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Patrick Fiori, parrain de Creazione, à Bastia : "J'aime la Corse parce qu'elle a accueilli ma mère et ses enfants"


Rose Casado le Vendredi 14 Juin 2024 à 18:20

Alors que le festival de mode et de design Creazione bat son plein à Bastia, Patrick Fiori, parrain de cette huitième édition, est venu découvrir les créateurs présents vendredi 14 juin. Au cœur du jardin des Gouverneurs, le chanteur s'est livré sur son amour de l'île, et sur son admiration face aux ressources inépuisables qu'elle renferme.



Patrick Fiori, parrain de la huitième édition du festival de mode et de design Creazione, est venu voir le travail des artistes, vendredi 14 juin 2024.
Patrick Fiori, parrain de la huitième édition du festival de mode et de design Creazione, est venu voir le travail des artistes, vendredi 14 juin 2024.
C'est avec son sourire contagieux et sa proximité avec les passants que Patrick Fiori est arrivé au festival de mode et de design Creazione, vendredi 14 juin. Parrain de cette huitième édition - en tandem avec Caroline de Maigret -, le chanteur corse d'adoption est notamment venu découvrir les quelque 38 artistes présents pour l'occasion dans l'enceinte du palais des Gouverneurs. Entre deux discussions improvisées avec des visiteurs, l'interprète de Corsica (sortie sur l'album Corsu Mezu Męzu en 2015) nous a parlé de son amour pour l'île de Beauté, avant de nous confier quelques secrets sur ses projets musicaux à venir…
 
- Comment avez-vous accueilli cette demande d'être le parrain de Creazione cette année ?
Alors déjà, c'est la première fois que je viens, y compris dans les jardins des Gouverneurs. Je suis enchanté. Il faut savoir que ma mère a vécu à Bastia dans sa petite enfance, pendant 12 ans. Elle me parle souvent de Bastia, même si nous vivons à Ajaccio et qu'elle y est née. Quand l'équipe de l'Office de Tourisme intercommunal de Bastia m'a parlé de ce projet, avec de la passion dans les yeux, j'ai répondu "oui" tout de suite, avec un grand plaisir. Et puis il y a un lien avec la musique. Quand on parle de création, c'est si vaste…

- Vous sillonnez les routes de France avec votre album "Le chant est libre", c'était important pour vous de libérer du temps pour venir ?
Je voulais vraiment honorer ce moment. Je sais que c'est un projet important. D'ailleurs, Creazione est né en 2015, en même temps que le premier album de Corsu Mezu Mezu. Jusqu'à présent, je n'avais pas pu venir. Mais je voulais vraiment y participer. Donc, quand l'Office de Tourisme m'a proposé d'être le parrain, j'ai sauté sur l'occasion. Ça tombait bien, puisqu'après, jusqu'en 2026, je suis pris…

- Où en est votre tournée ?
Nous avons déjà fait une trentaine de dates, il y en aura encore une cinquantaine qui se sont ajoutées jusqu'à 2025. Je passe en décembre à Ajaccio, au Palatinu. C'est un grand plaisir de terminer la première partie de la tournée au pays.

- Ce festival est l'occasion de promouvoir le savoir-faire corse, c'est un domaine qui vous parle, n'est-ce pas ?
La Corse est un sujet d'inspiration inépuisable. Il se passe tellement de choses ici, qui sont déjà ancrées et en devenir. Je me doute que ça donne beaucoup d'idées aux créateurs. Que ce soit la végétation, les pierres, les décors… Les anciens nous ont laissé des choses tellement belles, tellement importantes. Je vois sur tout ce que j'achète, puisque je dois admettre que je suis un grand consommateur d'artisanat [rires], que la nouvelle génération nous propose des créations, avec toujours, une connotation racée, enracinée.
D'ailleurs, elle s'exporte. Lors d'un voyage à New York par exemple, j'ai croisé un homme avec le même t-shirt que moi, sur lequel on pouvait voir une image de la Corse. Ce qui est génial, au-delà du fait de fabriquer sur cette terre, c'est de passer la Méditerranée et de le faire découvrir au monde. On retrouve de l'huile d'olive en Patagonie, de la charcuterie à Las Vegas, des couteaux au fin fond du Québec…

- Vous tenez un discours passionné, d'où vous vient cet amour de la Corse ?
Déjà, c'est l'amour de ma mère. Elle a été contrainte de quitter la Corse lorsqu'elle était jeune, mais les valeurs de l'île se sont transmises dans mon sang, ma tête, mes veines. Elle avait en elle la peine d'être partie. Alors, la douleur, elle l'a gardée, et l'amour, elle nous l'a offert. De ses mots exceptionnels, et de ses chansons qui la faisaient pleurer, et qui nous enchantaient, en a découlé une mission, celle de prendre le relais. J'aime la Corse parce qu'elle a accueilli ma mère et ses enfants. Nous qui ne sommes pas nés ici.

- Quel héritage corse vous a suivi ?
C'est assez exceptionnel, parce que même si je ne suis pas né ici, j'avais déjà des valeurs corses. Ma mère me parlait de chansons insulaires. Elle savait les rendre belles, dans des chambres de fortunes à Marseille, où j'ai grandi. Elle nous distillait des petites choses sans nous brusquer. Alors, sa Corse à elle est devenue aussi la nôtre, même si nous ne l'avions pas encore connue à cette époque.

- Comment avez-vous découvert l'île de beauté ?
C'est une longue histoire [sourire]… Nous avons longtemps vécu à Marseille. Mais ma mère, ne sachant pas comment dire à mon père qu'elle voulait rentrer au pays, nous a fait déménager 19 fois. L'avantage, c'est que mon père était déménageur… Puis un jour, alors que la tapisserie était à peine posée dans notre énième maison, elle a dit : "Je veux rentrer chez moi." Mon père s'est levé de table, il l'a regardé et il lui a dit : "Mon amour, dans deux semaines, nous rentrerons chez toi." C'est ainsi que nous avons finalement débarqué à Cargese. C'était extraordinaire, ce cri d'amour pour cette île. Je ne pense vraiment pas être là par hasard… J'ai besoin de transmettre.


- Vous parlez de transmission, mais alors, après vos deux premiers volets de "Corse Mezu Mezu", y en a-t-il un troisième en perspective ?
Oui, la Corse débarquera au stade Vélodrome en 2026. Cela fait suite au concert de la Défense Arena de 2023. Il a été un véritable carton pour les artistes insulaires et continentaux qui ont décidé de se tendre la main. Ce succès nous a encouragés. Les artistes présents sur les deux premiers projets de Corsu Mezu Mezu seront accompagnés d'encore plus de monde. La Corse a des mystères exceptionnels, et désire être chantée par des artistes d'ici et d'ailleurs… Tout ce que je peux dire pour l'instant, c'est que les places seront mises en vente dès la semaine prochaine.

- Des projets en solo ?
Oui, nous prévoyons un single prochainement. Il faut dire que ça se passe tellement bien avec le titre "Le chant est libre", que nous allons continuer à faire vivre cet album. Le prochain devrait être "Une autre danse", composé et écrit avec Slimane, qui fait référence à la danse du compagnon d'Agnès Lassalle, professeure d'espagnol tuée à Saint-Jean-de-Luz en 2023.

- Que représente pour vous, le fait de travailler sur des chansons corses, avec des artistes corses ?
Il y a bien un moment où il faut que je le dise… Je suis désintéressé par ce qui pourrait me gratifier. En revanche, je suis profondément intéressé par les artistes insulaires. D'abord, parce que c'est la musique qui m'a bercé, puis parce que je m'aperçois avec le temps que les gens qui la fabriquent ont un talent hors du commun. Je voudrais qu'ils comprennent qu'en exposant leur talent, c'est comme si nous montrions un collier de diamant au monde. Je continuerais à défendre ce que l'on m'a transmis en héritage. Je mettrais en valeur, tant que mes jambes me porteront ce que les artistes insulaires pourront nous proposer.