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Le maire de L'Ile Rousse débouté de ses plaintes en diffamation contre Hyacinthe Mattei et trois médias insulaires


Nicole Mari le Mercredi 16 Septembre 2015 à 01:22

Le maire de L’Ile Rousse, Jean-Joseph Allegrini-Simonetti, vient d’être débouté, par le Tribunal de Grande Instance de Bastia, de trois plaintes en diffamation à l’encontre de Hyacinthe Mattei, pour des propos tenus pendant la campagne mouvementée des élections municipales, et contre trois médias qui les avaient diffusés en vidéo : Télé Paese, France 3 Via Stella et Corse Net Infos. Estimant avoir été « atteint dans son honneur et sa considération », l’élu balanin demandait la somme de 10 000 € en réparation du préjudice moral, ainsi que 4000 € à chacune des parties concernées. Corse Net Infos a décidé, dans un souci de déontologie, de ne pas chroniquer l’audience, mais tient à réaffirmer son droit d’informer.



Après le tribunal administratif en Juin 2014 Hyacinthe Mattei (assis au centre au deuxième rang) et Jean-Jo Allegrini-Simonetti (debout à droite) se sont retrouvés mardi devant le TGI de Bastia
Après le tribunal administratif en Juin 2014 Hyacinthe Mattei (assis au centre au deuxième rang) et Jean-Jo Allegrini-Simonetti (debout à droite) se sont retrouvés mardi devant le TGI de Bastia

Il aura fallu près de 5 heures d’audience, dans un procès qui n’avait pas lieu d’être, pour rappeler que la liberté d’expression, la liberté de la presse et le droit d’informer sont des principes fondateurs de la démocratie et des garants de la liberté de penser. Ces principes, qui se veulent intangibles et que nous devons vouloir intangibles, sont au cœur même du métier de journaliste dont l’une des missions est d’informer les citoyens, c’est-à-dire de rendre compte des paroles et des faits, en toute objectivité, sans les censurer, les altérer, ni les dénaturer. Rappelons, aussi, que dans le libre jeu du débat politique, la polémique est une tradition, pour ne pas dire une nécessité, que la presse se doit de relayer. Ne pas rendre compte de la diversité des propos est, à notre avis, comme à celui du droit, un manquement grave à notre métier et une tromperie à l’égard de l’opinion. Ce n’est pas pour rien qu’en matière d’expression, les journalistes bénéficient d’une plus grande tolérance dans leurs prérogatives ! Rappelons, encore, que la presse ne peut être tenue responsable des propos rapportés dans ses colonnes, ses antennes ou ses ondes, comme le réaffirme de manière récurrente la jurisprudence française et européenne. « Le journaliste qui, dans le cadre d’une interview légitime, se borne à reproduire les propos de la personne interviewée, sans les dénaturer, ni les reprendre à son compte, n’a pas à justifier d’une enquête sérieuse et doit bénéficier de l’excuse de bonne foi », estime la Cour de Cassation. Rappelons enfin que tout propos doit être replacé dans son contexte, particulièrement chaud en période électorale dans notre île qui détient le triste et inégalé record de contentieux en la matière. Les campagnes électorales insulaires ont l’art de pousser la presse sur le fil du rasoir. Espérons que celle qui débute se démarquera de cette fâcheuse habitude !
 
Nicole MARI.