Pierre Ghionga, Conseiller exécutif en charge de la langue et de la culture corses, conseiller général de Corte et président de l’office de l’environnement, lors du débat, dimanche dernier, aux Ghjurnate di Corti.
- Vous participez au débat des Ghjurnate pour la 3ème fois. Qu’est-ce que vous êtes venu dire, cette fois-ci, après les visites ministérielles ?
- Je suis venu dire qu’il y a urgence ! Au mois de novembre, il y aura une réunion du Congrès pour discuter de la réforme institutionnelle nationale avec le regroupement des régions et la suppression des conseils généraux… Il est important que la CTC, grâce au travail de la Commission Chaubon, présente une position spécifique pour la Corse, sous peine d’être englobée dans la réforme nationale qui ne correspond pas du tout à nos besoins.
- Croyez-vous possible que la Corse présente, unie, ou tout au moins avec un large consensus, un projet à cette échéance ?
- Unie ? Je ne sais pas s’il y aura une telle uniformité, mais, au moins, un consensus minimum sur le statut spécifique, c’est-à-dire une collectivité territoriale à statut particulier, des compétences supplémentaires en matière de fiscalité… et, pourquoi pas, même aussi en matière sanitaire ! Cela reste, encore, à discuter. Et, surtout, la collectivité unique !
- Pensez-vous l’obtenir de Paris ?
- Je ne crois pas qu’on nous refuse la collectivité unique. L’inscription de la Corse dans la Constitution ne devrait pas non plus poser problème. Même l’UMP dit y être favorable. Maintenant, il faut savoir ce qu’on y met ! Une inscription, sans rien dedans, n’a aucun intérêt. L’intérêt est d’inscrire la Corse dans la Constitution pour lui donner un vrai statut avec de vraies compétences qui vont au-delà du statut actuel. Ce qui, par contre, ne semble pas être la position de l’UMP. Camille de Rocca Serra a dit, si j’ai bien compris, qu’il était favorable à l’inscription à condition qu’il n’y ait pas ajout de compétences nouvelles. Je ne suis pas du tout sur cette position-là.
- Que pensez-vous de la proposition de la ministre Marylise Lebranchu de créer un établissement public pour la langue corse ?
- Elle a proposé des réponses techniques à un problème éminemment politique. Pour faire passer la pilule du refus absolu, philosophique, religieux… de la coofficialité et calmer le jeu, on essaye de nous donner des mesures technico-financières. On nous propose un établissement public de la langue corse, un peu comme celui existant au Pays Basque. Ce type de structure n’a rien de révolutionnaire. Faire une telle proposition montre à quel point le gouvernement ne connaît pas la situation actuelle des politiques en faveur de la langue corse menées par la CTC !
- Cette structure ne ferait-elle pas doublon avec la direction dédiée à la langue à la CTC et avec le Cunsigliu ?
- Non ! Je suis en train de réfléchir à une évolution juridique de la structure du Cunsigliu di a lingua. Actuellement, nous sommes un peu bloqués parce que nous ne réussissons pas à faire travailler les gens.
- Pourquoi ?
- Le Cunsigliu est un outil de production de mots, de dictionnaires, de toponymie… Il comporte différentes commissions qui font travailler un certain nombre de personnes sur le système du bénévolat. Or, faire monter des gens à Corte, les faire travailler sans les rémunérer est un système qui ne marche pas. Il faut, donc, faire évoluer la structure. Nous y avons travaillé avec un cabinet privé jusqu’à l’annonce de Marylise Lebranchu. Depuis, j’ai demandé à ce cabinet d’étudier de quelle façon on pourrait y inclure l’Etat. Si l’Etat participe à travers un engagement financier, ce serait intéressant de faire un EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale).
- Lors du débat, dimanche dernier, certains élus ont avancé l’idée d’une plateforme de listes progressistes pour le second tour des élections territoriales. Etes-vous de cet avis ?
- J’émets un bémol par rapport à ce qui a été dit. A mon avis, l’élection régionale est une élection de 3ème tour, pas de 2ème tour. Je vois mal une liste pluri-tendances dès le premier tour ou même au second tour. Cela me paraît un peu utopique ! Pendant les deux tours de l’élection, chacun comptera ses forces. On peut, à la rigueur, au second tour, conclure des alliances entre listes d’une même famille. Si plateforme progressiste il y a, elle se fera au troisième tour. On pourra, alors, construire un Exécutif régional correspondant à une plateforme qui contente plusieurs partis politiques.
- Peut-on, selon vous, s’attendre à une prochaine assemblée territoriale moins multi-blocs ?
- Pas vraiment ! Une élection ne peut se faire que par bloc de tendances ! A mon avis, les trois blocs, gauche-droite-nationaliste, resteront. Peut-être même quatre blocs si la rupture entre les Nationalistes se confirment !
- Etes-vous d’accord avec Jean-Martin Mondoloni quand il dit que les camps politiques traditionnels, droite ou gauche, ont vécu ?
- Je ne peux qu’être tout à fait d’accord ! Comme vous le savez, je n’appartiens à aucun parti politique, je ne fonctionne qu’à l’amitié ! Les partis politiques n’existent pas en Corse ! Ils sont même un handicap quand on se présente sous leur label ou sous une étiquette.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Je suis venu dire qu’il y a urgence ! Au mois de novembre, il y aura une réunion du Congrès pour discuter de la réforme institutionnelle nationale avec le regroupement des régions et la suppression des conseils généraux… Il est important que la CTC, grâce au travail de la Commission Chaubon, présente une position spécifique pour la Corse, sous peine d’être englobée dans la réforme nationale qui ne correspond pas du tout à nos besoins.
- Croyez-vous possible que la Corse présente, unie, ou tout au moins avec un large consensus, un projet à cette échéance ?
- Unie ? Je ne sais pas s’il y aura une telle uniformité, mais, au moins, un consensus minimum sur le statut spécifique, c’est-à-dire une collectivité territoriale à statut particulier, des compétences supplémentaires en matière de fiscalité… et, pourquoi pas, même aussi en matière sanitaire ! Cela reste, encore, à discuter. Et, surtout, la collectivité unique !
- Pensez-vous l’obtenir de Paris ?
- Je ne crois pas qu’on nous refuse la collectivité unique. L’inscription de la Corse dans la Constitution ne devrait pas non plus poser problème. Même l’UMP dit y être favorable. Maintenant, il faut savoir ce qu’on y met ! Une inscription, sans rien dedans, n’a aucun intérêt. L’intérêt est d’inscrire la Corse dans la Constitution pour lui donner un vrai statut avec de vraies compétences qui vont au-delà du statut actuel. Ce qui, par contre, ne semble pas être la position de l’UMP. Camille de Rocca Serra a dit, si j’ai bien compris, qu’il était favorable à l’inscription à condition qu’il n’y ait pas ajout de compétences nouvelles. Je ne suis pas du tout sur cette position-là.
- Que pensez-vous de la proposition de la ministre Marylise Lebranchu de créer un établissement public pour la langue corse ?
- Elle a proposé des réponses techniques à un problème éminemment politique. Pour faire passer la pilule du refus absolu, philosophique, religieux… de la coofficialité et calmer le jeu, on essaye de nous donner des mesures technico-financières. On nous propose un établissement public de la langue corse, un peu comme celui existant au Pays Basque. Ce type de structure n’a rien de révolutionnaire. Faire une telle proposition montre à quel point le gouvernement ne connaît pas la situation actuelle des politiques en faveur de la langue corse menées par la CTC !
- Cette structure ne ferait-elle pas doublon avec la direction dédiée à la langue à la CTC et avec le Cunsigliu ?
- Non ! Je suis en train de réfléchir à une évolution juridique de la structure du Cunsigliu di a lingua. Actuellement, nous sommes un peu bloqués parce que nous ne réussissons pas à faire travailler les gens.
- Pourquoi ?
- Le Cunsigliu est un outil de production de mots, de dictionnaires, de toponymie… Il comporte différentes commissions qui font travailler un certain nombre de personnes sur le système du bénévolat. Or, faire monter des gens à Corte, les faire travailler sans les rémunérer est un système qui ne marche pas. Il faut, donc, faire évoluer la structure. Nous y avons travaillé avec un cabinet privé jusqu’à l’annonce de Marylise Lebranchu. Depuis, j’ai demandé à ce cabinet d’étudier de quelle façon on pourrait y inclure l’Etat. Si l’Etat participe à travers un engagement financier, ce serait intéressant de faire un EPCI (Etablissement public de coopération intercommunale).
- Lors du débat, dimanche dernier, certains élus ont avancé l’idée d’une plateforme de listes progressistes pour le second tour des élections territoriales. Etes-vous de cet avis ?
- J’émets un bémol par rapport à ce qui a été dit. A mon avis, l’élection régionale est une élection de 3ème tour, pas de 2ème tour. Je vois mal une liste pluri-tendances dès le premier tour ou même au second tour. Cela me paraît un peu utopique ! Pendant les deux tours de l’élection, chacun comptera ses forces. On peut, à la rigueur, au second tour, conclure des alliances entre listes d’une même famille. Si plateforme progressiste il y a, elle se fera au troisième tour. On pourra, alors, construire un Exécutif régional correspondant à une plateforme qui contente plusieurs partis politiques.
- Peut-on, selon vous, s’attendre à une prochaine assemblée territoriale moins multi-blocs ?
- Pas vraiment ! Une élection ne peut se faire que par bloc de tendances ! A mon avis, les trois blocs, gauche-droite-nationaliste, resteront. Peut-être même quatre blocs si la rupture entre les Nationalistes se confirment !
- Etes-vous d’accord avec Jean-Martin Mondoloni quand il dit que les camps politiques traditionnels, droite ou gauche, ont vécu ?
- Je ne peux qu’être tout à fait d’accord ! Comme vous le savez, je n’appartiens à aucun parti politique, je ne fonctionne qu’à l’amitié ! Les partis politiques n’existent pas en Corse ! Ils sont même un handicap quand on se présente sous leur label ou sous une étiquette.
Propos recueillis par Nicole MARI