Entre les élections territoriales et les élections présidentielles, la dynamique des votes change totalement en Corse.
Au lendemain du second tour des élections présidentielles de ce dimanche 24 avril 2022 qui a vu Emmanuel Macron être réélu, les nationalistes corses restent vigilants. Ils différaient dans leur approche du scrutin. Les indépendantistes de Corsica Libera et de Core in Fronte avaient appelé au boycott de l’élection. Les autonomistes de Femu a Corsica et du PNC (Partitu di Nazione Corsa) n’ont donné aucune consigne de vote sauf à éviter Marine Le Pen. Mais tous s’accordent sur plusieurs points dans leur bilan.
Premièrement, en Corse, le vote massif en faveur du Rassemblement National est « un vote de colère, de contestation du quinquennat Macron et non un vote d’adhésion ». Cette première place de l’extrême-droite en Corse, avec 58 % des suffrages exprimés, ne serait pas, selon les nationalistes corses, révélatrice du partage des valeurs du Rassemblement National. « Et cela va se mesurer rapidement aux élections législatives de juin », assure Jean-Christophe Angelini. Pour le leader du PNC, le score final est surtout « le résultat d’une frustration, celle de la succession de rendez-vous manqués entre la Corse et l’Etat ».
Premièrement, en Corse, le vote massif en faveur du Rassemblement National est « un vote de colère, de contestation du quinquennat Macron et non un vote d’adhésion ». Cette première place de l’extrême-droite en Corse, avec 58 % des suffrages exprimés, ne serait pas, selon les nationalistes corses, révélatrice du partage des valeurs du Rassemblement National. « Et cela va se mesurer rapidement aux élections législatives de juin », assure Jean-Christophe Angelini. Pour le leader du PNC, le score final est surtout « le résultat d’une frustration, celle de la succession de rendez-vous manqués entre la Corse et l’Etat ».
Le vote nationaliste corse poids plume ou poids lourd de la présidentielle ?
Les appels et contre-appels des nationalistes ont-ils laissé le champ libre au maintien en tête de Marine Le Pen au second tour, là où elle avait cédé sa première place corse à Emmanuel Macron en 2017, acculée par un front républicain et nationaliste ? « Emmanuel Macron porte seul la responsabilité de ce résultat », pour Livia Ceccaldi Volpei, vice-secrétaire nationale de Femu a Corsica.
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Son quinquennat passé serait la seule cause de la montée de l’extrême droite en Corse ? « La baisse de son score de 10 points par rapport à 2017 en atteste, il n’est pas aimé », complète Livia Ceccaldi Volpei. « Il est en chute libre sur l’île et paye son attitude de ces cinq dernières années à l’égard des corses », pour l’indépendantiste de Corsica Libera, Petr’Antò Tomasi.
Lire aussi : Présidentielles en Corse : Le plébiscite de Marine Le Pen, le désaveu cinglant d’Emmanuel Macron
Analyse en partie partagée par Jean-Christophe Angelini, mais pas totalement. « De manière factuelle, à la différence de 2017, il n’y a eu aucun appel des nationalistes à voter pour Emmanuel Macron », lance le maire de Porto-Vecchio sans en tirer de conclusion.
Pour Paul-Félix Benedetti, leader des indépendantistes de Core in Fronte : « le recul d’Emmanuel Macron a été facilité car la sphère autonomiste n'a pas appelé à le voter massivement sinon l’appel aurait été suivi ».
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Son quinquennat passé serait la seule cause de la montée de l’extrême droite en Corse ? « La baisse de son score de 10 points par rapport à 2017 en atteste, il n’est pas aimé », complète Livia Ceccaldi Volpei. « Il est en chute libre sur l’île et paye son attitude de ces cinq dernières années à l’égard des corses », pour l’indépendantiste de Corsica Libera, Petr’Antò Tomasi.
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Pour Paul-Félix Benedetti, leader des indépendantistes de Core in Fronte : « le recul d’Emmanuel Macron a été facilité car la sphère autonomiste n'a pas appelé à le voter massivement sinon l’appel aurait été suivi ».
Ni Macron ni Le Pen à 50 % sur l’île
« Si Jean-Luc Mélenchon avait été au second tour à la place de Marine Le Pen, les Corses auraient peut-être voté en masse pour lui, ou plutôt contre Emmanuel Macron, mais cela appartient à la fiction », interroge Paul-Félix Benedetti. Le taux d’abstention lui est bien réel et, ajouté au score des votes nuls et des votes blancs, l’absence de choix entre l’un et l’autre des candidats et d’intérêt pour l’élection font le jeu des indépendantistes et de leur appel au boycott des urnes.
Lire aussi : François Filoni voit dans le score de Marine Le Pen en Corse « un travail d’enracinement qui porte ses fruits »
Cependant, ce score porte un message clair pour Paul-Félix Benedetti autant que pour Petr’Antò Tomasi : « si on les ajoute on arrive à 50 % des inscrits. Cela montre bien une défiance ». Le professeur de droit public à l’université de Corse pointe également du doigt une des spécificités de la Corse dans cette édition 2022 des présidentielles. « L’importance de l’abstention en Corse [ndlr : 39,14 % en contre 28 % de moyenne nationale] doit être prise en compte par Emmanuel Macron », martèle Petr’Antò Tomasi.
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Des attentes « historiques » mais pas dupes
Le président de la République réélu l’a promis lors de son discours à Paris sur le Champ-de-Mars ce dimanche 24 avril : ce nouveau mandat « ne sera pas dans la continuité de celui qui s’achève ». Les nationalistes corses en prennent note mais ne sont pas dupes. « On s’attend à tout car il a déjà trahi son pacte Girondin de 2017 pour empoigner le sceptre d’un jacobinisme sévère », prévient Paul-Félix Benedetti. L’indépendantiste espère tout de même que « le combat politique » soit soldé au profit d’un processus de dialogue présenté comme « historique » par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin lors de sa venue en Corse en mars 2022, après plusieurs semaines de violences liées à l’assassinat d’Yvan Colonna à la prison d’Arles le 2 mars. L’avenir institutionnel de l’île est en jeu et les nationalistes comptent bien faire en sorte que ce processus de discussions vers l’autonomie ne soit pas qu’une chimère électoraliste agitée à quelques semaines des élections présidentielles par le camp d’Emmanuel Macron.
Pour autant François Martinetti, secrétaire national de Femu a Corsica, l’assure : « nous ne sommes pas naïfs. Nous devrons recréer le rapport de force avec l’Etat et obliger Emmanuel Macron à sortir de l’ambiguïté pour engager réellement ce dialogue historique ». Comme l’ensemble des nationalistes corses, Livia Ceccaldi Volpei attend maintenant « des actes forts et concrets ». À commencer par la réunion entre Gérald Darmanin et les élus corses, reportée à une date encore inconnue en raison du climat de violence qui perdurait sur l’île quelques jours avant l’échéance initialement prévue.
Pour autant François Martinetti, secrétaire national de Femu a Corsica, l’assure : « nous ne sommes pas naïfs. Nous devrons recréer le rapport de force avec l’Etat et obliger Emmanuel Macron à sortir de l’ambiguïté pour engager réellement ce dialogue historique ». Comme l’ensemble des nationalistes corses, Livia Ceccaldi Volpei attend maintenant « des actes forts et concrets ». À commencer par la réunion entre Gérald Darmanin et les élus corses, reportée à une date encore inconnue en raison du climat de violence qui perdurait sur l’île quelques jours avant l’échéance initialement prévue.