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Prunelli di Fiumorbu : la persistance des matières fécales dans le fleuve inquiète le maire


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 12 Août 2022 à 09:45

Le maire de Prunelli di Fiumorbu, André Rocchi, tire la sonnette d’alarme. La pollution aux matières fécales du fleuve Fiumorbu revient tous les étés. Il pointe du doigt la station d’épuration située en amont et craint que la situation sanitaire empire.



L'embouchure du fleuve Fiumorbu pourrait être une véritable bombe à retardement sanitaire pour le maire de Prunelli di Fiumorbu. Archives CNI
L'embouchure du fleuve Fiumorbu pourrait être une véritable bombe à retardement sanitaire pour le maire de Prunelli di Fiumorbu. Archives CNI
« Depuis 2019, rien n’a changé. L’eau du fleuve Fiumorbu est toujours noire et il s’en dégage une odeur nauséabonde ». André Rocchi, maire de Prunelli di Fiumorbu lance l’alerte une fois de plus sur la qualité des eaux de la partie basse du fleuve Fiumorbu. Il pointe du doigt l’importante concentration de matières fécales dans le cours d’eau. Concentration déjà relevée en 2019 et qui avait entraîné une interdiction de baignade et de pêche.

À l’époque, les analyses avaient révélé un taux de matières fécales 53 000 fois supérieur au seuil maximum autorisé. « Chaque année nous faisons les relevés et chaque année c’est pareil », peste le maire qui a dû renouveler l’arrêté municipal d’interdiction de baignade et de pêche comme en 2021, « mais de manière définitive ».

La station d’épuration en ligne de mire

En 2019 déjà, le maire pointait du doigt la station d’épuration située en amont, sur la commune de Ghisonaccia, et un potentiel dysfonctionnement. Trois ans après, le problème n’a pas changé, le discours non plus. « Cette station est sous-dimensionnée pour l’usage que nous en faisons. Elle est calibrée pour rejeter les eaux usées et traitées dans un fleuve qui coule. Mais l’été, avec la hausse de la fréquentation humaine et de l’activité de la station, et la baisse du niveau du fleuve liée aux sécheresses à répétition, cela ne convient plus. Et les eaux usées stagnent », indique André Rocchi.

Pour le maire, deux solutions existent : « Remplacer la station ou arrêter de déverser les eaux usées dans le fleuve ». Des solutions qu’il faudrait appliquer, selon lui, à tous les territoires dans la même configuration. Sous peine de se diriger vers des situations sanitaires plus que compliquées.

Une bombe à retardement sanitaire

Si la forte concentration de matières fécales a forcément des conséquences désagréables pour les habitants, elle est surtout à l’origine d’un danger sanitaire. Les matières fécales hébergent l’escherichia coli. Cette bactérie commune se trouve naturellement dans le corps humain. Mais si elles proviennent d’un milieu extérieur, elles peuvent être porteuses de souches différentes, dont certaines sont responsables de gastro-entérites ou de colites hémorragiques.

André Rocchi, également médecin, y voit « une bombe à retardement sanitaire. Il faut absolument diminuer la charge fécale dans les eaux du fleuve ! ». D’autant qu’il tient à alerter sur un autre problème possible, moins probable mais possible. La matière fécale bloquée dans les estuaires pourrait favoriser l’apparition de cas de choléra selon le médecin.

« Le zooplancton présent en mer est porteur d’une bactérie très spéciale : le vibrion cholérique qui est responsable du choléra. Le zooplancton peut se retrouver dans les estuaires et transmettre le vibrion cholérique, qui a un fort indice de dissémination, aux matières fécales. C’est le mélange des deux qui est dangereux. Et plus nous irons vers un réchauffement climatique et des estuaires pollués par des cours d’eau qui coulent moins, plus ce risque sera exponentiel. Pour l’instant il y a des faibles risques mais il faut y penser ! », détaille André Rocchi.

Pour s’approcher du risque zéro, le maire le martèle : « Les stations d’épurations qui rejettent les eaux usées dans les fleuves ne sont plus en adéquation avec leur charge de travail. Il va falloir penser à un nouveau modèle. Nous le disons chaque année mais rien ne bouge ! ».