(Photo : Archives CNI- Sébastien Giambernardi)
Aujourd’hui essentiel à de nombreux secteurs industriels, le nickel est devenu une ressource hautement stratégique qui attise divers appétits. Si bien que si sa présence dans certaines roches du Cap Corse est connue de longue date, U Levante a dévoilé il y a quelques jours qu’une « société envisage d’enlever puis de traiter les galets, graviers et sable des plages de Nonza et d’Albu afin d’en extraire » ce précieux métal. De quoi susciter une forte inquiétude du côté de l’association. Dans une publication datée du 31 octobre, elle relève que la société « Aurania ressources Ltd » immatriculée aux Bermudes, mais dont le siège social est situé au Canada et qui est représentée par Keith Barron, un ressortissant britannique de 62 ans, a créé deux sociétés jumelles, l’une en Corse, l’autre en Bretagne, toutes deux avec des contours similaires.
En activité depuis le 13 octobre 2023, domiciliée à Biguglia et présidée par ce même Keith Barron, la Société par Actions Simplifiées (SAS) Corsica Ressources déclare ainsi comme activité principale l’« étude géologique, l’exploration de ressources minérales, l’étude et l’exécution de solutions de dépollution, de traitement ». Sur son site Internet, Aurania affirme en outre en effet avoir signé des protocoles d’accord non contraignants avec les communes d’Ogliastru et Nonza par l’intermédiaire de Corsica Ressources « pour l’exploitation de sable et gravier hautement enrichis en nickel » sur les plages des deux communes, où la société a relevé un dosage en nickel de 40,1%. « Ces teneurs sont bien supérieures à celles de tous les gisements de roche dure connus », constate la société en ajoutant : « La direction d’Aurania a rapidement compris l’importance de de cette découverte et a travaillé au cours de l’année dernière avec le direction des ressources minérales du ministère de l’Économie et des finances, la délégation interministérielle pour l’approvisionnement en minéraux critiques et en métaux stratégiques, ainsi qu’avec divers niveaux de gouvernement en Corse ».
L’ombre de l’amiante
Or, U Levante rappelle pour sa part que la côte des deux communes du Cap Corse, initialement rocheuse, s’est modifiée du fait de l’exploitation de l’ancienne mine d’amiante de Canari. Et c’est là que se noue le problème. Dans un rapport de 1968, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) avait déjà mis en évidence la présence d’awarnite, une variété de fer très nickélifère, provenant des déchets de la mine de Canari qui avaient été déversés dans la Méditerranée entre 1948 et 1965. Des stériles qui, emportés par les vagues, ont ensablé les deux plages d’Albu et Nonza. « Pendant des décennies, la mer a roulé, cassé, trié et déposé des matériaux issus des stériles de la mine et qui étaient rejetés en mer », souligne U Levante. Notant de facto que « le projet est intéressant pour Aurania puisque le concassage de la roche d’origine est déjà réalisé », l’association alerte sur le potentiel risque de pollution aux fibres d’amiante dans l’air que celui-ci fait courir. À l’appui, l’association cite le site officiel Info Terre qui indique que « les deux plages ont une susceptibilité forte à très forte de présence d’amiante environnemental » ainsi qu’un rapport du BRGM qui identifie la plage de Nonza comme « constituée essentiellement par des galets de serpentinite à veinules de chrysotile, minéral fibreux de la famille amiante ». « Les différentes étapes d’instruction de ce dossier ne peuvent donc pas occulter ce risque amiante environnemental », martèle U Levante, « Une fois encore, la santé des habitants des villages de cette côte occidentale du Cap Corse est en jeu. Les effets délétères de l’inhalation des fibres d’amiante sur la santé ne sont plus à démontrer ».
« Aucune décision ferme et définitive n’a été prise »
Ce lundi, Aurania a à nouveau attesté de son intérêt pour le projet, en annonçant également que « Jean-Paul Pallier, géologue et vice-président, et Stefan Ansermet, consultant géologique, ont terminé un premier échantillonnage du fond marin au large des plages de Nonza et d’Albu » duquel il ressort que « le potentiel en nickel ne se limite pas aux plages mais s’étend considérablement au large ». « Comme le montrent les photos aériennes historiques, nous pensons que les déchets de la mine de Canari, qui ont rempli le port de Nonza, ont aussi recouvert les fonds marins des plages d’Albu et Nonza », détaille la société.
Afin de clarifier les choses, dans un communiqué du 2 novembre la commune d’Ogliastru pour sa part a confirmé qu’un projet concernant le prélèvement de nickel sur la plage d’Albo lui a bien été présenté, mais que « comme toute décision importante, elle est prise démocratiquement ». « L’étude a été exposée : Tout d'abord au maire, puis au conseil municipal et enfin à la population Ogliastrinca. Pour l’heure, aucune décision ferme et définitive n’a été prise », certifie la mairie en concédant : « Au regard des contraintes liées au parc marin, à la forêt de tamaris, au site classé etc., la commune d'Ogliastru ne fera jamais passer l'intérêt financier avant l'intérêt sanitaire et environnemental tout en comprenant le rôle de lanceur d'alerte de l'association U Levante ».
En activité depuis le 13 octobre 2023, domiciliée à Biguglia et présidée par ce même Keith Barron, la Société par Actions Simplifiées (SAS) Corsica Ressources déclare ainsi comme activité principale l’« étude géologique, l’exploration de ressources minérales, l’étude et l’exécution de solutions de dépollution, de traitement ». Sur son site Internet, Aurania affirme en outre en effet avoir signé des protocoles d’accord non contraignants avec les communes d’Ogliastru et Nonza par l’intermédiaire de Corsica Ressources « pour l’exploitation de sable et gravier hautement enrichis en nickel » sur les plages des deux communes, où la société a relevé un dosage en nickel de 40,1%. « Ces teneurs sont bien supérieures à celles de tous les gisements de roche dure connus », constate la société en ajoutant : « La direction d’Aurania a rapidement compris l’importance de de cette découverte et a travaillé au cours de l’année dernière avec le direction des ressources minérales du ministère de l’Économie et des finances, la délégation interministérielle pour l’approvisionnement en minéraux critiques et en métaux stratégiques, ainsi qu’avec divers niveaux de gouvernement en Corse ».
L’ombre de l’amiante
Or, U Levante rappelle pour sa part que la côte des deux communes du Cap Corse, initialement rocheuse, s’est modifiée du fait de l’exploitation de l’ancienne mine d’amiante de Canari. Et c’est là que se noue le problème. Dans un rapport de 1968, le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) avait déjà mis en évidence la présence d’awarnite, une variété de fer très nickélifère, provenant des déchets de la mine de Canari qui avaient été déversés dans la Méditerranée entre 1948 et 1965. Des stériles qui, emportés par les vagues, ont ensablé les deux plages d’Albu et Nonza. « Pendant des décennies, la mer a roulé, cassé, trié et déposé des matériaux issus des stériles de la mine et qui étaient rejetés en mer », souligne U Levante. Notant de facto que « le projet est intéressant pour Aurania puisque le concassage de la roche d’origine est déjà réalisé », l’association alerte sur le potentiel risque de pollution aux fibres d’amiante dans l’air que celui-ci fait courir. À l’appui, l’association cite le site officiel Info Terre qui indique que « les deux plages ont une susceptibilité forte à très forte de présence d’amiante environnemental » ainsi qu’un rapport du BRGM qui identifie la plage de Nonza comme « constituée essentiellement par des galets de serpentinite à veinules de chrysotile, minéral fibreux de la famille amiante ». « Les différentes étapes d’instruction de ce dossier ne peuvent donc pas occulter ce risque amiante environnemental », martèle U Levante, « Une fois encore, la santé des habitants des villages de cette côte occidentale du Cap Corse est en jeu. Les effets délétères de l’inhalation des fibres d’amiante sur la santé ne sont plus à démontrer ».
« Aucune décision ferme et définitive n’a été prise »
Ce lundi, Aurania a à nouveau attesté de son intérêt pour le projet, en annonçant également que « Jean-Paul Pallier, géologue et vice-président, et Stefan Ansermet, consultant géologique, ont terminé un premier échantillonnage du fond marin au large des plages de Nonza et d’Albu » duquel il ressort que « le potentiel en nickel ne se limite pas aux plages mais s’étend considérablement au large ». « Comme le montrent les photos aériennes historiques, nous pensons que les déchets de la mine de Canari, qui ont rempli le port de Nonza, ont aussi recouvert les fonds marins des plages d’Albu et Nonza », détaille la société.
Afin de clarifier les choses, dans un communiqué du 2 novembre la commune d’Ogliastru pour sa part a confirmé qu’un projet concernant le prélèvement de nickel sur la plage d’Albo lui a bien été présenté, mais que « comme toute décision importante, elle est prise démocratiquement ». « L’étude a été exposée : Tout d'abord au maire, puis au conseil municipal et enfin à la population Ogliastrinca. Pour l’heure, aucune décision ferme et définitive n’a été prise », certifie la mairie en concédant : « Au regard des contraintes liées au parc marin, à la forêt de tamaris, au site classé etc., la commune d'Ogliastru ne fera jamais passer l'intérêt financier avant l'intérêt sanitaire et environnemental tout en comprenant le rôle de lanceur d'alerte de l'association U Levante ».