« Basta cusì ! », c’est le cri de colère lancé par Ghjiseppu Turchini, président de l'associu di l'insignanti di lingua è cultura corsa (AILCC), devant le rectorat d’Ajaccio. En cause : un arrêté publié le 25 janvier dernier par le ministère de l’Éducation nationale qui modifie sensiblement les épreuves du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes).
Une inversion des coefficients entre langue corse et français
« Nous assistons à une inversion du système de coefficients entre corse et français » explique l’enseignant. En effet, à partir de 2022, le coefficient affecté à la langue corse passera de 7 à 4, et celui du Français de 4 à 8. « Nous ne pouvons l’accepter » lance Ghjiseppu Turchini. « Le Capes ce n’est pas le strict minimum, le ‘SMIC’ pour enseigner » dénonce Jean-Pierre Luciani du STC éducation.
Une série « d’agressions et de régressions »
Pour le collectif, cette dernière « attaque » s’inscrit dans une série « d’agressions et de régressions » à l'encontre des langues régionales. « Les réformes du collège et du lycée ont déjà porté un coup qui peut être fatal à la langue corse » estime Ghjiseppu Turchini. Des réformes qui tombent mal : « Nous étions en train de recueillir quelques fruits et à avoir des résultats sur le terrain et c’est le moment que le ministère a choisi pour réduire comme peau de chagrin la place du corse » déplore t-il.
Trois heures d’entretien avec la rectrice
Des doléances que le collectif a pu exposer à la rectrice de Corse Julie Benetti. Après trois heures d’entretien, le secrétaire national STC-Éducation reste prudent : « Nous avons demandé à ce que l’ensemble des épreuves du Capes se déroulent en langue corse. Je ne peux pas dire que nous avons été entendus mais la rectrice a promis de faire remonter nos propositions au ministère ».
De son côté, Julie Benetti tient à mettre les points sur les « i ». Pour la rectrice, « les épreuves du Capes de langues vivantes doivent permettre d’apprécier bien sûr les compétences linguistiques des candidats, la maîtrise de leur discipline, mais aussi leur capacité à enseigner : on ne recrute pas seulement des linguistes, on recrute des professeurs dont le jury doit vérifier l’aptitude à concevoir et animer une séquence d’enseignement, à se projeter dans le métier de professeur, à transmettre les valeurs de la République. A aucun moment, la langue corse ne disparaît des épreuves : au contraire elle y figure comme langue lue, écrite et parlée, et plus encore comme langue valorisée dans le parcours du candidat. »
De son côté, Julie Benetti tient à mettre les points sur les « i ». Pour la rectrice, « les épreuves du Capes de langues vivantes doivent permettre d’apprécier bien sûr les compétences linguistiques des candidats, la maîtrise de leur discipline, mais aussi leur capacité à enseigner : on ne recrute pas seulement des linguistes, on recrute des professeurs dont le jury doit vérifier l’aptitude à concevoir et animer une séquence d’enseignement, à se projeter dans le métier de professeur, à transmettre les valeurs de la République. A aucun moment, la langue corse ne disparaît des épreuves : au contraire elle y figure comme langue lue, écrite et parlée, et plus encore comme langue valorisée dans le parcours du candidat. »
Vers une mobilisation dans les prochains jours ?
Mais le collectif entend bien pousser le ministère à revoir sa copie. « Nous exercerons une pression plus forte pour établir un rapport de force. Nous allons demander à la collectivité de Corse de jouer son rôle politique, à l’université aussi ». L’idée d’une mobilisation pourrait-elle faire son chemin ? « Pourquoi pas, nous y sommes favorables si elle est élargie à l’ensemble de la société » conclut Jean-Pierre Luciani.