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Législatives. Sacha Bastelica (Front populaire) :"Nous ne pouvons pas rester immobiles face à l'extrême droite"


Rose Casado le Samedi 22 Juin 2024 à 19:53

À 20 ans, Sacha Bastelica, candidat du Nouveau Front populaire dans la première circonscription de Haute-Corse, s'engage pour les élections législatives. Étudiant en Sciences Politiques à Lyon et conseiller sortant de l'Assemblea di a Ghjuventù, il défend des positions fermes sur les enjeux sociaux, environnementaux, de santé et d'autonomie. En pleine campagne, il appelle à l'unité pour contrer la montée de l'extrême droite.



- Vous êtes le benjamin de ce scrutin en Corse. Qu’est-ce qui vous a motivé à candidater pour ces législatives ? 
- Avant tout, c'est le contexte actuel. L'extrême droite est aux portes du pouvoir, et nous ne pouvons pas rester immobiles face à cela. Nous devons présenter un véritable programme de société pour contrer cette menace. Notre objectif est d'atteindre des jours heureux, et je crois fermement que nous pouvons y arriver. C'est cette conviction qui me motive à m'engager.
 

- Vous êtes candidat pour le Nouveau Front populaire corse. Cette union de la gauche a été plus difficile que dans les autres circonscriptions de l’île. Pourquoi ? 
- L'union a été complexe parce que nous n'étions pas inclus dans l'accord national électoral. Cependant, nous avons réussi à fédérer les forces de gauche locales, malgré les spécificités de la Corse. Parvenir à faire coopérer le Parti communiste, le Parti socialiste, Europe Écologie Les Verts et La France Insoumise n'était pas gagné d'avance. Nous saluons la lucidité des partis qui ont décidé de ne pas présenter de candidature pour favoriser l'union du Nouveau Front populaire.
 

- Cette alliance était-elle indispensable pour faire entendre la voix des partis qui la composent pendant cette campagne ? 
- Oui, absolument. Si nous n'étions pas capables de nous unir, cela montrerait notre irresponsabilité face à l'extrême droite. Nous avons la responsabilité de représenter les électeurs qui attendent une union électorale. Nous la proposons en Corse et je suis convaincu que ce sursaut, bien que silencieux pour l'instant, se manifestera dans les urnes.
 

- Quelles sont vos principales thématiques de campagne ? 
- D'abord, le volet social. La Corse est l'une des régions avec le taux de précarité le plus élevé, surtout pour la jeunesse. Un jeune sur quatre vit dans une famille en difficulté et peine à se loger. La réforme des repas à 1 euro pour les étudiants, initiée par le Crous, montre bien l'ampleur des problèmes. Ensuite, il y a la thématique écologique avec la règle verte pour protéger notre écosystème. Il est temps d'opérer un sursaut à ce sujet. Enfin, il y a la lutte contre l'obscurantisme, le racisme, les discours haineux et l'extrême droite, dont les discours sont dangereux.
 

- Si vous êtes élu, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire pour le statut d’autonomie ? 
- Nous sommes la meilleure candidature pour poursuivre les négociations, notamment parce que le député sortant fait partie d'un petit groupe. Si le candidat élu était du Rassemblement national, il siégerait dans un groupe en faveur du statu quo, donc contre l'évolution institutionnelle de notre île. Nous sommes la seule formation qui peut aspirer à devenir majoritaire et à constituer un gouvernement. Dans ce cas-là, nous serions en mesure de poursuivre les discussions. Nous attendons cependant des garanties économiques et sociales.
 

- Quelles mesures porterez-vous en faveur du pouvoir d’achat des Corses ? 
- Nous avons des mesures concrètes, comme la réforme des retraites et le blocage des prix des produits de première nécessité. La Corse souffre particulièrement de l'augmentation du coût du carburant. Nous envisageons également une loi pour associer la Corse à ce contexte particulier de précarité, afin de sortir de cette situation.
 

- Quelles dispositions imaginez-vous pour favoriser l’accès au logement ? 
- En Corse, nous sommes confrontés à la spéculation immobilière, notamment avec les résidences secondaires. Nous devons proposer des alternatives basées sur les programmes des associations locales. Sur le plan national, nous devons lutter contre les locations saisonnières de courte durée, qui chassent les riverains ne pouvant plus trouver de logement. Nous souhaitons également aider les jeunes à se loger à des tarifs accessibles. L'État doit reprendre le contrôle sur le prix des loyers.
 

- Quid des questions environnementales et climatiques dans votre programme ? 
- Il ne faut pas prendre plus à la planète que ce qu'elle peut offrir. Nous voulons lutter contre l'agriculture intensive et l'utilisation de pesticides. J'ai demandé à Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif, de se prononcer sur l'utilisation des pesticides en plaine orientale. Il faut impérativement se donner un cadre et prévoir sur le long terme, contrairement à la gestion actuelle de l'écologie.
 

- Quelles seront les actions que vous porterez pour permettre un meilleur accès aux soins de santé pour les Corses ? Poursuivrez-vous le travail entamé pour la création d’un CHU sur l’île ?
-
 Nous souhaitons rencontrer le personnel de santé pour comprendre leurs difficultés et entendre leurs revendications. Le Nouveau Front populaire souhaite voir les hôpitaux obtenir davantage de moyens financiers, largement réduits par la politique d'Emmanuel Macron. Le nombre de lits doit également être augmenté.
 

- Par leur vote en faveur des partis d’extrême droite aux élections européennes, les électeurs ont manifesté une certaine peur face à l’insécurité voire l’immigration. Porterez-vous des mesures en la matière ? 
- La mesure la plus importante est la régularisation des travailleurs sans papiers. Il y a des problèmes sur lesquels le Rassemblement national surfe. Il faut être pragmatique : il n'y a pas d'immigration massive, avec seulement 7 millions d'immigrés recensés en France en 2022, dont 2 millions ont acquis la nationalité française. Nous devons unir la société par le travail, et la régularisation des travailleurs sans papiers est la solution. En Corse, le taux d'immigrés employés est le plus élevé à Calvi, principalement en raison de la Légion étrangère. Souhaitons-nous les voir partir ? Je ne le pense pas.