C’est un phénomène tabou et le plus souvent invisible. En France, 6 000 à 10 000 mineurs se livreraient à la prostitution, dont principalement des jeunes femmes de 13 à 16 ans. Une réalité qui n’épargne pas la Corse. Des faits inquiétants qui ont conduit l’Agence Régionale de Santé (ARS) à commander une étude sur la prostitution des mineurs sur l’île auprès de la sociologue Marie Peretti-Ndiaye. Le premier volet de celle-ci – qui sera prochainement disponible sur le site de l’ARS- a été présenté ce vendredi matin au Palais des Congrès d’Ajaccio à l’occasion d’un colloque organisé dans le cadre des Semaines de la Santé sexuelle.
Au bilan, 80 entretiens avec des professionnels du champ associatif, de la santé, de la protection de l’enfance, ou encore des travailleurs sociaux ont été menés par la sociologue afin de déterminer les modalités de repérage et d’accompagnement de la prostitution des mineurs et des jeunes majeurs en Corse. « L’enquête a permis de révéler un déficit en matière d’information, de repérage et d’accompagnement des personnes en situation prostitutionnelle », relève l’ARS. Ce travail de fond a par ailleurs mis en exergue le cas d’au moins 16 cas de prostitution de mineurs en Corse, concernant principalement des personnes en rupture scolaire ou familiale. Les résultats finaux de l’enquête sont attendus pour décembre, avec notamment une cartographie qui devrait permettre de quantifier l’ampleur du phénomène sur l’île.
Mais sans attendre ces derniers, quelques heures après ce colloque, souhaitant se saisir de ce sujet majeur, la Communauté d’Agglomération du Pays ajaccien (CAPA) avaient convié de nombreux acteurs à un séminaire de réflexion dans la salle du conseil municipal, en notant que la prostitution était apparue « de façon non objectivée lors de l’étude diagnostique préalable à la rédaction de la Stratégie territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance du Pays ajaccien menée en 2022 ». « La prostitution des mineurs est un fléau trop grave pour qu’il puisse seulement être évoqué sans en comprendre les racines et identifier les moyens d’action qui permettent d’apporter des solutions », a argué le maire d’Ajaccio et président de la CAPA, Stéphane Sbraggia. « C’est un phénomène très préoccupant qui a plusieurs causes et touche tous les niveaux sociaux », a-t-il ajouté.
Présent à ces débats, le député de la 1re circonscription de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli a pour sa part souligné le rôle de catalyseurs que peuvent jouer les réseaux sociaux dans l’accès à la prostitution. Dans ce droit fil, il a rappelé la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique avec l’objectif de juguler les mésusages de ces outils numériques, qu’il a présentée le 2 mars dernier et qui a été adoptée à la quasi-unanimité par l’Assemblée Nationale. « Le numérique donne un coup d’accélérateur à ce qui existait certes au préalable, mais lui donne une dimension accessible et surtout échappe à toute vigilance. En quelques instants, la décision peut être prise, l’annonce peut être mise en ligne, et en quelques minutes il peut y avoir des réponses de clients », a averti le député.
En outre, il a souligné que sur leurs réseaux sociaux favoris, « les mineurs se font bombarder de messages de la part d’inconnus qui les complimentant sur leur apparence, et qui demandent à mieux les connaître ». « Une fois l’emprise installée, on peut plus facilement solliciter des services sexuels », a-t-il déploré en pointant que 82% des enfants de 10 à 14 ans se rendent régulièrement sur Internet sans leurs parents. Un nombre qui grimpe à 95% pour les 15-17 ans. « Les parents sous-estiment ce qui se passe sur les réseaux sociaux », a-t-il encore exposé.
Alors qu’un rapport du Centre de victimologie pour mineurs de 2022 mettait en exergue que « le nombre de mineurs prostitués aurait augmenté de 68% entre 2016 et 2020 en France », les différents intervenants à ce séminaire ont insisté sur l’urgence à mettre en place des moyens pour freiner cette expansion. De son côté, la CAPA a d’ores et déjà affiché son ambition de se saisir du sujet à travers la Stratégie territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance du Pays ajaccien. « Des groupes de travail en direction des professionnels ont d’ores et déjà été organisés conjointement avec la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité afin d’aborder des situations concrètes, notamment dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance », a dévoilé la collectivité.
Au bilan, 80 entretiens avec des professionnels du champ associatif, de la santé, de la protection de l’enfance, ou encore des travailleurs sociaux ont été menés par la sociologue afin de déterminer les modalités de repérage et d’accompagnement de la prostitution des mineurs et des jeunes majeurs en Corse. « L’enquête a permis de révéler un déficit en matière d’information, de repérage et d’accompagnement des personnes en situation prostitutionnelle », relève l’ARS. Ce travail de fond a par ailleurs mis en exergue le cas d’au moins 16 cas de prostitution de mineurs en Corse, concernant principalement des personnes en rupture scolaire ou familiale. Les résultats finaux de l’enquête sont attendus pour décembre, avec notamment une cartographie qui devrait permettre de quantifier l’ampleur du phénomène sur l’île.
Mais sans attendre ces derniers, quelques heures après ce colloque, souhaitant se saisir de ce sujet majeur, la Communauté d’Agglomération du Pays ajaccien (CAPA) avaient convié de nombreux acteurs à un séminaire de réflexion dans la salle du conseil municipal, en notant que la prostitution était apparue « de façon non objectivée lors de l’étude diagnostique préalable à la rédaction de la Stratégie territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance du Pays ajaccien menée en 2022 ». « La prostitution des mineurs est un fléau trop grave pour qu’il puisse seulement être évoqué sans en comprendre les racines et identifier les moyens d’action qui permettent d’apporter des solutions », a argué le maire d’Ajaccio et président de la CAPA, Stéphane Sbraggia. « C’est un phénomène très préoccupant qui a plusieurs causes et touche tous les niveaux sociaux », a-t-il ajouté.
Présent à ces débats, le député de la 1re circonscription de Corse-du-Sud, Laurent Marcangeli a pour sa part souligné le rôle de catalyseurs que peuvent jouer les réseaux sociaux dans l’accès à la prostitution. Dans ce droit fil, il a rappelé la proposition de loi visant à instaurer une majorité numérique avec l’objectif de juguler les mésusages de ces outils numériques, qu’il a présentée le 2 mars dernier et qui a été adoptée à la quasi-unanimité par l’Assemblée Nationale. « Le numérique donne un coup d’accélérateur à ce qui existait certes au préalable, mais lui donne une dimension accessible et surtout échappe à toute vigilance. En quelques instants, la décision peut être prise, l’annonce peut être mise en ligne, et en quelques minutes il peut y avoir des réponses de clients », a averti le député.
En outre, il a souligné que sur leurs réseaux sociaux favoris, « les mineurs se font bombarder de messages de la part d’inconnus qui les complimentant sur leur apparence, et qui demandent à mieux les connaître ». « Une fois l’emprise installée, on peut plus facilement solliciter des services sexuels », a-t-il déploré en pointant que 82% des enfants de 10 à 14 ans se rendent régulièrement sur Internet sans leurs parents. Un nombre qui grimpe à 95% pour les 15-17 ans. « Les parents sous-estiment ce qui se passe sur les réseaux sociaux », a-t-il encore exposé.
Alors qu’un rapport du Centre de victimologie pour mineurs de 2022 mettait en exergue que « le nombre de mineurs prostitués aurait augmenté de 68% entre 2016 et 2020 en France », les différents intervenants à ce séminaire ont insisté sur l’urgence à mettre en place des moyens pour freiner cette expansion. De son côté, la CAPA a d’ores et déjà affiché son ambition de se saisir du sujet à travers la Stratégie territoriale de Sécurité et de Prévention de la Délinquance du Pays ajaccien. « Des groupes de travail en direction des professionnels ont d’ores et déjà été organisés conjointement avec la Direction régionale aux droits des femmes et à l’égalité afin d’aborder des situations concrètes, notamment dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance », a dévoilé la collectivité.