« La vérité sort toujours du fond du puit. Ces gens sont des voleurs, ils sont la vraie pègre de l’île ». Dans une vidéo intitulé « Maisons Peretti, le racket, les dessous de l’affaire » et diffusée sur la plateforme Youtube le 2 novembre dernier par le compte « En vert et contre tout », Julien Peretti, regard noir et ton acerbe, vient étriller U Levante. Et l’accuser de faits graves. Après que sa famille ait été condamnée à la démolition de ses trois maisons situées sur le domaine familial de Saparella à Coti-Chiavari par une décision de la cour d’appel de Bastia du 17 septembre 2023, faisant suite à un recours en justice de l’association de défense de l’environnement et de son alliée Le Garde qui contestaient leurs permis de construire, la vidéo – déjà vue plus de 17 000 fois – affirme qu’un évènement « rebat les cartes » de cette affaire. Mettant directement en cause l’une des figures emblématiques d’U Levante, Julien Peretti soutient ainsi : « La garde rapprochée de Michelle Salotti nous a demandé 300 000 euros par téléphone pour enlever la plainte ».
S’il indique avoir refusé de céder à cette tentative d’extorsion de fonds, Julien Peretti entend désormais rendre ces faits publics. « Ils veulent racketter les gens, qu’ils assument », tance-t-il dans la vidéo en assurant : « Je suis prêt à faire une confrontation et à discuter avec elle si elle veut. J’ai des preuves ». Dans la foulée, le propriétaire du domaine de Saparella assure également que « tout le monde est au courant en Corse, même la justice » et lance : « Que la Corse se réveille, que les gens prennent leurs couilles à la main et enterrent ces gens. Il faut à un moment donné les mettre sur le côté du chemin ».
U Levante et Le Garde déposeront plainte
La réaction du côté des principaux intéressés ne s’est pas faite attendre. Sur son site Internet, dans une publication du 7 novembre, U Levante fustige ainsi une « violente campagne de haine et de calomnies contre les associations, et notamment contre Michelle Salotti ». « Poussant l’ignominie encore plus loin, M. Peretti qualifie de « voleurs » et de membres « d’une pègre », les responsables de U Levante et du Garde et appelle les Corses à les « enterrer », ce qui s’apparente à une incitation très directe à la violence physique », dénonce l’association qui invite Julien Peretti « à rapidement saisir la justice de ces prétendues « preuves » ». « U Levante et le Garde, ainsi que Michelle Salotti, porteront plainte pour diffamation, injure et incitation à la violence contre l’auteur de ces propos et ceux qui les diffusent, sauf à ce que Julien Peretti les démente dans la semaine et rende public son démenti », annonce-t-elle encore.
Face à cette nouvelle campagne contre les associations de défense de l’environnement, de nombreuses voix commencent à s’élever en Corse. Dans un communiqué daté de ce mardi, Ecologia Sulidaria vient lui apporter son soutien et déplore que « les accusations portées, les menaces directes sur la vie des militants, franchissent à chaque fois un palier supplémentaires dans le dénigrement et l’intimidation ». « Reprocher à d’autres ses propres turpitudes est une manœuvre pitoyable quand on connait le courage et la probité de ces militants : c’est aussi un procédé délictueux passible des tribunaux », pointe le mouvement politique. Un point de vue partagé par A Manca qui s’émeut de « cette gravissime entreprise de diversion ». « Outre son caractère outrancier, ne peut faire oublier plusieur décisions de justice totalement défavorables au propriétaire en question », souligne le parti en ajoutant :
« Rien ne peut occulter des vérités que nombre de Corses constatent au quotidien. Alors que se multiplient sur tout notre territoire de graves infractions aux lois, ce que ce soit en matière d’urbanisme ou de respect de notre environnement, une majorité d’entre nous ne peut ne peut que saluer le courage et la détermination de celles et deux qui œuvrent à la préservation du bien commun ». Enfin, la Plateforme citoyenne de Corse estime que « la vidéo de M. Peretti n’est qu’une tentative de discréditer les organisations citoyennes engagées pour le respect du droit » et réaffirme : « Le temps de l’impunité et du pouvoir sans contrôle est révolu. Si M. Peretti estime réellement être victime d’un racket, qu’il dépose plainte afin que justice soit faite ».