La crèche de Noël, traditionnellement associée à la fête religieuse, est bien plus qu'une simple décoration. Elle représente la naissance de Jésus, mais aussi des valeurs profondes de paix, de partage et d'espérance. À Bastia, l'Assocciu Praticalingua, sous l'impulsion de son directeur Paul Turchi-Duriani, a transformé la réalisation de cette crèche en un projet collectif. Un projet qui va bien au-delà de la simple exposition, en devenant un lieu d'unité où chacun peut s'exprimer librement autour du symbole de la Nativité.
Une crèche collaborative et inclusive
La crèche de Noël est un incontournable des festivités de fin d'année. Sa naissance remonte au XIIIe siècle, lorsque Saint François d'Assise a eu l'idée de théâtraliser la scène de la Nativité pour la rendre plus accessible aux fidèles. Depuis, cette tradition s'est étendue à travers le monde, et chaque année, des milliers de crèches prennent place dans les foyers et lieux publics. À Bastia, Praticalingua perpétue cette tradition de manière originale en proposant à la communauté de participer activement à la construction de la crèche. Des enfants comme des adultes s'attèlent à la tâche, créant ensemble une crèche unique, faite de santons personnalisés, d'animaux en papier rocher et d'objets décoratifs.
Paul Turchi-Duriani, à la tête de l'initiative, précise que l'objectif n'est pas de raviver une quelconque polémique religieuse. « En faisant cette crèche collaborative, il ne s'agit pas pour nous de soulever une énième polémique, nous ne sommes pas dans un souci de confrontation, au contraire. Cela correspond à notre terreau culturel, une notion d'enfance, on a tous le souvenir de la crèche. » Il souligne l'aspect rassembleur du projet, « cette crèche appartient à tous, ce n'est pas du prosélytisme. Des agnostiques et même des musulmans y ont déposé un objet, ils ont trouvé belle la symbolique et ça a fait sens pour eux. »
Une vision partagée de la Nativité
Ce qui distingue la crèche de Praticalingua, c’est sa dimension intergénérationnelle et interreligieuse. La scène de la Nativité, bien que profondément ancrée dans la tradition chrétienne, devient un symbole universel, où chacun apporte son interprétation personnelle. « Tout le monde peut s'exprimer autour d'un symbole, ce n'est pas juste une décoration. Le symbole est transversal, c'est la représentation d'une famille qui attend un heureux événement. » Ainsi, des objets hétéroclites et des personnages inattendus trouvent leur place au cœur du village de Bethléem : un T-rex à la dentition limée, un supporter du Sporting et même une station de ski parmi les santons.
Un espace de paix et de partage
Plus qu'une simple création artisanale, la crèche devient un acte de paix, de partage et d'espérance. Pour Paul, « on tend vers les choses, mais on n'y arrive jamais. Nous ne sommes pas des saints, alors il nous faut trouver des espaces où on est tous d'accord. » À travers ce projet collectif, il espère susciter une réflexion sur la solidarité et l’unité dans un monde souvent divisé. « Dans une crèche, deux niveaux se côtoient, le divin et le terrestre. La théâtralisation de cet événement permet un contact entre l'exotérique et l'ésotérique, et la relation entre le sacré et le profane est très marquée chez nous. »
À Praticalingua, la crèche de Noël incarne ainsi le message de la Nativité : un enfant qui naît, entouré et accompagné par une communauté prête à l’accompagner dans son destin, un symbole fort de l’humanité partagée.