Orientations budgétaires : prudent sur le papier, Porto-Vecchio n'en reste pas moins ambitieux

En 2024, le résultat global des comptes affiche un excédent de plus de 3 millions d’euros, dans la lignée des précédents. Une bonne santé qui s’explique notamment par le haut niveau des recettes de fonctionnement : celles-ci, qui s’élevaient déjà à 32 millions d’euros en 2023, ont grimpé de 10 %, pour atteindre 35 millions d’euros en 2024. Cette hausse est principalement due à la progression des impôts et taxes (2,02 millions d’euros, soit + 8 %, qui s’explique notamment par la mise en place de la taxe d’habitation sur les résidences secondaires et par la compensation par l’État de l’ancienne taxe sur les logements vacants). Or, si les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 5 %, en raison notamment « de l’inflation », souligne le rapport d’orientations budgétaires, l’épargne brute est encore en progression, atteignant 8 millions d’euros en 2024, soit deux millions de plus que l’an dernier. En parallèle, la capacité de désendettement est passée à 3 ans et 3 mois, alors qu’elle était… de 27 ans et 8 mois en 2020, au moment de l’arrivée aux affaires de la majorité municipale actuelle.

"Je pense qu'on va être un peu plus riches que ça"

Néanmoins, « les charges financières liées à la dette ont également augmenté, ce qui invite à une gestion prudente de l’endettement afin de préserver l’autofinancement », consigne le rapport, qui s’en tient à la même prudence dans l’élaboration du budget prévisionnel pour 2025, lequel prévoit une baisse de 2 % pour la section de fonctionnement. « On est très prudents sur nos recettes, mais moi je pense qu’on va être un peu plus riches que ça », s’avance Jean-Christophe Angelini. Au terme de la présentation du rapport d’orientations budgétaires faite par Jacky Agostini, le maire de Porto-Vecchio a sorti de sa botte quelques atouts que son adjoint aux finances avait prudemment gardés en mains : « Je pense que le vote de notre plan local d’urbanisme va doper nos droits de mutation à titre onéreux. Et sur la taxe de séjour, il y a encore un peu de marges de manœuvres à conquérir », a-t-il espéré, pointant également, dans une prospection plus large, les recettes qu’engendreront le futur port de plaisance et de pêche  une fois construit : « Il devrait nous rapporter entre 9 et 10 millions d’euros de chiffre d’affaire, avec un million d’euros que nous voulons reverser chaque année au budget général pour les Porto-Vecchiais. » 
 
Le plan de financement du port bientôt bouclé ?

Cette ambition là, Jean-Christophe Angelini l’affirme depuis un certain temps déjà, et il la réaffirme à chaque occasion qui se présente à lui. Comme s’il souhaitait rassurer ses concitoyens sur le grand projet de sa mandature, l’extension du port de plaisance et de pêche. Un projet qui séduit, mais qui suscite de l’inquiétude aussi, au regard de son coût faramineux : 145 millions d’euros, revu à la hausse de 40 millions il y a six mois. Mais le maire de Porto-Vecchio continue d’avancer confiant. Il espère obtenir 35 millions d’euros de la Banque des territoires, et le contenu des échanges qu’il a pu avoir avoir avec Sophie Hardouin, la directrice régionale de la Banque des territoires venue à Porto-Vecchio mercredi dernier, l’a rassuré : « Le projet sera présenté en ce mois de mars au comité d’engagement, a-t-il annoncé en ouverture du conseil municipal. On peut espérer un accord. On saura très rapidement ce qu’il en est. » Si tel est le cas, « nous aurons bouclé 100 % du plan de financement », promet-il. 

 

En parallèle à cela, l’élu a confirmé son intention d’acquérir l’usine à liège, pour servir ses velléités d’aménagement de l’arrière-port, et notamment le projet d’ascenseur urbain qui relierait le port au bastion. A propos de cette ambition qui, pour rappel, n’est pas incluse dans le plan de financement du projet d’extension du port, une étape a été franchie, a annoncé Jean-Christophe Angelini : « Nous avons obtenu de l’État un accord définitif du contrôle de légalité sur la ruine Guaschi. On va être en mesure de valider très rapidement cette acquisition. » Si elle devient propriétaire de cette maison en ruine, située 50 mètres en contrebas du Bastion de France, la mairie aura ensuite tout le loisir de la transformer en une station de départ ou d’arrivée pour sa liaison urbaine. Mais on n’en est pas encore là, a tempéré le maire : « On va continuer à expertiser la faisabilité d’un ascenseur urbain. »

"Je suis comme Saint Thomas"

De la Banque des territoires, Jean-Christophe Angelini, espère également un soutien financier dans deux autres projets : les constructions du centre aquatique et de la nouvelle station d’épuration. S’il n’a évoqué aucun montant sur la base d’un hypothétique accord, l’élu porto-vecchiais s’est réjoui d’avoir « bénéficié d’une écoute très favorable » sur ces dossiers de la part de Sophie Hardouin. 

La prudence, c’est une vertu que fait sienne Camille De Rocca Serra. En réaction à ces perspectives, l’ancien maire de Porto-Vecchio, aujourd’hui dans l’opposition, attend de voir : « Je suis comme Saint Thomas. » D’autant que le climat d’incertitude actuel sur la scène nationale et internationale l’incite à alerter le conseil municipal sur deux points de vigilance : « Les conséquences du dialogue sur la réforme des retraites et l’engagement au réarmement de chaque état européen. Tout le contexte géopolitique aura des conséquences sur les dotations, met-il en garde. Donc si aujourd’hui on est un bon élève, demain il faudra être encore meilleur élève. »