« L’avenir de la pêche est aujourd’hui en danger en Corse ». Le signal d’alerte posé par Guy Armanet,le président de l’Office de l’Environnement de la Corse (OEC) en ouverture de la session de l’Assemblée de Corse de ce jeudi, implique des mesures fortes pour assurer la pérennité de la filière. Pour le conseil exécutif de Corse, il impose même de faire de la pêche l’une de ses priorités. Dans ce droit fil, le président de l’OEC a présenté un plan de soutien et de développement en faveur de la pêche corse, « fruit d’un travail de co-construction » avec les acteurs de ce secteur.
« La difficulté que nous rencontrons, c’est que les aides qui peuvent arriver de l’Europe ou de l’État ne répondent pas véritablement aux contraintes de la pêche insulaire », a-t-il déploré en poursuivant : « Cette inéquation entre les dispositifs normatifs et financiers nous a amené à essayer de construire quelque chose spécifiquement dédié à la pêche corse ». Une entreprise qui a amené l’OEC à dresser le portrait technique, économique et social de la pêche professionnelle sur l’île. En ressort le constat d’un secteur essentiellement artisanal, avec une saisonnalité qui s’étale sur 8 à 9 mois, d’une flotte vieillissante composée de petits formats et de métiers qui ne font plus rêver. « La flottille insulaire est passée de 800 navires dans les années 1960 à 320 navires au début des 1980. Aujourd’hui on compte entre 153 et 156 licences sur tout le territoire pour un effectif global d’environ 300 emplois directs, représentants 156 patrons et une quarantaine de marins avec une moyenne d’âge relativement élevée qui oscille entre 45 et 50 ans », a indiqué Guy Armanet en relevant par ailleurs que la pêche professionnelle doit dans le même temps « s’adapter à de nombreux défis », comme « l’éco-transition des outils de production et la promotion des produits et des métiers de la pêche ».
« La difficulté que nous rencontrons, c’est que les aides qui peuvent arriver de l’Europe ou de l’État ne répondent pas véritablement aux contraintes de la pêche insulaire », a-t-il déploré en poursuivant : « Cette inéquation entre les dispositifs normatifs et financiers nous a amené à essayer de construire quelque chose spécifiquement dédié à la pêche corse ». Une entreprise qui a amené l’OEC à dresser le portrait technique, économique et social de la pêche professionnelle sur l’île. En ressort le constat d’un secteur essentiellement artisanal, avec une saisonnalité qui s’étale sur 8 à 9 mois, d’une flotte vieillissante composée de petits formats et de métiers qui ne font plus rêver. « La flottille insulaire est passée de 800 navires dans les années 1960 à 320 navires au début des 1980. Aujourd’hui on compte entre 153 et 156 licences sur tout le territoire pour un effectif global d’environ 300 emplois directs, représentants 156 patrons et une quarantaine de marins avec une moyenne d’âge relativement élevée qui oscille entre 45 et 50 ans », a indiqué Guy Armanet en relevant par ailleurs que la pêche professionnelle doit dans le même temps « s’adapter à de nombreux défis », comme « l’éco-transition des outils de production et la promotion des produits et des métiers de la pêche ».
Pour Paul-Félix Benedetti, le président de Core in Fronte, « la première tâche à faire si l’on veut restructurer la pêche est de demander une revalorisation FEAMPA » (Photo : Paule Santoni)
Cinq axes pour répondre aux besoins des pêcheurs insulaires
« La CdC investit beaucoup dans des éléments essentiels qui contribuent à une meilleure structuration de la pêche », a-t-il pointé en parallèle en rappelant que l’institution s’est engagée à soutenir la modernisation et la mise en conformité des ports de pêche de Haute-Corse, dont elle est propriétaire, avec des travaux entamés depuis fin 2023, mais aussi à renforcer les outils stratégiques dans le domaine de la formation et de l’apprentissage, avec notamment la réalisation de travaux importants au sein du lycée maritime et aquacole de Bastia. Insuffisant toutefois pour suffire à redynamiser le secteur. L’OEC a donc entendu programmer plusieurs réunions avec l’ensemble des acteurs de ce secteur avec pour objectif de répondre à l’ensemble des problématiques rencontrés par les métiers de la pêche.
En résulte un plan territorial qui vient décliner des « dispositifs financiers novateurs » pour soutenir le secteur de façon renforcée dans les cinq prochaines années, sous la forme de cinq axes prioritaires. À commencer par la mise en place d’un dispositif d’aide spécifique relatif au soutien et à l’observation en milieu marin qui aura pour but de recueillir les observations des pêcheurs, « sentinelles qui occupent le terrain chaque jour », pour renforcer la résilience face aux évènements extrêmes et anticiper les changements progressifs. Une collaboration entre l’OEC et les pêcheurs qui s’engagent au travers d’une convention de partenariat à fournir des données d’observations relatives aux changements du milieu marin qui se verra allouer une enveloppe financière de 50 000 euros par an sur 5 ans. Par ailleurs, l’OEC veut donner la possibilité aux pêcheurs qui souhaitent émarger à un dispositif d’aide de disposer d’un prêt à taux zéro, grâce un partenariat avec le crédit maritime de Méditerranée, pour une enveloppe financière de 15 000 euros par an sur 5 ans. Avec la mobilisation du « REPA », l’OEC vise également accorder des aides aux entreprises dans la production, la transformation ou la commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture sur la base d’un régime cadre exempté. « Ce sont des aides qui visent à améliorer la santé, la sécurité et les conditions de travail des pêcheurs et à améliorer l’efficacité énergétique et atténuer les effets du changement climatique », explique Guy Armanet en annonçant que l’enveloppe octroyée à cet axe sera de 75 000 euros par an sur cinq ans. Sujet d’actualité, le crabe bleu et ses ravages sont aussi au cœur du plan de l’OEC qui, avec une enveloppe de 50 000 euros par an sur 5 ans, veut soutenir les investissements dégradés des pêcheurs de lagune pour renforcer la lutte contre cet espèce invasive. Enfin, la mise en place d’un dispositif de formation théorique et pratique à la pêche professionnelle afin de susciter des vocations chez les jeunes générations est aussi prévue à hauteur de 10 000 euros par an pour 5 ans. Au global, un plan d’un million d’euros qui fait figure de grande première, mais qui ne contente qu’à moitié l’opposition.
« La CdC investit beaucoup dans des éléments essentiels qui contribuent à une meilleure structuration de la pêche », a-t-il pointé en parallèle en rappelant que l’institution s’est engagée à soutenir la modernisation et la mise en conformité des ports de pêche de Haute-Corse, dont elle est propriétaire, avec des travaux entamés depuis fin 2023, mais aussi à renforcer les outils stratégiques dans le domaine de la formation et de l’apprentissage, avec notamment la réalisation de travaux importants au sein du lycée maritime et aquacole de Bastia. Insuffisant toutefois pour suffire à redynamiser le secteur. L’OEC a donc entendu programmer plusieurs réunions avec l’ensemble des acteurs de ce secteur avec pour objectif de répondre à l’ensemble des problématiques rencontrés par les métiers de la pêche.
En résulte un plan territorial qui vient décliner des « dispositifs financiers novateurs » pour soutenir le secteur de façon renforcée dans les cinq prochaines années, sous la forme de cinq axes prioritaires. À commencer par la mise en place d’un dispositif d’aide spécifique relatif au soutien et à l’observation en milieu marin qui aura pour but de recueillir les observations des pêcheurs, « sentinelles qui occupent le terrain chaque jour », pour renforcer la résilience face aux évènements extrêmes et anticiper les changements progressifs. Une collaboration entre l’OEC et les pêcheurs qui s’engagent au travers d’une convention de partenariat à fournir des données d’observations relatives aux changements du milieu marin qui se verra allouer une enveloppe financière de 50 000 euros par an sur 5 ans. Par ailleurs, l’OEC veut donner la possibilité aux pêcheurs qui souhaitent émarger à un dispositif d’aide de disposer d’un prêt à taux zéro, grâce un partenariat avec le crédit maritime de Méditerranée, pour une enveloppe financière de 15 000 euros par an sur 5 ans. Avec la mobilisation du « REPA », l’OEC vise également accorder des aides aux entreprises dans la production, la transformation ou la commercialisation des produits de la pêche et de l’aquaculture sur la base d’un régime cadre exempté. « Ce sont des aides qui visent à améliorer la santé, la sécurité et les conditions de travail des pêcheurs et à améliorer l’efficacité énergétique et atténuer les effets du changement climatique », explique Guy Armanet en annonçant que l’enveloppe octroyée à cet axe sera de 75 000 euros par an sur cinq ans. Sujet d’actualité, le crabe bleu et ses ravages sont aussi au cœur du plan de l’OEC qui, avec une enveloppe de 50 000 euros par an sur 5 ans, veut soutenir les investissements dégradés des pêcheurs de lagune pour renforcer la lutte contre cet espèce invasive. Enfin, la mise en place d’un dispositif de formation théorique et pratique à la pêche professionnelle afin de susciter des vocations chez les jeunes générations est aussi prévue à hauteur de 10 000 euros par an pour 5 ans. Au global, un plan d’un million d’euros qui fait figure de grande première, mais qui ne contente qu’à moitié l’opposition.
Gilles Simeoni a martelé que " la pêche corse et les pêcheurs corses continuent d’être une priorité politique" (Photo : Paule Santoni)
« Envisager le développement économique de la filière »
« Ce plan implique des ressources financières. Quand on connait l’état des finances de la CdC, quand on voit ce qui se passe régulièrement - retards de paiement, appels à projets pas respecté -, il faut qu’il y ait une garantie. Il faut être sûr que ces promesses puissent être suivies au plan financier, et moi je n’en suis pas sûr », s’inquiète ainsi Paul Quastana, de Core in Fronte, qui s’interroge également sur le fait que la pêche soit aujourd’hui rattachée à l’OEC et non à l’ODARC qui « dispose de beaucoup plus de moyens ». « Il faut raisonner en termes de développement économique. Cela passe, comme pour l’agriculture, par l’aide à l’installation des jeunes pêcheurs », insiste-t-il en soulignant : « Il faut envisager le développement économique de la filière pêche (…). On ne peut y arriver qu’en mettant derrière tout un circuit de valorisation, de production et de distribution. Ce qui est fait à l’heure actuel dans le dossier que vous présentez c’est de la réanimation. Il faut sortir de ce schéma et développer tout ce qui est en aval de la pêche ». D’accord sur le fait que la filière pêche ne doit pas dépendre de l’OEC, le président d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, l’imaginerait pour sa part plutôt rattachée à l’Adec. « Ce sujet a une dimension économique qui, parce qu’insuffisamment pris en compte, est à l’origine d’une partie des difficultés rencontrées par la profession », assure-t-il. « On pense que la pêche, un peu comme la filière bois, a vocation à être gérée de façon large et pas uniquement sous l’angle de l’environnement », renchérit-il en invitant en outre à réfléchir à une fiscalité spécifique pour le secteur.
Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, regrette pour sa part que d’un point de vue structurel ce plan ne soit qu’un « saupoudrage ». « Si on considère l’enveloppe allouée par rapport au nombre de pêcheurs cela représente 1250 euros par an et par bateau », calcule-t-il. Pour l’élu indépendantiste, « la première tâche à faire si l’on veut restructurer la pêche » est en effet de demander une revalorisation du fonds Fonds Européen pour les Affaires Maritimes, la Pêche et l’Aquaculture (FEAMPA), qui accompagne la mise en œuvre la politique commune de la pêche. Or, il note que lorsque la France redistribue cet outil de financement européen à toutes ses régions, « la Corse obtient la part la plus marginale alors qu’elle représente 12% des côtes ».
« Un choix fondamentalement politique »
Enfin, sur les bancs de la majorité, Anne-Laure Santucci, retiendra qu’alors que « la pêche artisanale figure dans l’ADN de la Corse », c’est la première fois qu’un plan aussi important est imaginé pour le secteur. « L’aspect financier est essentiel. Mais il n’en demeure pas moins que la profession est confrontée à la lame de fond du vieillissement. Aujourd’hui le flambeau ne se transmet pas. Les jeunes se détournent de ce métier qui pour eux n’est plus attractif. Il faut que l’on réfléchisse à trouver les voies et moyens d’infléchir cette tendance », martèlera la conseillère territoriale de Fà Populu Inseme.
« Un million d’euros c’est insuffisant par rapport aux besoins de la pêche corse », concèdera pour sa part Gilles Simeoni en conclusion, tout en déroulant : « Mais partout nous sommes en-dessous de ce que la Corse a besoin. Et c’est bien la raison pour laquelle nous nous battons pour obtenir les moyens dont nous avons collectivement besoin ». « Le message de ce rapport c’est que la pêche corse et les pêcheurs corses continuent d’être pour nous une priorité politique. Parce qu’y compris au moment où nous avons fait des arbitrages, le fait de sanctuariser des sommes en fonctionnement comme en investissement qui viennent alimenter notre vision d’un secteur de la pêche corse qui non seulement survit mais qui également revit et se développe est un choix fondamentalement politique », glissera-t-il encore. Le rapport sera adopté à l’unanimité
« Ce plan implique des ressources financières. Quand on connait l’état des finances de la CdC, quand on voit ce qui se passe régulièrement - retards de paiement, appels à projets pas respecté -, il faut qu’il y ait une garantie. Il faut être sûr que ces promesses puissent être suivies au plan financier, et moi je n’en suis pas sûr », s’inquiète ainsi Paul Quastana, de Core in Fronte, qui s’interroge également sur le fait que la pêche soit aujourd’hui rattachée à l’OEC et non à l’ODARC qui « dispose de beaucoup plus de moyens ». « Il faut raisonner en termes de développement économique. Cela passe, comme pour l’agriculture, par l’aide à l’installation des jeunes pêcheurs », insiste-t-il en soulignant : « Il faut envisager le développement économique de la filière pêche (…). On ne peut y arriver qu’en mettant derrière tout un circuit de valorisation, de production et de distribution. Ce qui est fait à l’heure actuel dans le dossier que vous présentez c’est de la réanimation. Il faut sortir de ce schéma et développer tout ce qui est en aval de la pêche ». D’accord sur le fait que la filière pêche ne doit pas dépendre de l’OEC, le président d’Avanzemu, Jean-Christophe Angelini, l’imaginerait pour sa part plutôt rattachée à l’Adec. « Ce sujet a une dimension économique qui, parce qu’insuffisamment pris en compte, est à l’origine d’une partie des difficultés rencontrées par la profession », assure-t-il. « On pense que la pêche, un peu comme la filière bois, a vocation à être gérée de façon large et pas uniquement sous l’angle de l’environnement », renchérit-il en invitant en outre à réfléchir à une fiscalité spécifique pour le secteur.
Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, regrette pour sa part que d’un point de vue structurel ce plan ne soit qu’un « saupoudrage ». « Si on considère l’enveloppe allouée par rapport au nombre de pêcheurs cela représente 1250 euros par an et par bateau », calcule-t-il. Pour l’élu indépendantiste, « la première tâche à faire si l’on veut restructurer la pêche » est en effet de demander une revalorisation du fonds Fonds Européen pour les Affaires Maritimes, la Pêche et l’Aquaculture (FEAMPA), qui accompagne la mise en œuvre la politique commune de la pêche. Or, il note que lorsque la France redistribue cet outil de financement européen à toutes ses régions, « la Corse obtient la part la plus marginale alors qu’elle représente 12% des côtes ».
« Un choix fondamentalement politique »
Enfin, sur les bancs de la majorité, Anne-Laure Santucci, retiendra qu’alors que « la pêche artisanale figure dans l’ADN de la Corse », c’est la première fois qu’un plan aussi important est imaginé pour le secteur. « L’aspect financier est essentiel. Mais il n’en demeure pas moins que la profession est confrontée à la lame de fond du vieillissement. Aujourd’hui le flambeau ne se transmet pas. Les jeunes se détournent de ce métier qui pour eux n’est plus attractif. Il faut que l’on réfléchisse à trouver les voies et moyens d’infléchir cette tendance », martèlera la conseillère territoriale de Fà Populu Inseme.
« Un million d’euros c’est insuffisant par rapport aux besoins de la pêche corse », concèdera pour sa part Gilles Simeoni en conclusion, tout en déroulant : « Mais partout nous sommes en-dessous de ce que la Corse a besoin. Et c’est bien la raison pour laquelle nous nous battons pour obtenir les moyens dont nous avons collectivement besoin ». « Le message de ce rapport c’est que la pêche corse et les pêcheurs corses continuent d’être pour nous une priorité politique. Parce qu’y compris au moment où nous avons fait des arbitrages, le fait de sanctuariser des sommes en fonctionnement comme en investissement qui viennent alimenter notre vision d’un secteur de la pêche corse qui non seulement survit mais qui également revit et se développe est un choix fondamentalement politique », glissera-t-il encore. Le rapport sera adopté à l’unanimité