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Projet d'extraction de nickel dans le Cap Corse : Nazione dénonce une opération "spéculative et prédatrice"


VL le Samedi 11 Janvier 2025 à 19:40

Nazione s’oppose fermement au projet d’extraction de nickel porté par une société canadienne sur les plages de Nonza et d’Albu. Le mouvement indépendantiste a livré ses premières analyses lors d’un rassemblement sur place ce samedi 11 janvier



Crédit photo Nazione
Crédit photo Nazione

Le projet d’exploitation de nickel et de métaux rares envisagé sur les plages de Nonza et d’Albu, porté par une société étrangère, a provoqué une levée de boucliers de la part de Nazione. Ce samedi 11 janvier, le mouvement a pris la parole publiquement pour exprimer ses inquiétudes face à une opération jugée opaque et potentiellement dangereuse pour la région. « Nous entendons livrer dès à présent nos premiers éléments d’analyse sur le projet d’extraction de nickel dans le Cap Corse porté par une société minéraire canadienne », indique le communiqué lu pendant le rassemblement.

Ce projet, porté par la société Aurania immatriculée aux Bermudes, prévoit d’extraire près de 35 000 tonnes de minerai, composées principalement de nickel, de cobalt et de cuivre, avec une présence éventuelle de fragments d’or. Selon Nazione, les travaux devraient s’étendre sur une dizaine d’années au sein du parc marin et entraîneraient « des répercussions négatives certaines sur nos richesses halieutiques, environnementales et sur la réserve naturelle limitrophe ». Le mouvement met en garde contre les impacts potentiels de cette opération, à la fois écologiques, économiques et sociaux. « Il est à noter dans cette phase que les informations ont été cantonnées à un cercle restreint d’acteurs qu’ils soient institutionnels ou privés », ajoute le communiqué. Une opacité que Nazione déplore et contre laquelle le parti entend lutter, en réclamant que « le processus d’analyse, d’évaluation, d’enquête et de contrôle du projet s’effectue dans la plus grande transparence en y associant la population du Cap Corse ».

 


Non au « pacte colonial »
Sur le plan financier, le projet pourrait rapporter plus de 450 millions d’euros, selon Nazione, mais « certainement pas à la Corse », précise le mouvement. Jean-Marie Dominici, maire de Nonza, avait déclaré lors d’une interview accordée à Via Stella le 15 novembre 2024 : « Les royalties, pour le moment, sont pour l’État, puisque c’est le domaine public maritime. » Une situation que le mouvement juge inacceptable, surtout dans un contexte où « la Corse a été ruinée par des décennies de mauvaises orientations et de règlements administratifs et fiscaux français, favorisant les grands groupes et trusts étrangers au détriment d’une économie réelle et locale ».

Dans son texte Nazione rappelle également les conséquences d’une exploitation industrielle non maîtrisée, citant le « désastre industriel, environnemental et sanitaire de l’exploitation de la carrière d’amiante de Canari ». Le mouvement appelle donc à la vigilance et à la mobilisation afin d’empêcher ce qu’il considère comme une nouvelle menace pour l’île. « L’heure est à la vigilance la plus extrême pour que la Corse ne soit pas livrée à la seule logique d’intérêts extérieurs, afin de préserver ceux des générations futures », insiste le parti.

Dans un contexte international tendu autour de l’extraction des ressources naturelles, Nazione établit un parallèle avec la situation en Kanaky, où les populations autochtones ont refusé le « pacte nickel » proposé par l’État français, le qualifiant de « pacte colonial ». Le mouvement conclut en annonçant qu’il s’opposera « avec ses moyens à toute opération spéculative et prédatrice contraire aux intérêts collectifs du peuple corse » et se dit prêt à impulser « si nécessaire la mobilisation la plus large ».