L’œuvre, l’itinéraire, la vie d’Albert Camus intrigue et passionne toujours. Il y a ses liens et ses rapports conflictuels avec le communisme, et sa littérature si forte, célèbre, émouvante ; ses engagements en faveur de l’Espagne républicaine, et sa passion pour le théâtre. Camus intéresse encore par son refus des totalitarismes, des dogmes qui enferment et appauvrissent la pensée. Et aussi, par son déchirement entre la fidélité à ses origines et le respect des principes d’égalité. Avec au centre de ses pensées, l’Algérie dont le destin le bousculera, de l’enthousiasme au désespoir.
Toute l'œuvre de Camus est habitée par l'Algérie, le cadre de ses expériences, de ses activités et de ses premiers écrits au-delà de sa relation viscérale à cette terre dans laquelle il a ses racines, loin de laquelle il s’est toujours senti en exil, et qu’il a chantée d’une manière inoubliable. Il y parle de mesure et de limite, de respect de l'autre et de compréhension des raisons de l'adversaire ; il y parle de la responsabilité des hommes politiques, des intellectuels, des journalistes.
Les principes qui doivent gouverner les rapports politiques ont valeur universelle pour Camus : il faut toujours tenter de comprendre les raisons de l’adversaire – et, en tout cas, toujours le respecter en tant qu’homme ; si la violence est parfois inévitable, elle n’est jamais justifiable ; mieux vaut une pensée politique « modeste » plutôt qu’un idéal qui, transformé en absolu, engendre des révolutions mortifères ; il faut se révolter sans devenir inhumain. Tout en réaffirmant ces valeurs à travers Daru, l’instituteur français, la nouvelle L’Hôtemontre à quel point Camus est lucide sur les ambiguïtés de toutes les positions, si généreuses soient-elles, dans le contexte de la guerre d’indépendance.
D’Hiroshima à la peine de mort, du terrorisme à la politique, dans des essais ou dans des articles, Camus est intervenu dans le débat public, jusqu’à ce 4 janvier 1960 qui interrompt brutalement une vie mais aussi une œuvre, déjà devenue classique, et pourtant encore en devenir. Le manuscrit que l’écrivain laisse inachevé était un « retour à l’Algérie », sans voile ni détour, Le Premier homme. Ce roman, nourri de la vie et de l'expérience de Camus lui-même, laisse percevoir l'intensité de ses souvenirs d'enfance, son amour pour l'Algérie, son déchirement devant la guerre, sa méditation sur la dignité des pauvres, son questionnement sur le dur chemin à inventer pour devenir un homme ; tout cela dans une écriture somptueuse, tantôt nette et sèche, tantôt frémissante et lyrique, toujours gorgée de vie et de sensation.
Camus reste toujours un personnage insaisissable, à l’écart parce que lui-même refusait d’être enfermé dans des catégories politiques rigides. La littérature peut dire ce qu’une parole directe ne peut plus faire entendre. Camus a été un penseur libre.
Toute l'œuvre de Camus est habitée par l'Algérie, le cadre de ses expériences, de ses activités et de ses premiers écrits au-delà de sa relation viscérale à cette terre dans laquelle il a ses racines, loin de laquelle il s’est toujours senti en exil, et qu’il a chantée d’une manière inoubliable. Il y parle de mesure et de limite, de respect de l'autre et de compréhension des raisons de l'adversaire ; il y parle de la responsabilité des hommes politiques, des intellectuels, des journalistes.
Les principes qui doivent gouverner les rapports politiques ont valeur universelle pour Camus : il faut toujours tenter de comprendre les raisons de l’adversaire – et, en tout cas, toujours le respecter en tant qu’homme ; si la violence est parfois inévitable, elle n’est jamais justifiable ; mieux vaut une pensée politique « modeste » plutôt qu’un idéal qui, transformé en absolu, engendre des révolutions mortifères ; il faut se révolter sans devenir inhumain. Tout en réaffirmant ces valeurs à travers Daru, l’instituteur français, la nouvelle L’Hôtemontre à quel point Camus est lucide sur les ambiguïtés de toutes les positions, si généreuses soient-elles, dans le contexte de la guerre d’indépendance.
D’Hiroshima à la peine de mort, du terrorisme à la politique, dans des essais ou dans des articles, Camus est intervenu dans le débat public, jusqu’à ce 4 janvier 1960 qui interrompt brutalement une vie mais aussi une œuvre, déjà devenue classique, et pourtant encore en devenir. Le manuscrit que l’écrivain laisse inachevé était un « retour à l’Algérie », sans voile ni détour, Le Premier homme. Ce roman, nourri de la vie et de l'expérience de Camus lui-même, laisse percevoir l'intensité de ses souvenirs d'enfance, son amour pour l'Algérie, son déchirement devant la guerre, sa méditation sur la dignité des pauvres, son questionnement sur le dur chemin à inventer pour devenir un homme ; tout cela dans une écriture somptueuse, tantôt nette et sèche, tantôt frémissante et lyrique, toujours gorgée de vie et de sensation.
Camus reste toujours un personnage insaisissable, à l’écart parce que lui-même refusait d’être enfermé dans des catégories politiques rigides. La littérature peut dire ce qu’une parole directe ne peut plus faire entendre. Camus a été un penseur libre.