Présentes dans tous les océans et mers du globe, les tortues marines sont des reptiles marins remarquables et fascinants. On distingue cinq espèces en Méditerranée: la tortue Caouanne Caretta caretta, la tortue Verte Chelonia mydas, occasionnellement la tortue Luth Dermochelys coriacea et exceptionnellement la tortue de Kemp Lepidochelys kempii, et la tortue Imbriquée Eretmochelys imbricata. Deux espèces s’y reproduisent (la Caouanne, et la Tortue verte) et trois y pénètrent par le Détroit de Gibraltar (tortue Luth, tortue Imbriquée et tortue de Kemp).
Bien que méconnues en Corse, les tortues marines fréquentes les eaux littorales insulaires sur le chemin de leurs migrations entre les zones de ponte, situées dans le bassin Est-Méditerranéen (Grèce, Turquie, Liban Libye et à Chypre), et les sites d’alimentation, ou lors de leu dispersion. Les témoignages laissent à penser qu’au milieu du 20ème siècle, les Caouannes se reproduisaient en Corse sur les plages de la côte orientale, depuis la ponte y est considérée comme exceptionnelle. Des traces de pontes sont signalées régulièrement à la Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio, mais des restes d’un seul nid ont été observés à Porto Vecchio en 2002 (Delaugerre et Cesarini 2004)
Depuis des années, les tortues marines font l’objet de programmes de recherche et de suivis d’individus en temps réel par balise Argos. Récemment, des observations aériennes ont permis d’identifier une abondance relativement importante des tortues marines dans les eaux situées autour de la Corse. Depuis les années 90, le nombre d’échouages et d’observations en mer de tortues marines a été multiplié par 5. Dans ce contexte, l’association CARI (Cétacés Association Recherche Insulaire) collabore avec le Réseau Tortues Marines de Méditerranée Française (RTMMF) afin de développer un réseau d’alerte « tortue marine de Corse » efficace.
Ce réseau, soutenu par la DREAL, a pour objectif principal d’augmenter le nombre d’informateurs potentiels sur les tortues marines au niveau local, ce qui permettra d’intervenir plus rapidement pour les sauver. Depuis des années, des dizaines d’individus migrant le long des côtes insulaires, sont retrouvés blessés ou échoués sans que les associations et institutions compétentes ne puissent intervenir dans des conditions appropriées. L’installation de centres de premiers soins pour tortues marines en Corse est un objectif prioritaire pour augmenter les chances de survie de ces tortues.
Ces centres auront pour vocation de stabiliser, dans les plus brefs délais, les tortues marines nécessitant des soins pour une période limitée (une semaine maximum) avant leur transfert vers un centre de soins agréé. Dans cette perspective, une étude de faisabilité vient d’être réalisée par le réseau d’alerte pour identifier les besoins techniques et financiers nécessaires à la réalisation de structures adaptées selon un maillage territorial opérationnel.
Que faire en cas de rencontre ?
Si vous observez une tortue marine vivante en mer ou sur les côtes, évitez tout contact et manipulation. Malgré les fortes pressions anthropiques annuelles et l'important flux touristique saisonnier, certains individus s'approchent des cotes insulaires afin de se nourrir et éventuellement de pondre. C’est pourquoi il est important de ne pas les gêner ou déranger.
Si vous observez une tortue marine en mer, signalez nous au plus vite votre observation, si vous le pouvez en remplissant la fiche d'observation de tortue marine en mer disponible sur le site du réseau d’alerte tortues marines de Corse (www.tortuesmarines-corse.fr).
Si vous observez une tortue accidentée ou échouée contactez immédiatement le CROSS-MED Corse au 04.95.20.13.63 ou les pompiers au 18 sans manipuler l'individu. Des données de localisation précises de type GPS ainsi que des photos et vidéos des individus en question sont des informations importantes qui pourront également être collectées.
Menaces
Les menaces pesant sur ces espèces sont nombreuses et le plus souvent de nature anthropique (imputées à l'action de l'homme).
La bétonisation du littoral, la destruction de la végétation naturelle terrestre, des herbiers marins et des récifs coralliens, la pollution marine, la pollution lumineuse, les collisions avec les navires, les captures accidentelles par les engins de pêche ainsi que le braconnage ont conduit à l’inscription de ces espèces sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la Nature (UICN) et sont actuellement considérées par les instances internationales comme menacées. Les Tortues marines sont inscrites sur l'Annexe I de la C.I.T.E.S. (Convention de Washington) et sur l'annexe I A du Règlement n° 338/97 de la Communauté européenne. Elles sont également protégées sur tout le territoire national français par l’arrêté ministériel du 14 octobre 2005 fixant la liste des tortues marines protégées sur le territoire national et les modalités de protection de ces espèces et de leur habitat. Trois plans d’actions nationaux sont également en cours (Guyane, Martinique, Guadeloupe)