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Pierre-François Bascoul : "Il est temps de remettre les Lisulani au cœur des projets de la ville"


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Dimanche 29 Décembre 2024 à 15:54

Élu en 2020 avec Angèle Bastiani sur la liste d’U Core di l’Isula, Pierre-François Bascoul a démissionné en mars 2023 de ses fonctions d'adjoint en charge du sport et de la culture, devenant ainsi un opposant majeur à la majorité actuelle. À l’approche de la dernière année de cette mandature, il revient sur les raisons de son départ, son bilan de la politique menée à Lisula, et ses projets pour l’avenir de la ville.



Pierre-François Bascoul
Pierre-François Bascoul

Pierre-François Bascoul, vous avez démissionné en mars 2023 après trois ans au sein de l'équipe municipale d'U Core di l'Isula. Pourquoi avez-vous pris cette décision ?
Je n’ai aucun regret, ni remords, d’avoir pris cette décision. Mon engagement en politique, comme ma démission, ont été guidés par un seul principe : l’intérêt général de Lisula et de ses habitants. Dès le départ, mon engagement n’a jamais été porté contre une personne, ni pour une autre, mais uniquement pour ma ville. Mais la politique menée par cette majorité ne correspondait pas à mes valeurs, ma morale, ni à l'éthique que je défends. Je ne pouvais pas soutenir une politique qui allait à l'encontre des promesses faites pendant la campagne électorale.

Lors de votre démission, vous avez évoqué des valeurs, une morale et des promesses non tenues. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Je ne me positionne pas comme un juge, mais il est évident que ce qui se décidait à l'époque n’était pas conforme à mes principes. Aujourd’hui, je suis libre de m’opposer à ces choix. Quant aux promesses non tenues, il suffit de regarder le projet de campagne d’U Core di l'Isula ou d'analyser le compte-rendu du conseil municipal du 5 juillet dernier pour se rendre compte des incohérences.

Que voulez-vous dire précisément en évoquant ce conseil municipal ?
Lors de ce conseil, il a été question de l’acquisition d’une parcelle de 1000 m² près du projet Nepita. J’ai soulevé des questions précises à ce sujet, et je peux vous garantir que les réponses étaient floues, voire inquiétantes. Ceux qui ont suivi le conseil municipal en direct ont pu constater le manque de clarté des réponses, ce qui semble plutôt refléter un manque de maîtrise du dossier. De plus, une élue de la majorité a elle aussi remis en question la crédibilité des réponses, sans sembler être rassurée. Curieusement, la vidéo du conseil a disparu des réseaux sociaux, et le compte-rendu officiel ne correspond en rien à la réalité.

Vous évoquez souvent des promesses non tenues. Pouvez-vous nous en donner un exemple ?
Un exemple frappant est celui du terrain mitoyen à l’école primaire. Ce projet a été au cœur de notre campagne en 2020. Nous avions proposé d'y construire des équipements sportifs et scolaires pour redynamiser l’école. Aujourd'hui, ce projet est mis de côté, et la priorité semble donnée à des intérêts privés, comme la volonté d'un promoteur immobilier. L'attitude de la majorité actuelle, notamment de Madame Bastiani, qui préfère faire des photos avec des responsables politiques plutôt que d'agir concrètement pour sauver notre école, en est le triste symbole.

Justement, vous avez été aperçu lors d'un rassemblement de parents d'élèves. Pourquoi y étiez-vous ?
Je n’y étais pas en tant que politique, mais en tant que parent d’élève. L’avenir de nos enfants doit primer, et ce rassemblement est avant tout un appel pour défendre l’intérêt de notre école. Ce projet immobilier représente l'illustration même de l'échec de cette mandature. La gestion de la majorité actuelle sur ce dossier est totalement incohérente. Et je rappelle que lors de la campagne de 2019, nous avions déjà soulevé les problèmes liés à l’absence de PLU et la fermeture des classes. Aujourd'hui, l'école continue de perdre des élèves, et aucune solution n’est proposée.

Parlons justement du PLU. Il était au centre des débats lors de la campagne de 2020. Qu’en est-il aujourd'hui ?
Le PLU était présenté comme la solution à tous les problèmes de la commune, mais quatre ans après, nous n’en voyons toujours aucune trace concrète. Le PADD a bien été voté en 2021, mais il est évident que la majorité n’a pas l’intention de finaliser le PLU. Cela permet de délivrer des permis de construire à tout va, sans contrôle, et sans projet structurant pour la ville. La politique menée est incohérente, et des fonds européens ne sont même pas utilisés à bon escient.

Alors, selon vous, que manque-t-il à Lisula ?
Il manque une vision claire, des projets concrets et un véritable respect des engagements. Le stationnement, le centre technique, les jardins partagés, la cité scolaire, le complexe de spectacles, ou encore l’office du commerce sont autant de dossiers en suspens. Il est incompréhensible que des fonds publics soient gaspillés, comme pour le parking de Caruchettu, qui a coûté 1,35 million d’euros sans même en être propriétaire. Même le projet du parking du Fornole soulève des interrogations, avec des évaluations qui estiment la valeur du terrain bien en dessous du prix proposé par la mairie. L'argent public est dilapidé, et la majorité semble plus préoccupée par des postures que par des actions concrètes pour Lisula.

Après ce bilan, comment voyez-vous l’avenir de Lisula ?
Il est temps de remettre Lisula et ses habitants au cœur des priorités. Je pense qu'il faut rassembler les Lisulani autour d'un projet commun, fondé sur des valeurs démocratiques, pour assurer un véritable développement de la ville, en prenant soin de l'avenir de nos enfants et du respect de nos aînés.

Pour conclure, avez-vous l’intention de vous présenter aux prochaines élections municipales ?

Oui, je travaille activement avec d'autres Lisulani sur un projet réaliste et cohérent pour l’avenir de notre ville. Nous avons la volonté de contribuer positivement à son développement, même si la forme de notre engagement reste encore à définir. Ce qui est certain, c’est que nous souhaitons jouer un rôle important dans les étapes futures de Lisula.