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Transports maritimes : Corsica Ferries engage sa transition écologique


M.V. le Mercredi 18 Janvier 2023 à 20:56

Depuis le 1er janvier, est entrée en vigueur la loi visant à réduire de 50% en 2050 les émissions de gaz à effet de serre et l'empreinte écologique des navires. Les compagnies maritimes sont obligées de se mettre au vert et d'accélérer la transition environnementale vers des plus navires plus propres. CNI a demandé à Pierre Mattei, PDG de Corsica Ferries, de détailler la politique mise en place par sa compagnie maritime pour un transport plus durable entre la Corse, le continent et l'Italie.



Pierre Mattei, président de Corsica Ferries
Pierre Mattei, président de Corsica Ferries
- La création d'une zone SECA, qui s'étendra sur toute la Méditerranée dès 2025, vous oblige à verdir votre flotte. Comment allez-vous adapter vos bateaux ?
- Tout d'abord, je rappelle que Corsica Ferries a soutenu cette initiative depuis le début. Nous considérons que c'est un bon moyen pour aligner les pratiques de tous les armateurs en Méditerranée et réduire fortement le taux de soufre émis par les navires, en particulier lorsqu'ils sont dans les ports. Le taux de soufre pour les navires à passagers a déjà été divisé par trois depuis 2020,  il sera à nouveau divisé par cinq à compter de la mise en œuvre de cette mesure. Cela n'a pas empêché Corsica Ferries de l'appliquer lors de certaines escales en accord avec les autorités portuaires concernées. Les carburants plus verts seront disponibles à échéance et pourront être utilisés sur l'ensemble de la flotte présente en Méditerranée. Il n'est pas nécessaire d'adapter les navires pour répondre à cette problématique-là. 

- Prévoyez-vous d'électrifier vos bateaux malgré le fait que le branchement électrique des navires à quai ne soit pas à l'ordre du jour en Corse ?
- Absolument ! Corsica Ferries est en train de déployer un plan important d'électrification de sa flotte. Le premier navire devrait être branché d'ici quelques semaines au port de Toulon. Il faut bien comprendre que cette mesure règle la plus grande partie des problèmes de pollution lorsque les navires sont dans les ports. C'est ce qui impacte le plus les riverains, et nous y travaillons depuis longtemps. L'expérience que nous menons avec la région Sud et les autorités de Toulon, mais aussi avec l'ADEME, démontre que c'est possible puisque l'ensemble du port de Toulon sera équipé dès cette année. Cela permettra à la flotte de Corsica Ferries de se brancher et de réduire à zéro les émissions et les bruits pendant les escales longues.
Nous sommes évidemment extrêmement favorables à ce que les ports de Corse fassent de même car c'est une solution standardisée qui permet de régler rapidement cette question de pollution dans les ports avec une technologie qui fonctionne et qui est disponible.

- Filtre à particules, recours à une propulsion au GNL... Les deux compagnies maritimes délégataires de service public (DSP) accélèrent  la transition écologique. Quelles sont vos initiatives pour un transport plus propre ?
- C'est une question extrêmement complexe à laquelle il n'y a pas de réponse unique. Chaque armateur a ses propres contraintes commerciales techniques ou logistiques. Les réponses peuvent être différentes. Il y a la question des nouveaux navires sur lesquels de nouvelles technologies sont possibles. Nous avons annoncé notre participation au projet Neoline. Un navire conçu différemment peut, dans ce cas-là, transporter des marchandises avec un impact environnemental réduit de 80% grâce à l'utilisation combinée de propulsion traditionnelle et vélique. Ceci dit, il y a un peu moins de 50 000 navires marchands dans le monde, la capacité de production de navires neufs ne dépasse pas 1500 par an. Cela implique qu'il faut trouver des solutions pour les navires existants. Nous pensons que de nouveaux carburants sont possibles, ou des modifications de navires qui permettent l'utilisation de nouveaux carburants. C'est la stratégie de Corsica Ferries qui pense principalement à modifier ses navires pour passer à des carburants verts plutôt que de continuer à utiliser des carburants beaucoup plus polluants, qu'il faut dépolluer à bord et qui nécessitent de se débarrasser des déchets.

- Le 1er janvier, est entrée en vigueur la loi visant à réduire de 50% en 2050 les émissions de gaz à effet de serre et l'empreinte écologique des navires. Or, rien n'est préparé pour cela. Qu'a fait votre compagnie pour s'adapter à cette nouvelle réglementation ?
- Il est important que le public comprenne que les mesures de réduction très importante de l'impact environnemental de l'ensemble de la flotte mondiale sont entrées  en vigueur et auront des effets  très rapidement : la zone SECA,  en ce qui concerne le soufre mais surtout le CO2 et les gaz à effet de serre, les nouvelles normes mondiales depuis le 1er janvier de cette année. L'ensemble des navires devra respecter un plan de réduction, évidemment ceux de Corsica Ferries sont concernés. Nous sommes déjà entrés dans une ère où nos consommations et nos émissions de carbone vont réduire de manière très forte. Plusieurs stratégies sont possibles : elles dépendent des navires des ports desservis, des lignes... Ces objectifs seront atteints, même si des investissements considérables et des modifications de durée de traversée seront nécessaires pour cela. La palette des outils pour y arriver est vaste, mais personne n'a de solution qui fonctionne sur tous les types de navires et sur toutes les lignes.

Le Pascal Lota
Le Pascal Lota
- Vous êtes entré dans le capital de la start-up nantaise Neoline qui s'apprête à lancer la construction d'un cargo de 136 m à voile avec le choix d'une énergie 100% propre et gratuite : le vent. Pourquoi avez-vous décidé d'investir dans ce projet ?
- Corsica Ferries est une entreprise responsable qui mène, depuis plusieurs années, un plan de contribution à l'objectif commun de préserver notre environnement. Ce plan passe par plusieurs initiatives - réduction des déchets, optimisation des traversées, protection des cétacés, chasse aux gaspillages, déchets plastiques) -, notamment d'investir dans des navires qui vont révolutionner le type de transport en permettant, dans le cas de Neoline, une réduction de 80% de l'impact environnemental de la tonne transportée. C'est un projet emblématique où nous sommes associés à d'autres partenaires français. Il nous a semblé utile d'aider cette jeune équipe à mener ce projet à bien. D'autres stratégies sont en cours de développement. Elles passent par l'utilisation de carburants différents, qui vont être de plus en plus présents sur le marché, et par la transformation des navires à la fois sur le type de motorisation et sur leur performance environnementale. Le plus souvent, c'est une somme d'actions qui permet d'atteindre l'objectif fixé, jamais une solution unique.

- Quelles sont les actions mises en place à bord de vos navires pour réduire les déchets, le gaspillage alimentaire et favoriser le recyclage  ? 
- Chaque navire a un plan de réduction de ses déchets et d'optimisation de son empreinte environnementale. Le tri est généralisé à bord. Nous avons mis en place une stratégie sans plastique. Cela a commencé à l'époque de l'opération menée conjointement avec Festiventu dont Corsica Ferries était le principal partenaire, nous avons, plus récemment, banni tout type de plastique non recyclable à bord. 

- Concernant les projets de la compagnie, comptez-vous renforcer les liaisons directes entre les iles ou d'autres villes de la Méditerranée comme Barcelone, les Baléares, la Sicile ?
- Nos dernières initiatives dans ce domaine ont eu un succès phénoménal en Corse. Nous n'avons pas pu faire face à toute la demande de ceux qui ont voulu profiter des croisières dans les Cinque Terre à Naples ou des différents réveillons en Toscane ou en Sardaigne. C'est un beau succès où nos équipages ont pu montrer tout leur savoir-faire, leur hospitalité et où nous avons pu faire bénéficier de la qualité de service à bord des navires de Corsica Ferries à de nombreux Corses à des prix très bas. Cela nous incite à continuer et d'autres croisières sont en préparation pour l'avant-saison et pour l'automne 2023. 

- On vous reproche d'avoir des navires vieillissants, certains ont été remplacés. Des nouveautés pour la flotte ? 
- Nous renouvelons la flotte régulièrement;  Pour preuve, les deux dernières acquisitions avec le Mega Regina et le Mega Victoria complètement rénovés pour faire face à cette demande d'amélioration de notre qualité de service 

- Quel impact aura pour votre compagnie la nouvelle DSP qui vient de débuter ? 
- Nous sommes en train de l'analyser.


Propos recueillis par Michela Vanti