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Visite du pape François à Ajaccio : des ajustements de dernière heure retardent l'annonce officielle


Patrice Paquier Lorenzi le Vendredi 15 Novembre 2024 à 17:41

Depuis deux jours, une délégation du Vatican est présente à Ajaccio pour préparer la venue du pape François. Sécurité, parcours, protocole : une quinzaine de personnes ont étudié soigneusement les moindres détails d’un voyage qui s’annonce déjà historique pour la Corse. Des changements de dernière minute, intervenus sur le parcours sur les conseils de Gianluca Gauzzi Brocoletti, « l’ange gardien » du pape François, vont retarder l’annonce officielle au 21 novembre prochain.



Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni

C’est sous le soleil automnal ajaccien que la délégation du Vatican est arrivée à Ajaccio ce mercredi. Une quinzaine de personnes au total, avec à sa tête le nonce apostolique Mgr Celestino Migliore, est chargée d’étudier et de finaliser la venue du pape François dans la cité impériale pour la journée du 15 décembre. Cette délégation a été rejointe par les membres du Comité de Pilotage et encadrée par des membres du RAID et du GIGN, déployés pour l'occasion. Après avoir passé au crible l’aéroport Napoléon Bonaparte, qui accueillera le Souverain pontife le dimanche 15 décembre – son départ est prévu à 7h55 de Rome pour une arrivée à 9h sur le tarmac de Campo dell’Oro –, la délégation du Vatican s’est ensuite penchée sur le parcours du pape François dans la cité impériale.

Le Saint-Père prendra, en effet, la direction du Baptistère Saint-Jean à Ajaccio en papamobile. Ce site de baptêmes créé par les premiers chrétiens avait été découvert lors de fouilles préventives en 2005 par une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), avant la construction d’un parking et d’un immeuble. Un choix pas si surprenant, à en croire un membre du Comité de Pilotage : « Il y a une double symbolique dans cette volonté de bénir ce baptistère. D’abord, il faut se rappeler que ce haut lieu du catholicisme n’était autre que le siège épiscopal, mentionné d’ailleurs pour la première fois dans une lettre du pape Grégoire le Grand datée de 601. D’autre part, il se trouve dans un quartier populaire de la Ville d’Ajaccio, qui compte de nombreux fidèles, qui ne pourront peut-être pas se rendre à la messe prévue en plein air dans l’hypercentre d’Ajaccio. Le pape François est ravi de pouvoir accorder un moment de grâce ici ».

Après avoir emprunté la route principale pour regagner le Palais des Congrès puis le Théâtre de Verdure du Casone, la délégation vaticane a été enchantée par la magie des lieux mais aussi impressionnée par le travail réalisé en amont par le Comité de Pilotage : « Ils ont pour habitude de tout organiser et de partir de zéro. Cette fois-ci, le COPIL leur avait rendu une copie parfaite. Ils ont même utilisé les plans fournis par la municipalité, ce qui a fait gagner un temps précieux en termes d’organisation sachant qu’il reste théoriquement 30 jours avant son arrivée ! » Pour rappel, la Ville de Marseille, qui avait accueilli le pape François le 23 septembre 2023, avait eu plus de six mois pour se préparer à l’évènement.


Gianluca Gauzzi Brocoletti, « Il Commandante », modifie l’entrée du pape François au Casone

Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni
Une messe en plein air est prévue au Casone, comme annoncé dans nos colonnes, mais des bouleversements de dernière minute ont eu lieu sur les conseils de Gianluca Gauzzi Brocoletti. Cet Italien de 45 ans, ancien adjoint de Domenico Giani, dont le pape avait accepté la démission en octobre 2019, est entré en 1995 dans la gendarmerie vaticane. Diplômé en ingénierie de la sécurité et de la protection à l’université La Sapienza de Rome, il est surnommé à Rome « Il Commandante ». Il a exigé de modifier le protocole d’entrée du pape François lors de la grande messe prévue en début d’après-midi au Casone.

« Il avait été décidé que le pape François rejoigne l’autel, d’où il célébrera la messe, par le boulevard Madame Mère et donc par une entrée sécurisée à l’arrière de l’entrée principale du Théâtre de Verdure. Cela a été catégoriquement refusé. Le Commandant, connaissant parfaitement les exigences du Saint-Père, a demandé qu’il puisse rentrer par la grande porte, au contact de tous les fidèles. Ce changement va nécessiter de nombreux ajustements, qui ont conduit à valider un nouveau plan de sécurité et vont donc contraindre au report de l’annonce officielle au 21 novembre. »

Près de 10 000 personnes pourront assister à la messe en plein air sur invitation, avec inscriptions via une plateforme en ligne et vérification systématique des identités. Plusieurs milliers d’autres fidèles seront regroupés place Miot, dans une gigantesque fan zone équipée d’écrans géants.


Emmanuel Macron attendu pour accueillir le pape François

Ce changement d’itinéraire a également contraint les services de l’Élysée à revoir leurs plans, d’autant que la rencontre entre Emmanuel Macron et le pape François n’est pas encore totalement finalisée. Le Président de la République devrait finalement accueillir le Souverain pontife sur le tarmac de Campo dell’Oro : « Les services de sécurité de l’Élysée doivent maintenant finaliser tous ces ajustements et réaménagements avant d’inviter officiellement le Souverain pontife à venir à Ajaccio. On ne peut pas aller plus vite que la musique. »

Entente cordiale entre la Ville d’Ajaccio et la Préfecture

Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni
La délégation composée de membres du Vatican, du Comité de Pilotage – dont Jérôme Filippini, préfet de Corse, et Alexandre Farina, premier adjoint de la Ville d’Ajaccio –, du Commandant du Vatican, et des membres de l’Évêché de Corse, dont le Cardinal Mgr François Bustillo et le Vicaire général Frédéric Constant, a ensuite déjeuné au restaurant La Calata dans une ambiance sérieuse mais décontractée. « Si des tensions ont pu exister avec le choix du pape François préférant venir à Ajaccio plutôt qu’à l’inauguration de Notre-Dame de Paris, les relations entre les membres du Comité de Pilotage ont été très respectueuses et courtoises. Le préfet de Corse a mis tout en œuvre pour que tout se passe de manière la plus apaisée possible. »

Les services du Vatican et de l’Élysée poursuivent désormais leurs échanges pour finaliser la séquence de la rencontre entre le président de la République et le Saint-Père. Le Comité de Pilotage travaille quotidiennement à l’organisation de cet évènement, qui devrait rassembler près de 120 000 personnes à Ajaccio. Un moment historique pour l’île.


Photo Paule Santoni
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