Au domaine viticole d'Antoine Arena à Patrimoniu : viticulteurs, producteurs, élus du PNC et reposnables de l'ALE entourent les eurodéputés et Enzo Manni.
C’est à Patrimoniu, sur le domaine d’Antoine Arena, que l’eurodéputé et emblématique leader du monde paysan, José Bové, a lancé un plan de bataille contre la Xylella fastidiosa qui menace de décimer 50 millions d’oliviers dans les Pouilles italiennes et de s’abattre sur la Corse et l’Europe. Invité par le président de l’Alliance libre européenne (ALE), François Alfonsi, et le PNC (Partitu di a nazione corsa) dans le cadre d’a ghjurnata d’Arritti, il avait été sollicité, dès la prise de conscience de l’épidémie en automne dernier, par les Nationalistes modérés de Femu a Corsica qui sont, depuis le début, en première ligne dans le combat contre la bactérie tueuse. José Bové avait, alors, pris le problème à-bras le corps et relayé les demandes insulaires jusqu’à Bruxelles et même entrepris un travail d’information et de sensibilisation au niveau national. Invité également, l’italien Enzo Manni, oléiculteur du Salento, directeur de la coopérative ACLI à Racale dans la province de Lecce, et responsable du Collectif « La voie de l’olive », qui fédère tous les acteurs de l’olive. L’eurodéputé catalan, vice-président du groupe Verts-ALE, Josep-Maria Terricabras, est venu prêter main-forte.
Connecter et mobiliser
L’enjeu de cette visite est de lancer un appel fort à la mobilisation et à l’union des forces méditerranéo-européennes pour conjurer ce qui est, bel et bien, un fléau. « Il s’agit de faire la jonction entre ceux qui connaissent le fléau et ceux qui veulent s’en préserver, de faire comprendre aux décideurs politiques qu’il faut prendre des décisions pour contrer quelque chose qui ne se voit pas ! », explique, d’emblée, François Alfonsi. L’idée est de créer un pont direct entre les Pouilles et la Corse, entre Bruxelles et la Corse. « A part les Pouilles, asphyxiées par la crainte, et la Corse qui a pris conscience, il est nécessaire de susciter une mobilisation européenne. Nous allons essayer avec l’ALE, qui a des partis en Sardaigne, en Catalogne, au pays Valencien, dans les Baléares…, d’intensifier progressivement la prise de conscience. Il faut de grandes décisions européennes pour conjurer le risque dans les régions qui ne sont pas encore contaminées et apporter des solutions dans les régions déjà contaminées afin qu’elles retrouvent la plénitude de leurs productions, de leurs paysages et de leur patrimoine », ajoute-t-il.
Un appel à l’aide
Cet appel à l’Europe, juste avant la séance plénière qui se tiendra ce jeudi au Parlement européen, est relayé, avec beaucoup d’espoir, par Enzo Manni. Son Collectif mène, dans les Pouilles dévastée par l’épidémie, un combat désespéré pour continuer à vivre et à produire sur la terre ancestrale, refusant de laisser mourir ce patrimoine multiséculaire. « Nous devons tous être unis et combattre, ensemble, ce problème dans le Salento et dans les Pouilles. Si on résout le problème dans les Pouilles, on sauve le reste de l’Europe ! C’est pourquoi le message que nous lançons, ici, est fort et que nous devons obtenir toute l’aide dont nous avons besoin ». Dans les Pouilles, l’Etat italien a, déjà, dépensé 14 millions € pour tenter de stopper le fléau en coupant les arbres, en brûlant les branches… Sans grand résultat ! L’oléiculteur italien veut faire, du Salento, un laboratoire à ciel ouvert, une grande pépinière expérimentale de recherche de variétés d’oliviers résistantes à la bactérie. « Pour cela, nous avons créé un Comité qui s’appelle « La voix de l’olive », auquel ont adhéré tous les acteurs intéressés par cette dimension patrimoniale de l’olivier dans le Salento », précise Enzo Manni qui invite les deux eurodéputés à venir au Salento prendre la mesure du drame écologique, économique, patrimonial, culturel et humain qui s’y joue à huis-clos et à guichets fermés !
Des mesures urgentes
« Le combat, que nous menons ensemble avec les Verts, est un combat de la durabilité écologique, mais qui touche aussi au cœur de la durabilité culturelle et linguistique. Nous étions auprès des Sorabes, la semaine dernière. Les mines de lignite détruisent les villages, et aussi la langue et la culture des Sorabes. Dans les zones, touchées par la Xylella en Méditerranée, le fléau a des répercutions sur les traditions culturelles, la langue et le patrimoine », confirme Gunther Dauwen, directeur général de l’ALE et coorganisateur d’a Ghjurnata. Il y a, donc, urgence à agir ! Mais l’eurodéputé catalan Josep-Maria Terricabras avoue qu’au-delà de la Corse et de l’Italie, la prise de conscience des autres régions européennes à risque, notamment celle de l’Espagne, est faible. « C’est pour cela qu’il était très important de faire cette réunion en Corse. Je vais faire la connexion et expliquer ce qui va se passer dans le futur, si nous ne prenons pas de mesures urgentes. Personne ne se rend compte qu’il y a un risque de grand malheur ! Que ce soit en agriculture, en culture, en politique, on ne voit les problèmes que quand ils sont là. Or, il faudrait les prévenir. C’est un problème qui touche tous les pays de l’arc Méditerranée, nous devrions ensemble nous mobiliser pour obtenir les mesures de protection nécessaires ».
Pas de rencontre !
Pendant que José Bové appelle, à Patrimoniu, à la mobilisation citoyenne et à établir un rapport de forces avec l’Etat pour le faire réagir, la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, s’offre une visite éclair sur l’exploitation viticole d’Annette Leccia à Poggio d’Oletta, située à 20 minutes de là. Elle ne donne pas suite à la demande de rencontre du Collectif. Sa voiture passe devant la cave d’Antoine Arena et ne s’y s’arrête pas ! Une attitude que le propriétaire des lieux juge assez cavalière : « Nous avons été prévenu avant-hier que Ségolène Royal devait venir, aujourd’hui, à Patrimoniu. Plus grave que ça, le président du syndicat de l’AOC Patrimoniu n’était même pas au courant ! Il a été prévenu par la vigneronne qui devait accueillir Ségolène Royal. Etait-ce une volonté de court-circuiter la venue de José Bové qui était prévue et annoncée depuis longtemps ? En tous cas, en tant que vigneron à Patrimoniu depuis 40 ans, j’ai préféré accueillir José Bové plutôt que de rencontrer Ségolène Royal ».
L’hypocrisie de l’Etat
Le second temps fort de la journée se tiendra dans la salle des congrès du théâtre de Bastia autour d’un premier débat sur le thème « Xylella fastidiosa, un défi européen ? ». En présence des élus nationalistes de tous bords, des oléiculteurs inquiets, mais aussi des castanéiculteurs et des éleveurs qui rappellent leurs propres combats, contre le cynips ou la fièvre catarrhale. Des combats qu’ils ont du mener seuls face à l’indifférence de l’Etat et à la méconnaissance de la maladie par la population. L’élu territorial, Saveriu Luciani, membre fondateur du Culettivu xylella, créé en Corse en septembre dernier, dénonce l’hypocrisie et l’inertie de l’Etat. Il fustige le courrier du Préfet et ses précautions oratoires sur la pseudo-réactivité : « Depuis que nous l’avons informé, il s’est écoulé 257 jours sans rien faire ! Il est temps de prendre des décisions », estime-t-il. C’est pour cela, affirme José Bové, « qu’il est urgent que les citoyens se mobilisent, secouent leurs structures qui ne sont pas adaptées à ce combat et vérifient si les mesures de l’Etat sont appliquées ». Pour le leader paysan, le combat contre la Xylella est bien plus qu’un combat écologique ou économique, c’est un combat pour l’identité. Aussi annonce-t-il : « Comme j’ai défendu les agriculteurs, comme je défends l’identité, comme j’ai défendu le statut de résident, je serai demain à Corte pour soutenir les grévistes de la faim ».
L’identité est aussi au cœur du second débat sur le processus d’autodétermination en Catalogne. L’eurodéputé catalan, Josep Maria Terricabras, va longuement expliquer, pourquoi il faut prendre en compte la volonté du peuple catalan. Nous nous en ferons l’écho dans une prochaine édition.
N.M.
Connecter et mobiliser
L’enjeu de cette visite est de lancer un appel fort à la mobilisation et à l’union des forces méditerranéo-européennes pour conjurer ce qui est, bel et bien, un fléau. « Il s’agit de faire la jonction entre ceux qui connaissent le fléau et ceux qui veulent s’en préserver, de faire comprendre aux décideurs politiques qu’il faut prendre des décisions pour contrer quelque chose qui ne se voit pas ! », explique, d’emblée, François Alfonsi. L’idée est de créer un pont direct entre les Pouilles et la Corse, entre Bruxelles et la Corse. « A part les Pouilles, asphyxiées par la crainte, et la Corse qui a pris conscience, il est nécessaire de susciter une mobilisation européenne. Nous allons essayer avec l’ALE, qui a des partis en Sardaigne, en Catalogne, au pays Valencien, dans les Baléares…, d’intensifier progressivement la prise de conscience. Il faut de grandes décisions européennes pour conjurer le risque dans les régions qui ne sont pas encore contaminées et apporter des solutions dans les régions déjà contaminées afin qu’elles retrouvent la plénitude de leurs productions, de leurs paysages et de leur patrimoine », ajoute-t-il.
Un appel à l’aide
Cet appel à l’Europe, juste avant la séance plénière qui se tiendra ce jeudi au Parlement européen, est relayé, avec beaucoup d’espoir, par Enzo Manni. Son Collectif mène, dans les Pouilles dévastée par l’épidémie, un combat désespéré pour continuer à vivre et à produire sur la terre ancestrale, refusant de laisser mourir ce patrimoine multiséculaire. « Nous devons tous être unis et combattre, ensemble, ce problème dans le Salento et dans les Pouilles. Si on résout le problème dans les Pouilles, on sauve le reste de l’Europe ! C’est pourquoi le message que nous lançons, ici, est fort et que nous devons obtenir toute l’aide dont nous avons besoin ». Dans les Pouilles, l’Etat italien a, déjà, dépensé 14 millions € pour tenter de stopper le fléau en coupant les arbres, en brûlant les branches… Sans grand résultat ! L’oléiculteur italien veut faire, du Salento, un laboratoire à ciel ouvert, une grande pépinière expérimentale de recherche de variétés d’oliviers résistantes à la bactérie. « Pour cela, nous avons créé un Comité qui s’appelle « La voix de l’olive », auquel ont adhéré tous les acteurs intéressés par cette dimension patrimoniale de l’olivier dans le Salento », précise Enzo Manni qui invite les deux eurodéputés à venir au Salento prendre la mesure du drame écologique, économique, patrimonial, culturel et humain qui s’y joue à huis-clos et à guichets fermés !
Des mesures urgentes
« Le combat, que nous menons ensemble avec les Verts, est un combat de la durabilité écologique, mais qui touche aussi au cœur de la durabilité culturelle et linguistique. Nous étions auprès des Sorabes, la semaine dernière. Les mines de lignite détruisent les villages, et aussi la langue et la culture des Sorabes. Dans les zones, touchées par la Xylella en Méditerranée, le fléau a des répercutions sur les traditions culturelles, la langue et le patrimoine », confirme Gunther Dauwen, directeur général de l’ALE et coorganisateur d’a Ghjurnata. Il y a, donc, urgence à agir ! Mais l’eurodéputé catalan Josep-Maria Terricabras avoue qu’au-delà de la Corse et de l’Italie, la prise de conscience des autres régions européennes à risque, notamment celle de l’Espagne, est faible. « C’est pour cela qu’il était très important de faire cette réunion en Corse. Je vais faire la connexion et expliquer ce qui va se passer dans le futur, si nous ne prenons pas de mesures urgentes. Personne ne se rend compte qu’il y a un risque de grand malheur ! Que ce soit en agriculture, en culture, en politique, on ne voit les problèmes que quand ils sont là. Or, il faudrait les prévenir. C’est un problème qui touche tous les pays de l’arc Méditerranée, nous devrions ensemble nous mobiliser pour obtenir les mesures de protection nécessaires ».
Pas de rencontre !
Pendant que José Bové appelle, à Patrimoniu, à la mobilisation citoyenne et à établir un rapport de forces avec l’Etat pour le faire réagir, la ministre de l’environnement, Ségolène Royal, s’offre une visite éclair sur l’exploitation viticole d’Annette Leccia à Poggio d’Oletta, située à 20 minutes de là. Elle ne donne pas suite à la demande de rencontre du Collectif. Sa voiture passe devant la cave d’Antoine Arena et ne s’y s’arrête pas ! Une attitude que le propriétaire des lieux juge assez cavalière : « Nous avons été prévenu avant-hier que Ségolène Royal devait venir, aujourd’hui, à Patrimoniu. Plus grave que ça, le président du syndicat de l’AOC Patrimoniu n’était même pas au courant ! Il a été prévenu par la vigneronne qui devait accueillir Ségolène Royal. Etait-ce une volonté de court-circuiter la venue de José Bové qui était prévue et annoncée depuis longtemps ? En tous cas, en tant que vigneron à Patrimoniu depuis 40 ans, j’ai préféré accueillir José Bové plutôt que de rencontrer Ségolène Royal ».
L’hypocrisie de l’Etat
Le second temps fort de la journée se tiendra dans la salle des congrès du théâtre de Bastia autour d’un premier débat sur le thème « Xylella fastidiosa, un défi européen ? ». En présence des élus nationalistes de tous bords, des oléiculteurs inquiets, mais aussi des castanéiculteurs et des éleveurs qui rappellent leurs propres combats, contre le cynips ou la fièvre catarrhale. Des combats qu’ils ont du mener seuls face à l’indifférence de l’Etat et à la méconnaissance de la maladie par la population. L’élu territorial, Saveriu Luciani, membre fondateur du Culettivu xylella, créé en Corse en septembre dernier, dénonce l’hypocrisie et l’inertie de l’Etat. Il fustige le courrier du Préfet et ses précautions oratoires sur la pseudo-réactivité : « Depuis que nous l’avons informé, il s’est écoulé 257 jours sans rien faire ! Il est temps de prendre des décisions », estime-t-il. C’est pour cela, affirme José Bové, « qu’il est urgent que les citoyens se mobilisent, secouent leurs structures qui ne sont pas adaptées à ce combat et vérifient si les mesures de l’Etat sont appliquées ». Pour le leader paysan, le combat contre la Xylella est bien plus qu’un combat écologique ou économique, c’est un combat pour l’identité. Aussi annonce-t-il : « Comme j’ai défendu les agriculteurs, comme je défends l’identité, comme j’ai défendu le statut de résident, je serai demain à Corte pour soutenir les grévistes de la faim ».
L’identité est aussi au cœur du second débat sur le processus d’autodétermination en Catalogne. L’eurodéputé catalan, Josep Maria Terricabras, va longuement expliquer, pourquoi il faut prendre en compte la volonté du peuple catalan. Nous nous en ferons l’écho dans une prochaine édition.
N.M.