Corse Net Infos - Pure player corse

Nonza : "On ne nous a pas présenté le projet d'extraction du nickel sous tous ses aspects"


le Vendredi 14 Mars 2025 à 10:10

À l'image de son voisin de Roglianu, Jean-Marie Dominici, maire de Nonza, est farouchement opposé au projet d'extraction de Nickel que la société Auraunia veut mener sur la plage de la commune. Pour lui, les dégâts qui en résulteraient seraient inévitables et donc inacceptables.



Jean-Marie Dominici, maire de Nonza. (@cni)
Jean-Marie Dominici, maire de Nonza. (@cni)
- Depuis quand êtes-vous au courant de ce projet ?
On va dire que ça fait un an. Mais on ne nous l'a pas présenté dans sa globalité et sous tous ses aspects. On nous a présenté le projet en nous disant "Voilà, on a cette idée. Il y a beaucoup de nickel sur vos plages, c'est une forme de dépollution. Nous n'utiliserions que des moyens non chimiques, mécaniques, on utiliserait un aimant, il n'y aurait pas de dégâts, il n'y aurait pas d'impact négatif. La plage resterait comme elle est", mais ça, c'est le conte de fées.


- La réalité, selon vous, c'est quoi ?
- La réalité, c'est une barge qui vient draguer et retourner toute la plage chenal après chenal, du Nord au sud, y compris la partie végétalisée de 5 hectares  sur les vingt qu'en compte le site et qui s'est constituée en une quinzaine d'années. Si on laisse la nature continuer à faire son œuvre, il y a fort à parier que, dans une vingtaine d'années, elle en fera le double au moins. C'est un phénomène naturel qui s'étend année après année, et que l'on pas le droit de perturber  : c'est la force de la nature qui s'étend, qui s'installe. C'est la vie, c'est les animaux, c'est aussi notre cadre de vie. On le connaît depuis soixante ans. Depuis 1965 et la  fermeture de l'ancienne carrière de Canari, la  plage s'est stabilisée. Elle est aujourd'hui magnifique. C'est un peu aussi notre carte postale et venir nous dire qu'on va la retourner de fond en comble, ce n'est pas acceptable.
 
- Concrètement, si le projet était validé?
- Préalablement au projet d'extraction, la société voudrait faire des forages. Et rien que sur la plage de Nonza, il en serait réalisé plus de quatre-vingt-dix, répartis de façon géométrique à équidistance, y compris sur la partie végétalisée. Des forages qui vont être profonds, de six à douze mètres alors que la plage a son point le plus haut, quand on va chercher le sol marin, a une quinzaine de mètres. Pour nous, ces forages ne sont pas acceptables, même si, selon la compagnie, la foreuse ne va travailler que durant quelques semaines. Mais il y a fort à parier qu'avec les intempéries, ils pourraient durer au moins deux ou trois mois. Nous ne sommes pas dans un désert, nous ne sommes pas dans le Sahara. Ici, il y a des villages. Il y a des habitants, il y a des activités. Non, ce n'est pas acceptable.
 


- Les royalties évoquées avec un site unique au monde ?
- Les royalties qui sont, en fait, aujourd'hui pour l'État, puisqu'il s'agit du domaine public maritime, qu'on nous a fait miroiter,  c'est quelque chose qui, bien sûr, peut paraître séduisant, mais ça n'entre pas dans notre critère de choix pour dire oui ou non. Nos critères ce sont notre qualité de vie et la volonté de notre population. Nos populations sont contre. La qualité de vie serait impactée très fortement. L'environnement aussi, Non. Les dégâts sont inévitables, donc ils sont inacceptables. 


- La prochaine étape?
- La société n'a toujours pas déposé de demande d'autorisation d'extraction minière. Elle est dans la démarche des concertations, et va, peut-être, se lancer dans les études. Je crois qu’elle risquerait de perdre son temps et de l'argent car, ce sont des études très coûteuses. Pour moi, ce projet ne verra pas le jour.
 
- Aujourd'hui, vous avez obtenu le soutien de la collectivité de Corse ?
- Il n'y a pas eu besoin de lui forcer la main. La collectivité est à nos côtés au quotidien, en particulier lorsqu'il s'agit de défendre l'environnement, comme en a témoigné la présence du président de l'Office de l'environnement, Guy Armanet. Il est vrai qu'il s'agit  d'enjeux qui concernent les habitants aujourd'hui et, plus encore, les générations futures. Dès lors, nous devons être responsables, prévoyants, prudents et le principe de précaution doit s'appliquer de façon ferme.
image_54.png image.png  (6.82 Ko)