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Pour faire face à l’épidémie de grippe, l’hôpital d’Ajaccio a créé une unité virale


le Mardi 14 Janvier 2025 à 18:27

Depuis quelques jours, comme partout en France, le nombre de patients admis à l'hôpital de la Miséricorde suite à des atteintes respiratoires liées à l'épidémie de grippe explose. Alors que les 15 places du service pneumologie affichent complet, afin de libérer les lits des services généraux et d'éviter les déprogrammations d'opérations, le centre hospitalier a créé une unité virale temporaire vendredi dernier. Composée de 10 lits, celle-ci affiche déjà complet.



Au quatrième étage de l’hôpital de la Miséricorde, au bout du couloir qui accueillera prochainement l’oncologie, un service temporaire a été installé vendredi dernier pour pouvoir faire face à une épidémie de grippe particulièrement virulente. « Les équipes se sont mobilisées en moins de 24h pour ouvrir une unité virale ex nihilo. Depuis le Covid en 2020, on a acquis une culture de la réactivité face à ce type d’épidémie », explique Jean-Luc Pesce, le directeur du centre hospitalier d’Ajaccio. « Cette unité a été créée pour libérer des lits de services généraux en chirurgie ou en médecine qui étaient occupés par des patients qui avaient la grippe, le Covid ou d’autres virus avec des infections respiratoires », ajoute Julie De Marco, cadre en soins intensifs de cardiologie, qui a été chargée de s’occuper de la création de cette unité virale.
 
C’est la première fois qu’un tel dispositif est mis en place depuis la pandémie de Covid-19 il y a cinq ans. Mais cette option devenait nécessaire pour juguler les tensions qui commençaient à perturber le fonctionnement de l’hôpital, et éviter la déprogrammation d’interventions comme ont dû le faire d’autres établissements. Sur le continent, près de 90 hôpitaux ont en effet déjà dû déclencher le plan blanc. Une solution de dernier recours qui a pour l’instant pu être évitée en Corse. « Dans notre établissement, les chiffres ne sont pas alarmants à ce point, mais la création de l’unité virale est le dernier cran avant la mise en place de mesures plus sévères », glisse le directeur de l’hôpital.
 

Composée de 10 lits, cette unité virale – qui affiche déjà un taux d’occupation de 100%- mobilise au quotidien une infirmière, une aide-soignante et un agent de service hospitalier à temps plein, ainsi que les médecins qui viennent ausculter les malades autour desquels un protocole d’isolement et protection strict a été mis en place. Blouses, gants, masques et surchaussures doivent ainsi être enfilés avant de pénétrer dans les chambres et jetés en sortant afin d’empêcher que les virus continuent leur progression.

" Le pic de l’épidémie est prévu pour le milieu de semaine "

« Les patients qui y sont hospitalisés ont entre 50 et 90 ans et présentent des grippes et des Covid qui sont stables mais qui nécessitent une petite oxygénothérapie », détaille Julie De Marco en soulignant que d’autres personnes, plus lourdement atteintes par ces virus, ont pour leur part été admises en service de pneumologie, où les 15 lits affichent complets. Sans parler des malades qui continuent d’arriver aux urgences chaque jour. « On a des patients qui sont hospitalisés plus longtemps que d’habitude. Et puis on fait face à des symptômes qui sont plus forts comme des fièvres qui durent plus longtemps, des douleurs articulaires, des courbatures et des atteintes respiratoires qui nécessitent une oxygénothérapie chez des personnes qui n’en ont d’habitude pas besoin », constate la jeune femme. 
 
 

« On est clairement dans un pic épidémique. Les données d’activité des urgences ne laissent pas présager une baisse rapide, puisque l’on a de plus en plus de grippes mais aussi quelques Covid. Selon les informations de l’Agence Régionale de Santé, le pic de l’épidémie est prévu pour le milieu de semaine », indique pour sa part Jean-Luc Pesce en convenant que la grippe semble bien plus forte que les années précédentes. La faute, selon lui, à un certain relâchement de la population qui a tendance à délaisser les réflexes acquis pendant la pandémie de Covid. « L’heure est plus que jamais à la vigilance, et nous invitons tout le monde à porter un masque et à remettre en place les gestes barrières de façon très stricte », insiste-t-il en rappelant que la grippe peut-être une maladie dangereuse pour les plus fragiles.