Les élus de Femu a Corsica à Edimbourg.
A Edimbourg, capitale de l’Ecosse, ce jeudi est le jour J, celui d’une possible accession à l’indépendance. Le rêve, tant convoité depuis 60 ans, n’a jamais été aussi proche, à une telle portée de main. La pression dans la rue monte lentement au fil des heures, surtout du côté du YES qui s’affiche partout en bleu et blanc. Les télévisions et les journalistes ont afflué du monde entier. Mais l’essentiel du spectacle est surtout assuré par les représentants et les militants des partis nationalistes européens amis, autonomistes ou indépendantistes, qui ont massivement convergé de toute l’Europe. Parmi eux, les nationalistes modérés de Femu à Corsica ont fait le voyage, emmenés par François Alfonsi, président de l’ALE (Alliance libre européenne) qui regroupe, au sein de l'Union européenne (UE), des partis parfois très puissants, dont le parti écossais, initiateur du référendum. A ses côtés, des conseillers territoriaux, dont les deux leaders de Femu a Corsica : Jean-Christophe Angelini, également président du PNC, et le maire de Bastia, Gilles Simeoni, ainsi que Fabiana Giovannini et Saveriu Luciani, mais aussi Jean-Baptiste Arena, maire-adjoint de Patrimoniu, Roccu Garoby, président de la section jeunes de l’ALE et Marc Simeoni. Sur place, également une délégation de Corsica Libera, composée de Sébastien Quenot et de Jean Mathieu Susini, et d’I Ghjuventu Independentista avec son porte-parole Maxime Poli ainsi que Lionel Dumais-Perini et Christophe Versini, adjoint au maire de Balogna. Tous plongent, avec enthousiasme, dans l’euphorie ambiante.
L’enjeu économique
Comme eux, le monde a les yeux braqués sur l’Ecosse où jusqu’à la clôture du scrutin à 22 heures, rien n’étant joué, les deux camps se livrent une âpre bataille électorale. Pendant longtemps, les sondages donnent le NO en tête à la question : « Voulez-vous que l’Ecosse devienne un pays indépendant ? ». Mais, peu à peu, le YES gagne du terrain et, ce qui était inimaginable, il y a encore quelques mois, devient tangible. Un sondage d’août dernier et un autre à l’ouverture des bureaux de vote, donnent le YES vainqueur à 51% des voix. Un score que certains expliquent par la crise économique et des questions fiscales et sociales. La controffensive des partisans du NO est brutale et immédiate. Déployant, autour d’eux, une lourde artillerie politico-médiatique, ils jouent sur les peurs et convoque les grandes sociétés pétrolières pour expliquer que l’indépendance coûterait à l’Ecosse 30% de ses industries qui partiraient s’installer ailleurs avec usines et emplois ! Le 1er ministre anglais, David Cameron, vient prêter main forte aux Unionistes locaux. Difficile de juger de la réalité de la menace, mais il est certain qu’elle ébranle l’opinion publique. En quelques jours, les sondages basculent, de nouveau, donnant une nette victoire aux Unionistes. Le vieil enjeu politique est court-circuité par les nouveaux enjeux économiques.
Rien n’est joué !
Toute la journée, les deux camps restent plus que jamais sur le pied de guerre pour convaincre les indécis, retourner ou confirmer les derniers pronostics, faire irrémédiablement pencher la balance en leur faveur. Les militants s'activent, traquant les électeurs, faisant du porte à porte. Ils ont, pour la plupart, déjà voté, depuis fin août, par courrier, comme la loi le leur permet, afin de jeter toutes leurs forces et leur énergie dans la dernière ligne droite avant l’arrivée. La coutume britannique permet, à l’inverse des restrictions françaises, de mener campagne jusqu’à la dernière minute. Les 4,3 millions d’Ecossais votent massivement, le taux de participation atteint 85 % des inscrits. Certains bureaux de vote comme celui de Falkirk ferment même à 17 heures, tous les inscrits ayant fini de voter. Le dépouillement prend une partie de la nuit. Toute la soirée, Londres et Paris annoncent le NO vainqueur, tandis que l’Irlande pronostique la victoire du YES. Chez les Nationalistes corses, l’attente est fébrile. Tous espèrent fêter le YES, mais restent lucides. Quelque soit l’issue, ils savent qu’ils vivent un moment historique.
Les victoires du YES
En effet, désormais, rien ne sera plus pareil ! Si les partisans du YES ne gagnent pas ce scrutin, ils remportent, déjà, des batailles décisives. L’organisation d’un tel référendum dans une Europe où la plupart des Etats sont ultra-jacobins est, déjà, en soi, une victoire ! Alors que la plupart des pays s’évertuent à étouffer les revendications nationalistes et identitaires, le Royaume Uni accepte le risque référendaire. Par pragmatisme ! En tablant sur la victoire du NO. En cas contraire, mieux vaut se débarrasser d’un problème plutôt que de le laisser pourrir, estime, avec raison, David Cameron. Victoire aussi parce que, pour reprendre la course en tête, l’Angleterre et ses partisans ont, déjà, du lâcher du lest. Elle a du accorder à l’Ecosse une très large autonomie, la Devomax, la Dévolution maximale, c’est-à-dire une autonomie à la frontière de l’indépendance. Si elle n’accède pas à l’indépendance, l’Ecosse sort, donc, en théorie, des urnes bien moins dépendante du pouvoir londonien.
La montée des séparatismes
Enfin, victoire psychologique : l’idée du droit à l’autodétermination n’est plus jugée ridicule ou scandaleuse, mais fait son chemin dans le rejet grandissant des politiques centrales et inquiète les grandes capitales. Le quotidien américain Washington Post titre sur la montée des séparatismes avec huit points chauds à surveiller, dont la Corse ! En plein scrutin, le président de la France, le 1er ministre espagnol ou le président des Etats-Unis appellent à voter NO dans des déclarations qui sont autant d’aveux de crainte de voir l’incendie écossais se répandre comme une trainée de poudre en Europe. Le 9 décembre, les Catalans s’y essaieront contre l’avis de Madrid. Si le YES l’emporte, la contagion est certaine, pensent, d'une même voix, les deux délégations corses, comme leurs homologues catalans, basques ou gallois. La nuit promet d'être longue dans les pubs bondés d'Edimbourg. Mais, les premières tendances ne sont pas très favorables. Les résultats à 3 heures du matin, sur quatre secteurs, donnent le NO largement en tête avec 51,9% des suffrages exprimés contre 40 % pour le YES. Des chiffres pas encore significatifs. Il faudra, pour cela, attendre les scores dans les grandes villes, Glasgow qui totalise 10 % des électeurs, Edimbourg qui en rassemble 8 % et Aberdeen. A 4 heures, après décompte des votes dans 9 comtés sur 32, le NO tombe à 50,95%, le YES remonte à 49,05%. L'espoir réapparait, fébrile. Il sera de courte durée.
La victoire du NO
Le score final, qui s’annonçait serré, est finalement sans appel au petit matin : le NO l'emporte nettement avec 55,3% des suffrages. Le NO gagne partout, sauf dans quelques grandes villes comme Glasgow ou Dundee, où il était, pourtant, donné favori. Le YES perd à Edimburg où il était, pourtant, à égalité. Dès la publication des résultats, le 1er ministre anglais, David Cameron, annonce, comme il l'avait promis, plus de décentralisation pour l'Ecosse, mais aussi pour le pays de Galles, l'Irlande du Nord et l'Angleterre ! Le Scottish National Party, le parti national écossais, serait invité aux négociations. Même si la délégation corse ne croyait pas réellement à la victoire du YES, la déception est là. Néanmoins, tous les élus et représentants des Nationalistes corses saluent la formidable dynamique démocratique qui y a conduit et les pas en avant accomplis dans la longue marche vers l'autodétermination. Pour eux, le voyage à Edimbourg aura, aussi, été une formidable tribune médiatique. Drapeau corse sur les épaules et le YES affiché sur leurs vestes, ils sont courus, comme les autres délégations, par les télévisions et se prêtent volontiers aux interviews. Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, surtout, focalise l'attention des médias français qui, tous, sans exception, le sollicitent. Mais également, des médias anglais, russes, chinois... Il passera la quasi-totalité de la journée à répondre aux questions des journalistes. Réactions à suivre.
N.M.
L’enjeu économique
Comme eux, le monde a les yeux braqués sur l’Ecosse où jusqu’à la clôture du scrutin à 22 heures, rien n’étant joué, les deux camps se livrent une âpre bataille électorale. Pendant longtemps, les sondages donnent le NO en tête à la question : « Voulez-vous que l’Ecosse devienne un pays indépendant ? ». Mais, peu à peu, le YES gagne du terrain et, ce qui était inimaginable, il y a encore quelques mois, devient tangible. Un sondage d’août dernier et un autre à l’ouverture des bureaux de vote, donnent le YES vainqueur à 51% des voix. Un score que certains expliquent par la crise économique et des questions fiscales et sociales. La controffensive des partisans du NO est brutale et immédiate. Déployant, autour d’eux, une lourde artillerie politico-médiatique, ils jouent sur les peurs et convoque les grandes sociétés pétrolières pour expliquer que l’indépendance coûterait à l’Ecosse 30% de ses industries qui partiraient s’installer ailleurs avec usines et emplois ! Le 1er ministre anglais, David Cameron, vient prêter main forte aux Unionistes locaux. Difficile de juger de la réalité de la menace, mais il est certain qu’elle ébranle l’opinion publique. En quelques jours, les sondages basculent, de nouveau, donnant une nette victoire aux Unionistes. Le vieil enjeu politique est court-circuité par les nouveaux enjeux économiques.
Rien n’est joué !
Toute la journée, les deux camps restent plus que jamais sur le pied de guerre pour convaincre les indécis, retourner ou confirmer les derniers pronostics, faire irrémédiablement pencher la balance en leur faveur. Les militants s'activent, traquant les électeurs, faisant du porte à porte. Ils ont, pour la plupart, déjà voté, depuis fin août, par courrier, comme la loi le leur permet, afin de jeter toutes leurs forces et leur énergie dans la dernière ligne droite avant l’arrivée. La coutume britannique permet, à l’inverse des restrictions françaises, de mener campagne jusqu’à la dernière minute. Les 4,3 millions d’Ecossais votent massivement, le taux de participation atteint 85 % des inscrits. Certains bureaux de vote comme celui de Falkirk ferment même à 17 heures, tous les inscrits ayant fini de voter. Le dépouillement prend une partie de la nuit. Toute la soirée, Londres et Paris annoncent le NO vainqueur, tandis que l’Irlande pronostique la victoire du YES. Chez les Nationalistes corses, l’attente est fébrile. Tous espèrent fêter le YES, mais restent lucides. Quelque soit l’issue, ils savent qu’ils vivent un moment historique.
Les victoires du YES
En effet, désormais, rien ne sera plus pareil ! Si les partisans du YES ne gagnent pas ce scrutin, ils remportent, déjà, des batailles décisives. L’organisation d’un tel référendum dans une Europe où la plupart des Etats sont ultra-jacobins est, déjà, en soi, une victoire ! Alors que la plupart des pays s’évertuent à étouffer les revendications nationalistes et identitaires, le Royaume Uni accepte le risque référendaire. Par pragmatisme ! En tablant sur la victoire du NO. En cas contraire, mieux vaut se débarrasser d’un problème plutôt que de le laisser pourrir, estime, avec raison, David Cameron. Victoire aussi parce que, pour reprendre la course en tête, l’Angleterre et ses partisans ont, déjà, du lâcher du lest. Elle a du accorder à l’Ecosse une très large autonomie, la Devomax, la Dévolution maximale, c’est-à-dire une autonomie à la frontière de l’indépendance. Si elle n’accède pas à l’indépendance, l’Ecosse sort, donc, en théorie, des urnes bien moins dépendante du pouvoir londonien.
La montée des séparatismes
Enfin, victoire psychologique : l’idée du droit à l’autodétermination n’est plus jugée ridicule ou scandaleuse, mais fait son chemin dans le rejet grandissant des politiques centrales et inquiète les grandes capitales. Le quotidien américain Washington Post titre sur la montée des séparatismes avec huit points chauds à surveiller, dont la Corse ! En plein scrutin, le président de la France, le 1er ministre espagnol ou le président des Etats-Unis appellent à voter NO dans des déclarations qui sont autant d’aveux de crainte de voir l’incendie écossais se répandre comme une trainée de poudre en Europe. Le 9 décembre, les Catalans s’y essaieront contre l’avis de Madrid. Si le YES l’emporte, la contagion est certaine, pensent, d'une même voix, les deux délégations corses, comme leurs homologues catalans, basques ou gallois. La nuit promet d'être longue dans les pubs bondés d'Edimbourg. Mais, les premières tendances ne sont pas très favorables. Les résultats à 3 heures du matin, sur quatre secteurs, donnent le NO largement en tête avec 51,9% des suffrages exprimés contre 40 % pour le YES. Des chiffres pas encore significatifs. Il faudra, pour cela, attendre les scores dans les grandes villes, Glasgow qui totalise 10 % des électeurs, Edimbourg qui en rassemble 8 % et Aberdeen. A 4 heures, après décompte des votes dans 9 comtés sur 32, le NO tombe à 50,95%, le YES remonte à 49,05%. L'espoir réapparait, fébrile. Il sera de courte durée.
La victoire du NO
Le score final, qui s’annonçait serré, est finalement sans appel au petit matin : le NO l'emporte nettement avec 55,3% des suffrages. Le NO gagne partout, sauf dans quelques grandes villes comme Glasgow ou Dundee, où il était, pourtant, donné favori. Le YES perd à Edimburg où il était, pourtant, à égalité. Dès la publication des résultats, le 1er ministre anglais, David Cameron, annonce, comme il l'avait promis, plus de décentralisation pour l'Ecosse, mais aussi pour le pays de Galles, l'Irlande du Nord et l'Angleterre ! Le Scottish National Party, le parti national écossais, serait invité aux négociations. Même si la délégation corse ne croyait pas réellement à la victoire du YES, la déception est là. Néanmoins, tous les élus et représentants des Nationalistes corses saluent la formidable dynamique démocratique qui y a conduit et les pas en avant accomplis dans la longue marche vers l'autodétermination. Pour eux, le voyage à Edimbourg aura, aussi, été une formidable tribune médiatique. Drapeau corse sur les épaules et le YES affiché sur leurs vestes, ils sont courus, comme les autres délégations, par les télévisions et se prêtent volontiers aux interviews. Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, surtout, focalise l'attention des médias français qui, tous, sans exception, le sollicitent. Mais également, des médias anglais, russes, chinois... Il passera la quasi-totalité de la journée à répondre aux questions des journalistes. Réactions à suivre.
N.M.