
Une réponse face à l’urgence climatique et aux infrastructures humaines
Particulièrement touché par les inondations, le fleuve du Prunelli, en Corse-du-Sud, a connu des dégâts importants au cours des dernières années. En réponse à ces problèmes, un plan de gestion pluriannuel a été mis en place il y a quatre ans. Parmi les innovations clés de ce projet de restauration : la création de risbermes, des banquettes qui permettent de rétrécir le lit du fleuve sur une hauteur de 50 à 70 centimètres, afin de rétablir un écoulement plus rapide et plus naturel de l’eau, améliorant par la même occasion la qualité de l'eau. « Cette technique a été validée grâce à l'expérience acquise sur le continent, où des retours positifs ont été constatés. L’Agence de l’eau, la Collectivité de Corse ainsi que le groupement d’entreprise DYNAMIQUE-ENVIRONNEMENT et APEX, spécialistes du génie écologique et du terrassement en milieu sensible, ont travaillé ensemble pour adapter cette solution aux besoins spécifiques du Prunelli. » explqiue Pierre Casanova, directeur général adjoint à la Communauté de Communes du Celavu Prunelli.
L’objectif est également de restaurer un environnement perturbé par des modifications humaines, en réintroduisant des éléments naturels. « À cause du barrage construit en amont, le niveau de l’eau varie anormalement, entraînant des problèmes d’érosion et la chute des arbres. La zone était si abîmée qu’on ne trouvait plus de poissons ni de biodiversité. Les variations de débit de l’eau causées par le turbinage rendent le travail sur place difficile, notamment pour garantir que les plantations prennent racine avant l’arrivée de nouvelles crues. L'un des défis majeurs est donc de s'assurer que la végétation implantée puisse se développer suffisamment pour stabiliser la berge avant que de nouvelles inondations ne surviennent.» précise-t-il.
Une solution écologique inédite en Corse
Inédite sur l’île, cette méthode écologique a été retenue en raison des spécificités du secteur du Prunelli, où la ripisylve (bande végétale longeant le cours d’eau) était très vieille et en mauvais état, avec des arbres penchés et un cours d'eau trop large. « Pour restaurer ce milieu, la méthode des risbermes, jamais appliquée en Corse auparavant, a été choisie car elle offre une solution écologique, économique et durable. Cette approche utilise du bois et des filtres en coco, sans impact polluant. La végétation reprendra naturellement au fil des ans.» explique Pierre Casanova.
Les travaux incluent également, dès novembre, la plantation d’espèces locales comme le saule et l’aulne glutineux, particulièrement adaptées aux conditions locales. Ces arbres, dont les racines profondes contribuent à stabiliser les berges, renforceront les structures naturelles et favoriseront la résilience des écosystèmes. En plus des aspects techniques, ce projet comporte une dimension de sécurité pour les riverains. Un système d’alerte spécifique, appelé « vigi-crue », a été mis en place pour anticiper les crues locales. Ce dispositif, qui permet de prévoir les débits de rivière jusqu’à trois jours à l’avance, est particulièrement important dans les zones où les systèmes classiques d’alerte aux inondations ne sont pas disponibles.
Les travaux des caissons, démarrés le 10 septembre 2024, devraient s'achever d’ici vendredi. Prochaine étape : la plantation de saules et d’aulnes, prévues au mois de novembre.
