Deux ans après la mort d’Yvan Colonna, dans une lettre adressée à la juge antiterroriste chargée de l'instruction, Franck Elong Abé, mis en examen pour l’assassinat du berger de Cargèse, est revenu le 14 février dernier sur ses déclarations initiales, affirmant avoir agi dans le cadre d’un « acte commandité » par les services de l’État et la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Des allégations rejetées par le ministère de l’Intérieur, mais qui n’ont pas tardé à faire réagir en Corse.
« Ce qui est écrit dans cette lettre est particulièrement grave et significatif », souligne Laurent Marcangeli, le député de la 1re circonscription de Corse-du-Sud et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire. Si pour lui, « il ne faut pas prendre ce document à la légère, il ne faut pas non plus le prendre au pied de la lettre ». « La juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’assassinat d’Yvan Colonna doit la prendre en compte à sa juste mesure, c’est-à-dire ne pas considérer que c’est un élément négligeable, mais ne pas considérer non plus que cela provient de quelqu’un qui est respectable. C’est à la juge d’instruction de parvenir à la manifestation de la réalité et de déterminer si tout cela tient la route », poursuit-il, en ajoutant : « Je ne connais pas la vérité, je ne ferme aucune piste. En revanche, je sais que ce monsieur a un profil particulier, schizophrénique, instable. Mais néanmoins il faut vérifier si ce qu’il écrit est vrai. »
" Aller sur le champ de toutes les hypothèses dans cette affaire hors normes"
Pour le député de la 2e circonscription de Haute-Corse et président de la commission d’enquête parlementaire, Jean-Félix Acquaviva, il est plus que jamais nécessaire de faire œuvre de justice et de vérité. « Ce sont des déclarations qui sont graves, mais qui démontrent qu'il y a un besoin important d'investiguer largement et d'aller sur le champ de toutes les hypothèses dans cette affaire hors normes. À ce stade, si l'on venait à dire que ces déclarations ne sont pas crédibles, je répondrais que la première qui a pourtant été prise pour argent comptant par le Parquet National Antiterroriste et qui est de dire que c'est un crime islamiste lié à un blasphème en se basant sur les seuls dires de Franck Elong Abé, n'est pas plus crédible non plus. Donc, on est face à deux thèses qui s'annulent. Il faut recommencer à zéro et investiguer à partir de l’Inspection générale de la justice, du rapport de la commission d'enquête parlementaire et faire un travail sérieux sur la thèse officielle de départ qui, en mars 2022, clôturait d’ores et déjà l'affaire sans aller plus loin, en disant que c'était un assassinat de portée islamiste et qui explose en vol aujourd'hui », constate-t-il en reprenant : « Ce qui m'importe et ce qui importe à la Corse, c'est que l'on ne cache rien et qu'on aille au bout des investigations. Par exemple, en ce qui me concerne, je souhaite que l'ensemble des auditions de la commission d'enquête parlementaire soient versées au dossier d'instruction, pour qu'elles soient le terreau de champs d'investigation par les juges. Nous souhaiterions aussi connaître la suite de l'interpellation que nous avons faite par le biais de l'article 40 avec Laurent Marcangeli sur la possibilité d'un effacement des données dans le logiciel de renseignement, alors qu'il y a eu des manquements en termes d'anticipation ».
Même son de cloche pour le parti Femu a Corsica, pour qui « l’ensemble des hypothèses doit faire l’objet d’une enquête exigeante et impartiale. Le caractère prémédité, voire commandité, de l’assassinat ne pouvait faire l’objet d’une exclusion a priori, eu égard au contexte de haine qui existait à l’encontre des personnes détenues dans le cadre de l’affaire de l’assassinat du préfet Claude Erignac. Les nombreuses « zones d’ombre » et les « dysfonctionnements » mis en exergue lors de l’Inspection générale de la Justice et pas la commission d’enquête parlementaire n’ont fait que renforcer ce constat ».
Enfin, toujours dans la famille autonomiste, le PNC dit prendre acte de cette lettre « avec une extrême prudence », bien que « d’aucuns admettaient déjà, dès mars 2022, un déficit d’informations sur les circonstances du drame et les fautes de l’administration pénitentiaire ». « Un faisceau de charges accablantes et de défaillances, conjugué à la perte d’éléments essentiels, n’ont pas permis de faire la lumière sur ce terrible décès. Aujourd’hui, la thèse nouvellement développée par Elong Abé, selon laquelle son acte aurait été commandité, jette un trouble immense. La vérité doit être absolument et totalement connue », conclu le parti.
« Ce qui est écrit dans cette lettre est particulièrement grave et significatif », souligne Laurent Marcangeli, le député de la 1re circonscription de Corse-du-Sud et rapporteur de la commission d’enquête parlementaire. Si pour lui, « il ne faut pas prendre ce document à la légère, il ne faut pas non plus le prendre au pied de la lettre ». « La juge d’instruction en charge de l’enquête sur l’assassinat d’Yvan Colonna doit la prendre en compte à sa juste mesure, c’est-à-dire ne pas considérer que c’est un élément négligeable, mais ne pas considérer non plus que cela provient de quelqu’un qui est respectable. C’est à la juge d’instruction de parvenir à la manifestation de la réalité et de déterminer si tout cela tient la route », poursuit-il, en ajoutant : « Je ne connais pas la vérité, je ne ferme aucune piste. En revanche, je sais que ce monsieur a un profil particulier, schizophrénique, instable. Mais néanmoins il faut vérifier si ce qu’il écrit est vrai. »
" Aller sur le champ de toutes les hypothèses dans cette affaire hors normes"
Pour le député de la 2e circonscription de Haute-Corse et président de la commission d’enquête parlementaire, Jean-Félix Acquaviva, il est plus que jamais nécessaire de faire œuvre de justice et de vérité. « Ce sont des déclarations qui sont graves, mais qui démontrent qu'il y a un besoin important d'investiguer largement et d'aller sur le champ de toutes les hypothèses dans cette affaire hors normes. À ce stade, si l'on venait à dire que ces déclarations ne sont pas crédibles, je répondrais que la première qui a pourtant été prise pour argent comptant par le Parquet National Antiterroriste et qui est de dire que c'est un crime islamiste lié à un blasphème en se basant sur les seuls dires de Franck Elong Abé, n'est pas plus crédible non plus. Donc, on est face à deux thèses qui s'annulent. Il faut recommencer à zéro et investiguer à partir de l’Inspection générale de la justice, du rapport de la commission d'enquête parlementaire et faire un travail sérieux sur la thèse officielle de départ qui, en mars 2022, clôturait d’ores et déjà l'affaire sans aller plus loin, en disant que c'était un assassinat de portée islamiste et qui explose en vol aujourd'hui », constate-t-il en reprenant : « Ce qui m'importe et ce qui importe à la Corse, c'est que l'on ne cache rien et qu'on aille au bout des investigations. Par exemple, en ce qui me concerne, je souhaite que l'ensemble des auditions de la commission d'enquête parlementaire soient versées au dossier d'instruction, pour qu'elles soient le terreau de champs d'investigation par les juges. Nous souhaiterions aussi connaître la suite de l'interpellation que nous avons faite par le biais de l'article 40 avec Laurent Marcangeli sur la possibilité d'un effacement des données dans le logiciel de renseignement, alors qu'il y a eu des manquements en termes d'anticipation ».
Même son de cloche pour le parti Femu a Corsica, pour qui « l’ensemble des hypothèses doit faire l’objet d’une enquête exigeante et impartiale. Le caractère prémédité, voire commandité, de l’assassinat ne pouvait faire l’objet d’une exclusion a priori, eu égard au contexte de haine qui existait à l’encontre des personnes détenues dans le cadre de l’affaire de l’assassinat du préfet Claude Erignac. Les nombreuses « zones d’ombre » et les « dysfonctionnements » mis en exergue lors de l’Inspection générale de la Justice et pas la commission d’enquête parlementaire n’ont fait que renforcer ce constat ».
🔴 𝐆𝐇𝐉𝐔𝐒𝐓𝐈𝐙𝐈𝐀 𝐄̀ 𝐕𝐄𝐑𝐈𝐓𝐀̀ 𝐏𝐄𝐑 𝐘𝐕𝐀𝐍 !
À la veille du douloureux anniversaire du décès d’Yvan Colonna, #FemuACorsica a pris connaissance des déclarations rendues publiques ce jour, concernant l’enquête criminelle relative à son agression mortelle.
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1/13 pic.twitter.com/N4jo7t4zcp
— Femu a Corsica (@Partitu_FemuAC) March 20, 2024
Enfin, toujours dans la famille autonomiste, le PNC dit prendre acte de cette lettre « avec une extrême prudence », bien que « d’aucuns admettaient déjà, dès mars 2022, un déficit d’informations sur les circonstances du drame et les fautes de l’administration pénitentiaire ». « Un faisceau de charges accablantes et de défaillances, conjugué à la perte d’éléments essentiels, n’ont pas permis de faire la lumière sur ce terrible décès. Aujourd’hui, la thèse nouvellement développée par Elong Abé, selon laquelle son acte aurait été commandité, jette un trouble immense. La vérité doit être absolument et totalement connue », conclu le parti.
𝗖𝗨𝗠𝗨𝗡𝗜𝗖𝗔𝗧𝗨
U Partitu di a Nazione Corsa prend acte des nouvelles déclarations de l’assassin d'Yvan Colonna mettant en cause la responsabilité de services de l’État.
𝘊𝘶𝘮𝘶𝘯𝘪𝘤𝘢𝘵𝘶 𝘤𝘶𝘮𝘱𝘭𝘦𝘵𝘶 𝘲𝘶ì 𝘴𝘰𝘵𝘵𝘶 👇 pic.twitter.com/tJZvKwPKQq
— Partitu di a Nazione Corsa (@PNazioneCorsa) March 21, 2024