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Procès du "Petit Bar" à Marseille : une bande aux profils éclectiques


La rédaction avec AFP le Mardi 25 Février 2025 à 21:59

Un homme d'affaires richissime, un grossiste en textile chinois, un octogénaire ruiné: le tribunal qui juge les opérations présumées de blanchiment de l'équipe criminelle corse du "Petit Bar" a débuté mardi à Marseille l'examen de la personnalité des 24 prévenus.



Décrit par l'accusation comme un pilier de ce clan "exerçant une emprise mafieuse sur la Corse-du-Sud", Pascal Porri, 52 ans, a tenté de justifier son oisiveté professionnelle alors que l'enquête détaille un train de vie dispendieux. "Des petits boulots au noir et ma famille qui m'aide", répond-il à la procureure, qui lui demande de quoi il vit depuis 2015.


Gérant au début des années 2000 du "Petit Bar" d'Ajaccio, qui a donné son nom à la bande à laquelle on prête assassinats, extorsions et trafics de drogue, Pascal Porri se dit "totalement étranger aux faits".
Avec cinq condamnations au casier, il est le seul à comparaître détenu, avec un parcours pénal lié aux affaires imputées au "Petit Bar". Il a notamment été condamné en 2011 à six ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de tuer Alain Orsoni, rival supposé du clan.
"Je ne voulais préparer aucun crime. Monsieur Orsoni, je ne le connais pas", assure au tribunal celui qui est toujours mis en examen dans l'enquête sur la tentative d'assassinat de Guy Orsoni, le fils d'Alain, en septembre 2018.


Jean-Pierre Valentini, 61 ans, invoque lui sa "pudeur" lorsque la présidente lui demande le montant de ses revenus, alors que ses comptes bancaires ont été utilisés dans les circuits internationaux de blanchiment du Petit Bar.
Le second procureur en fait alors part publiquement: un à cinq millions d'euros de revenus annuels provenant de ses placements dans des startups.
Vivant entre la Suisse et Dubaï, Jean-Pierre Valentini, actionnaire et directeur général jusqu'en 2016 de la multinationale Trafigura, a bâti sa fortune dans le négoce des matières premières, charbon, cobalt, lithium, pétrole...
En 2006, ses fonctions l'avaient conduit six mois derrière les barreaux en Côte d'Ivoire, un de ses sous-traitants étant accusé d'avoir déversé 300 tonnes d'eaux de lavage des pétroliers de Trafigura dans les caniveaux d'Abidjan: "Nous avons eu un non-lieu et il a été prouvé qu'il n'y avait pas eu de morts", a-t-il affirmé.


Le tribunal a aussi interrogé sur leur cursus un grossiste en textile chinois et un octogénaire aujourd'hui ruiné, les deux hommes étant soupçonnés d'avoir fait fonctionner le circuit de blanchiment du "Petit Bar" via des sociétés en Chine.
Les débats reprendront jeudi, la journée de mercredi étant systématiquement neutralisée pour les soins de Jacques Santoni, le chef présumé du clan, tétraplégique depuis un accident en 2003.