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Les brèves

L’hommage des fédérations communistes de Corse au socio-linguiste Marcellesi  04/10/2019

Jean-Baptiste Marcellesi est décédé le 1eroctobre. Il était originaire de Sotta en Corse du Sud où il est né le 12 avril 1930 dans une famille d’enseignants, syndicalistes et communistes, qui seront poursuivis sous le régime de Vichy en raison de leur engagement antifasciste.
Jean Baptiste, ainé d’une fratrie de quatre enfants, deviendra militant communiste dès ses premiers pas au lycée Fesch d’Ajaccio. Lorsqu’il rejoint Paris et entre à Louis Legrand, il fait partie des animateurs des jeunes communistes et des étudiants communistes. Après l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, il obtiendra l’agrégation en grammaire. Dés lors, il mène de pair l’activité syndicale (au SNES puis au SNESUP) et l’enseignement, d’abord à l’Université de Nanterre comme assistant et ensuite comme maître assistant, avant d’être nommé à l’Université de Rouen maitre de conférences puis professeur de linguistique.
Il soutient sa thèse qu’il intitule « le Congrès de Tours (1920). Études sociolinguistiques ». Fondateur de la sociolinguistique en France, il introduit cette discipline dans le champ universitaire. Ses travaux lui valent une reconnaissance internationale. Auteur de nombreux ouvrages et de recherches, il publie, en collaboration avec Bernard Gardin, « Introduction à la sociolinguistique. La linguistique sociale » (Larousse, 1974).
En 1976, il fonde, toujours avec Bernard Gardin, la revue « Cahiers de linguistique sociale ». Il consacre alors une partie de ses recherches aux langues régionales et au bilinguisme avec son équipe, qui publie plusieurs numéros de revues (Langue française, Langage, la Pensée, Études normandes, Études corses) consacrées aux langues « minorées » selon sa propre expression qu’il substituait au terme « minoritaires ».
C’est lui qui développe le concept de co-officialité. En juin 1985, Terre Corse publie le texte d’une importante conférence tenue à Bastia en mai 1984 par Jean-Baptiste Marcellesi  dans le cadre d’une réunion organisée par les fédérations du PCF. Cette brochure, « Pour une politique démocratique de la langue », jouera un rôle important dans les débats sur la langue corse et fournira des éléments scientifiques pour l’instauration d’un statut de co-officialité de  la langue française et de la langue corse. Ses propositions visaient à donner une protection juridique à la langue régionale, en lien avec la proposition de loi n°2321 déposée le 30 juillet 1984 par le groupe communiste à l’Assemblée nationale et relative à la défense des langues et cultures minorées. Ces propositions n’étaient pas contradictoires, en 1984-85, avec la Constitution française. Depuis l’introduction, une vingtaine d’années plus tard, d’un article deux dans le texte constitutionnel (« La langue de la République est le français ») cette protection juridique se heurte désormais à une difficulté majeure. Ce qui n’enlève rien à la réflexion scientifique que Jean-Baptiste Marcellesi avait lancée, enrichissant ainsi la politique culturelle de son parti. Et ce qui n’empêche nullement son parti de continuer à défendre, avec un soutien plus actif encore des services de l’Etat, un bilinguisme véritable, sans exclusives ni faux débats.
La parution en 2003, aux éditions L’Harmattan, d’un ouvrage consacré à ses travaux, sous le titre « Sociolinguistique. Épistémologie, langues régionales, polynomie », est une référence incontournable pour qui veut s’intéresser à cette discipline.
Ses travaux l’ont également conduit à accompagner des enseignants-chercheurs de l’Université Pascal Paoli de Corte, où son soutien et son apport sont salués chaleureusement.
Retraité depuis 1992, Jean-Baptiste Marcellesi vivait à Nans-les-Pins (Var) avec Christiane, son épouse depuis 1954, elle aussi enseignante-chercheuse en linguistique et militante communiste. Ses obsèques ont eu lieu ce jeudi 3 octobre à Nans-les-Pins.
Les Fédérations corses du PCF saluent la mémoire d’un grand intellectuel dont les travaux au rayonnement international honorent l’université française. Elles sont fières d’avoir compté dans leurs rangs un militant de cette stature. Elles adressent à sa famille et à ses proches leurs condoléances les plus fraternelles.
Les fédérations communistes de Corse