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Législatives. Jean-Félix Acquaviva : "Nous sommes le vote de la stabilité, de la clarté, de la défense des intérêts de la Corse"


Nicole Mari le Lundi 24 Juin 2024 à 20:57

Le député sortant de la 2ème circonscription de la Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva, est candidat à sa propre succession lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains. Dans un contexte de grave crise politique nationale engendrée par la dissolution, l’élu de Femu a Corsica, membre de la majorité territoriale à l’Assemblée de Corse, président du comité de massif, et membre du groupe parlementaire LIOT, se présente comme une offre politique stable et claire. Défendant son bilan, il explique à Corse Net Infos qu’il entend poursuivre sa mission de défendre les intérêts exclusifs de la Corse. Le député sortant accuse ses adversaires de se tromper d’élection en jouant l’avant match des territoriales de 2028 et dénonce les stratégies en cours entre des partis nationalistes et la droite dans le seul but de faire tomber Gilles Simeoni et sa majorité.



Jean-Félix Acquaviva, député sortant de la 2ème circonscription de la Haute-Corse, de nouveau candidat aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Photo CNI.
Jean-Félix Acquaviva, député sortant de la 2ème circonscription de la Haute-Corse, de nouveau candidat aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Photo CNI.
- Vous repartez pour un troisième mandat dans une circonscription très disputée. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
- Je suis dans un état d’esprit serein, déterminé. Avec les militants les élus, la force politique qui m’accompagnent et face au caractère instable de la situation actuelle, je présente une offre politique stable, lucide et claire, qui ne cache pas d’où elle vient. Nous sommes des nationalistes corses, nous voulons l’autonomie législative de notre île. Nous avons, bien avant d’être élus, combattu pour cette revendication, pour la langue, pour la culture, la préservation de notre environnement, pour la souveraineté économique et alimentaire de notre île. Nous prolongeons ce combat à travers des mandats. Nous ne cachons pas notre étiquette. Nous ne cachons pas ce que nous avons fait et ce que nous voulons faire. C’est pour cela que nous sommes sereins et déterminés. Les Corses savent qu’il serait très dommageable pour notre île que le processus de travail, lié au dialogue avec le gouvernement, s’arrête. Ce dialogue exigeant a produit un accord politique historique entre les élus corses et le gouvernement afin de déboucher sur une autonomie qui permettra de changer la vie des Corses. Il ne faut pas que cet accord tombe par terre à l’aune d’une crise nationale issue des élections européennes et de la dissolution de l’Assemblée. Les Corses peuvent faire confiance à ce qu’ils ont vu se réaliser devant leurs yeux durant sept ans de mandat des parlementaires nationalistes corses, c’est-à-dire des élus qui se battent de manière désintéressée pour l’intérêt de la Corse et du peuple corse, en adhérant un groupe indépendant qui est le groupe LIOT.
 
- Le Rassemblement national (RN) a réalisé un score spectaculaire partout en France. Peut-il créer la surprise en Corse ?
- Le vote RN en Corse est l’addition de plusieurs facteurs. Il y a effectivement des sujets qu’il faut prendre à bras le corps : la peur de l’insécurité, de la décivilisation, de la perte de l’identité et de la culture par la démographie. Mais il ne faut pas y répondre par un mauvais choix, par le choix d’un parti politique éloigné des valeurs démocratiques et des revendications portées par la Corse. Le RN est opposé à l’autonomie, à la langue, au pouvoir législatif pour changer la fiscalité du patrimoine, à la lutte contre la spéculation foncière et immobilière. Il considère que le nombre des résidences secondaires, ce n’est pas si mal. Il est opposé au CHU (Centre hospitalier universitaire), puisque ses représentants sont partis avant même le vote en commission du projet de loi porté par Paul André Colombani. Le score du RN aux élections européennes a été aussi un moyen de manifester une colère. C’est un référendum contre le Président de la République, contre sa façon de gouverner et contre le gouvernement. Les électeurs se sont exprimés sans penser peut-être que leur vote provoquerait un cataclysme politique. L’élection législative est importante car elle peut induire un changement politique à Paris. C’est aussi une élection issue des territoires. La Corse doit désigner ses représentants pour la défendre. L’enjeu change par rapport à un vote parfois défouloir de l’élection européenne.
 
- De quelle manière le duel RN/Front populaire, qui semble se profiler en France au vu des sondages, peut-il impacter la Corse ?
- Il impactera la Corse dans la gestion du problème corse à Paris et, bien sûr par la situation économique, sociale et politique générale de la France. Notre ambition est de reconstituer un groupe indépendant, le groupe LIOT, composé de centristes, de sociaux-démocrates qui ont des valeurs sociales et humanistes et qui refusent un certain nombre d’extrémismes, ou de dérives sémantiques et de positionnement des minorités. Ces élus des territoires d’Outre-mer et autres attachés à la décentralisation ont validé l’autonomie de la Corse. Soucieux de justice sociale, nous nous sommes opposés, par une motion de censure, au système de retraite du président Macron. Lui-même a reconnu que c’était une erreur. Nous nous sommes opposés à la loi sur l’assurance chômage qui provoque encore plus de précarité et crée des pénuries dans l’agroalimentaire et l’industrie touristique. Nous avons fait adopter le chèque carburant de 100 € pour les gens précaires, qui a été défait par décret. C’était une mesure sociale que nous véhiculons comme le chèque alimentaire. Nous avons proposé un certain nombre de mesures pour éviter que le déficit public provoqué par ce gouvernement ne se traduise par des coupes injustes au niveau de la santé et de l’éducation. Nous avons créé les conditions de débat sur les recettes nouvelles comme les taxes sur les rachats d’actions ou sur les surprofits des énergéticiens. Nous avons été moteurs avec l’ancien groupe Libertés & Territoire de l’allocation adulte handicapé, pour qu’elle soit calculée sur le seul revenu de la personne handicapée et non plus sur celle de son conjoint. Nous avons œuvré contre la précarité, pour une vision équilibrée de l’État, pour la défense des collectivités locales, pour éviter la baisse des dotations des communes et intercommunalités. Nous avons été présents dans le droit fil de notre état d'esprit et de nos valeurs.
 
- Si vous êtes réélus, comment en tant que députés nationalistes corses, vous positionnerez-vous dans ce contexte ?
- Il y a deux hypothèses. Si le RN arrive au pouvoir, nous aurons une posture de barrage à une force politique très problématique en termes de valeurs, de démocratie, de respect des droits humains, mais aussi en termes de politique économique et sociale. Les mesures du RN sont populistes et inapplicables. D’ailleurs, les responsables de ce parti reviennent en arrière sur certaines choses, notamment sur le système de retraite. S’il y a une possibilité d’arc démocratique et que nous sommes associés aux discussions, nous nous poserons en force de propositions, notamment concernant l'autonomie législative de la Corse, avant de donner ou pas notre consentement. Nous ne sommes pas des représentants de partis parisiens, dépendants des décisions parisiennes du parti concernant la Corse ou la situation nationale, mais des députés de territoire dans un groupe indépendant qui a un rôle pivot à jouer dans l’instabilité actuelle. L’aventure dans ce scrutin, ce n’est pas nous ! Elle est à droite avec l’éclatement des Républicains (LR) et l’ambiguïté sur le vote RN. Mr Zemmour s’affronte avec Marion Maréchal dans des problèmes d’égo et de pouvoir. A gauche, les débats et les sémantiques de positionnement de certains partis ou de sociaux-démocrates posent problème. Face à cette instabilité, nous sommes le vote de la stabilité, de la clarté, de la défense des intérêts de la Corse. En tant que force politique nationaliste et autonomiste, nous avons essayé de faire ce que nous avons dit pendant les campagnes 2017 et 2022. On peut le voir à travers les amendements adoptés, à notre façon de contribuer au processus politique institutionnel et à travers la défense d’un certain nombre de sujets.

- Pourtant vos adversaires critiquent le bilan des nationalistes. Que leur répondez-vous ?
- Je dirai à mes adversaires que nous ne les avons pas entendus quand il fallait peser à travers le Conseil exécutif d’une part, et notre groupe LIOT d’autre part, face à Élisabeth Borne pour négocier les 200 millions d’euros par contrat du Plan pluriannuel de l’énergie. Ces 200 millions € permettent, outre la rénovation des centrales du Ricantu et de Lucciana, d’installer l’autonomie énergétique en micro hydraulique, en biomasse, en géothermie, en photovoltaïque, mais aussi de rénover les logements sociaux, ce qui apportera un gain de pouvoir d’achat pour les locataires. La signature de la Première ministre a été obtenue, y compris par la menace du groupe LIOT de déposer une notion de censure. Ce n'est pas grâce à mes adversaires non plus que nous avons obtenu 73 millions € pour sécuriser le service public maritime et aérien. Grâce à deux amendements que j’ai porté à deux reprises, nous avons sécurisé les emplois et le périmètre juridiquement. Nous avons réussi à maintenir les tarifs aériens que nous avons baissés depuis 2015. Je vous rappelle qu'un aller-retour entre la Corses et Marseille ou Nice coûtait 160 €, aujourd’hui il est à moins de 100 €. Le vol sur Paris était à 250 €, il est en dessous de 200 €, alors que tout augmente. Nous avons réussi à sécuriser ces tarifs dans un contexte de crise et de flambée des prix des carburants. Nous avons sécurisé le crédit d’impôt Investissement sur les travaux de rénovation d’hôtels grâce à un de mes amendements, alors que les finances publiques appliquent depuis 2021 une doctrine qui vise à atténuer les dépenses éligibles pour les hôtels et les entreprises agroalimentaires. Là encore, nous n’avons pas entendu nos adversaires qui sont censés, pourtant, être du monde économique. Quid des mesures sur l’urbanisme, notamment le Zéro artificialisation nette où nous avons préservé, par nos amendements spécifiques, la constructibilité dans les communes rurales et de montagne pour qu’elles puissent avoir la capacité d’installer des gens. Sans nos amendements, ça aurait été le couperet pour 250 à 300 communes corses. Concernant la régulation des meublés de tourisme, nous avons réussi à donner aux communes la possibilité de créer des zones pour les résidences principales et porté des mesures fiscales qui privilégient les structures touristiques professionnelles, qu’elles soient de petite ou moyenne dimension, hôtellerie ou chambre d’hôtes. Nous avons mené le combat pour le CHU.
 
- Il n'a pas abouti ?
- Même si le projet de loi, auquel nous sommes associés, n’est pas passé, toutes les réunions avec Bianca Fazzi ont permis d’établir un calendrier de discussions et l’ouverture de la deuxième et troisième année de médecine à l’université de Corse. Des collaborations de recherche entre l’hôpital de Bastia et d’autres hôpitaux, notamment avec le professeur Papazian, sont en train d’être consolidées. Au niveau des infrastructures, nous avons agi pour l’hôpital de Bastia, pour l’hôpital de Corte-Tattone où les discussions budgétaires sur le pôle médicosocial et les urgences de Corte sont en train d’être réalisées. Mes adversaires étaient bien absents sur ces sujets concrets où il fallait défendre la Corse, comme ils étaient absents sur tous les sujets sociaux. On ne les a pas entendus sur le système de retraite, ni sur la réforme de l’assurance chômage. Il faut donc être sérieux ! Les Corses savent tout ce qui a été fait. Et je ne parle même pas de la Commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Yvan Colonna. C’est malheureux d’un point de vue moral, mais ça n’intéresse pas mes adversaires. Nous avons essayé de contribuer avec Laurent Marcangeli et d’autres députés à éclairer le chemin vers la vérité et nous avons saisi l’article 40. Les zones d’ombre et les anomalies, que nous avons mis en exergue, vont servir à l’enquête judiciaire. Tout ce travail a été fait au service de la Corse.

« Il y a des stratégies entre des pôles politiques qui ne devraient rien avoir à faire ensemble »

Le député sortant Jean-Félix Acquaviva er sa suppléante, la balanine Marie Jeanne Andreani. Photo CNI.
Le député sortant Jean-Félix Acquaviva er sa suppléante, la balanine Marie Jeanne Andreani. Photo CNI.
- Si vous êtes réélu, votre priorité sera-t-elle de sauver le processus d’autonomie suspendu au gouvernement qui sortira des urnes ?
- La question de l’autonomie est importante du point de vue du règlement d’un problème historique et politique qui se pose depuis des décennies, une quête de reconnaissance d’une identité, d’une langue, d’une culture et d’un peuple qui doit avoir la capacité de vie sur sa terre, mais c’est aussi de manière complémentaire et conjointe le moyen de résoudre les problèmes qui ne peuvent pas être résolus par la loi générale. Aujourd’hui 80 % de la loi générale n’est pas adaptée à la Corse. Je prends un exemple très simple qui parle à l’ensemble des insulaires : la fiscalité sur les successions. Nous savons tous pour être tous concernés que 35 à 40 % des matrices cadastrales de l’île sont au nom d’une personne décédée avant 1910. Autrement dit, sur ces matrices cadastrales, nous sommes tous en lignage indirect, donc tous soumis au taux d’imposition de 55 à 60 % de la valeur d’un bien. Nous soutenons le projet de loi de Mr Panunzi qui propose de maintenir l’abattement de 50 %, mais il est anticonstitutionnel. C’est un risque assumé, mais c'est bien la preuve que pour sortir définitivement du problème, il faut l’autonomie. C’est la seule façon de ne pas avoir un impôt sur les successions qui dépossèdent les Corses qui vont se retrouver propriétaires par l’obligation de déclarer les successions. Les classes moyennes ou défavorisées, soit 80 % des insulaires, n’auront pas la capacité de payer l’impôt parce que la valeur réelle du bien croît en fonction du prix de l’immobilier dont la croissance est deux fois plus rapide que sur le continent. Cette seule mesure justifie l’autonomie fiscale qui permettra d’avoir une règle qui soit à la fois juste pour les Corses, qui ne les dépossèdent pas sociologiquement et patrimonialement, et qui serve au développement des territoires et à la rénovation des biens. Comme sur la question des prix du carburant, l’État pouvait faire, il n’a pas fait. Comme sur la question d’un statut fiscal pour les entreprises qui intègre les surcoûts de l’insularité, ou pour le budget des collectivités. Nos concurrents disent qu’ils sont pour l’autonomie, mais pas pour l’édiction de règles législatives, donc ils ne sont pas pour l’autonomie ! Et sans l’autonomie, on ne pourra pas avancer !
 
- Le candidat de droite tire à boulets rouges sur le bilan de la majorité territoriale. Est-ce vraiment l’enjeu de cette élection législative ?
- Cette élection est un point de bascule. Il n’y a pas une élection qui aura autant de conséquences sur la vie politique et économique des Corses dès le lendemain, comme sur celle de la France en général. Pour nous, avec notre spécificité et notre trajectoire, se joue la relation avec le nouveau pouvoir qui sortira des urnes. On espère que le dialogue pour une solution politique et la paix perdurera, que l’on arrivera à installer un point d’équilibre, et pas comme cela peut arriver sur le continent une stratégie de tension et de rapports de force. Or, effectivement des candidats territorialisent l’élection. Ils ont été absents sur les grands sujets nationaux et législatifs des mandatures précédentes et font comme si nous étions dans une élection territoriale. Sur le bilan des députés nationalistes du groupe LIOT, ils n’ont rien à dire. Sur le bilan de la majorité territoriale, ils développent des axes que l’on peut vite démonter en termes de vérité. Nous n’avons pas à rougir de l’action et du bilan de la majorité territoriale, que ce soit sur l’eau, la dotation aux communes, l’investissement général ou sur la réussite de la fusion d’une collectivité et de deux départements en un temps record. Même s’il faut améliorer un certain nombre de choses, beaucoup l’ont déjà été, y compris d’un point de vue financier. L’aide aux communes rurales et de montagne a fait un bon de 30 % par rapport aux majorités précédentes. Le service d’aide aux communes fonctionne très bien et aide les communes, quelques soient le maire et son opinion politique. Chacune a droit à sa dotation quinquennale, à son fonds montagne du schéma montagne lorsqu’il existe, à une politique de la montagne, à la solidarité territoriale, à son fonds de territorialisation. Un tas d’outils et une équité qui n’existaient pas lorsque ces forces politiques étaient au pouvoir. Idem sur l’eau où l’Exécutif va mettre en œuvre un plan de 240 millions € sur dix ans alors que les anciennes mandatures n’ont investi par choix que 70 millions € sur 20 ans. On voit bien que les choses véhiculées par nos adversaires sont fausses et travesties.
 
- Malgré vos appels à l’union et l'enjeu, le PNC vous refuse son soutien, vous avez un candidat Core in Fronte en face. L’union reste compliquée entre nationalistes ?
- Ce n’est pas une élection territoriale, et pourtant il y a des stratégies en cours, des axes entre des pôles politiques qui normalement ne devraient rien avoir à faire ensemble. Ils appellent ça une stratégie transpartisane. Ils sont opposés sur l’autonomie, opposés sur le plan social, opposés sur la façon de traiter la spéculation foncière et immobilière. Je remarque que je suis un des seuls à parler de spéculation foncière et immobilière et de la régulation des résidences secondaires par la taxation des grandes transactions, le droit de préemption renforcée de la collectivité de Corse et le statut de résident. Ces forces politiques ont de grandes divergences sur le papier et pourtant elles sont prêtes à s’allier uniquement pour des raisons d’accès au pouvoir territorial dans les années à venir. Malheureusement, dans cette fédération de forces caméléonesques, il y a aussi des nationalistes ou des gens qui se réclament du nationalisme. C’est à eux qu’il faut poser la question de cette grande contradiction. Le seul dénominateur commun entre ces forces est d’être contre Gilles Simeoni et Jean Félix Acquaviva. Ce n’est pas d’avoir un projet, ni des objectifs pour la Corse, ni des valeurs communes, ni une méthode commune. C’est une fédération de forces ancrées dans des territoires qui essaye de faire chuter et qui s’additionne pour être contre dans une logique territoriale. L’instabilité en France et en Corse recommanderait d’avoir un peu plus de lucidité et de responsabilité. Rajouter de l’instabilité à de l’instabilité fait de ces gens des apprentis sorcier qui jouent avec le feu. Il y a deux choix aujourd’hui qui se posent : le choix d’une convergence patriotique et nationale entre des forces réelles du mouvement national qui comprennent qu’on ne peut pas s’arrêter là, qu’on ne peut pas basculer vers la tension, vers la perte des acquis obtenus sur le chemin de l’émancipation. Cette convergence doit s’élargir aux forces progressistes qui veulent contractualiser sur des valeurs, des objectifs et un projet. Et puis, il y a cette fédération de contre entre des anciens responsables politiques territoriaux et certains issus de différents courants, mais qui ont du mal à s’afficher clairement publiquement dans la campagne et à justifier la cohérence de leur choix.
 
- Comment recevez-vous l’appel de Lionel Mortini à soutenir votre candidature ?
- Il faut saluer lorsque la responsabilité se manifeste. On peut ne pas être d’accord sur tout, on peut avoir des éléments de divergence à discuter. On peut aussi, lorsqu’on est responsable, prendre la mesure de la crise grave qui est face à nous et du chaos qui peut en découler. Si le RN arrive au pouvoir en France, il y aura une instabilité sur les marchés financiers et dans l’économie générale, une instabilité du Parlement et dans les relations entre le Parlement et le nouvel Exécutif, et aussi des tensions vis-à-vis de la Corse. Quand on voit ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, avec le retour d’une politique d’il y a 50 ans. On incarcère en métropole des leaders indépendantistes alors que le gouvernement a lui-même créé les conditions du conflit par une mauvaise méthode pour dégeler le corps électoral. C’était un acquis qui pouvait être modifié dans un accord global, ce qui n’a pas été fait. Si demain arrive un nouveau pouvoir encore plus raide et plus autoritaire sur ces questions-là, cela provoquera des tensions qui peuvent nous faire revenir en arrière. Il y a aujourd’hui un point de bascule qui commande la responsabilité, qui commande de se poser et de réfléchir. Certains sont aveuglés par l’accession aux responsabilités territoriales de 2028. Ils sont en train de faire une fédération de forces qui est irresponsable. D’autres, au contraire, réfléchissent et apportent leur soutien parce que l’avenir est plutôt dans la reconstruction d’une convergence. Ça oui, je le salue, et je saluerai d’autres qui viendront autour de la table et qui seront respectés, ce qui permettra de tenir bon face à l’instabilité générale.
 
- Etes-vous confiant ?
- On peut ne pas plaire à tout le monde, on peut avoir des divergences entre forces politiques ou individus, mais on ne peut pas nier factuellement ce qui a été fait. En 2017, on nous prédisait qu’on serait seuls au sein de l’Assemblée nationale et que nous n’allions pas peser, nous avons réussi à faire un groupe et à le renouveler, à peser sur les choix de la politique française et à faire avancer les relations entre la Corse et la France. On nous prédisait qu’on n’arriverait pas à faire voter des amendements, on en a fait voter des dizaines et des dizaines au service de la Corse. On nous prédisait qu’on n’allait pas nous entendre, on a réussi à tisser des ponts avec des députés de toutes les forces politiques qui aujourd’hui voit la Corse autrement. Ce sont les gages de nouvelles convergences pour réussir demain. Donc face au travail accompli, face à ce bilan, mais aussi face à l’enjeu et la nécessité d’un choix clair entre deux voies très différentes, il faut être serein. Je fais confiance aux Corses pour envoyer à Paris le message d’abord de leur intérêt exclusif, parce qu’on s’est battu et on se battra exclusivement pour les intérêts du peuple corse, mais aussi pour montrer un autre visage que celui que véhiculent les états-majors parisiens qui se déchirent sur fond de prises de pouvoir à droite, à l’extrême droite, à gauche. Les Corses montreraient qu’ils sont responsables face à la situation.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Lancement de candidature à Corte. Photo CNI.
Lancement de candidature à Corte. Photo CNI.