Yvon Alain, Directeur de l'IRA de Bastia.
- Quel bilan tirez-vous de la dernière promotion 2012-2013 ?
- C’était la 32ème promotion de l’IRA de Bastia qui avait pris ses fonctions en septembre 2012. Elle s’était donnée comme nom : Pierre Bourdieu et est restée 12 mois en formation. Nous ne pouvons, d’une manière générale, que nous réjouir des contacts que nous avons eu avec chacun des 130 élèves et des résultats qu’ils ont obtenus. Tous ces élèves ont été titularisés. Et, à l’exception d’1 ou 2 personnes, tous ont été affectés à un poste qu’ils ont choisi et dans lequel ils trouveront satisfaction.
- Quelle administration a choisi, en priorité, cette promotion ?
- 45 élèves ont été affectés en administration centrale. 47 ont rejoint l’administration territoriale, c’est-à-dire des préfectures, des directions départementales interministérielles… Le reste a préféré l’administration scolaire et universitaire pour occuper, principalement, des postes d’intendant de collèges et de lycées, et, même aussi, c’est nouveau, dans les universités.
- Cette promotion était-ce un bon cru ?
- Plutôt ! D’une manière générale, d’une année sur l’autre, le niveau de formation des élèves s’élève. Ils sont de plus en plus mâtures, même si la moyenne d’âge reste autour de 31-32 ans. Les élèves sont de plus en plus motivés pour rentrer au service de l’Etat. Cette conviction se concrétise dans la formation que nous leur donnons. Quand ils prennent leur fonction, on sent qu’ils ont envie de travailler et de servir l’Etat. C’est plutôt satisfaisant.
- Comment jugent-ils la formation que vous leur dispensez à Bastia ?
- Comme tous les services de l’Etat, nous sommes évalués, d’abord par les élèves, mais aussi par les employeurs. Tous les ans, nous confions à l’IFOP le soin de réaliser une enquête auprès des élèves qui ont pris leur fonction, un an auparavant. Donc, en juin dernier, nous avons eu les résultats de l’enquête effectuée auprès des élèves de la 31ème promotion. Ce fut une grande satisfaction puisque, sur l’ensemble des questions concernant la formation à Bastia, la réponse de plus de 95% des élèves a été : « plutôt satisfait », voire « très satisfait ».
- Comment vous placez-vous par rapport aux autres IRA ?
- En termes de satisfaction, l’IRA de Bastia est légèrement au-dessus des 4 autres IRA françaises. Nous sommes très contents de voir que nos élèves ont passé, à Bastia, un séjour qu’ils estiment intéressant, fructueux et, en même temps, agréable.
- Quel est l’avis des employeurs ?
- Le taux de satisfaction est, évidemment, un peu inférieur. Les employeurs sont forcément critiques, ce qui est tout à fait normal. Ils sont aux ¾ globalement satisfaits des compétences qu’ils peuvent repérer chez les élèves sortant de l’IRA de Bastia et qui sont employés dans leurs services.
- La 33ème promotion a pris ses fonctions en début de mois. Quelles sont ses caractéristiques ?
- Cette promotion présente à peu près les mêmes caractéristiques que les précédentes. Depuis 3 ou 4 ans, le nombre d’élèves se maintient à 130 élèves, d’une moyenne d’âge de 31 ans et d’un niveau de formation d’au moins Master 2 pour 50% d’entre eux alors que le niveau requis pour le concours est la licence. Plus surprenant, le taux de féminisation augmente avec, cette année, près de 65% de filles. Les résultats au concours sont également intéressants puisqu’on constate que le taux de présents aux écrits, par rapport au taux d’inscrits, reste très important et que ceux, qui ont réussi, choisissent de rentrer à l’IRA.
- C’est-à-dire ?
- De manière générale, les élèves du concours externe postulent pour plusieurs écoles. Il y a quelques années, nous étions obligés de chercher nos élèves sur la liste complémentaire. Aujourd’hui, nous ne sommes arrivés qu’au huitième nom de cette liste, ce qui démontre que les élèves, quand ils passent plusieurs concours, choisissent l’IRA plutôt qu’une autre école.
- L’IRA de Bastia fait-il le plein ou restent-ils des places à pourvoir ?
- Nous pourrions accueillir plus d’élèves. Dans les années 2000, l’établissement a été dimensionné pour recevoir près de 180 élèves. Mais, nous sommes dans une période budgétaire nationale contrainte. Du fait de la décentralisation, la fonction publique d’Etat voit ses effectifs plutôt diminuer. Les efforts consentis sur ces motifs touchent plus les catégories B et C, c’est-à-dire des agents appartenant à des corps d’exécution, plutôt que des agents de catégorie A que nous formons, c’est-à-dire appartenant à des corps de conception.
- Pourquoi l’augmentation du taux de féminisation est-elle surprenante ?
- Le taux de féminisation était relativement conséquent parce qu’environ 1/3 de nos effectifs proviennent du concours interne dont les candidats sont essentiellement des agents de catégorie B. Dans cette voie administrative, le taux de féminisation est déjà le plus important. Le vivier du concours interne est, donc, fortement féminisé. Par contre, jusqu’à l’an dernier, le taux était équilibré dans la voie du concours externe entre garçons et filles, ce qui est normal dans un vivier provenant des universités et des IEP. Cette année, le taux de féminisation de ce concours a augmenté de manière incompréhensible. Nous essayons, par nos élèves, de mieux comprendre ce phénomène et de savoir s’il s’agit d’un phénomène sociologique particulier.
- Y-a-t-il d’autres changements, cette année ?
- Cette année, nous accueillons, et c’est nouveau, 4 élèves qui sont des fonctionnaires étrangers dans le cadre d’un dispositif mis en place pour l’ensemble des 5 IRA et l’ENA (Ecole nationale d’administration). Désormais, tous les ans, ces 6 écoles intègreront une centaine d’élèves étrangers, comme le faisait déjà l’ENA : 70 pour l’ENA et 30 pour les IRA. Ces élèves sont des fonctionnaires en poste dans des pays, généralement, francophones puisque la langue est une condition importante d’accès. Ils suivent des formations courtes de 8 mois, jusqu’en avril, après avoir passé un écrit et des oraux dans nos ambassades à l’étranger. Cette année, seulement 8 élèves sont accueillis : 4 à l’IRA de Metz et 4 à Bastia où sont venus un Congolais, un Camerounais, une Tunisienne et une Grecque.
- Quel intérêt présente, pour ces fonctionnaires étrangers, une formation à l’IRA ?
- C’est une action que nous menons dans le cadre de la coopération française, essentiellement, dans les pays francophones en voie de développement qui, en tant qu’anciennes colonies, ont des institutions fortement copiées sur les nôtres. Les fonctionnaires ne sont, donc, pas dépaysés quand ils arrivent dans notre pays pour suivre nos cours. Il s’agit, très concrètement, de les aider dans leur cursus de formation.
- Quel est l’intérêt pour l’IRA de Bastia ?
- L’intérêt, pour nous à Bastia, est de développer des actions de coopération que l’IRA a toujours menées depuis sa création en 1980. En particulier, vis-à-vis de certains pays d’Afrique francophone comme le Bénin, d’Afrique du Nord comme la Tunisie et le Maroc, mais aussi des pays européens ou proches de l’Europe comme la Turquie et la Grèce. Nous développons des contacts avec des administrations étrangères de manière à avoir des échanges qui éclairent notre pratique et celle de nos élèves en termes de comparaison internationale. C’est, donc, indéniablement, un plus ! Nous allons travailler en relation avec les 4 autres IRA et l’ENA afin de donner du sens à l’ensemble de cette démarche.
- Plus généralement, quel est le pourcentage de vos élèves qui viennent de Corse ?
- C’est très variable d’une année sur l’autre. Cette rentrée, nous comptons une dizaine de Corses issus de l’université ou du concours interne. Plus globalement, une majorité de nos élèves provient du Grand Sud de la France, un périmètre entre Bordeaux et Nice, via la Corse. Mais, inévitablement, comme il n’y a pas d’IRA à Paris, 20% de nos élèves viennent de la région parisienne.
- A l’issue de leur formation à l’IRA de Bastia, certains élèves prennent-ils leur fonction en Corse ?
- Bien sûr. Dans la dernière promotion qui a pris ses fonctions au 1er septembre, 6 postes ont été affectés entre Bastia et Ajaccio dans l’administration territoriale : la Préfecture, les DREAL (Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et la gendarmerie. Les élèves, qui choisissent l’administration centrale, vont à Paris. Ceux, qui optent pour l’administration territoriale ou scolaire et universitaire, sont répartis, pour l’essentiel, dans le Grand Sud de la France qui est l’aire d’influence de l’IRA de Bastia. Ceux, qui souhaitent être affectés en Corse, peuvent en fonction de leur classement, choisir les postes qui sont offerts.
Propos recueillis par Nicole MARI
- C’était la 32ème promotion de l’IRA de Bastia qui avait pris ses fonctions en septembre 2012. Elle s’était donnée comme nom : Pierre Bourdieu et est restée 12 mois en formation. Nous ne pouvons, d’une manière générale, que nous réjouir des contacts que nous avons eu avec chacun des 130 élèves et des résultats qu’ils ont obtenus. Tous ces élèves ont été titularisés. Et, à l’exception d’1 ou 2 personnes, tous ont été affectés à un poste qu’ils ont choisi et dans lequel ils trouveront satisfaction.
- Quelle administration a choisi, en priorité, cette promotion ?
- 45 élèves ont été affectés en administration centrale. 47 ont rejoint l’administration territoriale, c’est-à-dire des préfectures, des directions départementales interministérielles… Le reste a préféré l’administration scolaire et universitaire pour occuper, principalement, des postes d’intendant de collèges et de lycées, et, même aussi, c’est nouveau, dans les universités.
- Cette promotion était-ce un bon cru ?
- Plutôt ! D’une manière générale, d’une année sur l’autre, le niveau de formation des élèves s’élève. Ils sont de plus en plus mâtures, même si la moyenne d’âge reste autour de 31-32 ans. Les élèves sont de plus en plus motivés pour rentrer au service de l’Etat. Cette conviction se concrétise dans la formation que nous leur donnons. Quand ils prennent leur fonction, on sent qu’ils ont envie de travailler et de servir l’Etat. C’est plutôt satisfaisant.
- Comment jugent-ils la formation que vous leur dispensez à Bastia ?
- Comme tous les services de l’Etat, nous sommes évalués, d’abord par les élèves, mais aussi par les employeurs. Tous les ans, nous confions à l’IFOP le soin de réaliser une enquête auprès des élèves qui ont pris leur fonction, un an auparavant. Donc, en juin dernier, nous avons eu les résultats de l’enquête effectuée auprès des élèves de la 31ème promotion. Ce fut une grande satisfaction puisque, sur l’ensemble des questions concernant la formation à Bastia, la réponse de plus de 95% des élèves a été : « plutôt satisfait », voire « très satisfait ».
- Comment vous placez-vous par rapport aux autres IRA ?
- En termes de satisfaction, l’IRA de Bastia est légèrement au-dessus des 4 autres IRA françaises. Nous sommes très contents de voir que nos élèves ont passé, à Bastia, un séjour qu’ils estiment intéressant, fructueux et, en même temps, agréable.
- Quel est l’avis des employeurs ?
- Le taux de satisfaction est, évidemment, un peu inférieur. Les employeurs sont forcément critiques, ce qui est tout à fait normal. Ils sont aux ¾ globalement satisfaits des compétences qu’ils peuvent repérer chez les élèves sortant de l’IRA de Bastia et qui sont employés dans leurs services.
- La 33ème promotion a pris ses fonctions en début de mois. Quelles sont ses caractéristiques ?
- Cette promotion présente à peu près les mêmes caractéristiques que les précédentes. Depuis 3 ou 4 ans, le nombre d’élèves se maintient à 130 élèves, d’une moyenne d’âge de 31 ans et d’un niveau de formation d’au moins Master 2 pour 50% d’entre eux alors que le niveau requis pour le concours est la licence. Plus surprenant, le taux de féminisation augmente avec, cette année, près de 65% de filles. Les résultats au concours sont également intéressants puisqu’on constate que le taux de présents aux écrits, par rapport au taux d’inscrits, reste très important et que ceux, qui ont réussi, choisissent de rentrer à l’IRA.
- C’est-à-dire ?
- De manière générale, les élèves du concours externe postulent pour plusieurs écoles. Il y a quelques années, nous étions obligés de chercher nos élèves sur la liste complémentaire. Aujourd’hui, nous ne sommes arrivés qu’au huitième nom de cette liste, ce qui démontre que les élèves, quand ils passent plusieurs concours, choisissent l’IRA plutôt qu’une autre école.
- L’IRA de Bastia fait-il le plein ou restent-ils des places à pourvoir ?
- Nous pourrions accueillir plus d’élèves. Dans les années 2000, l’établissement a été dimensionné pour recevoir près de 180 élèves. Mais, nous sommes dans une période budgétaire nationale contrainte. Du fait de la décentralisation, la fonction publique d’Etat voit ses effectifs plutôt diminuer. Les efforts consentis sur ces motifs touchent plus les catégories B et C, c’est-à-dire des agents appartenant à des corps d’exécution, plutôt que des agents de catégorie A que nous formons, c’est-à-dire appartenant à des corps de conception.
- Pourquoi l’augmentation du taux de féminisation est-elle surprenante ?
- Le taux de féminisation était relativement conséquent parce qu’environ 1/3 de nos effectifs proviennent du concours interne dont les candidats sont essentiellement des agents de catégorie B. Dans cette voie administrative, le taux de féminisation est déjà le plus important. Le vivier du concours interne est, donc, fortement féminisé. Par contre, jusqu’à l’an dernier, le taux était équilibré dans la voie du concours externe entre garçons et filles, ce qui est normal dans un vivier provenant des universités et des IEP. Cette année, le taux de féminisation de ce concours a augmenté de manière incompréhensible. Nous essayons, par nos élèves, de mieux comprendre ce phénomène et de savoir s’il s’agit d’un phénomène sociologique particulier.
- Y-a-t-il d’autres changements, cette année ?
- Cette année, nous accueillons, et c’est nouveau, 4 élèves qui sont des fonctionnaires étrangers dans le cadre d’un dispositif mis en place pour l’ensemble des 5 IRA et l’ENA (Ecole nationale d’administration). Désormais, tous les ans, ces 6 écoles intègreront une centaine d’élèves étrangers, comme le faisait déjà l’ENA : 70 pour l’ENA et 30 pour les IRA. Ces élèves sont des fonctionnaires en poste dans des pays, généralement, francophones puisque la langue est une condition importante d’accès. Ils suivent des formations courtes de 8 mois, jusqu’en avril, après avoir passé un écrit et des oraux dans nos ambassades à l’étranger. Cette année, seulement 8 élèves sont accueillis : 4 à l’IRA de Metz et 4 à Bastia où sont venus un Congolais, un Camerounais, une Tunisienne et une Grecque.
- Quel intérêt présente, pour ces fonctionnaires étrangers, une formation à l’IRA ?
- C’est une action que nous menons dans le cadre de la coopération française, essentiellement, dans les pays francophones en voie de développement qui, en tant qu’anciennes colonies, ont des institutions fortement copiées sur les nôtres. Les fonctionnaires ne sont, donc, pas dépaysés quand ils arrivent dans notre pays pour suivre nos cours. Il s’agit, très concrètement, de les aider dans leur cursus de formation.
- Quel est l’intérêt pour l’IRA de Bastia ?
- L’intérêt, pour nous à Bastia, est de développer des actions de coopération que l’IRA a toujours menées depuis sa création en 1980. En particulier, vis-à-vis de certains pays d’Afrique francophone comme le Bénin, d’Afrique du Nord comme la Tunisie et le Maroc, mais aussi des pays européens ou proches de l’Europe comme la Turquie et la Grèce. Nous développons des contacts avec des administrations étrangères de manière à avoir des échanges qui éclairent notre pratique et celle de nos élèves en termes de comparaison internationale. C’est, donc, indéniablement, un plus ! Nous allons travailler en relation avec les 4 autres IRA et l’ENA afin de donner du sens à l’ensemble de cette démarche.
- Plus généralement, quel est le pourcentage de vos élèves qui viennent de Corse ?
- C’est très variable d’une année sur l’autre. Cette rentrée, nous comptons une dizaine de Corses issus de l’université ou du concours interne. Plus globalement, une majorité de nos élèves provient du Grand Sud de la France, un périmètre entre Bordeaux et Nice, via la Corse. Mais, inévitablement, comme il n’y a pas d’IRA à Paris, 20% de nos élèves viennent de la région parisienne.
- A l’issue de leur formation à l’IRA de Bastia, certains élèves prennent-ils leur fonction en Corse ?
- Bien sûr. Dans la dernière promotion qui a pris ses fonctions au 1er septembre, 6 postes ont été affectés entre Bastia et Ajaccio dans l’administration territoriale : la Préfecture, les DREAL (Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et la gendarmerie. Les élèves, qui choisissent l’administration centrale, vont à Paris. Ceux, qui optent pour l’administration territoriale ou scolaire et universitaire, sont répartis, pour l’essentiel, dans le Grand Sud de la France qui est l’aire d’influence de l’IRA de Bastia. Ceux, qui souhaitent être affectés en Corse, peuvent en fonction de leur classement, choisir les postes qui sont offerts.
Propos recueillis par Nicole MARI