Ce samedi vous présentez votre dernier film « I Due Soldati », un long-métrage qui parle encore une fois de criminalité, de Camorra…
- Oui en effet j’ai décidé de parler de la criminalité napolitaine mais cette fois ci, contrairement à mes autres long métrages, il s’agit d’une fiction. Mes autres films sont inspirés par des personnages réels, dans le cas de « I due soldati » il s’agit d’une histoire complètement imaginée même si racontée dans un contexte réel, celui de la banlieue napolitaine. L’histoire parle certes de criminalité organisée, mais aussi de la vie de gens qui essaient de vivre normalement et avec honnêteté malgré leur environnement. Les acteurs sont tous ou presque des jeunes inconnus, des bons acteurs, expressifs et naturels.
- Souvent on dit que le cinema italien a du mal de parler de thèmes importants. Vous êtes un de seul qui le fait encore…
- Depuis mes débuts je pense avoir raconté mon pays et ses moments difficiles, cachés, non dits… je ne crois pas que notre cinema soit en manque de cinéastes qui traitent des problèmes de la société italienne. Certes l’aspect commercial dans le cinema est très important, et cela à juste titre, et la tendance est plutôt à la production de comédies mais chaque année il y a deux ou trois films courageux et audacieux que osent aborder des sujets difficiles.
- Quel est l’état de santé du cinéma italien?
- En Italie on a enfin une nouvelle loi sur le cinema qui changera un point critique du système de distribution de films. Il n’y a pas eu une jusqu’à présent une politique d’aide à la transformation des grandes salles des centre ville en multisalles, plus petites qui permettaient de projeter un nombre plus important de films different. Cette mutation permettra la distribution d’un plus grand nombre de film et la circulation de long métrages étrangers que en Italie on ne voit pas souvent.
- Le 8 mars prochain votre nouveau film, "Nomi di donna", sortira dans les salles italiennes
- C’est un film co-produit avec la France qui traite du harcèlement professionnel que subissent les femmes. Un thème d’actualité en Italie où les abus et le harcèlement sont à l’ordre du jour. Pendant le tournage on pensait que ce thème n’allait pas trop intéresser les spectateurs car il s’agit d’un thème difficile et embarrassant pour les femmes et mortifiant pour les hommes. Par contre en ce moment partout dans le monde occidental il y a une révolte importante qui vise à changer une mentalité médiévale.
- Que pensez vous, à ce titre, des accusations de harcèlement sexuel dénoncées par tant actrices à travers le monde ?
- Je rejette complètement cette mentalité et ces pratiques qui ne concernent pas que le cinema : tous les domaines professionnels sont concernés par ce comportement. Et comme disait Sénèque : "c’est la honte qui doit t’empêcher de faire ce que la loi ne t’interdit pas."
- Vos projets
- Je travaille sur un nouveau film qui s’appelle le "Rouge et le Noir" qui n’est pas une adaptation du roman de Stendhal mais qui traite, à travers ce livre, de la corruption qui contamine la société italienne.