Impossible de le louper. En se baladant au cœur de la citadelle cortenaise, impossible de passer à côté du nom d’Henri Matisse placardé sur près de la moitié du mur du musée. « Matisse en Corse », le titre est accrocheur et pour preuve, le musée ne désemplit pas depuis l’ouverture de l’exposition le 24 juillet dernier. Peu importe les protocoles sanitaires et la fraîcheur de la Restonica qui pourrait en détourner plus d’un du centre-ville. Ils sont près de 600 visiteurs par jour, en moyenne, à venir voir les œuvres du maître. « Certains jours on frôle les 1 000 personnes ! » s’enthousiasme-t-on à la caisse. Il faut le reconnaître, la présence d’autant d’œuvres d’Henri Matisse en un même endroit attire et l’exposition, bien ficelée, immerge le visiteur dans le cerveau du peintre pour comprendre son voyage vers le fauvisme, ses couleurs éclatantes et son mépris des codes classiques.
Mais surtout, c’est le choc que l’artiste ressent en découvrant les couleurs corses et l’héritage dans ses travaux futurs qui est partagé avec le visiteur. Plus qu’un choc, on pourrait parler de véritable coup de foudre. Il dira d’ailleurs « je suis dans un pays merveilleux où je vais rester probablement très longtemps (je n’ose pas dire 2 ans). Pays épatant, amandiers en fleurs au milieu d’oliviers argentés et la mer bleue, bleue, si tellement bleue qu’on en mangerait … Et derrière presque toujours de hautes montagnes aux cimes neigeuses ».
Mais surtout, c’est le choc que l’artiste ressent en découvrant les couleurs corses et l’héritage dans ses travaux futurs qui est partagé avec le visiteur. Plus qu’un choc, on pourrait parler de véritable coup de foudre. Il dira d’ailleurs « je suis dans un pays merveilleux où je vais rester probablement très longtemps (je n’ose pas dire 2 ans). Pays épatant, amandiers en fleurs au milieu d’oliviers argentés et la mer bleue, bleue, si tellement bleue qu’on en mangerait … Et derrière presque toujours de hautes montagnes aux cimes neigeuses ».
La Bretagne, entre réalisme et impressionnisme
L’exposition s’ouvre sur un immense portrait photo d’Henri Matisse en noir et blanc qui prend tout un pan de mur. À côté, une frise chronologique détaille les principales étapes de la vie de l’artiste. Une sorte de résumé pour mieux connaître celui dont on va partager les émotions et les réalisations le temps d’une exposition. Puis, toujours dans la même salle coupée en deux, sont exposées les œuvres qu’Henri Matisse a réalisé en Bretagne durant les étés de 1895 à 1897. À l’époque, il est passionné par Chardin et les peintres Hollandais dont il copie les tableaux dans les galeries du Louvre sous l’œil bienveillant de son maître, le peintre Gustave Moreau.
Les premières œuvres sont dominées par les gris et les ocres et l’on ressent bien le sentiment d’écrasement vécu par l’artiste face à la peur que provoque en lui la violence du vent et de la mer bretonne. Avant de passer dans la salle suivante, les œuvres se distinguent par la lumière et le mouvement qui les habitent. L’artiste commence, à la fin de son troisième été breton, à fragmenter les couleurs en petites touches sans dessin ni perspective, à peindre selon ses sensations colorées et à faire vivre la lumière par la couleur tout en donnant la sensation de mouvement.
Les premières œuvres sont dominées par les gris et les ocres et l’on ressent bien le sentiment d’écrasement vécu par l’artiste face à la peur que provoque en lui la violence du vent et de la mer bretonne. Avant de passer dans la salle suivante, les œuvres se distinguent par la lumière et le mouvement qui les habitent. L’artiste commence, à la fin de son troisième été breton, à fragmenter les couleurs en petites touches sans dessin ni perspective, à peindre selon ses sensations colorées et à faire vivre la lumière par la couleur tout en donnant la sensation de mouvement.
Paysage, moulin à vent. Peint en 1896 par Henri Matisse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Voyage temporel dans la Corse du XIXe siècle
Dès l’entrée dans la deuxième salle, la différence est frappante. Ici pas d’œuvres d’Henri Matisse, mais une plongée dans la Corse de 1898 à travers des photos, des cartes postales, des affiches publicitaires vantant la beauté de l’île et des tableaux de l’artiste François Peraldi, placardées sur un mur circulaire recouvert d’un jaune éclatant. Au centre, un grand écran diffuse des vidéos de l’époque et des lectures des premières lettres d’Henri Matisse a ses amis, parlant d’un « pays merveilleux ». Le peintre vient tout juste d’arriver à Ajaccio avec sa femme Amélie pour leurs noces et déjà, il est émerveillé par « la mer bleue, bleue, si tellement bleue qu’on en mangerait … ».
Une révélation artistique, faisant jaillir ses émotions qu’il mettra sur toile pendant ses 6 mois passés en Corse. Période pendant laquelle, il laissera parler son imaginaire pur pour laisser éclater les couleurs insulaires sur plus de 55 œuvres.
Une révélation artistique, faisant jaillir ses émotions qu’il mettra sur toile pendant ses 6 mois passés en Corse. Période pendant laquelle, il laissera parler son imaginaire pur pour laisser éclater les couleurs insulaires sur plus de 55 œuvres.
Matisse peint la Corse et ses émotions
La troisième salle, tout en long, est entièrement consacrée aux œuvres peintes par Henri Matisse en Corse. De petits tableaux qui renversent tous les acquis académiques de cette fin siècle et dans lesquels apparait une lumière jusqu’alors inconnue de l’artiste : l’orange et le bleue. Des paysages, sa chambre à Ajaccio, des scènes de vie quotidiennes … Au centre de la pièce, l’œuvre maîtresse de l’exposition « La mer en Corse, Le Scoud ». Les nuages noient l’espace. Le Scudo, avec sa plage de Marinella au loin, est éclairé par le soleil couchant à l’horizon.
Sur les murs perpendiculaires, les petits tableaux semblent dépeindre la vie de l’époque dans le bassin ajaccien. Baignés dans une lumière éclatante, on ressent toute l’euphorie de l’artiste, presque une renaissance après la grisaille bretonne.
L’artiste s’affranchit des codes et peint tout ce qu’il voit, tout ce qu’il ressent et toujours avec des couleurs éclatantes. Petit à petit, il se libère du réalisme pour une peinture de l’émotion. C’est le début de son voyage vers le fauvisme, dont il est considéré comme l’un des plus importants chefs de file.
Sur les murs perpendiculaires, les petits tableaux semblent dépeindre la vie de l’époque dans le bassin ajaccien. Baignés dans une lumière éclatante, on ressent toute l’euphorie de l’artiste, presque une renaissance après la grisaille bretonne.
L’artiste s’affranchit des codes et peint tout ce qu’il voit, tout ce qu’il ressent et toujours avec des couleurs éclatantes. Petit à petit, il se libère du réalisme pour une peinture de l’émotion. C’est le début de son voyage vers le fauvisme, dont il est considéré comme l’un des plus importants chefs de file.
L’héritage corse et la route vers le Fauvisme
Virage à 180 degrés. Au sens propre comme figuré. Après avoir admiré les œuvres insulaires d’Henri Matisse, le mur s’arrête net et le reste est à découvrir derrière. On entre également dans un voyage vers le fauvisme. Après les natures mortes, plusieurs œuvres de l’artiste dénotent totalement avec celle observées jusqu’alors. Bienvenue à la naissance du fauvisme. Le travail de l’artiste s’affranchit de tous les codes, de tous les accords de couleurs. Sans hiérarchie ni perspective, il sort de l’imitation du ton local pour libérer sa sensibilité et son émotion pour créer « un bloc lumineux ». Une vraie explosion de couleurs, éclatantes, pures et joyeuses.
Pour finir, un film est diffusé sur un grand écran, racontant la vie de l’artiste durant ses quelques mois en Corse, dévoilant ses envies de s’y installer et ses habitudes au grand café Napoléon, toujours présent à Ajaccio.
Pour finir, un film est diffusé sur un grand écran, racontant la vie de l’artiste durant ses quelques mois en Corse, dévoilant ses envies de s’y installer et ses habitudes au grand café Napoléon, toujours présent à Ajaccio.