Joseph Colombani, président de la chambre régionale d’agriculture.
- Quel compte-rendu pouvez-vous faire de cette réunion à Paris ?
- Six sujets ont été abordés, mais l’ambiance n’était pas constructive. Le ministère nous a reçu parce qu’il fallait nous recevoir ! Le compte-rendu est globalement, pour ne pas dire presque complètement, négatif !
- Les jeunes agriculteurs ont-ils obtenu gain de cause ?
- Non ! Le premier sujet concerne, justement, l’équité, la parité entre les jeunes agriculteurs corses et les jeunes agriculteurs français. Aucune réponse n’a été donnée ! Aucune solution apportée ! Sauf de nous dire que l’Etat a la volonté de mettre de l’argent pour rétablir l’équité… Mais, pas de solution concrète ! Si ce n’est de passer par l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse), alors que l’ODARC nous explique, depuis quelques temps, que ce n’est pas possible ! Nous sommes au cœur d’un dialogue de sourds ! Les deux parties se renvoient la balle en accusant l’autre de faire preuve de mauvaise volonté. L’Etat dit qu’il y a une mauvaise volonté de l’ODARC, et l’ODARC dit qu’il y a mauvaise volonté de l’Etat !
- Qu’en pensez-vous ?
- Nous estimons que la responsabilité en incombe à l’Etat ! Concrètement, c’est à lui de mieux travailler son sujet. Si nous étions indépendants, ce serait l’affaire de l’ODARC, mais comme nous ne le sommes pas… ! Or, l’Etat nous rétorque que ce n’est pas un problème politique, pas un problème financier, mais un problème technique ! Ce n’est pas vrai !
- Qu’en est-il du 2ème sujet abordé ?
- Le 2ème point concerne la maitrise des surfaces déclarées et, donc, le respect des engagements de l’Etat pour permettre à la Corse de remonter à 70% de la moyenne nationale. Nous leur avons demandé d’appliquer la loi ! Selon l’article 60 du règlement européen concernant la PAC (Politique agricole commune), cette maîtrise, qui s’appelle la clause de contournement, est une obligation de l’Etat-membre vis-à-vis de l’Union européenne. L’Etat a l’obligation européenne de contrôler les déclarations de surface, notamment celles qui sont opportunistes ! Mais, jusqu’à présent, il s’était bien gardé de clairement nous l’exposer ! C’est bizarre !
- Avez-vous discuté de l’éligibilité des surfaces ?
- Oui ! C’est le 3ème sujet, que nous avons abordé : l’éligibilité des surfaces, notamment en chênaies et en châtaigneraies, concernant l’élevage porcin. L’Etat, là aussi, nous avait fait une promesse : la reconnaissance d’un hectare devait donner un DPB (Droit à paiement de base, qui a remplacé le DPU, Droit à paiement unique). D’un coup, ce n’était plus possible ! Finalement, même en utilisant un autre système, un hectare de ce parcours donnera entre 0,8 et 1 DPB. C’est la seule annonce correcte qui nous a été faite ! Sur ce point, nous pouvons être satisfaits !
- L’êtes-vous sur les trois autres points restants ?
- Non ! Le 4ème point porte sur l’engagement de désendettement de la MSA (Mutualité sociale agricole). Ce désendettement fait suite à un rapport qui met en avant le dysfonctionnement de la MSA, notamment dans ses appels de cotisations, le traitement de ses relances et de ses recouvrements… Pour que cette mesure soit non-reconductible, elle doit, obligatoirement, s’accompagner d’une participation de l’Etat. Or, nous avons appris que, seule, la MSA participe au désendettement. Nous avons, officiellement, demandé une implication directe de l’Etat qui a une responsabilité puisqu’il est l’organisme de tutelle de la MSA.
- Quelle a été la réponse du ministère ?
- « C’est noté ! ». C’est la seule réponse que nous avons obtenue !
- Quelle a été votre 5ème demande ?
- Nous avons demandé à l’Etat de tenir ses promesses concernant le soutien à la Chambre d’agriculture de Corse-du-Sud à travers le fond de péréquation. On nous a répondu que ce soutien n’est pas envisagé à travers le fonds de péréquation, mais à travers un fond ! Cela signifie de grosses inquiétudes pour les employés de la Chambre du Sud !
- Pourquoi ? Ce fonds envisagé est-il, selon vous, trop flou ?
- Tout à fait ! Le fonds de péréquation est un fonds entre toutes les Chambres d’agriculture. Il est sûr. Or, ce nouveau fonds est trop flou, on ne sait même pas quelle sera sa source de financement. Cette annonce ne nous satisfait pas du tout !
- Quel est le dernier point en suspens ?
- Le 6ème point concerne la calamité sécheresse 2014. Notre dossier a été ajourné lors de la dernière commission régionale de calamité et repassera au mois de juin. Nous avons apporté de nouvelles précisions et démontré que cette sécheresse a été très dure à supporter, très pénible et très coûteuse pour les agriculteurs corses, notamment à cause du fourrage et des aliments qu’ils ont du acheter pour compenser les pertes fourragères. Une calamité ne peut être déclenchée que sur un problème climatique. Ce problème climatique, nous l’avons identifié comme étant le manque de pluie à l’automne 2014. Il ne portait que sur 4 des 8 mois de compagne fourragère, ce qui ne permettait pas de déclencher le processus de calamité.
- Qu’avez-vous précisé ?
- Nous avons expliqué qu’il y a eu un autre problème climatique qui n’a pas été pris en compte : ce sont les températures excessives de 2014, notamment les forts écarts de température jour/nuit qui ont eu lieu au printemps et ont entrainé une absence de production fourragère. Le quiproquo est là !
- Une grande partie des pertes n’ont, donc, pas été prises en compte ?
- Tout à fait ! Pourtant, nous avons la preuve de la réalité de ces effets. Nous avons toutes les factures qui prouvent que nous avons une augmentation de 50% d’achats et de consommation de fourrages et d’aliments extérieurs.
- Que vous a-t-on répondu ?
- On nous a répondu : « D’accord ! On verra ! ». L’Etat ne peut pas, il est vrai, s’engager maintenant puisque la commission se tiendra en juin, mais comme il est partie prenante des choses, il a un certain poids. Nous devions, donc, l’informer de cet aspect technique.
- Un autre rendez-vous est-il prévu avec les représentants du ministère ?
- Non ! Ils ont promis de se rapprocher de l’ODARC pour tirer au clair cette faisabilité de mise en parité à travers lui. Je ne sais comment ils vont faire pour convaincre l’ODARC !
- Lundi, les jeunes agriculteurs ont annoncé que, s’ils n’obtenaient pas satisfaction à Paris, le mouvement de protestation reprendrait jeudi. Que comptez-vous faire ?
- On verra ! S’il y avait des raisons pour bouger et agir lundi, elles sont encore plus évidentes aujourd’hui !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Six sujets ont été abordés, mais l’ambiance n’était pas constructive. Le ministère nous a reçu parce qu’il fallait nous recevoir ! Le compte-rendu est globalement, pour ne pas dire presque complètement, négatif !
- Les jeunes agriculteurs ont-ils obtenu gain de cause ?
- Non ! Le premier sujet concerne, justement, l’équité, la parité entre les jeunes agriculteurs corses et les jeunes agriculteurs français. Aucune réponse n’a été donnée ! Aucune solution apportée ! Sauf de nous dire que l’Etat a la volonté de mettre de l’argent pour rétablir l’équité… Mais, pas de solution concrète ! Si ce n’est de passer par l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse), alors que l’ODARC nous explique, depuis quelques temps, que ce n’est pas possible ! Nous sommes au cœur d’un dialogue de sourds ! Les deux parties se renvoient la balle en accusant l’autre de faire preuve de mauvaise volonté. L’Etat dit qu’il y a une mauvaise volonté de l’ODARC, et l’ODARC dit qu’il y a mauvaise volonté de l’Etat !
- Qu’en pensez-vous ?
- Nous estimons que la responsabilité en incombe à l’Etat ! Concrètement, c’est à lui de mieux travailler son sujet. Si nous étions indépendants, ce serait l’affaire de l’ODARC, mais comme nous ne le sommes pas… ! Or, l’Etat nous rétorque que ce n’est pas un problème politique, pas un problème financier, mais un problème technique ! Ce n’est pas vrai !
- Qu’en est-il du 2ème sujet abordé ?
- Le 2ème point concerne la maitrise des surfaces déclarées et, donc, le respect des engagements de l’Etat pour permettre à la Corse de remonter à 70% de la moyenne nationale. Nous leur avons demandé d’appliquer la loi ! Selon l’article 60 du règlement européen concernant la PAC (Politique agricole commune), cette maîtrise, qui s’appelle la clause de contournement, est une obligation de l’Etat-membre vis-à-vis de l’Union européenne. L’Etat a l’obligation européenne de contrôler les déclarations de surface, notamment celles qui sont opportunistes ! Mais, jusqu’à présent, il s’était bien gardé de clairement nous l’exposer ! C’est bizarre !
- Avez-vous discuté de l’éligibilité des surfaces ?
- Oui ! C’est le 3ème sujet, que nous avons abordé : l’éligibilité des surfaces, notamment en chênaies et en châtaigneraies, concernant l’élevage porcin. L’Etat, là aussi, nous avait fait une promesse : la reconnaissance d’un hectare devait donner un DPB (Droit à paiement de base, qui a remplacé le DPU, Droit à paiement unique). D’un coup, ce n’était plus possible ! Finalement, même en utilisant un autre système, un hectare de ce parcours donnera entre 0,8 et 1 DPB. C’est la seule annonce correcte qui nous a été faite ! Sur ce point, nous pouvons être satisfaits !
- L’êtes-vous sur les trois autres points restants ?
- Non ! Le 4ème point porte sur l’engagement de désendettement de la MSA (Mutualité sociale agricole). Ce désendettement fait suite à un rapport qui met en avant le dysfonctionnement de la MSA, notamment dans ses appels de cotisations, le traitement de ses relances et de ses recouvrements… Pour que cette mesure soit non-reconductible, elle doit, obligatoirement, s’accompagner d’une participation de l’Etat. Or, nous avons appris que, seule, la MSA participe au désendettement. Nous avons, officiellement, demandé une implication directe de l’Etat qui a une responsabilité puisqu’il est l’organisme de tutelle de la MSA.
- Quelle a été la réponse du ministère ?
- « C’est noté ! ». C’est la seule réponse que nous avons obtenue !
- Quelle a été votre 5ème demande ?
- Nous avons demandé à l’Etat de tenir ses promesses concernant le soutien à la Chambre d’agriculture de Corse-du-Sud à travers le fond de péréquation. On nous a répondu que ce soutien n’est pas envisagé à travers le fonds de péréquation, mais à travers un fond ! Cela signifie de grosses inquiétudes pour les employés de la Chambre du Sud !
- Pourquoi ? Ce fonds envisagé est-il, selon vous, trop flou ?
- Tout à fait ! Le fonds de péréquation est un fonds entre toutes les Chambres d’agriculture. Il est sûr. Or, ce nouveau fonds est trop flou, on ne sait même pas quelle sera sa source de financement. Cette annonce ne nous satisfait pas du tout !
- Quel est le dernier point en suspens ?
- Le 6ème point concerne la calamité sécheresse 2014. Notre dossier a été ajourné lors de la dernière commission régionale de calamité et repassera au mois de juin. Nous avons apporté de nouvelles précisions et démontré que cette sécheresse a été très dure à supporter, très pénible et très coûteuse pour les agriculteurs corses, notamment à cause du fourrage et des aliments qu’ils ont du acheter pour compenser les pertes fourragères. Une calamité ne peut être déclenchée que sur un problème climatique. Ce problème climatique, nous l’avons identifié comme étant le manque de pluie à l’automne 2014. Il ne portait que sur 4 des 8 mois de compagne fourragère, ce qui ne permettait pas de déclencher le processus de calamité.
- Qu’avez-vous précisé ?
- Nous avons expliqué qu’il y a eu un autre problème climatique qui n’a pas été pris en compte : ce sont les températures excessives de 2014, notamment les forts écarts de température jour/nuit qui ont eu lieu au printemps et ont entrainé une absence de production fourragère. Le quiproquo est là !
- Une grande partie des pertes n’ont, donc, pas été prises en compte ?
- Tout à fait ! Pourtant, nous avons la preuve de la réalité de ces effets. Nous avons toutes les factures qui prouvent que nous avons une augmentation de 50% d’achats et de consommation de fourrages et d’aliments extérieurs.
- Que vous a-t-on répondu ?
- On nous a répondu : « D’accord ! On verra ! ». L’Etat ne peut pas, il est vrai, s’engager maintenant puisque la commission se tiendra en juin, mais comme il est partie prenante des choses, il a un certain poids. Nous devions, donc, l’informer de cet aspect technique.
- Un autre rendez-vous est-il prévu avec les représentants du ministère ?
- Non ! Ils ont promis de se rapprocher de l’ODARC pour tirer au clair cette faisabilité de mise en parité à travers lui. Je ne sais comment ils vont faire pour convaincre l’ODARC !
- Lundi, les jeunes agriculteurs ont annoncé que, s’ils n’obtenaient pas satisfaction à Paris, le mouvement de protestation reprendrait jeudi. Que comptez-vous faire ?
- On verra ! S’il y avait des raisons pour bouger et agir lundi, elles sont encore plus évidentes aujourd’hui !
Propos recueillis par Nicole MARI.