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Le vaisseau à énergie Planet Solar à Ajaccio : Gérard D’Aboville en route vers la Grèce


José Fanchi le Mardi 15 Juillet 2014 à 17:37

Il n’est pas loin de 13 heures, ce mardi, sur le port d’Ajaccio. Le soleil enfin revenu nous rappelle que nous sommes le 15 juillet. Il fait chaud sur les quais d’honneur. Au loin, un vaisseau tout ce qu’il y a de plus bizarre. Il ressemble à une sorte de vaisseau spatial. Le voilà faisant des manœuvres d’approche. Aussi long que large, il en impose. Voilà, ça y est, c’est le fameux Planet Solar, premier bateau à naviguer exclusivement à l’énergie solaire. Il a même effectué un tour du monde. A la barre, un grand Monsieur des océans : Gérard d’Aboville. Cette fois sans les rames !



L’aventure c’est l’aventure…

Le vaisseau à énergie Planet Solar à Ajaccio : Gérard D’Aboville en route vers la Grèce

Les d’Aboville constituent une grande famille pour qui l’aventure c’est l’aventure. Descendant du Général d’Empire Augustin-Gabriel d’Aboville, Gérard est l’un des neuf enfants d’Henri d’Aboville. Avec quatre de ses frères, il a participé au Paris-Dakar à moto et la même année, en 1980, le 10 juillet très exactement, il s’embarque sur le « Capitaine Cook, » une coquille de 5 mètres 60 de Cap Cod (USA) et touche Brest le 21 septembre. 71 jours à la force des bras, à la rame pour traverser l’atlantique. Seul comme un grand ! Mais pas seulement puisque six ans après, il récidive, cette fois dans l’océan pacifique, toujours un 10 juillet du Japon, pour atteindre les côtes américaines le 21 novembre. Et toujours à la rame. Seul comme un grand. « Seul » est le titre de son ouvrage qu’il publie deux ans plus tard, un peu comme un livre de bord dans lequel il raconte son voyage en solitaire…

Sacré bonhomme que ce défenseur écolo dans l’âme qui se bat pour la sauvegarde du patrimoine marin (il est le président de la fondation du patrimoine maritime et fluvial) mais le côté explorateur du bonhomme reprend régulièrement le dessus avec le survol du Pôle Nord sur un petit monomoteur sans aucun instrument de navigation. La politique, il y touche comme député européen puis est battu aux législatives mais entre au Conseil Economique et Social avant de reprendre goût à l’aventure et à la recherche scientifique.


La rencontre avec Planet Solar et sa deuxième vie…
Elle remonte à l’année 2006, où il intègre le « vaisseau spatial » en qualité de coskipper afin de participer quelques années plus tard à l’expérience d’un premier tour du monde à l’énergie solaire.  

Parti de Monaco la veille, Gérard d’Aboville est arrivé dans le port d’Ajaccio une vingtaine d’heures plus tard. A son arrivée sur le port Tino Rossi, il a été accueilli par une délégation de la mairie d’Ajaccio pour un pot de l’amitié. L’occasion pour nous de le saluer et de découvrir ce sacré bonhomme :

« C’est la troisième fois que je viens en Corse, mais ce n’est pas assez, l’île mérite plus qu’une simple escale. Le Planet Solar est dans sa deuxième vie. La première vie a été consacrée à un tour du monde uniquement à l’énergie solaire. Il avait été prévu dès la construction du navire qu’il aurait une deuxième vie. Grand, solide, confortable et donc lourd. Avec l’a seule énergie solaire, la vitesse n’est pas son point fort. »


Questions à… Gérard d'Aboville

- Quelle est sa deuxième vie ?
- G. d’A. : « C’est le bateau utilisé comme plate-forme  pour des recherches scientifiques ou des opérations de promotion de l’énergie solaire. Gérard d'Aboville est parti avec des scientifiques de l'université de Genève qui mènent des études sur le Gulf Stream, considéré comme un régulateur important du climat européen et nord-américain. L'université de
Genève avait besoin d'un bateau n'émettant aucune pollution pour mener cette étude. Le bateau a subi quelques modifications, le but étant de le mettre à la disposition des scientifiques. Dans le cadre de l'expédition "PlanetSolar DeepWater" dirigée par le professeur et climatologue Martin Beniston de l'Université de Genève (UNIGE), les scientifiques ont récolté des données inédites le long du Gulf Stream. L'équipe embarquée a recueilli des mesures non altérées par des gaz polluants, facteur important qui devrait permettre de clairement identifier certains composants du courant océanique. »Actuellement, nous faisons route vers la Grèce, dans le but de travailler sur la cartographie sous-marine. On cherche des vestiges d’habitats préhistoriques submergés. Ce bateau a donc des missions variées mais c’est également un outil de communication
…»

- Le Planet Solar est aussi un démonstrateur de nouvelles technologies ?
- G. d »A :  «  "Imaginez un catamaran, au moins sur le plan des flotteurs, et au-dessus de tout ça, plus de cinq cents mètres carrés de panneaux solaires. Il y a près de dix tonnes de batteries à bord parce que le bateau marche non seulement lorsqu'il y a du soleil, mais aussi la nuit".
En effet, le bateau dispose d'environ soixante dix heures d'autonomie. Quant aux performances de Planet Solar, le skipper préfère ne pas en donner. Pour lui ce qui compte, c'est la vitesse "durable". Une moyenne de 6 nœuds serait satisfaisante sur la durée totale de l'expédition. Et apparemment, ça marche !

Unique en son genre

100 tonnes, 537 m2 de panneaux solaires, 26 mètres de large et 35 mètres
de long. Il ne s’agit pas d’un bateau destiné à la vitesse, car il a été
construit aussi pour pouvoir transporter des passagersLa première fois que l'on est aux commandes de ce bateau c'est zéro bizarre, zéro vibration, zéro bruit, et cela avance. Le bateau Planet Solar est muni de batteries pour stocker l'énergie électrique produite par ses  panneaux solaires constitués de 38 000 cellules photovoltaïques réparties sur le pont du navire. Selon ses promoteurs, le bateau possède trois jours d'autonomie. La vitesse moyenne prévue est d'environ 5 nœuds (environ 9 km/h).
La construction de Planet Solar a débuté en janvier 2009 à Kiel, en Allemagne.
Il est entièrement construit en matériau composite, fibre de carbone et de nid d’abeille en sandwich de diverses densités en fonction du type de structures (coque, jambe de force, etc.) Il a été baptisé Tûranor Planet Solar lors de sa mise à l'eau le 31 mars 2010 dans le chantier naval HDW, à Kiel.[]
  • longueur : 31 m
  • largeur : 16 m
  • longueur avec flaps[] : 35 m
  • largeur avec flaps : 26 m
  • hauteur : 7 m
  • poids : 90 t
  • surface de modules solaires : 537 m2
  • rendement des panneaux : 18 %
  • puissance crête du générateur solaire : 93,4 kw
  • consommation moyenne des moteurs : 20 kW (26,8 CV)
  • vitesse moyenne : 5 noeuds (9 km/h)
  • vitesse maximale : 9 nœuds (17 km/h)
  • équipage : 4 membres
  • autonomie : navigation solaire perpétuelle
J. F.