Le violoncelliste Paul-Antoine de Rocca-Serra, Raoul Locatelli et l'accordéoniste Richard Galliano.
- Après 20 ans de services, vous avez abandonné les Musicales. Pourquoi en reprenez-vous les rênes aujourd’hui ?
- J’avais disparu du paysage des Musicales pendant 5 ans. Après avoir fait les 20 premières éditions, j’avais pensé avoir assez donné, donc j’ai pris le recul nécessaire. Là, j’ai fait une piqure de rappel pour un an et pour donner un coup de pouce aux Musicales. Après un quart de siècle d’existence, il faut aller de l’avant. Cette nouvelle édition marque un tournant. Elle est particulière.
- En quoi ?
- D’abord, elle aurait pu ne pas avoir lieu à cause d’un vieux passif financier à éponger. Ensuite, entre les subventions qui ont diminué, celles qui n’ont pas augmenté et celles qui arrivent en retard et avec un retard de plus en plus important de la part de certains financeurs, nous avons fait la promotion assez tardivement avec l’idée de construire un nouveau projet artistique.
- Lequel ?
- Un projet qui tienne compte de la réalité ! Quand Les Musicales ont débuté, il n’y avait, en Corse, que très peu de choses en matière de concerts. Aujourd’hui, il y a une multitude de festivals d’été qui disposent d’une capacité d’accueil de plusieurs milliers de personnes et peuvent, donc, taper dans des têtes d’affiche de la variété française ou internationale. Et, c’est tant mieux ! Les coûts des artistes se sont envolés : 50 000 €, 100 000 € ou 150 000 €. Imaginez le décalage avec un théâtre où l’on peut espérer attirer 800 personnes et réaliser une recette maximale de 15 000 € !
- Est-ce pour des raisons économiques que le festival a été raccourci à 3 jours ?
- Oui, mais pas seulement. Il est aussi plus court parce que, pour rebondir, nous voulions une édition plus dense, plus concentrée. Néanmoins, les problèmes économiques et le manque de subventions menacent certaines manifestations de disparition. Sans avance de trésorerie, si les subventions n’arrivent pas à temps, que faire ? Surtout avec des spectateurs qui, eux aussi, en cette période de rentrée, ont moins d’argent à dépenser.
- Quel choix avez-vous fait ?
- Il fallait trouver un équilibre entre le nombre de spectateurs qu’on pouvait accueillir au théâtre et les artistes qu’on pouvait recevoir à des tarifs qui sont les nôtres. Nous avons décidé de ne plus faire la course aux vedettes de la variété. D’abord, cela n’a jamais été notre truc ! Nous avons toujours choisi des chanteurs qui avaient des choses à dire et une exigence de qualité dans la chanson, comme Nougaro, Lavilliers, Ferré ou, plus récemment, Souchon et Jonasz. Notre nouveau projet a été d’accueillir un artiste principal à qui nous confions les clés du festival, c’est-à-dire carte blanche pour inviter des artistes à jouer avec lui sur scène.
- Pourquoi l’avoir donnée à Richard Galliano, un accordéoniste de jazz ?
- Certes, tout le monde ne s’intéresse pas au jazz, mais Richard Galliano est un artiste mondialement connu, qui, au travers du jazz, fait rayonner l’accordéon dans le monde entier. Nous lui avons proposé des artistes, il a proposé des programmes, nous avons trouvé un équilibre entre ses positions et les nôtres. Il a, donc, reçu des artistes insulaires dans plusieurs domaines : la polyphonie avec U Fiatu Muntese qui sort un nouvel album « Caminu », les chants traditionnels avec Jacky Micaelli qui chante a capella, la musique classique et le baroque avec le violoncelliste Paul-Antoine de Rocca-Serra. Avec ce dernier, ils ont joué des morceaux de Bach et de Fauré.
- Une autre nouveauté est l’apéro-concert en prime time à 19 heures. Qu’est-ce exactement ?
- La nouveauté, cette année, est de mettre, chaque jour, en avant, un genre musical. Jeudi, c’était donc le jazz. A 19 heures, à la salle Prelà, les musiciens de Richard Galliano ont assuré l’apéro-concert en invitant d’autres musiciens pour un hommage à Django Reinhardt et à Stéphane Grappelli. Vendredi, c’est la soirée classique. A 19 heures, l’apéro-concert présente un quatuor de clarinettes U Libecciu, ce qui est assez original. A 21h15, le plat de résistance est Anne Queffélec, une des 5 pianistes françaises les plus connues dans le monde. Elle est déjà venue aux Musicales. Elle a obtenu un Diapason d’Or pour son dernier album consacré à Eric Satie. Entre les deux concerts, les gens peuvent, tous les soirs, diner sur place.
- Qu’avez-vous prévu pour la soirée de clôture ?
- La dernière soirée, samedi, est consacré à la chanson et aux musiques actuelles. Comme nous sommes des défenseurs de la chanson à texte, nous avions prévu : Bernard Lavilliers ou Juliette qui avaient accepté de venir, l’un ou l’autre, faire leur Carte blanche. Mais, tous deux sortent un album en octobre et, pris par sa promotion, ont du renoncer à venir. Ce n’est que partie remise ! Finalement, nous avons sollicité des artistes dits émergeants. L’apéro-concert commence à 18 heures avec un double plateau. D’abord, 50 minutes avec le Jakez Orkeztra, un groupe purement insulaire et ses chansons rock, certainement le plus corse des groupes de chansons françaises. Ensuite, Nevchehirlian, un chanteur intéressant qui chante du Prévert sur de la musique qu’il a composé lui-même, un univers entre Slam, Rock et chansons.
- Et, pour le plat de résistance ?
- A 21h15, nous proposons, encore, un double plateau. D’abord, Antone et les ogres, un groupe de rock corse qui chante en corse et en anglais. Ensuite, Mesparrow, une jeune femme de Tours qui chante de la pop anglaise en utilisant des sons électroniques. Elle commence à avoir une petite notoriété.
- La journée de samedi est très chargée. Que proposez-vous en plus des 2 rendez-vous habituels ?
- Dès 10 heures, à la salle Prélà, nous organisons une rencontre-débat animée par le RéZo sur le thème « Développer son projet musical ». Elle s’adresse aux professionnels, aux artistes corses et leur explique comment gérer leur carrière, trouver un studio, des partenaires, des musiciens... A 15 heures, nous réitérons le concept de scène ouverte et gratuite, que nous avons lancé l’an dernier, et qui se déroule, à la fois, à l’intérieur, dans le péristyle du théâtre pour les musiques classiques et acoustiques et, à l’extérieur, sous les Arcades, pour la chanson et le rock. C’est un tremplin offert aux jeunes musiciens insulaires. Plusieurs groupes se sont inscrits et vont jouer 10 minutes en alternance.
- Hors les concerts estivaux, les groupes insulaires manquent de scènes pour se produire. Est-ce une manière de leur en offrir une ?
- Tout à fait. C’est exactement le rôle des Musicales depuis 26 ans : demander à des artistes corses, non pas de venir faire le même spectacle que tout le monde a vu pendant l’été, mais de proposer quelque chose d’inédit. C’est le cas, par exemple, pour U Fiatu Muntese ou Jacky Micaelli qui ont rencontré Richard Galliano. L’idée est de leur offrir un plateau qui débouche sur une rencontre. Ensuite, allez savoir ce qui peut se passer ! Peut-être que l’un des deux fera un disque auquel Galliano aura envie de participer. C’est ça l’intérêt !
Propos recueillis par Nicole MARI
Infos pratiques
Tous les concerts, hormis Richard Galliano et Anne Queffélec, sont à 10 €.
Pour ces deux artistes, la place individuelle est à 37 €, pour les groupes à 32 €, pour les jeunes et les chômeurs à 15 €.
L’abonnement pour assister à tous les spectacles : 85 €.
- J’avais disparu du paysage des Musicales pendant 5 ans. Après avoir fait les 20 premières éditions, j’avais pensé avoir assez donné, donc j’ai pris le recul nécessaire. Là, j’ai fait une piqure de rappel pour un an et pour donner un coup de pouce aux Musicales. Après un quart de siècle d’existence, il faut aller de l’avant. Cette nouvelle édition marque un tournant. Elle est particulière.
- En quoi ?
- D’abord, elle aurait pu ne pas avoir lieu à cause d’un vieux passif financier à éponger. Ensuite, entre les subventions qui ont diminué, celles qui n’ont pas augmenté et celles qui arrivent en retard et avec un retard de plus en plus important de la part de certains financeurs, nous avons fait la promotion assez tardivement avec l’idée de construire un nouveau projet artistique.
- Lequel ?
- Un projet qui tienne compte de la réalité ! Quand Les Musicales ont débuté, il n’y avait, en Corse, que très peu de choses en matière de concerts. Aujourd’hui, il y a une multitude de festivals d’été qui disposent d’une capacité d’accueil de plusieurs milliers de personnes et peuvent, donc, taper dans des têtes d’affiche de la variété française ou internationale. Et, c’est tant mieux ! Les coûts des artistes se sont envolés : 50 000 €, 100 000 € ou 150 000 €. Imaginez le décalage avec un théâtre où l’on peut espérer attirer 800 personnes et réaliser une recette maximale de 15 000 € !
- Est-ce pour des raisons économiques que le festival a été raccourci à 3 jours ?
- Oui, mais pas seulement. Il est aussi plus court parce que, pour rebondir, nous voulions une édition plus dense, plus concentrée. Néanmoins, les problèmes économiques et le manque de subventions menacent certaines manifestations de disparition. Sans avance de trésorerie, si les subventions n’arrivent pas à temps, que faire ? Surtout avec des spectateurs qui, eux aussi, en cette période de rentrée, ont moins d’argent à dépenser.
- Quel choix avez-vous fait ?
- Il fallait trouver un équilibre entre le nombre de spectateurs qu’on pouvait accueillir au théâtre et les artistes qu’on pouvait recevoir à des tarifs qui sont les nôtres. Nous avons décidé de ne plus faire la course aux vedettes de la variété. D’abord, cela n’a jamais été notre truc ! Nous avons toujours choisi des chanteurs qui avaient des choses à dire et une exigence de qualité dans la chanson, comme Nougaro, Lavilliers, Ferré ou, plus récemment, Souchon et Jonasz. Notre nouveau projet a été d’accueillir un artiste principal à qui nous confions les clés du festival, c’est-à-dire carte blanche pour inviter des artistes à jouer avec lui sur scène.
- Pourquoi l’avoir donnée à Richard Galliano, un accordéoniste de jazz ?
- Certes, tout le monde ne s’intéresse pas au jazz, mais Richard Galliano est un artiste mondialement connu, qui, au travers du jazz, fait rayonner l’accordéon dans le monde entier. Nous lui avons proposé des artistes, il a proposé des programmes, nous avons trouvé un équilibre entre ses positions et les nôtres. Il a, donc, reçu des artistes insulaires dans plusieurs domaines : la polyphonie avec U Fiatu Muntese qui sort un nouvel album « Caminu », les chants traditionnels avec Jacky Micaelli qui chante a capella, la musique classique et le baroque avec le violoncelliste Paul-Antoine de Rocca-Serra. Avec ce dernier, ils ont joué des morceaux de Bach et de Fauré.
- Une autre nouveauté est l’apéro-concert en prime time à 19 heures. Qu’est-ce exactement ?
- La nouveauté, cette année, est de mettre, chaque jour, en avant, un genre musical. Jeudi, c’était donc le jazz. A 19 heures, à la salle Prelà, les musiciens de Richard Galliano ont assuré l’apéro-concert en invitant d’autres musiciens pour un hommage à Django Reinhardt et à Stéphane Grappelli. Vendredi, c’est la soirée classique. A 19 heures, l’apéro-concert présente un quatuor de clarinettes U Libecciu, ce qui est assez original. A 21h15, le plat de résistance est Anne Queffélec, une des 5 pianistes françaises les plus connues dans le monde. Elle est déjà venue aux Musicales. Elle a obtenu un Diapason d’Or pour son dernier album consacré à Eric Satie. Entre les deux concerts, les gens peuvent, tous les soirs, diner sur place.
- Qu’avez-vous prévu pour la soirée de clôture ?
- La dernière soirée, samedi, est consacré à la chanson et aux musiques actuelles. Comme nous sommes des défenseurs de la chanson à texte, nous avions prévu : Bernard Lavilliers ou Juliette qui avaient accepté de venir, l’un ou l’autre, faire leur Carte blanche. Mais, tous deux sortent un album en octobre et, pris par sa promotion, ont du renoncer à venir. Ce n’est que partie remise ! Finalement, nous avons sollicité des artistes dits émergeants. L’apéro-concert commence à 18 heures avec un double plateau. D’abord, 50 minutes avec le Jakez Orkeztra, un groupe purement insulaire et ses chansons rock, certainement le plus corse des groupes de chansons françaises. Ensuite, Nevchehirlian, un chanteur intéressant qui chante du Prévert sur de la musique qu’il a composé lui-même, un univers entre Slam, Rock et chansons.
- Et, pour le plat de résistance ?
- A 21h15, nous proposons, encore, un double plateau. D’abord, Antone et les ogres, un groupe de rock corse qui chante en corse et en anglais. Ensuite, Mesparrow, une jeune femme de Tours qui chante de la pop anglaise en utilisant des sons électroniques. Elle commence à avoir une petite notoriété.
- La journée de samedi est très chargée. Que proposez-vous en plus des 2 rendez-vous habituels ?
- Dès 10 heures, à la salle Prélà, nous organisons une rencontre-débat animée par le RéZo sur le thème « Développer son projet musical ». Elle s’adresse aux professionnels, aux artistes corses et leur explique comment gérer leur carrière, trouver un studio, des partenaires, des musiciens... A 15 heures, nous réitérons le concept de scène ouverte et gratuite, que nous avons lancé l’an dernier, et qui se déroule, à la fois, à l’intérieur, dans le péristyle du théâtre pour les musiques classiques et acoustiques et, à l’extérieur, sous les Arcades, pour la chanson et le rock. C’est un tremplin offert aux jeunes musiciens insulaires. Plusieurs groupes se sont inscrits et vont jouer 10 minutes en alternance.
- Hors les concerts estivaux, les groupes insulaires manquent de scènes pour se produire. Est-ce une manière de leur en offrir une ?
- Tout à fait. C’est exactement le rôle des Musicales depuis 26 ans : demander à des artistes corses, non pas de venir faire le même spectacle que tout le monde a vu pendant l’été, mais de proposer quelque chose d’inédit. C’est le cas, par exemple, pour U Fiatu Muntese ou Jacky Micaelli qui ont rencontré Richard Galliano. L’idée est de leur offrir un plateau qui débouche sur une rencontre. Ensuite, allez savoir ce qui peut se passer ! Peut-être que l’un des deux fera un disque auquel Galliano aura envie de participer. C’est ça l’intérêt !
Propos recueillis par Nicole MARI
Infos pratiques
Tous les concerts, hormis Richard Galliano et Anne Queffélec, sont à 10 €.
Pour ces deux artistes, la place individuelle est à 37 €, pour les groupes à 32 €, pour les jeunes et les chômeurs à 15 €.
L’abonnement pour assister à tous les spectacles : 85 €.