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Législatives. Michel Castellani : « Je ne fais pas de promesse, je présente un bilan »


Nicole Mari le Dimanche 23 Juin 2024 à 14:51

Candidat à sa propre succession, le député sortant Michel Castellani, repart pour un second mandat lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochain. S’appuyant sur son travail et son bilan, l’élu de Femu a Corsica, membre du groupe LIOT à l’Assemblée nationale, est donné grand favori. Il entend continuer à mener à bien la mission engagée depuis sept ans, à faire avancer les dossiers structurels et le processus d’autonomie. Il explique à Corse Net Infos qu’avec lui, les gens savent pour qui et pour quoi ils votent, et met en avant les valeurs qu’il porte : la démocratie, l’humanisme et la défense des intérêts de la Corse.



Michel Castellani, député sortant de la 1ère circonscription de Haute-Corse et candidat pour un troisième mandat lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024. Photo CNI.
Michel Castellani, député sortant de la 1ère circonscription de Haute-Corse et candidat pour un troisième mandat lors des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024. Photo CNI.
- Dès l’annonce de la dissolution, vous avez déclaré que vous étiez candidat à votre propre succession. Pour vous, c’était une décision naturelle ?
- Je suis adossé à des années de travail continu, obstiné, je me voyais mal arrêter comme ça sur une décision brutale et inattendue. En fait, nous ne sommes même pas à la mi-temps du mandat. Donc, oui, c’était naturel que je renouvelle ma candidature.
 
- Depuis 2017, la famille nationaliste s’est fracturée. En 2022, vous affrontiez Corsica Libera, aujourd’hui Core in Fronte. Comment vivez-vous cette situation ?
- Tout le monde sait très bien que dans mon attitude quotidienne, je ne me présente jamais comme un diviseur, ni comme quelqu’un d’agressif ou de sectaire. J’ai de bonnes relations personnelles les plus larges possibles avec tous les partis et toutes les sensibilités. C’est ma nature d’être comme cela. Je n’ai jamais, dans aucun de mes engagements politiques, mis la machine à perdre en marche. Si ça doit se faire, cela ne viendra jamais de moi. Je sais ce qui est fondamental et, au-delà des différences de stratégies et de messages, ce qui unit fondamentalement tous les défenseurs de la Corse. On a besoin de tout le monde.
 
- Cette élection anticipée a-t-elle, selon vous, un enjeu particulier ?
- C’est une élection décisive parce qu’elle engage véritablement un choix sociétal. La situation est grave. La France est complètement déstabilisée sur le plan politique. Elle est aussi agressée par des déficits publics gigantesques. Il y a un risque très fort de privation des libertés et un risque encore plus fort d’instabilité politique. Dans ces conditions, il ne suffit pas de hausser le ton, il ne suffit pas de promettre la lune comme le font certains, il faut un sens des responsabilités et, donc, beaucoup de réflexion et de pondération. Les neuf autres candidats, que je respecte, font leurs promesses, certaines délirantes, les gens les prennent en compte ou pas. Moi, je ne fais pas de promesse, je présente un bilan. Les gens savent qui je suis. Quand ils votent pour moi, ils savent pour qui ils votent et pourquoi ils votent. L’enjeu de l’élection est là. Il est à la fois général, considérable, mais aussi de défense de la Corse et du processus d’autonomie.
 
- Vous dites qu’en votant pour vous, les gens savent pour qui ils votent, ce n’est pas le cas pour vos adversaires ?
- Il y a un certain nombre de candidats qui entretiennent l’ambiguïté. Ils disent : unissez-vous autour de ma personne, unissons la gauche, la droite, le centre, ratissons large... C’est de la fumée ! C’est très joli dans le discours, mais quand vous rentrez à l’Assemblée nationale, vous devez intégrer un groupe. Il faut que tous les candidats disent très précisément où ils siégeront. Les électeurs ont le droit de le savoir. Il y a pas mal de gens qui sont en déshérence par rapport aux incertitudes idéologiques, notamment chez LR et chez les socialistes. Moi je l’ai dit clairement : je siégerai dans le groupe LIOT. Les gens, quand ils votent pour moi, savent pour qu’ils votent. Quand ils votent pour certains candidats, ils ne le savent pas ! On ne peut pas débarquer à l’Assemblée nationale sans expliquer où l’on va.
 
-  Vous mettez en avant le travail accompli. Vos adversaires vous accusent de n’avoir rien obtenu, notamment pour l’hôpital de Bastia. Que leur répondez-vous ?
- C’est le jeu qui veut ça ! Je suis sortant, donc je concentre toutes les critiques, même les plus injustes. Quand je lis que je n’ai rien fait, que mon bilan est désastreux, cela me fait sourire intérieurement. J’ai travaillé sans arrêt. J’ai fait, par exemple, renouveler chaque année le crédit d’impôt : ce sont 100 millions d’euros qui tombent, chaque année, sur la Corse. J’ai lutté de toutes mes forces contre la normalisation des 20 % de TVA sur le vin et j’ai réussi. J’ai contribué à faire obtenir les 60 millions d’euros pour l’hôpital de Bastia et la réfection en son temps des urgences. Au terme d’une journée de bataille dans l’hémicycle, j’ai obtenu qu’on ne touche pas aux moyens de lutte contre les incendies en Corse. J’ai défendu les principaux projets de nos communes dans différents ministères. J’ai défendu les écoles immersives. J’ai défendu la sortie en sifflet de la fiscalité du tabac. Je me suis battu pour obtenir les 40 millions de la continuité territoriale. Je me suis battu pour l’adaptation des primes sociales comme le fameux chèque énergie et pour améliorer, à chaque occasion, la situation des Corses. J’ai défendu les valeurs supérieures de ce que nous sommes comme communauté ouverte, mais avec son sentiment d’appartenance, sa langue, sa musique… Je suis intervenu sans arrêt. Que l’on regarde mon bilan et qu’on le compare. Le jeu veut de taper sur le sortant, mais franchement, même ceux, qui le disent, ne le croient pas.
 
- L’immigration et l’insécurité sont au centre de la campagne nationale. Nicolas Battini a appelé à vous battre, notamment sur cette question. Quelle est votre position ?
- Ce problème de l’immigration, je l’ai traité. J’ai démissionné de la Commission des finances pendant un mois pour aller dans la Commission Immigration au moment du débat et du vote sur la loi. J’ai plaidé selon deux axes. D’abord l’humanisme. On parle d’êtres humains avec leur sensibilité, leurs besoins, on ne parle pas de marchandises ! J’ai fait passer un certain nombre d’amendements sur l’aide médicale d’urgence, sur le fait de ne pas surtaxer les étudiants étrangers ou de ne pas enfermer les mineurs en centre de rétention. Ensuite, à côté de cette approche humaine, il y a le sens du réalisme. Il faut que les OQTF (Obligations de quitter le territoire français) soient respectées, sinon ce n’est pas la peine de prendre les décrets. Il faut lutter contre le communautarisme, contre les passeurs, il faut assurer la sécurité publique... Cette double approche est la mienne, il n’y en a pas d’autres. En tout cas, moi, je ne dérogerai pas à ces deux principes qui sont le principe d’humanisme et le principe de réalisme. Pour ce qui est de la Corse, la population a doublé en un demi-siècle uniquement par mouvement migratoire. La Corse a toujours reçu des gens, maintenant c’est une avalanche qui nous tombe dessus. Que faut-il faire ? Il faut gérer l’affaire sur le plan général, comme je viens de le dire, ensuite il faut développer une politique d’intégration à l’école. D’où l’intérêt de l’autonomie. Il faut que les enfants, qui arrivent ici, sachent qui nous sommes, connaissent notre histoire et notre langue. C’est absolument indispensable de traiter le problème migratoire sous cet angle-là.
 
- Le RN a réalisé un score spectaculaire partout en France. Peut-il créer la surprise en Corse ?
- Je pense que le RN a fait un très gros score partout sur la question de l’immigration, mais pas seulement ! C’est aussi un vote de rejet, un vote protestataire contre la politique sociale du gouvernement. Il y a énormément de gens qui souffrent, de mécontentement. La gestion de la France à coup de 49-3 n’a pas attiré la sympathie des foules. Mais je suis sûr que le vote dans une élection législative obéit à d’autres approches complètement différentes.
 
- Que pensez-vous du duel RN-Front populaire qui semble se profiler en France. Comment en tant que député nationaliste s’inscrire dans ce paysage-là ?
- C’est une question très importante parce que la France est menacée d’une complète déstabilisation. Quand on rentre dans le groupe LIOT, on signe une charte de respect des principes démocratique et des valeurs humanistes, mais aussi de maîtrise des finances publiques, de représentation des territoires et de politique d’autonomie pour certains territoires et de décentralisation pour d’autres. Si demain l’Assemblée nationale est complètement déstabilisée - même si nul ne sait ce qui sera -  il faudra une union des démocrates sur les bases que je viens de donner. Rien ne s’oppose à ce qu'il y ait une majorité sur ces bases-là.
 
- Le processus d’autonomie est suspendu à la nouvelle assemblée. Gilles Simeoni dit qu’il n’est pas enterré. Le risque est pourtant là ?
- Oui, bien sûr ! Nul ne sait ce que sera le futur gouvernement de la France, ni ce que sera sa sensibilité. Nul ne sait comment les cartes seront distribuées. Ce que je sais, par contre, c’est que les députés de la Corse, je ne sais pas qui ils seront, mais ils devront avoir le sens des responsabilités et savoir se battre pour l’autonomie. L’autonomie, ce n’est pas une baguette magique. Ce n’est pas parce qu’on aura l’autonomie, que demain matin, tout ira bien. L’autonomie, c’est de pouvoir donner les moyens à la Corse d’améliorer les choses en matière économique, sociale, culturelle… Ce ne sera pas facile, mais on en a besoin. La Corse est dans une situation très mauvaise. Il faut se battre pour avoir cette autonomie. Certains ont peur et disent que ce que ce serait un dérapage. Non ! Je rappelle qu’il y a primo, le contrôle du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État, on ne va pas faire n’importe quoi. Et deuxio, il y aura, au départ, un débat public et un référendum en Corse. Les citoyens pourront s’exprimer. Les gens, qui me font confiance, savent que je ne suis pas un farfelu et que je n’ai pas envie d’emmener la Corse et notre jeunesse sur des terrains incertains.
 
- Quelle sera, si vous êtes réélu, votre priorité pour les trois ans qui restent ?
- Je continuerai très exactement sur le sillon que j’ai tracé depuis sept ans. Je serai sur les valeurs politiques, qui ont été toujours les miennes, de respect de la démocratie, sur les valeurs humanistes, la solidarité sociale, une construction nouvelle de l’Union européenne sur des bases autres que celles mercantiles, sur des traités Nord-Sud qui ne ravagent pas nos entreprises, sur le dialogue Nord-Sud… Et bien sûr, sur la défense de la Corse et de ses grands dossiers sectoriels : l’hôpital, les transports, l’agriculture, l’économie, notre langue… et l'aspect politique majeur à défendre. C'est toujours mon approche.
 
- Comment se déroule votre campagne en un laps de temps si court ?
- Je suis comme tous les candidats face à une campagne très courte, soudaine, j’essaye de faire pour le mieux. Je me débrouille pour aller dans les principaux villages de toutes les microrégions de la circonscription. Je suis allé à Pietralba, dans le Nebbiu, dans le Cap Corse. J’ai fait un meeting à Biguglia, je finirai par un meeting à Bastia. Je suis accueilli très bien partout et j’ai reçu des tas de messages d’encouragement. J’essaye d’avancer du mieux possible, d’être présent.
 
- Vous partez grand favori dans cette élection. Etes-vous confiant ?
-. Oui, bien sûr. Je ne me pose pas de questions angoissantes pour savoir si je serais élu ou pas. Ça, c'est la responsabilité des électeurs. Moi, ma responsabilité, c'est d’être le plus dynamique possible et d’offrir ce choix aux électeurs. C’est ce que j’essaye de faire de la façon la plus efficace possible. Maintenant, il faut jouer le match.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Michel Castellani et sa suppléante Juliette Ponzevera lors de leur présentation de candidature à Bastia. Photo CNI.
Michel Castellani et sa suppléante Juliette Ponzevera lors de leur présentation de candidature à Bastia. Photo CNI.