Gilles Simeoni reçoit Iñigo Urkullu, président de la communauté autonome basque. Crédit photo Collectivité de Corse
La première visite officielle d’Iñigo Urkullu, président du gouvernement basque, ces 30 et 31 mai, en Corse marque incontestablement un temps fort politique pour l’île. Un déplacement qui s’inscrit dans le cadre du mémorandum mis en place en 2021 par la région autonome basque et la majorité territoriale corse. La présence du chef du gouvernement à l’Hôtel de Région à Ajaccio, ce lundi matin, constituait, de ce fait, un moment important. « C’est historique », souligne Gilles Simeoni en guise de préambule, « Iñigo Urkullu incarne le peuple basque et ses aspirations. Nous partageons, malgré nos différences géographique, culturelle, linguistique...des visions communes, celles d’Etats non formés et de l’union de deux peuples. Chacun a sa réalité propre mais les aspirations sont identiques : le développement d’une réalité institutionnelle dans le cadre de l’Union Européenne ».
« Bâtir une Europe des Régions »
Le président du gouvernement basque s’est ensuite rendu, avec les élus corses au sein de l’hémicycle pour s’adresser à différents acteurs : les élus des trois groupes nationalistes de l’Assemblée de Corse, les représentants des chambres consulaires, du CESEC, de l’Assemblea di a Ghjuventù et de la Chambre des Territoires. Lors d’une allocution particulièrement intense, Iñigo Urkullu a évoqué la situation actuelle du Pays Basque, la crise sanitaire de 2020 comme « un frein au développement des rapports entre les deux régions » et celle relative à la guerre en Ukraine. Insistant, au passage, sur l’importance de « veiller à la pérennité et à la qualité des services publics essentiels : santé, éducation, protection sociale ». Puis, le président basque est rentré dans le vif du sujet à travers la nécessité de bâtir une Europe des régions. Un point qui a constitué le fil rouge de ce lundi matin. « L’un des piliers de l’Europe du futur », précise-t-il, « c’est le respect de la diversité territoriale, culturelle, linguistique ou d’appartenance. Nous comprenons l’Europe comme la somme des peuples qui la composent ». Un point sur lequel insiste, de la même façon, Nanette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse : « Depuis le printemps 2021, la Corse a été invitée, comme observateur, à participer, aux initiatives de la RLEG, un groupe des régions européennes à compétence législative, coordonné et présidé par le Pays-Basque espagnol. Le groupe compte actuellement 16 régions qui partagent une base de valeurs et de principes communs et sont fortement engagées en faveur du processus d’intégration, tout en promouvant le principe d’une gouvernance multi-niveaux efficace dans l’Union. Si la Corse n’a pas de compétence législative, cette participation à RLEG s’inscrit dans la perspective de son évolution institutionnelle vers l’autonomie et dans le travail que nous menons auprès des institutions européennes pour la reconnaissance de nos spécificités. Nous nous réjouissons de pouvoir travailler ensemble, sur des sujets qui sont importants pour nos régions et nos peuples ».
Le paradoxe basque
La parole sera, ensuite, libérée au sein de l’hémicycle pour des questions émanant notamment de Marie-Jeanne Nicoli, présidente du CESEC, d’André Pacou, représentant la Ligue des Droits de l’Homme, de Saveriu Luciani pour le PNC ou encore de Paul-Félix Benedetti, leader de Core in Fronte. Evoquant « 243 détenus basques dans les prisons françaises et espagnoles malgré l’abandon de la lutte armée », ce dernier va pointer du doigt un certain paradoxe : « Celui que, sans vous faire offense, vous avez choisi la féodalité à Madrid plutôt que de tendre la main à vos frères indépendantistes qui ont une certaine légitimité et ont obtenu 21 députés aux dernières élections. Au Pays Basque comme en Corse, les fractures amoindrissent la portée politique ».
À Savaghju et Corte ce mardi
Au terme de très longs échanges avec les élus de la Corse et les représentants de la société insulaire, une première pause a eu lieu avant la rencontre, dans le courant de l’après-midi avec les élus Consulaires au Palais des Congrès d’Ajaccio et la visite de la plateforme de recherche et d’innovation Myrte et Paglia Orba sur le site de Vignola, route des Sanguinaires, où il a été notamment question d’environnement.
Une première journée marquée par des rapports plus étroits entre corses et basques... «Un moment très enrichissant, analyse Gilles Simeoni, d’un point institutionnel puisque le Pays Basque sur bénéficie depuis 1979 d’un statut d’autonomie très avancé et je rappelle, pour mémoire que la communauté basque lève la totalité de l’impôt avant d’en restituer 6 % à l’État. Mais au-delà de l’aspect institutionnel, il y a tout un apprentissage à faire du côté de l’émancipation économique, culturelle, linguistique et nous avons beaucoup à apprendre même si l’on ne peut comparer deux situations différentes. Il y a une proximité très forte. Deux peuples qui ont à la fois la conscience d’être et la volonté d’avancer sur ce chemin.
La visite du Lehendakari se poursuit, ce mardi 31 mai à Savaghju (visite du centre d’immersion linguistique) et Corte (visite de la cité paoline et du musée de la Corse) avant une ultime rencontre autour des thématiques « histoire, ville, université ».
« Bâtir une Europe des Régions »
Le président du gouvernement basque s’est ensuite rendu, avec les élus corses au sein de l’hémicycle pour s’adresser à différents acteurs : les élus des trois groupes nationalistes de l’Assemblée de Corse, les représentants des chambres consulaires, du CESEC, de l’Assemblea di a Ghjuventù et de la Chambre des Territoires. Lors d’une allocution particulièrement intense, Iñigo Urkullu a évoqué la situation actuelle du Pays Basque, la crise sanitaire de 2020 comme « un frein au développement des rapports entre les deux régions » et celle relative à la guerre en Ukraine. Insistant, au passage, sur l’importance de « veiller à la pérennité et à la qualité des services publics essentiels : santé, éducation, protection sociale ». Puis, le président basque est rentré dans le vif du sujet à travers la nécessité de bâtir une Europe des régions. Un point qui a constitué le fil rouge de ce lundi matin. « L’un des piliers de l’Europe du futur », précise-t-il, « c’est le respect de la diversité territoriale, culturelle, linguistique ou d’appartenance. Nous comprenons l’Europe comme la somme des peuples qui la composent ». Un point sur lequel insiste, de la même façon, Nanette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse : « Depuis le printemps 2021, la Corse a été invitée, comme observateur, à participer, aux initiatives de la RLEG, un groupe des régions européennes à compétence législative, coordonné et présidé par le Pays-Basque espagnol. Le groupe compte actuellement 16 régions qui partagent une base de valeurs et de principes communs et sont fortement engagées en faveur du processus d’intégration, tout en promouvant le principe d’une gouvernance multi-niveaux efficace dans l’Union. Si la Corse n’a pas de compétence législative, cette participation à RLEG s’inscrit dans la perspective de son évolution institutionnelle vers l’autonomie et dans le travail que nous menons auprès des institutions européennes pour la reconnaissance de nos spécificités. Nous nous réjouissons de pouvoir travailler ensemble, sur des sujets qui sont importants pour nos régions et nos peuples ».
Le paradoxe basque
La parole sera, ensuite, libérée au sein de l’hémicycle pour des questions émanant notamment de Marie-Jeanne Nicoli, présidente du CESEC, d’André Pacou, représentant la Ligue des Droits de l’Homme, de Saveriu Luciani pour le PNC ou encore de Paul-Félix Benedetti, leader de Core in Fronte. Evoquant « 243 détenus basques dans les prisons françaises et espagnoles malgré l’abandon de la lutte armée », ce dernier va pointer du doigt un certain paradoxe : « Celui que, sans vous faire offense, vous avez choisi la féodalité à Madrid plutôt que de tendre la main à vos frères indépendantistes qui ont une certaine légitimité et ont obtenu 21 députés aux dernières élections. Au Pays Basque comme en Corse, les fractures amoindrissent la portée politique ».
À Savaghju et Corte ce mardi
Au terme de très longs échanges avec les élus de la Corse et les représentants de la société insulaire, une première pause a eu lieu avant la rencontre, dans le courant de l’après-midi avec les élus Consulaires au Palais des Congrès d’Ajaccio et la visite de la plateforme de recherche et d’innovation Myrte et Paglia Orba sur le site de Vignola, route des Sanguinaires, où il a été notamment question d’environnement.
Une première journée marquée par des rapports plus étroits entre corses et basques... «Un moment très enrichissant, analyse Gilles Simeoni, d’un point institutionnel puisque le Pays Basque sur bénéficie depuis 1979 d’un statut d’autonomie très avancé et je rappelle, pour mémoire que la communauté basque lève la totalité de l’impôt avant d’en restituer 6 % à l’État. Mais au-delà de l’aspect institutionnel, il y a tout un apprentissage à faire du côté de l’émancipation économique, culturelle, linguistique et nous avons beaucoup à apprendre même si l’on ne peut comparer deux situations différentes. Il y a une proximité très forte. Deux peuples qui ont à la fois la conscience d’être et la volonté d’avancer sur ce chemin.
La visite du Lehendakari se poursuit, ce mardi 31 mai à Savaghju (visite du centre d’immersion linguistique) et Corte (visite de la cité paoline et du musée de la Corse) avant une ultime rencontre autour des thématiques « histoire, ville, université ».