Le rendez-vous était donné au rond-point d’Aleria, mais c’est à l'entrée du centre de détention de Casabianda que le Collectif L’ora di u ritornu a, symboliquement, décidé de manifester sa colère et son ras-le-bol devant « le silence assourdissant » de l’Etat face aux demandes de rapprochement familial d’Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. Les deux militants nationalistes, qui ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 18 ans, pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en juillet 1998 à Ajaccio, sont incarcérés depuis 17 ans à la centrale de Poissy en région parisienne. Ils demandent, depuis plus de deux ans, comme la loi le permet, leur transfert dans une prison insulaire, Borgo ou Casabianda. En vain ! Le ministère de la justice fait la sourde oreille. « Nous voulons manifester notre souci concernant le transfèrement de Pierre Alessandri et d’Alain Ferrandi, vu qu’à ce jour, nous n’avons reçu aucune réponse, ni des autorités pénitentiaires, ni du ministère de la justice. La première demande de rapprochement remonte à deux ans. La dernière date du début de l’année. Un dossier complémentaire a été transmis à l’administration pénitentiaire dans le courant du mois de mars. Le défenseur des droits a été saisi. Il n’y a absolument aucune nouvelle ! L’Etat est complètement sourd à nos différentes demandes ! », explique Thierry Casanova, président du Collectif.
Des places libres
Un silence intolérable pour le Collectif dont la détermination ne faiblit pas. Après une première mobilisation réussie en décembre dernier à Corte, c’est près de 250 personnes qui, cette fois, sont venues apporter leur soutien. Des proches, des militants, des agriculteurs dont Jean-Dominique Musso, ex-président de la Chambre d’agriculture de Corse du Sud, des syndicalistes avec une forte représentation du STC (Sindicatu di i travagliadori corsi) autour de son secrétaire national, Jean Brignole, et quelques élus : Achille Martinetti, maire de Bocognano, Jean-Marc Rodriguez, maire de Poggio-di-Venaco, Jean-Baptiste Arena, maire-adjoint de Patrimoniu, Séverin Medori, maire de Linguizzetta, ainsi que Paul-Félix Benedetti, leader d’U Rinnovu. Pour mettre l’Etat au pied du mur et faire passer un message clair, les manifestants bloquent l'accès au centre de Casabianda et la RT 10 reliant Bastia à Bonifacio : « D’abord, Pierre et Alain sont d’anciens agriculteurs qui ont travaillé durant de nombreuses années au développement de leurs activités de production agricole. Casabianda est un lieu qui, dans le cadre de leur projet de réinsertion, est tout à fait à la hauteur de leurs attentes puisque Pierre reprendra l’exploitation agricole qu’il a laissée, il y a 18 ans, et Alain créera certainement la sienne. Ensuite, Casabianda dispose d’une trentaine de places disponibles. Malgré tout ce que l’on peut entendre, il n’est pas exclusivement réservé aux délinquants condamnés pour des affaires de mœurs. Symboliquement, c’est, donc, important, pour nous, de mettre l’accent sur ce centre qui peut accueillir Pierre et Alain », précise Thierry Casanova.
Des places libres
Un silence intolérable pour le Collectif dont la détermination ne faiblit pas. Après une première mobilisation réussie en décembre dernier à Corte, c’est près de 250 personnes qui, cette fois, sont venues apporter leur soutien. Des proches, des militants, des agriculteurs dont Jean-Dominique Musso, ex-président de la Chambre d’agriculture de Corse du Sud, des syndicalistes avec une forte représentation du STC (Sindicatu di i travagliadori corsi) autour de son secrétaire national, Jean Brignole, et quelques élus : Achille Martinetti, maire de Bocognano, Jean-Marc Rodriguez, maire de Poggio-di-Venaco, Jean-Baptiste Arena, maire-adjoint de Patrimoniu, Séverin Medori, maire de Linguizzetta, ainsi que Paul-Félix Benedetti, leader d’U Rinnovu. Pour mettre l’Etat au pied du mur et faire passer un message clair, les manifestants bloquent l'accès au centre de Casabianda et la RT 10 reliant Bastia à Bonifacio : « D’abord, Pierre et Alain sont d’anciens agriculteurs qui ont travaillé durant de nombreuses années au développement de leurs activités de production agricole. Casabianda est un lieu qui, dans le cadre de leur projet de réinsertion, est tout à fait à la hauteur de leurs attentes puisque Pierre reprendra l’exploitation agricole qu’il a laissée, il y a 18 ans, et Alain créera certainement la sienne. Ensuite, Casabianda dispose d’une trentaine de places disponibles. Malgré tout ce que l’on peut entendre, il n’est pas exclusivement réservé aux délinquants condamnés pour des affaires de mœurs. Symboliquement, c’est, donc, important, pour nous, de mettre l’accent sur ce centre qui peut accueillir Pierre et Alain », précise Thierry Casanova.
Une règle supérieure
L’inadaptation des centres de détention insulaires à recevoir les détenus du commando Erignac est, pourtant, un des motifs allégués par l’administration pénitentiaire et la Chancellerie pour justifier leur refus de rapprochement. Les deux autres, considérés comme des objections majeures, concernent le statut de DPS (Détenu particulièrement surveillé) et la peine de sûreté fixée à 18 ans. Des raisons totalement irrecevables pour Me Françoise Davideau, l’avocate d'Alain Ferrandi : « Les réponses, que nous avons obtenues, sont fondées sur des éléments inexacts, contraires à la loi ou qui ajoutent à la loi et ne peuvent, en aucun cas, servir de référence. On nous oppose des arguments qui n’en sont pas et pour lesquels la France et d’autres pays européens ont déjà été condamnés. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont absolument transférables ! Ils l’ont toujours été en application du code de procédure pénale qui préconise la préservation des liens familiaux. C’est une règle supérieure à toutes les autres, sur laquelle ni le statut de DPS, ni la notion de peine de sûreté n’ont d’incidence. Ce statut de DPS, qu’on vient nous opposer, n’est, en tout état de cause, pas justifié, nous le contestons. C’est le serpent qui se mord la queue ! On ne demande pas d’accorder une grâce, mais d’appliquer la loi ! Ni plus, ni moins ! Si, aujourd’hui, il y a disfonctionnement, il ne vient pas de nous ! ».
Pas de faveur !
Des raisons également inacceptables pour les familles des détenus à bout de patience, qui refusent de baisser les bras : « Il serait normal que des personnes, qui sont incarcérées depuis 17 ans avec des dossiers exemplaires au niveau de la pénitentiaire, soient rapprochés. Ils sont à un an de la conditionnelle. Ils ont reçu l’aval de la pénitentiaire. Quand on sait qu’à la prison de Borgo, il y a des détenus de droit commun, condamnés à la perpétuité, on voit la différence avec les prisonniers politiques ! Ce n’est pas normal ! », s’indigne Marie Rose Lebaler, sœur d’Alain Ferrandi. Et d’avouer l’épreuve endurée : « Rendez-vous compte, depuis 17 ans, on va et on vient, les voyages sont onéreux. Mes parents, qui étaient âgés, ne pouvaient pas aller souvent voir mon frère. On ne peut pas lui apporter le même soutien que s’il était en Corse… Nous estimons qu’ils ont assez payé le prix. Ils ont, eux aussi, droit à la justice, comme tout le monde. Ils ont le droit d’être rapprochés, chez eux, dans leur pays. Ce n’est pas une faveur ! C’est un droit ! ».
Une décision politique
La colère est tout aussi forte chez Stéphanie, la fille de Pierre Alessandri : « Nous avons fait plus de cinq demandes de rapprochement en alternant des demandes pour Borgo et des demandes pour Casabianda. Elles ont toutes été refusées avec pour principal motif que le profil n’était pas adapté aux centres de détention corses. Or, à Casabianda, il y a plus de cent places libres et des détenus qui sont libérables en 2027, soit de très longues peines. Donc, ils peuvent rentrer ! Ils auraient toute leur place à Casabianda, comme à Borgo. La décision est politique. Elle dépend du bon vouloir du ministère. Le temps commence à être très long. Ça devient très dur à gérer ! Je remercie toutes les personnes qui sont venues. Ça nous touche de voir autant de monde à nos côtés, toutes tendances politiques confondues ». Les familles s’accrochent à l’espoir d’une entrevue avec le préfet de Haute-Corse et d’une audience avec le Garde des Sceaux.
L’inadaptation des centres de détention insulaires à recevoir les détenus du commando Erignac est, pourtant, un des motifs allégués par l’administration pénitentiaire et la Chancellerie pour justifier leur refus de rapprochement. Les deux autres, considérés comme des objections majeures, concernent le statut de DPS (Détenu particulièrement surveillé) et la peine de sûreté fixée à 18 ans. Des raisons totalement irrecevables pour Me Françoise Davideau, l’avocate d'Alain Ferrandi : « Les réponses, que nous avons obtenues, sont fondées sur des éléments inexacts, contraires à la loi ou qui ajoutent à la loi et ne peuvent, en aucun cas, servir de référence. On nous oppose des arguments qui n’en sont pas et pour lesquels la France et d’autres pays européens ont déjà été condamnés. Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont absolument transférables ! Ils l’ont toujours été en application du code de procédure pénale qui préconise la préservation des liens familiaux. C’est une règle supérieure à toutes les autres, sur laquelle ni le statut de DPS, ni la notion de peine de sûreté n’ont d’incidence. Ce statut de DPS, qu’on vient nous opposer, n’est, en tout état de cause, pas justifié, nous le contestons. C’est le serpent qui se mord la queue ! On ne demande pas d’accorder une grâce, mais d’appliquer la loi ! Ni plus, ni moins ! Si, aujourd’hui, il y a disfonctionnement, il ne vient pas de nous ! ».
Pas de faveur !
Des raisons également inacceptables pour les familles des détenus à bout de patience, qui refusent de baisser les bras : « Il serait normal que des personnes, qui sont incarcérées depuis 17 ans avec des dossiers exemplaires au niveau de la pénitentiaire, soient rapprochés. Ils sont à un an de la conditionnelle. Ils ont reçu l’aval de la pénitentiaire. Quand on sait qu’à la prison de Borgo, il y a des détenus de droit commun, condamnés à la perpétuité, on voit la différence avec les prisonniers politiques ! Ce n’est pas normal ! », s’indigne Marie Rose Lebaler, sœur d’Alain Ferrandi. Et d’avouer l’épreuve endurée : « Rendez-vous compte, depuis 17 ans, on va et on vient, les voyages sont onéreux. Mes parents, qui étaient âgés, ne pouvaient pas aller souvent voir mon frère. On ne peut pas lui apporter le même soutien que s’il était en Corse… Nous estimons qu’ils ont assez payé le prix. Ils ont, eux aussi, droit à la justice, comme tout le monde. Ils ont le droit d’être rapprochés, chez eux, dans leur pays. Ce n’est pas une faveur ! C’est un droit ! ».
Une décision politique
La colère est tout aussi forte chez Stéphanie, la fille de Pierre Alessandri : « Nous avons fait plus de cinq demandes de rapprochement en alternant des demandes pour Borgo et des demandes pour Casabianda. Elles ont toutes été refusées avec pour principal motif que le profil n’était pas adapté aux centres de détention corses. Or, à Casabianda, il y a plus de cent places libres et des détenus qui sont libérables en 2027, soit de très longues peines. Donc, ils peuvent rentrer ! Ils auraient toute leur place à Casabianda, comme à Borgo. La décision est politique. Elle dépend du bon vouloir du ministère. Le temps commence à être très long. Ça devient très dur à gérer ! Je remercie toutes les personnes qui sont venues. Ça nous touche de voir autant de monde à nos côtés, toutes tendances politiques confondues ». Les familles s’accrochent à l’espoir d’une entrevue avec le préfet de Haute-Corse et d’une audience avec le Garde des Sceaux.
Le droit au droit
Après plus de trois heures de blocage, une délégation du Collectif est, finalement, reçue par le préfet Thirion qui se montre « très ouvert par rapport à nos demandes » et accepte d’intercéder auprès du ministre. « Il s’est engagé, d’une part, à faire remonter à la Chancellerie nos remarques concernant les motivations qui ont caractérisé le refus de transfert en décembre 2015 et les non-réponses de la Chancellerie et de l’administration pénitentiaire. Il a convenu que ces personnes avaient droit au droit et qu’il était indispensable que l’Etat prenne ses responsabilités et applique la loi. C’est plutôt une bonne réaction. Nous lui avons, ensuite, demandé une entrevue avec le ministre de la justice. Il doit nous donner une réponse vendredi soir. Nous espérons une audience rapidement pour faire valoir nos arguments et discuter des modalités et des délais sur lesquels nous pouvons compter pour que le rapprochement devienne effectif. Nous sommes raisonnablement satisfaits de cette entrevue et nous espérons avoir des raisons objectives de l’être, demain soir », commente Thierry Casanova.
L’espoir de réponses
Une attente et une prudence partagés par Joseph Versini, condamné pour complicité dans l’affaire Erignac et qui a purgé sa peine : « Nous demandons un rendez-vous avec le ministère pour qu’il s’engage sur des délais. Ce gouvernement est particulièrement muet sur tous les sujets qui concernent la Corse. Aujourd’hui, on arrive à un stade où il faudra vraiment qu’il nous donne des réponses. La Corse est entrée dans un climat apaisé, mais s’il continue comme ça, il y a des gens qui ne l’accepteront pas éternellement ! Nous demandons seulement l’application de la loi ! Ça fait 17 ans qu’ils sont là-bas. Aujourd’hui, ils doivent préparer leur sortie. Une libération conditionnelle, ça veut dire une maison et un travail, ça ne peut se faire qu’ici, près de leur famille et de leurs amis. J’espère que l’Etat va, enfin, nous entendre et que c’est le dernier rassemblement que nous aurons à faire ».
Affaire à suivre...
N.M.
Après plus de trois heures de blocage, une délégation du Collectif est, finalement, reçue par le préfet Thirion qui se montre « très ouvert par rapport à nos demandes » et accepte d’intercéder auprès du ministre. « Il s’est engagé, d’une part, à faire remonter à la Chancellerie nos remarques concernant les motivations qui ont caractérisé le refus de transfert en décembre 2015 et les non-réponses de la Chancellerie et de l’administration pénitentiaire. Il a convenu que ces personnes avaient droit au droit et qu’il était indispensable que l’Etat prenne ses responsabilités et applique la loi. C’est plutôt une bonne réaction. Nous lui avons, ensuite, demandé une entrevue avec le ministre de la justice. Il doit nous donner une réponse vendredi soir. Nous espérons une audience rapidement pour faire valoir nos arguments et discuter des modalités et des délais sur lesquels nous pouvons compter pour que le rapprochement devienne effectif. Nous sommes raisonnablement satisfaits de cette entrevue et nous espérons avoir des raisons objectives de l’être, demain soir », commente Thierry Casanova.
L’espoir de réponses
Une attente et une prudence partagés par Joseph Versini, condamné pour complicité dans l’affaire Erignac et qui a purgé sa peine : « Nous demandons un rendez-vous avec le ministère pour qu’il s’engage sur des délais. Ce gouvernement est particulièrement muet sur tous les sujets qui concernent la Corse. Aujourd’hui, on arrive à un stade où il faudra vraiment qu’il nous donne des réponses. La Corse est entrée dans un climat apaisé, mais s’il continue comme ça, il y a des gens qui ne l’accepteront pas éternellement ! Nous demandons seulement l’application de la loi ! Ça fait 17 ans qu’ils sont là-bas. Aujourd’hui, ils doivent préparer leur sortie. Une libération conditionnelle, ça veut dire une maison et un travail, ça ne peut se faire qu’ici, près de leur famille et de leurs amis. J’espère que l’Etat va, enfin, nous entendre et que c’est le dernier rassemblement que nous aurons à faire ».
Affaire à suivre...
N.M.
Premier rassemblement au rond-point à la sortie Sud d'Aleria.