Michelle Salotti, porte-parole d’U Levante.
« Les Corses ont jusqu’au 3 juillet pour agir. Après, il sera trop tard ! ». Cet appel, lancé, conjointement, samedi à Patrimoniu par U Levante et les mouvements nationalistes, témoigne de l’inquiétude suscitée par la dernière mouture du PADDUC, votée en avril dernier à l’Assemblée de Corse. Ce PADDUC II détricote insidieusement, pour ne pas dire perversement, certains fondamentaux, comme la sanctuarisation des terres agricoles à forte potentialité, arrachés par les Nationalistes en novembre dernier. Pour balayer les critiques, Maria Guidicelli, conseillère exécutive en charge de son élaboration, renvoie à l’enquête publique qui a été ouverte début mai. Le problème est qu’elle ne fait pas recette. A ce jour, seules 124 personnes ont déposé une requête auprès des commissaires enquêteurs ! C’est que le document proposé à l’appréciation des Corses est un pavé énorme et abscons : près de 3000 pages illisibles, incompréhensibles, inabordables… volontairement, affirment ses détracteurs !
Un pavé truffé d’erreurs
Alors, U Levante a réalisé un impressionnant travail de bénédictin pour traquer et lister minutieusement, au fil des pages, les erreurs, les approximations, les contradictions, les anomalies et les incohérences… dont visiblement le texte et la cartographie proposés sont truffés. Considérant que des éléments de ce PADDUC au niveau, notamment, des espaces remarquables et des espaces stratégiques agricoles, comportent des risques majeurs pour la Corse, l’association de défense de l’environnement a décidé de se livrer à un vrai travail de pédagogie en multipliant les rencontres explicatives avec les insulaires aux quatre coins de l’île. La première s’est, donc, tenue, samedi à Patrimoniu, à l’invitation d’Un Soffiu Novu, qui milite pour « un développement économique structuré et maîtrisé, dans le respect des ressources environnementales, foncières et identitaires ». Membre du collectif Loi littoral, l’associu de la Conca d’Oru a notamment pour credo : la défense et la préservation des terres agricoles et des espaces remarquables et la lutte contre la spéculation sur son territoire.
Un nid à contentieux
Pendant près de deux heures, Michelle Salotti, porte-parole d’U Levante décortique, power point à l’appui, les grandes lignes du PADDUC en insistant sur trois points cruciaux : les espaces remarquables (ERC), les espaces stratégiques agricoles et la gestion des zones submersibles. En quelques exemples précis, elle démonte, sans appel, une cartographie imprécise, sans nom, qui oublie 4200 hectares, des parcelles pas reconnaissables, un trait trop épais et trop flou, des taches urbaines mensongères et illégales, des espaces agricoles « mangés » par des superpositions de zonages et par les secteurs d’enjeux régionaux… « Ce texte est trop long, trop compliqué, trop technique. Il devait apporter une clarification pour sécuriser les documents d’urbanisme. Il ne clarifie rien. Au contraire, il apporte encore plus de complexité. C’est un nid à contentieux », résume Michelle Salotti. Elle fustige « la méthode détestable » de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse qui « consiste à changer les éléments au dernier moment », le virage à 180 degrés, et assène : « L’Exécutif nous a bernés ! ».
Un rapport de forces
Au passage, elle tacle, sans les nommer, les Nationalistes qui, après avoir durement bataillé deux jours et une nuit en novembre pour imposer la protection des terres agricoles et des espaces remarquables, ont, néanmoins, en avril, voté, malgré de fortes dissensions internes, cette deuxième mouture par souci de… cohérence et parce qu’ils étaient minoritaires ! « On nous a expliqué qu’il fallait voter parce que le PADDUC reconnaît le peuple corse et la coofficialité de la langue, mais sans terre, il n’y aura pas de peuple corse et pas de coofficialité ! Il ne fallait pas voter ! Si on ne protège pas la terre, on perd tout ! ».
Les élus de Femu a Corsica, qui sont présents, tentent de se justifier et estiment, eux aussi, avoir été trahis par l’Exécutif régional. « Le match n’est pas fini ! Aujourd’hui, dans les termes actuels, il est impossible, pour notre groupe, de voter le PADDUC. Soit un nouveau dialogue s’installe avec l’Exécutif pour revenir aux fondamentaux sur la terre et retrouver un point d’équilibre, soit on ne votera pas ! Le rapport de forces, on peut l’instaurer grâce à vous », assure Agnès Simonpietri, conseillère territoriale.
Aidez-nous !
Un appel que lance, également avec force, Paul-Félix Benedetti, leader d’U Rinnovu : « Les élus nationalistes ont perdu le match ! Il y a une fausse enquête publique. Si vous ne comprenez pas, c’est qu’on l'a fait exprès ! Il faut atteindre 15 000 ou 20 000 contributions. On ne pourra rien faire si la population ne participe pas en masse à l’enquête publique. Si vous ne nous aidez pas, on n’aura pas les moyens de réécrire le PADDUC ! ».
L’assistance est sous le choc. Dans cette région fortement agricole qui n’est pas encore rongée par la spéculation, l’inquiétude est palpable chez tous, des agriculteurs aux habitants, en passant par les élus locaux. Certains sont abasourdis : « On aurait du avoir plus d’explications. Maintenant, que nous avons ouvert les yeux, c’est à nous de réagir », commente le maire de Centuri, David Brugioni. « On est en train avec ce système de PADDUC de générer de la violence. C’est une porte ouverte à tous les appétits ! On prépare des lendemains assez sombres pour notre jeunesse et nos enfants. Si on peut en intervenant sur Internet participer à cette lutte-là, il ne faut pas s’en priver ! On a un devoir de résistance », conclut Yves Leccia, vigneron et conseiller municipal de Poggio d’Oletta.
Les Corses peuvent, donc, déposer leurs observations, via Internet, par courrier ou dans les douze mairies qui assurent des permanences. Les conclusions seront remises pendant l'été. Le vote définitif interviendra à l'automne.
N.M.
Par Internet : https://www.registre-dematerialise.fr/115
Par courrier : au président de la Commission d’enquête Padduc, B.P. 70054 20176 Ajaccio cedex..
Dans les mairies : Ajaccio, Bastia, Calvi, Corte, Sartene, Belgodere, Evisa, Folelli, Ghisonaccia, Levie, Luri, Porto-Vecchio.
Un pavé truffé d’erreurs
Alors, U Levante a réalisé un impressionnant travail de bénédictin pour traquer et lister minutieusement, au fil des pages, les erreurs, les approximations, les contradictions, les anomalies et les incohérences… dont visiblement le texte et la cartographie proposés sont truffés. Considérant que des éléments de ce PADDUC au niveau, notamment, des espaces remarquables et des espaces stratégiques agricoles, comportent des risques majeurs pour la Corse, l’association de défense de l’environnement a décidé de se livrer à un vrai travail de pédagogie en multipliant les rencontres explicatives avec les insulaires aux quatre coins de l’île. La première s’est, donc, tenue, samedi à Patrimoniu, à l’invitation d’Un Soffiu Novu, qui milite pour « un développement économique structuré et maîtrisé, dans le respect des ressources environnementales, foncières et identitaires ». Membre du collectif Loi littoral, l’associu de la Conca d’Oru a notamment pour credo : la défense et la préservation des terres agricoles et des espaces remarquables et la lutte contre la spéculation sur son territoire.
Un nid à contentieux
Pendant près de deux heures, Michelle Salotti, porte-parole d’U Levante décortique, power point à l’appui, les grandes lignes du PADDUC en insistant sur trois points cruciaux : les espaces remarquables (ERC), les espaces stratégiques agricoles et la gestion des zones submersibles. En quelques exemples précis, elle démonte, sans appel, une cartographie imprécise, sans nom, qui oublie 4200 hectares, des parcelles pas reconnaissables, un trait trop épais et trop flou, des taches urbaines mensongères et illégales, des espaces agricoles « mangés » par des superpositions de zonages et par les secteurs d’enjeux régionaux… « Ce texte est trop long, trop compliqué, trop technique. Il devait apporter une clarification pour sécuriser les documents d’urbanisme. Il ne clarifie rien. Au contraire, il apporte encore plus de complexité. C’est un nid à contentieux », résume Michelle Salotti. Elle fustige « la méthode détestable » de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse qui « consiste à changer les éléments au dernier moment », le virage à 180 degrés, et assène : « L’Exécutif nous a bernés ! ».
Un rapport de forces
Au passage, elle tacle, sans les nommer, les Nationalistes qui, après avoir durement bataillé deux jours et une nuit en novembre pour imposer la protection des terres agricoles et des espaces remarquables, ont, néanmoins, en avril, voté, malgré de fortes dissensions internes, cette deuxième mouture par souci de… cohérence et parce qu’ils étaient minoritaires ! « On nous a expliqué qu’il fallait voter parce que le PADDUC reconnaît le peuple corse et la coofficialité de la langue, mais sans terre, il n’y aura pas de peuple corse et pas de coofficialité ! Il ne fallait pas voter ! Si on ne protège pas la terre, on perd tout ! ».
Les élus de Femu a Corsica, qui sont présents, tentent de se justifier et estiment, eux aussi, avoir été trahis par l’Exécutif régional. « Le match n’est pas fini ! Aujourd’hui, dans les termes actuels, il est impossible, pour notre groupe, de voter le PADDUC. Soit un nouveau dialogue s’installe avec l’Exécutif pour revenir aux fondamentaux sur la terre et retrouver un point d’équilibre, soit on ne votera pas ! Le rapport de forces, on peut l’instaurer grâce à vous », assure Agnès Simonpietri, conseillère territoriale.
Aidez-nous !
Un appel que lance, également avec force, Paul-Félix Benedetti, leader d’U Rinnovu : « Les élus nationalistes ont perdu le match ! Il y a une fausse enquête publique. Si vous ne comprenez pas, c’est qu’on l'a fait exprès ! Il faut atteindre 15 000 ou 20 000 contributions. On ne pourra rien faire si la population ne participe pas en masse à l’enquête publique. Si vous ne nous aidez pas, on n’aura pas les moyens de réécrire le PADDUC ! ».
L’assistance est sous le choc. Dans cette région fortement agricole qui n’est pas encore rongée par la spéculation, l’inquiétude est palpable chez tous, des agriculteurs aux habitants, en passant par les élus locaux. Certains sont abasourdis : « On aurait du avoir plus d’explications. Maintenant, que nous avons ouvert les yeux, c’est à nous de réagir », commente le maire de Centuri, David Brugioni. « On est en train avec ce système de PADDUC de générer de la violence. C’est une porte ouverte à tous les appétits ! On prépare des lendemains assez sombres pour notre jeunesse et nos enfants. Si on peut en intervenant sur Internet participer à cette lutte-là, il ne faut pas s’en priver ! On a un devoir de résistance », conclut Yves Leccia, vigneron et conseiller municipal de Poggio d’Oletta.
Les Corses peuvent, donc, déposer leurs observations, via Internet, par courrier ou dans les douze mairies qui assurent des permanences. Les conclusions seront remises pendant l'été. Le vote définitif interviendra à l'automne.
N.M.
Par Internet : https://www.registre-dematerialise.fr/115
Par courrier : au président de la Commission d’enquête Padduc, B.P. 70054 20176 Ajaccio cedex..
Dans les mairies : Ajaccio, Bastia, Calvi, Corte, Sartene, Belgodere, Evisa, Folelli, Ghisonaccia, Levie, Luri, Porto-Vecchio.